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Un Pape moins interventioniste

C'est ce que détecte Andrea Tornielli après la visite du Président Napolitano au Vatican (10/6/2013)

     

La politique «c'est votre affaire», avait dit François aux évêques italiens le 23 mai dernier. (cf. L'épreuve du feu )

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Tornielli fait lui aussi état de l'abandon du protocole, dans la visite du président italien au Pape (cf. Quelle nouvelle!!! ), mais il a l'honnêteté de ne pas y voir une révolution copernicienne.
J'ai un peu creusé la question (d'une portée certes toute symbolique) et les photos de rencontres officielles de Benoît XVI avec le Président Napolitano, et son prédécesseur Ciampi témoignent que le costume de ville était la norme (à une exception, où le Président est en tenue de cérémonie avec le "cordon" qui marque sa fonction). Mais sous Benoît XVI, évidemment, personne n'avait jugé bon de souligner l'abandon du "protocole" côté italien. Il est vrai que lui-même revêtait tous les attibuts de la Papauté, avec l'étole, et la mozette, tandis que François, conformément à son style, mais probablement sans affectation, est dans une tenue plus décontractée: l'abandon du queue-de-pie peut apparaître alors comme un geste de délicatesse de la part du Président.
J'ajoute que ne pas porter les vêtements d'apparat ne rendra pas les pauvres moins pauvres... et les porter est au contraire une marque de respect réciproque, de respect aussi pour ce et ceux que l'on représente à travers une fonction assumée dans toutes ses dimensions.

François veut une Eglise moins interventionniste
Andrea Tornielli
http://vaticaninsider.lastampa.it/
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Tandis que François, assis à côté de Giorgio Napolitano, citait l'importance de l'engagement en faveur de la liberté religieuse, la ministre des Affaires étrangères Emma Bonino (1) hochait discrètement la tête. Et au moment du salut personnel à Bergoglio, quand le Président a présenté au Pape la délégation italienne, celui de la représentante radicale, titulaire du Palais Farnese (siège du ministère des Affaires étrangères), en tailleur noir, a presque semblé être le salut le plus déférent et le plus respectueux.

«On dirait vraiment qu'elle est une habituée des visites au Vatican» a chuchoté l'une des personnes présentes. En réalité, Emma Bonino n'avait franchi qu'une seule fois le seuil du palais apostolique, en 1986, en tant que promoteur du «Manifeste des chefs d'Etat contre la faim, et pour la défense du droit à la vie et de la vie du droit». A l'époque, elle n'avait pas les cheveux blonds, elle portait un pull vert, et avait parlé de la faim dans le monde avec Jean-Paul II, aux côtés de Marco Pannella.

C'est aussi à partir d'instantanés comme celui-là que l'on perçoit le climat dans lequel a eu lieu hier matin, de l'autre côté du Tibre, la première visite officielle d'un chef d'Etat au nouveau pape, préparé par l'entourage vatican et par l'ambassadeur d'Italie près le Saint Siège, Francesco Maria Greco. Une visite à l'enseigne de la sobriété de l'habillement, et non par la volonté de François, étant donné que la proposition, immédiatement accepté, est venue du côté italien: le frac a été remplacé par un costume moins voyant. Mais certainement la convivialité était palpable dans une rencontre voulue par les deux partie, sans qu'il n'y ait rien en jeu: en 2006, Napolitano avait déjà eu son «baptême» comme premier président ex-communiste Colle, et le Saint-Siège n'avait pas eu à lui adresser de requêtes spéciales.

Les attentes à l'égard du contenu des discours ont été confirmées, avec un espace considérable consacré à la crise économique et à la propagation de la pauvreté dans notre pays, ainsi qu'à la contribution positive que l'Eglise catholique, avec sa présence et de ses installations, offre pour le bien commun de l'Italie.
Mais c'est le cadre dans lequel a eu lieu la visite qui a changé.
Le Pape François, évêque de Rome et Primat d'Italie venu «du bout du monde» tout en ayant souligné dans sa récente rencontre avec les membres de la Conférence épiscopale italienne qu'il leur revenait le dialogue avec les institutions politiques, propose en effet un modèle du pasteur moins interventionniste et impliqué dans les affaires politiques (ndt: que qui?) terrain qui est de l'engagement, de la responsabilité et du risque des laïcs.
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Les discours publics du pape et du président ont frappé par leur accord - une indication que la visite avait été préparée dans les détails - avec Bergoglio qui parle du Quirinal (siège de la présidence de la république, ndt) et du Vatican «qui se regardent avec respect et sympathie», ajoutant une nuance qui lui tient à cœur sur la nécessité de «travailler à créer une culture de la rencontre».

A noter, enfin, la citation affectueuse et non protocolaire que Napolitano a dédiée à Benoît XVI: il s'était informé de sa santé peu avant, alors qu'avec lenteur (ndt: protocole!!) il parcourait les salles du palais aux côtés de Mgr Georg Gänswein, couvrant le double rôle de préfet de la Maison pontificale et de secrétaire du Pape émérite.

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(1) Cf. Malheureusement, y'a Bonino
L'ex-commissaire européen à la pêche et à la consommation, pasionaria de l'avortement et de toutes les déviances de civilisation, se retrouve ministre des Affaires étrangères du gouvernement - dit d'"union nationale" - Letta.