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Une dynamique de rénovation dans la continuité

L'Encyclique "de François", la double canonisation, Lampedusa: résolument positif, comme toujours, JL Restàn nous apporte sa petite musique apaisante. Sans convaincre totalement (1) ... Traduction de Carlota (22/7/2013)

J’ai traduit « le dernier Restán » qui semble montrer que la françoismania n’est pas forcément partagée par les progressistes.
(Carlota)

Texte original ici: www.paginasdigital.es

     

Beaucoup de Benoît, mais elle est toute de François
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« La providence est en train de nous donner une secousse avec le Pape François, je suis impressionné par la force de son témoignage, par son style de vie et par sa capacité d’entrer en relation avec les gens ». C’est ainsi que s’exprimait récemment le Cardinal Ángelo Scola dans un entretien accordé au vaticaniste Andrea Tornielli.

C’est une évaluation très qualifiée mais en plus pleine de précision. Quatre mois après l’élection de Jorge Bergoglio au Siège de Saint Pierre, il est indubitable que le nouveau Pape a imprimé une cinquième vitesse au chemin de l’Église. Sa personnalité singulière a fait éruption en rompant des schémas, mais n’oublions pas qu’à cela a contribué d’une manière décisive le geste prophétique de Benoît XVI et son propre témoignage des derniers jours.

L’urgence exprimée par Benoît XVI à la veillée de béatification de John Henry Newman, quand il disait que nous les chrétiens nous ne pouvions pas nous permettre le luxe de continuer comme si rien ne s’était passé, en ne tenant pas cas de la profonde crise de la foi qui imprègne notre société, ou en ayant simplement confiance dans le fait que le patrimoine des valeurs transmis durant des siècles de christianisme continuerait à inspirer et configurer le futur de notre société, est celle que font jaillir les éclairs de François quand il nous invite à sortir aux périphéries existentielles, pour porter au cœur de chaque homme l’unique réponse à son désir de guérison et de bonheur, qui est Jésus Christ

La publication de l’encyclique Lumen Fidei est une démonstration retentissante de la dynamique de la rénovation dans la continuité. C’est pourquoi elle a tant déplu en face des créateurs virtuels d’un pontificat en rupture ouverte (selon eux) avec quarante cinq ans de conduite ecclésiale, celle qui va du Paul VI d’Humanæ Vitæ à Benoît XVI. Ces recréateurs virtuels ont été ennuyés par l’empreinte ratzingérienne de la première encyclique de François parce qu’elle les laisse sans arguments. En effet personne ne peut se soustraire à la sentence du cardinal Ouellet à la présentation du document : « dans cette encyclique il y a beaucoup de Benoît, mais elle est toute de François » ( ???).

Un autre geste qui a produit de l’allergie dans le camp des constructeurs de fantaisies ecclésiales a été la décision (très personnelle) de François de canoniser ensemble Jean XXIII et Jean-Paul II. Certains n’ont pu réprimer leur mauvaise humeur en disant qu’ « ils étaient comme l’eau et l’huile » car l’un aimait le dialogue tandis que l’autre avait tendance à imposer.
Heureusement toutes ces vieilles légendes le Pape Bergoglio les connaît bien. La future canonisation des deux souverains pontifes aura une valeur ajoutée comme une lecture historique de l’arc des cinquante dernières années.

Parmi les rangs de la fantaisie de rupture Leonardo Boff (ndlr: mais Boff ne fait plus vraiment partie de l’Eglise, dont il s’est lui-même exclu) y voit alors de nouveau un certain protagonisme, d’abord enthousiasmé et maintenant déçu avec François. Le festival commence à se détériorer. Leonardo devrait plus écouter son frère Clodovis (cf. Sandro Magister), qui a reconnu ouvertement que dans le grand débat des années 80 sur la Théologie de la Libération Ratzinger avait raison : « faire le bien ne suffit pas pour être chrétien, l’essentiel est de confesser la foi…sans cela l’Église devient insignifiante, non seulement elle mais aussi le Christ lui-même ».

Pour terminer je souligne un passage clef dans l’homélie acclamée mais peu étudiée de François sur l’île de Lampedusa. Celui où en rappelant la désorientation d’Adam après sa désobéissance, il explique que quand l’homme prétend occuper la place de Dieu « l’harmonie se rompt…et l’autre n’est plus un frère à aimer mais simplement quelqu’un qui gêne dans ma vie, dans mon bienêtre…Le rêve d’être puissant, d’être grand comme Dieu, en définitive d’être Dieu, amène à une chaîne d’erreurs qui est une chaîne mortelle, elle amène à répandre le sang du frère ! » (*)

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(*) Remarque de traduction
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Évidemment il est plus simple pour les médias, et même peut-être pour nous qui ne comprenons pas cette ostentation d’humilité que semble vouloir mettre en avant la nouvelle « communication » du Vatican, de réduire le message de François au soutien du pauvre immigré africain.
Nous ne sommes pas dans la tête du Pape, mais je persiste à penser que le frère que l’on tue, c’est aussi, par exemple le trisomique génocidé à plus de 95% en France, ou l’embryon humain déclaré légalement simple matériau de laboratoire…

Si les Africains doivent quitter leur pays et peuvent mourir en traversant la Méditerranée, en France, chaque jour près de 1000 enfants sont tués dans le ventre de leur mère, et les bébés médicaments, les bébés éprouvettes et bientôt les bébés clonés ou sélectionnés pour être des super-bébés destinés à être sans maladie et premiers de classe, vont naître, parce que quelques hommes (ou femmes) qui se veulent des dieux en ont décidé ainsi.

Post-scriptum

(1) Pour une fois, je ne suis pas d’accord avec don José-Luis (très apprécié ici pour avoir toujours été un soutien indéfectible de Benoît XVI, aux pires moments).

Je note par exemple ce passage:

Quatre mois après l’élection de Jorge Bergoglio au Siège de Saint Pierre, il est indubitable que le nouveau Pape a imprimé une cinquième vitesse au chemin de l’Église.
Sa personnalité singulière a fait irruption en rompant des schémas, mais n’oublions pas qu’à cela a contribué d’une manière décisive le geste prophétique de Benoît XVI et son propre témoignage des derniers jours.

Doit-on comprendre qu’ « avant », c’est-à-dire sous Benoît XVI, l’Eglise se traînait, ou était en déficit de performance? Et le chemin de l'Eglise a-t-il besoin de passer une cinquième vitesse ?
De plus, nous ne savons pas quel rôle a joué dans ce « passage » la décision dramatique de Benoît XVI, et je pense qu’il est encore trop tôt pour la qualifier de « geste prophétique ». Certes, l’Eglise continuera son chemin, car, comme lui-même l’a souvent rappelé, elle est Son Eglise, et pas celle de tel ou tel Pape, mais je n’aime pas l’idée de justifier la continuité entre les deux pontificats - et, partant, le chemin de l’Eglise - par une démission, surtout si sa seule raison certaine est une lassitude très humaine minutieusement entretenue pendant huit ans, par des interventions elles aussi, hélas, bien humaines.
L’impression malheureuse que je garde, c’est que JL Restàn apporte, à son insu ( ?), sa petite pierre à l’édifice d’une théorie désormais martelée partout et pour moi inacceptable, que le 13 mars a fait passer l’Eglise de l’ombre à la lumière.

Enfin, l’encyclique Lumen Fidei « toute de François » évoquée dans le titre … qu’on me permette d’en douter !
B