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Papa day

16 mai 2010: les attaques contre le Saint-Père et l'Eglise autour des affaires de pédophilie commencent tout juste à retomber. 200.000 personnes convergeaient vers la Place Saint-Pierre pour manifester leur soutien au Pape. Récits - reprise (10/7/2013)

Benoît XVI aussi était très aimé...

     

16 mai / Un peuple sous le ciel de Pierre
Alessandro Banfi
http://www.ilsussidiario.net
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Comme il était beau, le ciel au-dessus de Rome hier, lors du Regina Coeli.
Beau, car finalement, il a été compatissant avec les nombreux pèlerins arrivés ici dès samedi et de toute l'Italie, épargnant les averses et offrant seulement par moments les rayons d'un chaud soleil de mai.
Beau aussi parce que même pour nous, qui vivons à Rome depuis tant d'années, le ciel vu de la place Saint-Pierre a toujours quelque chose de fascinant. Beau, en ce jour particulier de l'Ascension, où les mouvements et les associations laïques sont venus sur la place pour embrasser le Saint-Père. Une prière pour les victimes d'abus, une pour nos pasteurs, une pour le successeur de Pierre.

Le peuple du "Papa day" (ndt: allusion au family day, qui, il y a tout juste trois ans avait rassemblé un million de personnes dans les rues de Rome en défense de la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme) - ainsi que l'a baptisé l'imaginatif bureau de presse de la Coldiretti - a commencé à remplir l'espace autour de la colonnade du Bernin dès 8h, dimanche matin. Banderoles, ballons, casquettes, et volonté tranquille de témoigner son affection au Pape. De nombreux amis qu'on n'a pas vus depuis des années, de Milan, Turin, Biella, derrière nous, il ya même une bannière "CL (communion et libération) Deutschland". Quelques nouveaux amis comme ceux de l'Aquila.
On m'a dit que des gens venus de Sicile, à peine le Pape rentré, sont retournés à la Stazione Termini, pour rentrer chez eux ... Comme si nous nous étions tous trouvés ici pour quelque chose de vraiment important, d'essentiel pour notre vie et pour chaque personne: reconnaître, en cet homme vêtu de blanc, un père. Pas n'importe quel père, un père qui nous empêche de faire prévaloir notre propre point de vue.

Un geste simple, marcher et arriver sur la place, minime pour ceux qui vivent à Rome, plus difficile pour les personnes venant de l'extérieur, mais qui balaie d'un seul coup la négation de notre liberté que le pouvoir voudrait accomplir et accomplit chaque jour. Voilà ce qu'il y avait derrière cette joie de se saluer, de revoir des visages et des faces d'une longue amitié ...
Et puis l'introduction de Paola Dal Toso, secrétaire du Cnal, la prière dirigée par le cardinal Angelo Bagnasco, qui est maintenant à la tête de la CEI, les paroles splendides de la première homélie de Ratzinger comme Pape, lues par Roberto Fontolan ... À 12 heures, tout le monde avec le nez levé là-haut, vers la fenêtre, et de nouveau vers le ciel.

Voici enfin, Benoît XVI qui rappelle le jour de l'Ascension et parle, comme par hasard, justement du ciel. Citant les paroles d'un grand russe Florenskij. « Regardez le plus souvent possible les étoiles. Lorsque votre âme souffrira, regardez les étoiles ou le bleu du ciel. Quand vous vous sentirez tristes, quand on vous offensera... entretenez-vous... avec le ciel. Alors votre âme s'apaisera » (traduction ESM)

De la place, le Pape est une silhouette lointaine, mais sur les écrans géants, il semble heureux de tant de chaleur et un peu fatigué de la récente visite à Fatima. «Le véritable ennemi à craindre et à combattre est le péché, qui contamine parfois même les membres de l'Eglise. Nous vivons dans le monde, mais nous ne sommes pas du monde », a-t-il dit, rappelant à tous de demander la purification de la communauté ecclésiale.

Déjà, le ciel. Mais qu'est-ce que le ciel? Le Pape a expliqué: "Le Seigneur, en nous ouvrant la voie vers le ciel, nous donne déjà un avant-goût sur la terre la vie divine".
Dans l'une des rares interviews télévisées qu'il a données Don Luigi Giussani avait dit: «Le ciel, pour nous n'est pas là-haut ... le ciel est une vibration de la terre."

La terre vibre, comme cela s'est passé et se passe autour de Giussani, si l'on donne tout. Il n'y a rien de mieux dans la vie que de donner tout pour ses amis. C'est cela, le ciel vu hier matin, le 16 mai 2010, à Saint-Pierre. Et je remercie Dieu d'y avoir été.

     

Avec Ratzinger, à regarder les étoiles
Le récit des pèlerins siciliens au Papa Day.
"Benoît n'a pas besoin de notre soutien, mais nous du sien"
Giuseppe Di Fazio
La Sicilia
18 mai 2010
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"Bien sûr, faire 24 heures de route aller et retour pour rester à Rome quelques heures peut sembler une folie: ou bien on est stupide, ou bien on a une raison de le faire".
Ilenia Vasta, étudiante en troisième année de droit à Catane, fait partie des milliers de siciliens qui étaient Place Saint-Pierre dimanche, pour prier avec le Pape; quand elle a entendu parler du rassemblement des mouvements ecclésiaux pour prier avec et pour Benoît XVI, elle ne se l'est pas laissé dire deux fois. Elle a cherché des amis, et en voiture, elle s'est aventurée vers la capitale.
"Je suis allée à Rome - dit-elle le lendemain - pour affirmer la chose la plus importante qui me soit arrivée dans ma vie: la rencontre avec le Christ. Je ne suis pas allée pour soutenir le Pape, qui n'a pas besoin de mon soutien, mais parce que moi, j'ai besoin du Pape. "
"Quand il est apparu à la fenêtre - poursuit Ilenia - j'ai seulement vu un petit point blanc qui ouvrait grand les bras et j'ai été touchée de sa compassion pour le sort des gens et j'ai ressenti une immense gratitude pour le fait d'être là."
Etrange histoire, que celle d'Ilenia, comme celle de son compagnon de voyage Salvo Lussi, lui aussi étudiant en droit à Catane, ancien candidat au conseil municipal de sa ville natale sur la liste Rifondazione (ndt: refondation communiste, parti de la gauche italienne, né en 1991 de la scission du Parti communiste italien). Tous deux faisaient partie de ce comité d'élèves du lycée Spedalieri qui, après le meurtre de l'inspecteur Raciti Cibali (ndt: policier italien, mort en service, en 2007, à la suite d'affrontements entre supporters lors d'un match de football, le derby Catane-Palerme) accoucha d'un document dramatique plein de questions sur le sens de la vie et de l'étude. Ce document, à travers les journaux, a fini sur le bureau de Benoît XVI, qui, rencontrant l'archevêque de Catane lui a conseillé: "Ne laissez pas tomber les questions des jeunes."

Certains de ces jeunes, avec Ilenia et Salvo étaient sur la Place Saint-Pierre, dimanche dernier. Ils étaient prêts à partir en croisade pour le défendre. Au lieu de cela, Benoît XVI les a déconcertés. L'ennemi, a-t-il dit, n'est pas à l'extérieur, il est en nous, il est à l'intérieur de l'Église elle-même. Et, citant le penseur russe Florenskij, il a ajouté: « Regardez le plus souvent possible les étoiles. Lorsque votre âme souffrira, regardez les étoiles ou le bleu du ciel. Quand vous vous sentirez tristes, quand on vous offensera... entretenez-vous... avec le ciel. Alors votre âme s'apaisera »

"Peut-être n'étais-je pas consciente du geste que je faisais - explique Sandra Condorelli, étudiante en lettres à Catane - jusqu'à ce que je sois arrivée. Ce qui a fait mûrir mon jugement, ce n'est pas le grand nombre de personnes sur la Place Saint-Pierre, mais de regarder cet homme si ferme à la suite du Christ".
Sandra parle du Pape comme d'un ami. "Personne, dit-elle, quand l'être aimé est blessé ou est injustement attaqué, ne peut faire comme si de rien n'était, et il est naturel de courir vers lui! Je ne suis pas allée à Rome pour faire nombre, mais pour réaffirmer notre lien avec le point concret, humain, historique, dans lequel j'ai rencontré l'Espérance pour ma vie".
"Face à une présence - dit Marcello Pisani, professeur d'italien et d'histoire à Syracuse - la fatigue recule".
Le professeur est rentré de Rome en bus à 4h hier matin. A 8h30, il était dans la salle de classe.
- Cela valait la peine de faire cet effort, professeur?
"Bien sûr - répond Pisani - Ce 'Merci' du Pape m'a touché, quand il l'a dit et comment il l'a dit. Ce qui m'a touché, c'est le sentiment de gratitude qui transparaissait de ses yeux, de ses paroles et de ces bras grands ouverts, bien plus accueillants que cette colonnade du Bernin. Et voilà, tous ces kilomètres en si peu de temps pour apprendre de Benoît XVI ce sentiment de gratitude que seuls les vrais grands hommes ont".
"Hier, en classe - poursuit le professeur - j'ai demandé à un de mes élèves qui était venu à Saint-Pierre si ça en valait la peine: Bien sûr, m'a-t-il répondu. Et pourtant, il était rentré à 4h du matin le 17, comme moi, il était partu en bus le 15 à 20h. 24 heures de voyage en à peine un jour et demi.
Au déjeuner, j'ai demandé aussi à ma fille qui a quatorze ans, si elle était contente d'avoir été sur la Place Saint-Pierre et elle m'a répondu que oui. J'ai insisté: "Mais l'effort était grand, tu aurais pu rester confortablement assise à la maison à regarder le direct à la télévision". Elle m'a répondu: "Ce n'est pas la même chose, j'étais présente là-bas". Ma fille a raison, ce n'est pas la même chose..."

" J'ai été ému dimanche de voir ces gens pressés devant le pape et venus là pour témoigner ce que proclamait une des bannières: n'ayez pas peur, Jésus a vaincu le mal", dit Massimo Dragone, 39 ans, propriétaire d'un bar à Raguse .
Il s'est rendu à Rome en avion, mais la fatigue était là quand même. Réveil à 3h, départ en voiture de Raguse vers Fontanarossa pour prendre le vol de 6h15. Retour par le vol de 20h, puis à nouveau la voiture vers Raguse pour être prêt à 4h30 du matin pour ouvrir le bar. "Je suis fatigué mais heureux. Le visage du pape - dit-il - m'a ému".

Benoît XVI, selon son style, a peu concédé à la "spectacularisation" de l'événement.
Et il a entièrement mis l'accent sur les motifs de la foi. Aux représentants des mouvements ecclésiaux venus de toute l'Italie, il a dit simplement: "Merci". Mais avec des larmes dans ses yeux. Et il a confié une tâche: "Servir Dieu et l'homme au nom du Christ". Il a ajouté: "Poursuivons cette voie avec confiance, et que les épreuves que le Seigneur permet nous poussent à plus de radicalité et de cohérence."
Les histoires de Ilenia, Sandra, du professeur de Syracuse et du propriétaire du bar de Raguse peuvent aider à expliquer pourquoi, malgré le déploiement massif des médias contre le pape, le peuple chrétien continue à le voir comme un point de certitude dans un monde de confusion.