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L'Ascension du Seigneur

Extrait de Jésus de Nazareth: le dernier chapitre du deuxième volume (7/5/2013)

Image ci-dessous via le site "ami" www.imagesbible.com (L’Ascension, Giotto,1304-06, fesque chapelle Scrovegni,Padoue)

Dans notre société consumériste, l'Ascension est désormais réduite à l'occasion de l'un des "ponts" du mois de mai, dont les catastrophistes qui passent leur temps à nous culpabiliser nous disent qu'ils ruinent notre économie. Ce n'est même plus tout à fait un jour férié, la plupart des magasins sont ouverts!
C'est le moment de reprendre le second volume de Jésus de Nazareth, et de relire ce que Benoît XVI a à nous dire sur cet évènement prodigieux.

Extrait du dernier chapitre, pages 317 et suivantes.

     

(...)

Venons-en donc à la conclusion de l'Évangile de Luc. On y raconte comment Jésus apparait aux Apôtres qui, avec les deux disciples d'Emmaüs, sont réunis à Jérusalem. Il mange avec eux et leur donne quelques instructions. Les dernières phrases de l'Évangile disent: « Puis il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Et il advint, comme il les bénissait, qu'il se sépara d'eux et fut emporté au ciel. Pour eux, s'étant prosternés devant lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie, et ils étaient constamment dans le Temple à bénir Dieu » (24,50-53).

Cette conclusion nous surprend. Luc nous dit que les disciples étaient pleins de joie après que le Seigneur s'était définitivement séparé d'eux. Nous nous attendrions au contraire. Nous attendrions qu'ils soient demeurés déconcertés et tristes. Le monde n'était pas changé, Jésus s'était définitivement éloigné d'eux. Ils avaient reçu une mission apparemment irréalisable, une mission qui allait au-delà de leurs forces. Comment pouvaient-ils se présenter devant les gens à Jérusalem, en Israël, dans le monde entier et dire « Ce Jésus, qui apparemment a échoué, est au contraire notre Sauveur à nous tous » ?
Tout adieu laisse derrière lui une souffrance. Même si Jésus était parti comme une personne vivante, comment pouvait-il ne pas les rendre tristes de son congé définitif? Et pourtant on lit qu'ils retournèrent à Jérusalem avec une grande joie et qu'ils louaient Dieu. Comment pouvons-nous comprendre tout cela?

Ce qu'en tout cas on peut en déduire c'est que les disciples ne se sentent pas abandonnés ; ils ne retiennent pas que Jésus se soit comme évanoui dans un ciel inaccessible et loin d'eux. Évidemment ils sont certains d'une présence nouvelle de Jésus. Justement, ils sont sûrs que le Ressuscité (comme, selon Matthieu, il l'avait aussi dit) est maintenant présent au milieu d'eux d'une manière nouvelle et puissante. Ils savent que « la droite de Dieu », où il est maintenant « élevé », implique un nouveau mode de sa présence, qu'on ne peut plus perdre - le mode par lequel seul Dieu peut nous être proche.

La joie des disciples après l'« ascension » corrige notre image de cet événement. L'« ascension » n'est pas un départ dans une région lointaine du cosmos, mais elle est la proximité permanente dont les disciples font si fortement l'expérience qu'ils en tirent une joie durable.

(…)

Retournons encore une fois à la conclusion de l'Évangile de Luc. Jésus a conduit les siens près de Béthanie, nous est il dit. « Et levant les mains, il les bénit. Et il advint, comme il les bénissait, qu'il se sépara d'eux et fut emporté au ciel » (24,50s.). Jésus part en bénissant. En bénissant il s'en va et dans la bénédiction il demeure. Ses mains restent étendues sur ce monde. Les mains du Christ qui bénissent sont comme un toit qui nous protège. Mais elles sont en même temps un geste d'ouverture qui déchire le monde afin que le ciel pénètre en lui et puisse y devenir une présence.

Dans le geste des mains qui bénissent s'exprime la relation durable de Jésus avec ses disciples, avec le monde.

Dans le fait de s'en aller il vient pour nous élever au-dessus de nous-mêmes et ouvrir le monde à Dieu. Pour cela les disciples ont pu se réjouir, quand de Béthanie ils sont retournés chez eux.

Dans la foi nous savons que Jésus, en bénissant, tient ses mains étendues sur nous. Voilà la raison permanente de la joie chrétienne.