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Quand Benoît parlait aux jeunes

Souvenir de Loreto, en septembre 2007. Le témoignage d'un prêtre qui avait emmené de jeunes italiens à la rencontre du Pape; et le message confiné "en périphérie"... par les medias! (1er/5/2013)

Le hasard fait que je suis retombée à plusieurs reprises, ces jours derniers, sur le "mot-clé" Loreto (Lorette, en français). Cela nous renvoie à une extraordinaire rencontre de Benoît XVI avec les jeunes, en Italie, en septembre 2007.

Les 1er et 2 septembre 2007, Benoît XVI s'était rendu à Lorette, un lieu de pélerinage marial du centre de l'Italie, pour un voyage pastoral de 2 jours, à l'occasion de 'L'Agora des Jeunes', sorte de répétition des JMJ de Sidney.
La cérémonie d'accueil du samedi soir avait rassemblé plus de 300.000 jeunes, le Saint-Père avait répondu "a braccio" aux questions de plusieurs participants.
Et il concluait sa méditation avec ces mots qui, s'ils avaient prononcé par quelqu'un d'autre, auraient peut-être fait le tour du monde et la "une" de tous les journaux:

Chers jeunes, je termine ici, non sans vous avoir embrassés auparavant avec un coeur de père ; je vous embrasse et vous salue cordialement un par un. Nous nous reverrons demain matin, au terme de cette nuit de veillée, pour le moment culminant de notre rencontre, lorsque Jésus lui-même se rendra réellement présent dans sa Parole et dans le mystère de l'Eucharistie. Mais dès à présent, je voudrais vous donner rendez-vous, chers jeunes, à Sydney, où dans un an se tiendra la prochaine Journée mondiale de la Jeunesse. Je sais, l'Australie est loin pour les jeunes italiens ; elle est littéralement à l'autre bout du monde... Prions pour que le Seigneur qui accomplit tout prodige accorde à un grand nombre d'entre vous d'y être présents. Qu'il me l'accorde à moi, qu'il vous l'accorde à vous. C'est l'un de nos nombreux rêves que cette nuit, en priant ensemble, nous confions à Marie.

Tous les textes sont à lire ici: http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/travels/2007/index_loreto_fr.htm

Malheureusement, le boycott médiatique avait été quasi total; en France, la presse n'avait retenu que l'exaspérante et réductrice construction du "Pape vert" (voir ici pour de grotesques compte-rendus : benoit-et-moi.fr/2007)

En Italie, ce n'était pas mieux: une de mes amies avait cueilli dans le courrier des lecteurs de l'Avennire ce témoignage aussi beau par sa spontanéité, que tristement éloquent de la mauvaise foi des medias. Je l'avais traduit à l'époque, et je crois qu'il vaut le coup d'être relu.

     

Heureusement, il y a l'Avvenire
La déception de mes jeunes à la lecture de la presse
"En marge" des journaux comme si l'évènement n'avait pas eu lieu

Andrea Vena, curé de Bibione
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Je viens tout juste de rentrer de l'Agorà de Loreto. Une expérience splendide.
J'y suis allé avec cinq jeunes de ma paroisse. C'était la première fois pour eux. Ils en sont restés extasiés. Pour l'immense foule de jeunes ; pour le climat de fête et de joie ; pour les milliers de volontaires, jeunes eux aussi; pour les mots du Saint-Père, si exigeants mais si vrais.
Jamais peut-être comme dans cette circonstance ils ne se sont sentis aussi "normaux" dans leur façon de vivre la foi et aussi heureux de faire partie de la grande compagnie des amis de Jésus, l'Église. Même s'il s'agissait de jeunes de quinze et seize ans, ils savent très bien "cueillir" les provocations. Ils ont écouté attentivement les questions de leurs aînés. Puis le Pape, qui a répondu spontanément (a braccio) et avec coeur.
Mais en même temps que les mots, à l'Agorà de Loreto, les gestes aussi parlaient. Et les jeunes s'en sont aperçus. Pas seulement ceux prévus dans le programme des célébrations, mais aussi les gestes familiers, simples: faire publiquement ensemble le signe de croix; demander, et prendre la main de son voisin pour réciter le Notre Père ; s'agenouiller pour la bénédiction... le tout avec spontanéité. Sans crainte ni embarras. Autant d'éléments qui font comprendre pourquoi, à la fin, ils ont eu de la peine de devoir laisser cette Agorà où chacun était heureux de se trouver. Comme chrétien.
Avec cet enthousiasme, nous sommes repartis après avoir reçu un mandat de la part de Benoît XVI. La joie au coeur et le désir fort de répondre à l'invitation du Pape leur demandant de penser en grand masquaient la fatigue du voyage et de la nuit passée en plein air.
Ensuite... Oui, ensuite la radio, dans la voiture. En entendant que, parmi les titres des journaux radio il y avait aussi la nouvelle de l'évènement de Loreto, les jeunes ont tout de suite explosé de joie, s'exclamant : "Nous y étions aussi!".
Mais l'enthousiasme s'est vite refroidi.
Dans la description de l'évènement, le journaliste s'est limité à rapporter que le Pape avait invité les jeunes à avoir le respect de la création et de l'eau.
À cela, les jeunes sont restés interdits. "Mais comment?, ont-ils dit. Oui, c'est vrai, il l'a dit. Mais pas seulement cela. Ne se sont-ils pas aperçus que nous étions nombreux, une multitude, et qu'il n'est rien arrivé de fâcheux? N'ont-ils pas entendu que le Pape nous a invités à avoir du courage, à aller à contre-courant, en trouvant la force dans le Seigneur? N'ont-ils pas entendu que le Pape nous a dit qu'il nous aime? Qu'il croit en nous? Qu'il est à nos côtés comme un père?".
Arrivés à la maison, nous nous sommes donnés rendez-vous à 15 heures, lundi , pour lire les quotidiens et voir en quels termes ils parlaient de nous. D'abord, nous nous sommes arrêtés sur la première page. A part l'Unità (ndt: l'équivalent de l'Humanité) qui a mis un bref titre, les autres journaux n'ont même pas fait une allusion. Nous avons ensuite commencé à les feuilleter : chaque page qui passait, nous la sentions comme un affront: le Corriere della Sera en page 21, l'Unità en page 9, Il Giornale en page 15, La Reppublica en page 23. Sans parler que certains articles laissaient un goût amer dans la bouche pour la superficialité avec laquelle ils lisaient l'évènement.
Dans un certain sens, les jeunes se sont sentis trahis. Et, honnêtement, moi aussi. L'expérience de Loreto, notre grande aventure de foi et de fête, confinée en périphérie. Et ici sont revenus en mémoire les mots que le Pape a prononcés pendant la veillée : "Là où il y a Christ, il y a tout le centre, il n'y a pas de périphérie".
Et nous nous sommes dits que même si pour les journaux nous apparaissons comme la "périphérie", nous savons que nous sommes au centre de l'attention de Christ et de l'Église. En outre, le traitement que nous ont réservé les journaux, nous a fait comprendre encore mieux les mots que le Pape nous a adressés pendant la Messe : "De combien de messages, qui vous arrivent surtout à travers les mass media, êtes-vous les destinataires!Soyez vigilants! Soyez critiques! Ne suivez pas la vague produite par cette puissante action de persuasion ".
Effectivement dans notre analyse il manquait un journal à l'appel : L'Avvenire. Ils ont appris à le connaître et à l'apprécier cet été... Les jeunes pensaient que je le gardais caché. Mais hier c'était lundi (ndt: L'Avvenire ne paraît pas le lundi).
Jamais peut-être comme maintenant ils n'ont attendu à ce point un journal "ami" qui les respecte.