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Saint-Pierre n'avait pas de compte en banque

... a dit le Pape François. Mais selon le directeur, Paolo Cipriani, interrogé par Il Giornale, «Sans l'IOR, l'Eglise ne serait pas vraiment libre» (14/6/2013)

     

Saint-Pierre n'avait pas de compte en banque...
Ce sont les propos du Pape François lors de son homélie du 11 juin à Sainte Marthe (cf. Radio vatican).
Dans son langage simple et coloré, s'agissait-il de dire que le Vatican n'a pas besoin de banque? Messori y voyait une nuance de démagogie (cf. Pauvreté: le Pape ne doit pas faire de démagogie)
En tout cas, les medias l'ont compris ainsi, se faisant largement l'écho d'une phrase en apparence anodine, pour introduire l'idée que la "banque du Vatican" pourrait être purement et simplement supprimée en tant que telle.
On se souvient par ailleurs qu'à dater du 1er janvier 2013 tous les paiements par carte bancaire avaient été suspendus au Vatican. (cf. benoit-et-moi.fr/2013-I/articles/vatican-contre-reste-du-monde-la-guerre-continue). Je suppose que depuis lors tout est rentré dans l'ordre, sans que l'on sache exactement ni le pourquoi, ni le comment, et surtout, ni le moment, car personne n'en a parlé (à ma connaissance).

Et le 15 février 2013, soit 4 jours après la renonciation de Benoit, la Salle de Presse du Saint-Siège communiquait que la Commission cardinalice de contrôle de l'Institut pour les oeuvres religieuses avait nommé Ernst von Freyberg, Président du Conseil d'administration. (Cf. benoit-et-moi.fr/2013-I/articles/mauvais-timing)
Le Nouvel Obs se faisait alors un plaisir de souligner qu'il s'agissait d'«un dernier scandale pour Benoît XVI».
Car le baron von Freyberg était aussi, paraît-il un fabriquant de navires de guerre pour la marine allemande.

Nul doute que, s'agissant d'argent, les discussions sont âpres. Et bien sûr, là, il y a beaucoup d'argent. Qui sert "aussi" (eh oui! il faut le dire!) pour de nobles causes.
Voici une interviewe, par Il Giornale de Paolo Cipriani, le directeur général de l'IOR depuis 2007: c'était lui qui, en juin 2012, en plein scandale Vatileaks, et simultanément à la nomination du spin doctor Greg Burke, avait organisé pour les journalistes une visite de l'IOR (1)

     

Sans l'IOR, l'Eglise ne serait pas vraiment libre

Le directeur général de la banque du Vatican rejette les accusations de manque de transparence.
«Les comptes 'online'. Tant mieux! les réformes sont en cours»
,
Fabio Marchese Ragona
http://www.ilgiornale.it
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«L'Église a besoin d'indépendance financière, et donc avoir une institution destinée à cela, est non seulement essentiel, mais juste».
Paolo Cipriani, depuis 2007 Directeur général de l'IOR, l'Institut pour les Œuvres de Religion, la «banque du Vatican», en est convaincu.
En 2012, l'institut a géré un actif total de 7,1 milliards d'euros avec un bénéfice net de 86,6 millions d'euros et 18.900 clients. Sur ces derniers, avec l'arrivée du nouveau président Ernst von Freyberg, des contrôles ont été activés pour vérifier toutes les irrégularités. Et ce n'est que la première étape de la révolution qui concerne l'IOR: l'institut évolue en ligne avec la volonté de réforme souhaité par le pape Francis.

- M. le Directeur, pour le Vatican, est-il nécessaire d'avoir un institution financier?
« Notre objectif est de soutenir l'Eglise dans la gestion de ses besoins financiers pour la réalisation des hauts objectifs institutionnels charismatique des différents instituts et organismes ecclésiaux. Certes, d'autres institutions financières peuvent souvent fournir les mêmes services, mais avec une logique de profit et non de mission. À mon humble avis, la garantie de l'indépendance financière, afin que l'Eglise puisse travailler à la réalisation de ses objectifs sans être soumise à la pression de Pays ou de pouvoirs tiers est extrêmement nécessaire. Pouvoir donc disposer d'une institution qui est destiné à cela, non seulement est essentiel, mais est juste ".

- Certains insistent sur le fait que l'IOR n'est pas nécessaire. Pensez-vous que le pape veut le fermer?
« Je ne peux pas avoir l'arrogance de connaître les desiderata du Saint-Père! Le pape a déclaré qu'il appréciait l'IOR pour les services qu'il a rendus et qu'il rend, donnant confiance aux gens qui sont impliqués dans l'adaptation aux normes requises par les différentes instances internationales».

- Il est question, cependant, avec de plus en plus d'insistance, de le réformer?
« Nous avons déjà fait de grands changements depuis un certain temps, par rapport au passé, afin de nous adapter aux temps, en relation avec les nécessités et les nouveaux règlements qui n'existaient pas auparavant. L'IOR est et devra toujours être en conformité avec les directrives internationales«.

- Votre président (1) a déjà annoncé, en effet, de grandes nouveautés ,la naissance d'un site web, les bilans en ligne?
« La vision publique de l'institut dérive d'un manque d'informations correctes, même si en ce qui concerne les bilans, ceux-ci sont déjà publics dans le Saint-Siège. L'arrivée du nouveau président nous a donné l'élan supplémentaire que nous, collaborateurs, demandions depuis un certain temps, les contrôles qu'il effectue sur nos opérations nous permettront de confirmer que nous avons toutes les conditions pour des activités internationales sans problèmes».

- Vous parlez de la vision publique de l'institution: quand il s'agit de l'IOR, on pense immédiatement comptes numérotés, blanchiment, etc?
« Ce que je me suis imposé avec mon adjoint dès le premier jour de notre nomination a été de donner unvisage précis à l'institution pour permettre de fonctionner selon les règles internationales. Je peux affirmer avec certitude qu'à l'IOR, il n'existe ni comptes numérotés, ni anonymes. Chaque opération est inscrite dans nos systèmes, toujours avec une indication précise du titulaire de la transaction. Pour dissiper tout doute, nous devons commencer à communiquer aussi clairement que possible. J'espère que l'opinion publique parviendra à comprendre que le chemin pris par chacun d'entre nous est celui de la transparence dans le respect de la confidentialité.

- À propos de la transparence, l'AIF, l'Autorité d'information financière, dans le Rapport annuel de 2012 parle de 6 transactions suspectes portant sur l'IOR?
« L'institution a mis en place des procédures pour prévenir le risque de blanchiment d'argent. Ainsi, quand une transaction est enregistrée dans notre système d'exploitation, elle est automatiquement soumise à une série de vérifications. Pour les opérations citées, les systèmes de traitement ont détecté des anomalies qui ne correspondent pas aux mouvements habituels, donc nous l'avons signalé à l''Aif pour qu'elle fasse les contrôles. Bien sûr, la signalisation à l'autorité de contrôle ne signifie pas que ces opérations concernent le blanchiment d'argent, cependant, elles présentent des caractéristiques qui nécessitent une vérification».

- Vous aussi êtes accusés de blanchiment d'argent: dans une interception, un intrigant parle de vous comme «ami», qui blanchissait de l'argent sale dans les opérations d'IOR Luxembourg?
« Je ne connais pas et je n'ai pas eu de relations avec cette personne. Avec mon avocat, nous avons communiqué aux journaux qui avaient publié cette nouvelles de se considérer responsable de la véracité de certaines déclarations. En quelques heures, les journaux ont publié un démenti et donc pour moi l'affaire est close ".

     

"Qui veut délégitimer l'Eglise catholique?"

(1) Le Vatican, en pleine tempête "Vatileaks", avait laissé, en juin 2012, la presse internationale pénétrer dans son Institut pour les oeuvres de religion (IOR), objet de tous les fantasmes, pour tenter de la persuader qu'il n'est que le bras financier de ses oeuvres de charité.
Convaincant ou non, l'exercice, arbitré par le directeur général de l'IOR, Paolo Cipriani, avait attiré 55 journalistes, en majorité de la presse italienne, mais aussi de l'étranger, parfois venus exprès à Rome. D'autres n'ont pas été admis faute de place.

Angela Ambrogetti écrivait sur le site korazym.org le 1er juillet 2012 un article intitulé "Qui veut délégitimer l'Eglise catholique?" .
(cf. http://benoit-et-moi.fr/2012%20(II) )
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Depuis que la papauté existe, une de ses plus grandes difficultés est de gérer la Curie romaine. Qui ne devrait jamais être confondue avec l'Église catholique. La Curie est un organisme humain, plein des limitations mais aussi des merveilles des êtres humains.
Pour cette raison, ceux qui traitent de la Curie d'un point de vue journalistique savent, ou du moins devraient savoir, que parmi les nombreux courants d'air et brises, il n'y a qu'un vent qui souffle en permanence, c'est le souffle de l'Esprit. Et c'est celui qui compte. C'est le vent qui souffle dans les voiles de la barque de Pierre et la fait avancer depuis plus de deux millénaires. Par exemple, en ces jours torrides de fuites de documents et d'informations de contrebande, la visite à l'Institut pour les Œuvres de Religion, qui a été concédée aux journalistes par le directeur général Paolo Cipriani a été un geste providentiel. Désormais, il est facile de dire qui va écrire de bonne ou de mauvaise foi sur les faits de l'IOR.

Quelle est l'institution financière qui ouvre ses portes à 50 journalistes du monde entier pour se raconter?
Information institutionnelle, bien sûr, mais malgré tout acte de courage qui devrait être respecté et apprécié. Mais non. Même au sein du monde catholique, il y en a qui, par ressentiment personnel, considèrent cette information comme «bidon», et reviennent sur la thèse éculée de comptes bancaires secrets de politiciens et d'escrocs. Dans l'attente de preuves concrètes, on lance les cailloux: certains cardinaux disent au Pape que IOR ne tourne pas rond. Ce serait bien d'en avoir la preuve, peut-être des cardinaux eux-mêmes, qui aideraient les croyants à comprendre, et l'Eglise à offrir une image claire d'elle-même. En attendant, tenons-nous en à la connaissance des faits «officiels» qui ne sont pas obligatoirement «bidons». Au moins, pas plus que pour d'autres institutions humaine.
Le pape travaille sur le problème de la Curie, en essayant de ne pas être influencé par ceux qui cherchent à créer une fracture violente entre «diplomates» et «pasteurs». Une opération que certains, à l'intérieur de la Curie, ont mise en œuvre. Mettre en opposition le secrétaire d'Etat et le secrétaire personnel est une action lâche. Et même trop évidente. Et qui prête le flanc à ceux qui continuent, à l'extérieur, le jeu habituel de délégitimation de l'Église pour pouvoir la détruire, pour la rendre peu crédible, en la confondant avec la gestion de la Curie.