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Un Pape à déchiffrer

Angela Ambrogetti: Le Pape François laisse aux évêques la discussion avec le monde (28/6/2013)

     

Le Pape François laisse aux évêques la discussion avec le monde
Angela Ambrogetti
28 Juin 2013
www.korazym.org
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Parmi les trois archevêques américains qui, le 29 juin, recevront du Pape le pallium, il y a Salvatore Joseph Cordileone.
Il est le pasteur d'une ville difficile: San Francisco. Et c'est aussi l'un des évêques qui, plus que d'autres s'est battu contre l'approbation du mariage homosexuel et a fortement critiqué la décision de la Cour Suprême, qui reconnaît aux hommes et aux femmes mariés avec des personnes de même sexe les mêmes avantages fédéraux qu'aux couples hétérosexuels.
Il est l'une des voix des évêques qui dans le monde mettent en jeu leur rôle de pasteurs pour défendre la dignité de la personne humaine, le caractère sacré du mariage, le droit des enfants à avoir un père et une mère.
C'est arrivé en France et dans d'autres pays, c'est arrivé aussi il y a des années, dans l'Argentine de Bergoglio, aujourd'hui Pape. A l'époque, l'évêque de Buenos Aires, suivant les indications de la Conférence épiscopale, avait lui-même pris publiquement position contre la loi sur les unions de personnes du même sexe. Surtout avec une opposition «politique» en définissant les unions homosexuelles «illégales».
Aujourd'hui, en tant que Pape, il ne s'est pas encore exprimé. Pas avec force, comme l'attendaient peut-être les fidèles français et comme l'attendent aujourd'hui les Américains. La question est: pourquoi?
Il est évident que le pape n'a aucune «hésitation» à propos de la nature du sacrement de mariage.

François a amplement démontré dans ses homélies matinales de curé que sa «doctrine» est orthodoxe et en parfaite continuité avec la Tradition de l'Église catholique et, bien sûr, avec l'Evangile. Le Pape est un sévère ignatien de la spiritualité, il croit en l'Eglise hiérarchique, et parle souvent d'aller «à contre-courant», il affirme que le vrai chrétien est celui qui porte l'Evangile dans le monde sans crainte, celui qui a des idéaux élevés, qui ne reste pas «dans un salon», qui va vers les autres.
Alors peut-être nous attendions-nous à quelque chose de plus clair et précis sur certaines questions de grand impact social et médiatique?
C'est l'un des mystères encore à révéler de la personnalité de Jorge Mario Bergoglio aujourd'hui Pape François.
Après plus de trois mois de son pontificat, nous n'avons toujours pas compris quel est son style. Non pas tant comment il s'habille, comment il parle et où il dort, s'il a ou pas un agenda organisé (il avait lui-même déclaré être «très désorganisé»), mais plutôt comment il veut exercer le ministère pétrinien.

Il ne s'agit pas de «gouvernement». Ou du moins pas seulement. La création de commissions et de groupes pour l'aider à comprendre des situations qu'il ne connaît pas à fond, comme l'état de l' IOR, dont les statuts, qui remontent à 1990, doivent évidemment être revus, ou la structure de la Curie, qui est basée sur un document de 1988 , est un mode de faire qui semble très «ignatien». Le Supérieur de la maison utilise un groupe de conseillers, mais décide ensuite incontestablement seul. Seul.

Ici, il est difficile de comprendre Bergoglio, parce qu'il agit seul. Sa façon d'être «non isolé» dans la Domus Sanctae Marthae est en fait une façon d'être seul dans les moments importants. Le peuple, c'est bien pour les messes, les audiences, parfois les repas.
Mais alors, la «collégialité» semble disparaître. Et il est donc difficile de savoir comment «travaille» le pape, comment il affronte les questions et comment, et si, il décide d'intervenir dans le débat public.
Il faudra du temps pour le comprendre.
Pour le moment, le pape se fait conseiller par le cardinal Bertone pour quelques nominations et après les premières rumeurs vient la deuxième vague.
A la Secrétairerie d'Etat, l'archevêque Pietro Parolin, aujourd'hui au Venezuela, diplomate de l'ère Wojtyla, l'archevêque Piero Marini comme nouveau préfet pour le Culte Divin et le cardinal Oscar Maradiaga à Propaganda Fide. Mais ce ne sont que des rumeurs.

Le caractère concret du ministère du pape François est dans la prédication, essentiellement adressée au peuple des croyants, des paroissiens qui peuvent avoir besoin de rafraîchir leur catéchisme. Le débat public, pour l'instant, le Pape le laisse aux évêques locaux, comme il l'a rappelé à ceux italiens : «Vous avez beaucoup de devoirs. Tout d'abord, l'Eglise en Italie - tous - le dialogue avec les institutions culturelles, sociales, politiques, c'est votre tâche, qui n'est pas facile»

     

Note

Contrairement à ce qu'affirme le "rédacteur en chef" (*) d'un petit site très bruyant et friand de scandales de toutes sortes, dans ses billets dont les seuls arguments sont la calomnie et la dérision, la seule arme, l'insulte, de préférence obscène, la seule finalité à long terme, la zizanie, et à court terme, faire du chiffre (je ne donnerai pas son nom, ne souhaitant pas lui faire de pub), s'interroger sur les perspectives du nouveau pontificat, ce n'est pas manquer de respect au Pape, encore moins le "démolire".
Bien au contraire: après le grand Pontificat de Benoît XVI, il est juste que nous attendions beaucoup de celui de François, qui s'annonce pas simple. Si la "françoismania" est pour le moment intacte, la paix médiatique semble sur le point de prendre fin, on voit ressortir les "affaires", pédophilie, scandales financiers: le monde n'a pas changé!
Du reste François lui-même nous y invite, par ses propos et son style de prédication.
L'article d'Angela Ambogetti, que l'on ne peut certainement pas accuser de déloyauté envers le Pape, quel qu'il soit - Jean-Paul II d'abord, puis Benoît XVI, et maintenant François - dit à peu près la même chose que ce que nous disons dans ces pages depuis quelque temps.
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(*) Pilleur de sites, et inventeur du copier-coller légal assorti de la mention extraits adaptés par ***.