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L'homéliste

Retour sur plusieurs billets publiés par Sandro Magister sur l'extraordinaire homéliste qu'est Benoît XVI.

     

Sandro Magister a consacré plusieurs billets sur son blog chiesa à l'extraordinaire homéliste qu'est Benoît XVI. Personne ne l'a compris mieux que lui, et il est dommage que les prêtres n'aient pas écouté ses conseils.
Il en a rassemblé toutes les homélies de 3 années liturgiques consécutives dans 3 ouvrages (http://www.amazon.it/) joignant à chacune "les lectures bibliques de la messe du jour, ainsi que les psaumes et antiennes des vêpres qu’il a célébrées".

     
1. Le 11 avril 2007
Les homélies secrètes du successeur de Pierre

Il y a une limite que les paroles de Benoît XVI ne parviennent pas à franchir.
Elles touchent dans leur plénitude seulement chez ceux qui les écoutent en personne, qu’ils soient présents physiquement ou à travers un direct télévisé. Le nombre de ces personnes est considérable, supérieur à celui de tous les pontificats précédents. Le message de Pâques "urbi et orbi" et le chemin de croix du vendredi saint ont été suivis par des foules nombreuses et retransmis dans plus de quarante pays. Cependant les personnes vers lesquelles ce message arrive amputé ou vers lesquelles il n’arrive même pas sont innombrables.
Cette limite de communication a été expérimentée par Benoît XVI dans une plus forte mesure au cours des autres célébrations de la semaine sainte dernière.
Pendant la messe chrismale du matin du jeudi saint, le pape a consacré son homélie à l’explication du sens profond du fait d’être prêtres, "revêtus du Christ" et donc capables d’agir et de parler "in persona Christi", en parcourant la symbolique des habits liturgiques. Mais combien parmi les plus que quatre cent mille évêques et prêtres catholiques ont reçu ses paroles?
Dans l’homélie de la messe "in Coena Domini" du soir du jeudi saint, Benoît XVI a expliqué la nouveauté de la Pâque de Jésus par rapport à la Pâque juive.
Dans l’homélie de la nuit de Pâques, il a décrit la victoire de Jésus sur la mort en utilisant les représentations typiques des Eglises d’orient: avec Jésus ressuscité qui descend aux enfers et, ainsi, "porte à son accomplissement le chemin de l’incarnation. Par sa mort, il prend par la main Adam, tous les hommes en attente, et il les conduit à la lumière".
Cependant, parmi les personnes présentes à ces messes, seules celles qui comprennent l’italien pouvaient suivre profitablement les homélies du pape. Les médias catholiques qui ont traduit et retransmis les textes dans différents pays ont faiblement étendu leur diffusion, vers un public de niche.
C’est donc une limite sérieuse pour un pape comme Benoît XVI, qui a justement centré son ministère sur la parole. Au sein de la curie, les bureaux chargés de la communication n’ont jusqu’à présent rien fait de nouveau, pour y remédier au moins en partie. Par exemple, personne ne se charge de faire parvenir à temps à tous les évêques et prêtres du monde entier une newsletter contenant les textes du pape dans leur langue respective.
Dans ce domaine, les seules initiatives efficaces viennent de Benoît XVI en personne. Avec son livre sur Jésus qui sortira dans quelques jours dans plusieurs langues, il atteindra de manière directe et personnelle un nombre très élevé de lecteurs dans le monde entier.

2. Le 8 octobre 2007
Les angelus secrets de Benoît XVI

(http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/170485?fr=y )

Les paroles que prononce Benoît XVI le dimanche à midi avant et après la prière de l’Angélus – ou du "Regina Coeli" pendant le temps pascal – sont parmi les plus suivies par les médias.
Presque toujours, cependant, les médias ne reprennent que celles qui ont un rapport avec des situations ou des événements de l’actualité, surtout politiques.
...
En écoutant et lisant les médias, le public aura l’impression que le pape a consacré l’intégralité de son message au sujet abordé.
Or ce n’est pas le cas. Presque toujours, Benoît XVI ne consacre aux questions d’actualité que quelques mots rapides – montés ensuite en épingle par les médias – lorsqu’il salue les fidèles en plusieurs langues, après la prière de l’Angélus.
Le véritable message a lieu avant la prière. Il s’agit – à de rares exceptions près – d’une brève homélie sur l’Evangile et sur les autres lectures de la messe du jour.
C’est cette petite homélie qu’écoutent principalement les très nombreux fidèles qui accourent chaque dimanche au rendez-vous de midi avec le pape, à Rome sur la place Saint-Pierre et à Castel Gandolfo pendant l’été.
Ce sont des textes que seul le pape Joseph Ratzinger peut avoir pensés et écrits. Dans certains cas, on relève facilement des similitudes avec son livre "Jésus de Nazareth", dans les pages qui parlent du même extrait de l’Evangile.
De même qu’il raconte progressivement la vie de l’Eglise, des Apôtres aux Pères de l’Eglise, dans ses catéchèses du mercredi, de même Benoît XVI présente aux fidèles le personnage de Jésus lors des Angélus du dimanche.
Plus encore, la voie choisie chaque dimanche par le pape pour accéder à Jésus est la même que celle que parcour tout fidèle catholique en participant à la messe de ce même dimanche.
C’est un choix délibéré, typique de la vision de ce pape. L’Evangile commenté par Benoît XVI lors de l’Angélus n’est pas "sola Scriptura", l’Ecriture seule, un livre nu. C’est le Verbe qui se fait chair – le corps et le sang de Jésus – dans la liturgie du jour.
Pour élever à un niveau acceptable la qualité moyenne des millions d’homélies prononcées dans le monde entier chaque dimanche, les prêtres catholiques n’auraient qu’à suivre l’école des Angélus de Benoît XVI.

Magister propose ensuite un échantillon de sa prédication, les sept dernières petites homélies, dont j'extrais celle ci (cliquez sur le bandeau pour "déplier" le texte):

19 août 2007,
XXe dimanche du temps ordinaire, année C
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Dans l'Evangile de ce dimanche, il y a une expression de Jésus qui attire chaque fois notre attention et exige d'être bien comprise. Alors qu'il fait route vers Jérusalem, où l'attend la mort sur la croix, le Christ confie à ses disciples: "Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde? Non, je vous le dis, mais plutôt la division". Et il ajoute: "Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées: trois contre deux et deux contre trois ils se diviseront: le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère" (Lc 12, 51-53). Toute personne connaissant un minimum l'Evangile du Christ sait qu'il s'agit d'un message de paix par excellence; Jésus lui-même, comme écrit saint Paul, "est notre paix" (Ep 2, 14), mort et ressuscité pour abattre le mur de l'inimitié et inaugurer le Royaume de Dieu qui est amour, joie et paix. Comment expliquer alors ces paroles? A quoi le Seigneur se réfère-t-il lorsqu'il dit être venu apporter - selon le récit de saint Luc - la "division", ou - selon celui de saint Matthieu - "l'épée" (Mt 10, 34)?

Cette expression du Christ signifie que la paix qu'Il est venu apporter n'est pas synonyme d'une simple absence de conflits. Au contraire, la paix de Jésus est le fruit d'un combat permanent contre le mal. La lutte que Jésus mène avec détermination n'est pas une lutte contre des hommes ou des puissances humaines, mais contre l'ennemi de Dieu et de l'homme, Satan. Celui qui veut résister à cet ennemi en restant fidèle à Dieu et au bien, doit nécessairement faire face à des incompréhensions et parfois de véritables persécutions. Par conséquent, ceux qui entendent suivre Jésus et s'engager pour la vérité sans faire de compromis, doivent savoir qu'ils rencontreront des oppositions et deviendront, malgré eux, signe de division entre les personnes, y compris au sein de leurs propres familles. L'amour pour les parents est bien un commandement sacré mais on ne doit jamais le placer avant l'amour de Dieu et du Christ si l'on veut le vivre de manière authentique. De cette façon, les chrétiens deviennent, sur les traces du Seigneur Jésus, "des instruments de sa paix", selon la célèbre expression de saint François d'Assise. Non pas d'une paix inconsistante et apparente, mais réelle, poursuivie avec courage et persévérance dans l'engagement quotidien à vaincre le mal par le bien (cf. Rm 12, 21) et en payant personnellement le prix que cela comporte.

La Vierge Marie, Reine de la Paix, a partagé jusqu'au martyre de l'âme le combat de son Fils Jésus contre le Malin, et continue de le partager jusqu'à la fin des temps. Invoquons son intercession maternelle, afin qu'elle nous aide à être toujours des témoins de la paix du Christ, en ne recherchant jamais le compromis avec le mal.


* * *

3. Le 27 décembre 2010
Benoît XVI, homme de l'année... En raison de ses homélies.
Elles sont l'axe de son magistère ordinaire. Elles racontent l'aventure de Dieu dans l'histoire du monde. Elles lèvent le voile sur les "choses d’en-haut"....
Dans l’art de l’homélie, indubitablement, Benoît XVI est un modèle extraordinaire.

(http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1346098?fr=y )

Sandro Magister reproduit la préface du troisième volume de la série sur les homélies:

"COMME LE PAPE LÉON LE GRAND, LE PAPE BENOÎT XVI PASSERA À L'HISTOIRE EN RAISON DE SES HOMÉLIES"
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Le missel romain des dimanches et fêtes est articulé en trois années, chacune étant centrée sur un Évangile : celui de Matthieu, celui de Marc et celui de Luc. La maison d’édition Libri Scheiwiller qui publie, année après année, les homélies de Benoît XVI, s’est conformée à cette succession. La période de trois années s’achève avec ce troisième volume de la série. Il réunit les homélies pontificales de l'année liturgique correspondant à l’évangile de Luc, qui a commencé avec le premier dimanche de l’Avent de 2009 et s’est étendue sur l’année 2010.

Les homélies de la messe et des vêpres sont un axe porteur de ce pontificat, que tout le monde n’a pas encore compris. Une bonne partie d’entre elles est rédigée par Joseph Ratzinger, d’autres sont des improvisations qui ont la spontanéité de la langue parlée. Mais il les médite et les prépare toujours avec un soin extrême, parce que, pour lui, elles ont une valeur unique qui les distingue de tout ce qu’il peut dire ou écrire par ailleurs. En effet les homélies sont une partie de l'action liturgique, ou plutôt, elles sont elles-mêmes liturgie, cette "liturgie cosmique" dont le pape a dit qu’elle était le "but ultime" de sa mission apostolique, "lorsque le monde dans son ensemble sera devenu liturgie de Dieu, adoration, et qu’il sera alors sain et sauf". Il y a beaucoup d’Augustin dans cette vision de Ratzinger, il y a la cité de Dieu dans le ciel et sur la terre, il y a le temps et l’éternel. Le pape voit dans la messe "l'image et l'ombre des réalités célestes" (Hébreux 8, 5). Ses homélies ont pour mission de soulever le voile.

Et en effet, lorsqu’on les relit, elles révèlent une vision du monde et de l’histoire pleine de significations nouvelles qui constituent d’ailleurs le cœur de la bonne nouvelle chrétienne, parce que "si Jésus est présent, il n’existe plus aucun temps dénué de sens et vide". L'Avent est "présence", "arrivée", "venue", a dit le pape dans son homélie d’inauguration de cette année liturgique. "Dieu est là, il ne s’est pas retiré du monde, il ne nous a pas laissés seuls" et, par conséquent, le temps devient "kairós", occasion unique, favorable, de salut éternel, et la création tout entière change de visage "si derrière elle, il y a lui et non pas le brouillard d’une origine incertaine et d’un avenir incertain".

Mais le temps de la "civitas Dei" n’est pas informe. Il a un rythme qui lui est donné par le mystère chrétien qui le remplit. Chaque messe, chaque homélie, tombe en un temps précis, dont le découpage fondamental se fait de dimanche en dimanche. Le "jour du Seigneur" a comme protagoniste celui qui est ressuscité le premier jour après le sabbat, devenu représentation de l'"octava dies" de la vie éternelle. La présence du Ressuscité dans le pain et le vin consacrés est réelle, très réelle, prêche sans cesse le pape. Pour le voir et le rencontrer, il suffit que les yeux de la foi s’ouvrent, comme ce fut le cas pour les disciples d’Emmaüs, qui reconnurent Jésus justement dans le sacrement de l'eucharistie, "à la fraction du pain".

"L'année liturgique est un grand chemin de foi", a rappelé le pape avant un Angélus, dans une de ces brèves méditations dominicales qu’il construit comme de petites homélies à partir de l’Évangile du jour. C’est comme marcher sur la route d’Emmaüs, en compagnie du Ressuscité qui rend les cœurs brûlants en expliquant les Écritures. De Moïse aux prophètes et à Jésus, les Écritures sont de l’histoire et avec elles le cheminement se fait histoire et l'année liturgique la parcourt à nouveau tout entière, autour de Pâques qui en constitue l’axe. Avent, Noël, Épiphanie, Carême, Pâques, Ascension, Pentecôte. Jusqu’à la seconde venue du Christ à la fin des temps. Ce qui fait de la liturgie chrétienne un "unicum" - et le pape ne cesse de le prêcher - c’est que son récit n’est pas seulement un souvenir. C’est une réalité vivante et présente. À chaque messe a lieu ce que Jésus annonça à la synagogue de Nazareth après avoir réenroulé le rouleau du prophète Isaïe : "Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture" (Luc 4, 21).

Dans ses homélies, le pape Benoît XVI révèle également ce qu’est l’Église. Il le fait en se conformant à la plus ancienne profession de foi : "Je crois en l’Esprit-Saint, en la sainte Église catholique, en la communion des saints, en la rémission des péchés". La "communion des saints" c’est principalement celle des dons saints, elle est ce don saint et salvateur que Dieu nous fait dans l'eucharistie et c’est en le recevant que l’Église naît et grandit, dans l’unité sur toute la terre et avec les saints et les anges du ciel. La "rémission des péchés", c’est le baptême et l'autre sacrement du pardon, la pénitence. Si le "Credo" professe cela, alors vraiment l’Église n’est pas faite de sa hiérarchie, ni de son organisation, elle est moins encore une association spontanée d’hommes solidaires, mais elle est un pur don de Dieu, une création de son Saint Esprit, qui fait naître son peuple dans l’histoire, avec la liturgie et les sacrements.

Il y a une image qui revient fréquemment dans les homélies du pape : "L’un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau" (Jean 19, 34). Voici de nouveau le sang et l'eau, l'eucharistie et le baptême, l’Église qui naît de ce côté transpercé du Crucifié, nouvelle Ève née du nouvel Adam. Le recours aux images est un autre des traits distinctifs des homélies de Benoît XVI. À la cathédrale de Westminster, le 18 septembre 2010, il a fait lever les yeux de tous vers le grand Crucifix qui domine la nef, vers le Christ "accablé de souffrance, écrasé par la douleur, victime innocente dont la mort nous a réconciliés avec le Père et nous a donné de participer à la vie même de Dieu". Dans son sang précieux, dans l'eucharistie, l’Église puise la vie. Mais le pape a également ajouté, citant Pascal : "Dans la vie de l’Église, dans ses épreuves et ses tribulations, le Christ sera en agonie jusqu’à la fin du monde".

Dans la prédication liturgique de Benoît XVI les images tirées de la Bible et celles qui sont tirées de l’art ont constamment une fonction mystagogique, c’est-à-dire d’explication du mystère. L’étonnement provoqué par l'invisible que l’on entrevoit dans l’œuvre d’art visible renvoie à cette merveille encore plus grande qu’est le Ressuscité présent dans le pain et le vin, origine de la transformation du monde, afin que la cité des hommes, elle aussi, "devienne un monde de résurrection", une cité de Dieu.

Les homélies recueillies dans ce volume ont, pour la plupart, été prononcées par le pape pendant la messe, après la proclamation de l’Évangile. Mais il y en a également quelques unes qui l’ont été pendant les vêpres, avant le chant du "Magnificat". Les lieux où elles ont été prononcées sont extrêmement variés, en Italie et à l’étranger, dans des villages et dans des grandes villes : Rome, bien évidemment, mais aussi Castel Gandolfo, Malte, Turin, Fatima, Porto, Nicosie, Sulmona, Carpineto, Glasgow, Londres, Birmingham, Palerme. Un cas particulier : celui de l’homélie du quatrième dimanche de Carême, qui a été prononcée par le pape au cours d’un office liturgique œcuménique célébré dans l’église luthérienne de Rome.

Comme cela a déjà été fait pour les deux précédents recueils, on a ajouté en annexe quelques uns de ces petits bijoux de prédication mineure, portant sur les lectures de la messe du jour, que Benoît XVI offre aux fidèles et au monde entier le dimanche à midi avant l'Angélus ou, pendant le temps pascal, avant le Regina Cæli.

On arrive ainsi à quelque quatre-vingts homélies, les unes longues et les autres courtes, qui sont rassemblées dans ce volume, couvrant presque la totalité de l'année liturgique : une preuve supplémentaire du soin que le pape Benoît XVI apporte à cette forme de son ministère. Le cardinal Angelo Bagnasco en a souligné la grandeur et il en a fait un modèle pour tous les pasteurs de l’Église, lorsqu’il a dit aux évêques qui forment le conseil permanent de la conférence des évêques d’Italie, le 21 janvier 2010 : "N’ayons pas peur de dire notre admiration pour cet art dont il fait preuve et ne nous lassons pas de l’indiquer à nous-mêmes et à nos prêtres comme une école de prédication élevée et extraordinaire". Comme le pape Léon le Grand, le pape Benoît XVI passera à l’histoire en raison de ses homélies.

Exhortation apostolique Verbum Domini, n.59:

(http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/apost_exhortations/documents/hf_ben-xvi_exh_20100930_verbum-domini_fr.html )

L’importance de l’homélie
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«Les fonctions et les charges qui reviennent à chacun par rapport à la Parole de Dieu sont également variées: ainsi, les fidèles écoutent et méditent cette Parole, tandis que, seuls, la présentent ceux qui ont reçu, par l’Ordination, la charge du Magistère, ou ceux à qui l’exercice de ce même ministère a été confié», à savoir les Évêques, les prêtres et les diacres.
À partir de là, on comprend l’attention que le Synode a donnée au thème de l’homélie.
Déjà dans l’Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum caritatis, je rappelais qu’ «en relation avec l’importance de la Parole de Dieu, il est nécessaire d’améliorer la qualité de l’homélie. Elle “fait partie de l’action” liturgique; elle a pour fonction de favoriser une compréhension plus large et plus efficace de la Parole de Dieu dans la vie des fidèles».
L’homélie est en effet une actualisation du message scripturaire, de telle sorte que les fidèles soient amenés à découvrir la présence et l’efficacité de la Parole de Dieu dans l’aujourd’hui de leur vie. Elle doit aider à la compréhension du Mystère qui est célébré, inviter à la mission, en préparant l’assemblée à la profession de foi, à la prière universelle et à la liturgie eucharistique.
Par conséquent, que ceux qui, en vertu de leur ministère spécial, sont députés à la prédication, prennent à cœur ce devoir. On doit éviter les homélies vagues et abstraites, qui occultent la simplicité de la Parole de Dieu, comme aussi les divagations inutiles qui risquent d’attirer l’attention plus sur le prédicateur que sur la substance du message évangélique. Il doit être clair pour les fidèles que ce qui tient au cœur du prédicateur, c’est de montrer le Christ, sur lequel l’homélie est centrée. Pour ce faire, il convient que les prédicateurs aient une familiarité et un contact assidu avec le texte sacré; qu’ils se préparent pour l’homélie dans la méditation et la prière afin de pouvoir prêcher avec conviction et passion. L’Assemblée synodale a exhorté à considérer les questions suivantes: «Que disent les lectures proclamées? Que me disent-elles à moi personnellement? Que dois-je dire à la communauté, en tenant compte de sa situation concrète?».
Le prédicateur doit «être le premier à être interpellé par la Parole de Dieu qu’il annonce», car, comme le dit Saint Augustin: «qui prêche extérieurement la Parole de Dieu et ne l’écoute pas intérieurement ne peut pas porter du fruit».

Qu’on prenne particulièrement soin de l’homélie du dimanche et des solennités; mais qu’on n’omette pas aussi durant les Messes cum populo en semaine, si possible, d’offrir de brèves réflexions appropriées à la situation, pour aider les fidèles à accueillir et faire fructifier la Parole qu’ils ont écoutée.