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Derrière ce "merci"

En conclusion de ses discours, Benoît XVI a l'habitude de dire «Merci!»... J'ignore quand et où cet article, publié en italien sur le site de Raffa, a été écrit, c'est un hommage magnifique à Benoît XVI. (22/8/2013)

Derrière ce «merci»
Anna Maria Cànopi (1)
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En conclusion de ses discours, Benoît XVI a l'habitude de dire «Merci!».
Il remercie ceux qui l'ont écouté.
Il me semble que ceci révèle un trait essentiel de sa personnalité.
Ce qui le caractérise, en effet, c'est l'amabilité du trait, la modestie, et la simplicité, j'oserais dire un sentiment de pudeur à occuper la plus haute charge de la hiérarchie sacrée.
Derrière ce «merci», il y a sa conscience d'être constitué humble serviteur du Christ et de l'Eglise.
Où qu'il se présente, sa personne n'a rien d'imposant (2); il apparaît avec la simplicité et presque la timidité d'un enfant, et son langage même exprime des choses élevées avec une telle linéarité qu'elles sont compréhensibles à tous: aux adultes et aux enfants, aux gens cultivés et aux ignorants.
C'est vraiment le cas de dire à son propos qu'il est «un authentique théologien», parce qu'il vit intensément la foi, la charité, la prière.
Son attention aimable s'adresse à chacun, comme s'il le connaissait déjà.
J'en ai fait personnellement l'expérience, et il m'en est resté un sentiment de stupeur émue par l'affectueuse condescendance dans la conversation, comme avec un frère ou un ami, dans une pleine harmonie de pensées ou de sentiments.

Quand j'ai su qu'avait commencé contre lui une campagne de dénigrement, voire de blasphème, je me suis demandé comment il était possible de jeter de la fange sur une personne qui n'est que transparence de vérité et douceur du cœur.
Je trouve une seule réponse: c'est le mystère d'iniquité qui continue à s'opposer au Seigneur Jésus en celui qui Le représente. Et en effet, comme Jésus, Son vicaire se tait, parce que la vérité n'a pas besoin de se défendre. Comme Jésus, Benoît XVI continue à aimer et à pardonner, parce que l'amour a déjà vaincu en se laissant clouer sur la Croix.


Tel est le Saint-Père que je connais, que j'aime, et dont je rends grâce au Seigneur qui l'a comblé d'Esprit Saint, et donné à l'Eglise et au monde entier.

Notes

(1) Anna Maria Cànopi (née en 1931) est une religieuse italienne de l'ordre de Saint Benoit (OSB), fondatrice de l'abbaye Mater Ecclesiae. Ecrivain prolixe, spécialiste des Pères de l'Eglise, elle est l'auteur de nombreux livres de spiritualité monastique et de spiritualité chrétienne, et a participé à l'édition du catéchisme de l'Eglise catholique; elle avait préparé le texte des méditations de la Via Crucis pour JPII en 1993 (http://it.wikipedia.org/wiki/Anna_Maria_C%C3%A0nopi)

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(2) Cela me fait penser à ce qu'écrivait Peter Seewald dans "Lumière du monde":

« Quel effet cela fait, m'a-t-on demandé, de se retrouver d'un seul coup assis tout près de lui ? »

Je n'ai pu m'empêcher de penser à Émile Zola, qui décrit dans l'un de ses romans un prêtre attendant en tremblant, presque tétanisé, une audience chez Léon XIII. Avec Benoît XVI, personne ne tremble. Il facilite considérablement la tâche du visiteur. Ce n'est pas un prince de l'Église, mais l'un de ses serviteurs, un grand homme qui donne et qui puise toute sa force dans son don.

Parfois il vous regarde d'un air un peu sceptique. Comme cela, au-dessus des lunettes. Grave, attentif. Et lorsqu'on l'écoute, quand on est assis à côté de lui, on ne sent pas seulement la précision de sa pensée et l'espoir qui naît de la foi: c'est un éclat de la lumière du monde qui devient singulièrement visible, un reflet du visage de Jésus Christ, qui veut rencontrer chaque être humain et n'exclut personne.