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L'évêque de Rome prend soin de son troupeau...

Le 16 janvier 2011, Benoît XVI recevait les administrateurs de la Région du Latium et de Rome, et abordait avec eux toutes les préoccupations quotidiennes des gens, avec, au coeur, le thème de la famille et de la vie (8/6/2013)

Dans son discours, il montre toute sa sollicitude pastorale: attention aux familles, aux jeunes, aux anciens, à la vie, "de sa conception à son terme naturel". Et ce ne sont pas que de belles paroles. Il y a aussi des suggestions concrètes, qui s'adressent à tous les gouvernants, et le rappel de tout ce que fait l'Eglise dans les domaines sociaux, sanitaires, éducatifs..

Ma traduction de son discours (http://benoit-et-moi.fr/2011-I)

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Suivant une heureuse tradition, cette année encore, j'ai l'agréable occasion de rencontrer les représentants des institutions de la région du Latium et de la Ville et la Province de Rome. Je remercie l'honorable Renata Polverini, présidente du Conseil régional du Latium, l'honorable Giovanni Alemanno, maire de Rome, et l'honorable Nicola Zingaretti, Présidente de la Province de Rome, pour les paroles aimables qu'ils m'ont adressées au nom de tous. J'adresse en échange mes chaleureuses salutations et mes meilleurs voeux pour la nouvelle année à vous, aux citoyens de Rome et de la province, et aux habitants du Latium, auxquels je me sens particulièrement lié comme évêque de cette ville, Successeur de Pierre.

La vocation singulière de Rome, centre du catholicisme et capitale de l'État italien, requiert à notre ville d'être un exemple de collaboration fructueuse et constructive entre les institutions publiques et la communauté ecclésiale. Cette collaboration, dans le respect des compétences réciproques, est aujourd'hui particulièrement urgente en raison des nouveaux défis qui se profilent. L'Église, en particulier grâce au travail des fidèles laïcs et des associations d'inspiration catholique, désire continuer à apporter sa contribution à la promotion du bien commun et d'un progrès authentiquement humain.

La famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme est la cellule originelle de la société. C'est dans la famille que les enfants apprennent les valeurs humaines et chrétiennes qui permettent une coexistence pacifique et constructive. C'est dans la famille que l'on apprend la solidarité entre les générations, le respect des règles, le pardon et l'acceptation des autres. C'est dans leur propre maison que les jeunes connaissent l'affection des parents, découvrent ce qu'est l'amour, et apprennent à aimer. La famille, par conséquent, doit être soutenue par des politiques organiques qui ne se limitent pas à proposer des solutions aux problèmes contingents, mais ont pour objet sa consolidation et son développement et sont accompagnées d'un action éducative adéquate.
Parfois, malheureusement, des actes de violence graves se produisent, et certains aspects de la crise de la famille, causés par de rapides changements sociaux et culturels sont amplifiés. En outre, approuver les formes d'union qui faussent l'essence et le but de la famille, finissent par pénaliser ceux qui, non sans difficulté, s'emploient à vivre des liens affectifs stables, juridiquement garantis et publiquement reconnus. Dans cette perspective, l'Eglise regarde avec faveur toutes les initiatives qui visent à éduquer les jeunes à vivre l'amour dans la logique du don de soi, avec une vision élevée et oblative (altruiste) de la sexualité. Répond à cet objectif une convergence éducative entre les différentes composantes de la société, pour que l'amour de l'homme ne se réduise pas à un objet de consommation, mais puisse être perçu et vécu comme une expérience fondamentale qui donne sens et but à l'existence.

Le don de soi réciproque des époux porte en lui une ouverture à la génération: le désir de la paternité et de la maternité est en effet inscrit dans le cœur de l'homme. Beaucoup de couples souhaiteraient recevoir le don de nouveaux enfants, mais sont forcés d'attendre. Pour cela, un soutien pratique à la maternité est nécessaire, comme de garantir aux femmes qui exercent une profession la possibilité de concilier famille et travail. Trop souvent, en effet, elles sont placées devant la nécessité de choisir entre les deux. Le développement de politiques adéquates, et de structures destinées à l'enfance, comme les crèches, y compris celles gérées par les familles, peuvent contribuer à faire en sorte que l'arrivée d'un enfant ne soit plus vue comme un problème, mais comme une grande joie. En outre, puisque "l'ouverture à la vie est au cœur du vrai développement" ( Caritas in veritate, 28), le nombre élevé d'avortements qui sont pratiqués dans notre région ne peut nous laisser indifférent. La communauté chrétienne, à travers les nombreuses "maisons familiales", les "Centres d'aide pour la vie" et d'autres initiatives similaires, s'est engagée à accompagner et à apporter un soutien aux femmes qui se trouvent en difficulté pour accueillir une nouvelle vie. Puissent les institutions publiques être en mesure d'offrir leur soutien afin que les centres de planning familiaux soient en mesure d'aider les femmes à surmonter les causes qui peuvent les mener à l'avortement. À cet égard, je tiens à exprimer ma gratitude pour la loi en vigueur dans la région du Latium, qui prévoit le "quotient familial" et considère l'enfant conçu comme membre de la famille, et je souhaite que ce règlement soit pleinement mis en œuvre. Je suis heureux que la ville de Rome ait déjà commencé ses efforts à cet égard.

Sur l'autre versant de la vie, le vieillissement de la population pose des problèmes nouveaux. Les anciens sont une richesse pour la société. Leurs connaissances, leur expérience et leur sagesse sont un atout important pour les jeunes, qui ont besoin de "maîtres de vie". Si beaucoup de personnes âgées peuvent compter sur le soutien et la proximité de leur famille, un nombre croissant d'entre eux sont seuls et ont besoin de soins médicaux. L'Eglise, y compris dans notre région a toujours été proche de ceux qui sont dans un état fragile en raison de l'âge ou de la mauvaise santé. Tandis que je me réjouis de la synergie entre les grandes réalités sanitaires catholiques - comme, par exemple, pour l'enfance, entre l'hôpital «Bambino Gesù» et les institutions publiques - je souhaite que de telles structures puissent continuer à travailler avec les autorités locales pour assurer leur service à ceux qui s'adressent à eux, et je renouvellle l'invitation à promouvoir une culture qui respecte la vie jusqu'à son terme naturel, sachant que «la mesure de l'humanité se détermine essentiellement dans la relation avec la souffrance et avec ceux qui souffrent» (Encyclique Spe Salvi , 38).

Ces derniers temps, la sérénité de nos familles est menacée par la crise économique grave et persistante, et de nombreuses familles ne peuvent plus garantir un niveau de vie suffisant à leurs enfants. Nos paroisses, à travers la Caritas , se prodiguent pour venir en aide à ces familles, allégeant autant que possible, les difficultés, et faisant face aux besoins de base. J'ai confiance que des mesures appropriées puissent être adoptées, visant à soutenir les familles à faible revenu, en particulier les familles nombreuses, trop souvent pénalisées.
A cela s'ajoute un problème chaque jour plus dramatique. Je me réfère à la grave question du travail. Les jeunes, en particulier, qui, après des années de formation, ne voient pas de débouchés d'emplois, ni de possibilités d'intégration sociale ou de projets pour l'avenir, se sentent souvent frustrés et sont tentés de rejeter la société elle-même. La prolongation de telles situations est source de tensions sociales, qui sont exploitées par des organisations criminelles pour proposer des activités illégales. Il est donc impératif que, même en ces temps difficiles, on fasse tous les efforts pour promouvoir des politiques d'emploi qui puissent garantir un travail et un revenu décent, condition indispensable pour créer une nouvelle famille.

Chères Autorités, les problèmes qui réclament une solution sont nombreux. Que votre engagement d'Administrateurs, qui s'efforcent de travailler ensemble pour le bien de la communauté, sache toujours considérer l'homme comme une fin, afin qu'il puisse vivre de manière authentiquement humaine.
En tant qu'évêque de cette ville, je voudrais donc vous inviter à trouver dans la Parole de Dieu, la source d'inspiration pour votre action politique et sociale, dans la "recherche du bien véritable de tous, dans le respect et la promotion de la dignité de chaque personne" (Ex . ap. postinodale Verbum Domini , 101). Je vous assure de mon souvenir dans la prière, en particulier pour ceux qui, aujourd'hui, commencent leur service du bien commun, et tandis que j'invoque sur votre engagement la protection maternelle de la Vierge Marie, Salus Populi Romani, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction, que j'étends volontiers aux habitants de Rome, de sa province et de l'ensemble du Latium.