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Benoît XVI et les "Vaticanopinionistes"

Commentaires aigrelets après la diffusion de l'homélie de Benoît XVI dans la messe conclusive du Schülerkreis. Et l'admiration de Sandro Magister (3/9/2013)

Voir aussi:
¤ La voix de Benoît XVI
¤ Une messe spéciale

Décidément, même après sa démission, Benoît XVI continue de déranger.
Le ton doucereux de ces deux "stars" du journalisme spécialisés dans les affaires de la papauté cache mal leur dépit qu'il puisse continuer à s'exprimer. Cela passe par des insinuations déplaisantes (du genre qui pourrait convaincre le pape émérite, si discret et délicat, de se taire définitivement), à la manière des commentaires ironiques entourant les adieux à répétition des vedettes de la scène, et bien entendu, l'hommage courtisan désormais obligé au Pape régnant.

     

Andrea Tornielli

Benoît, une ressource de plus pour François
“La Stampa”
2 septembre 2013

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Je resterai "caché pour le monde". C'est ce qu'avait dit Benoît XVI aux prêtres romains le 14 février dernier, avant de quitter le Pontificat. Mais cette "dissimulation" au monde , aussi en raison de l'affection et des invitations de son successeur François, n'a pas été totale.
Hier, pour la première fois depuis le moment de la renonciation, le "Pape émérite" (ndt: guillemets de Tornielli) vêtu de blanc a célébré la messe pour ses ex-élèves qui se réunissent chaque année pendant quelques jours à la fin de l'été, et les passages saillants de son homélie, tenue a braccio en allemand, ont été traduits et publiés par Radio Vatican.
Une homélie en syntonie avec les paroles de Bergoglio, étant donné que Ratzinger à commenté l'Evangile dans lequel Jésus invite à l'humilité, et à choisir les dernières places.
Homélie rendue publique, qui confirme que cette "dissimulation" n'est pas pas totale, et ne corerespond pas à une "clôture", bien que le vieux (!!) Pontife émérite réside dans un ex-couvent.
Benoît XVI, assisté des quatre "memores Domini" de C&L, et du très fidèle don Georg, dans le double rôle de secrétaire particulier de l'ex Pape et de préfet de la Maison Pontificale du Pape régnant, mène une vie retirée, mais pas monacale. Il n'écrit pas de livres, ni de discours, mais il reçoit des visites: amis, connaissances, personnalités ecclésiastiques et laïques. Certains de ces visiteurs ont accordé des interviewes publiques sur leurs conversations, ou se sont limités à en référer sous forme anonyme, allant au devant de démentis sonores, comme cela est arrivé dans le cas récent concernant la renonciation à la papauté que Ratzinger aurait dit être "voulue" par Dieu (ndt: grande discrétion de Tornielli, qui s'était empressé de relayer la nouvelle, mais qui a été beaucoup moins réactif quand il s'est agi de publier le démenti de don Georg).

Le Pape émérite est semi-caché, mais pas caché, aussi parce que, dès la première rencontre à Catelgandolfo, son successeur François a permis (!!) que l'on divulgue les images d'eux deux ensemble: la première accolade, la prière ensemble, le dialogue devant la table basse avec les documents de Vatileaks. La circonstance s'est répétée quand Ratzinger est retourné au vatican, et le 5 juillet dernier, le jour où a été publiée l'encyclique "à deux mains".
Le pape Bergoglio a voulu son prédécesseur à ses côtés pour l'inauguration de la statue de Saint-Michel au Vatican. François considère l'émérite comme une ressource. "C'est comme avoir le grand-père à la maison, mais un grand-père sage", a dit Bergoglio sur le vol de retour du Brésil. Une attention démontrée aussi par la confirmation de Georg Gänswein comme préfet de la Maison Pontifcale. Un pont quotidien entre le pape en charge et son prédécesseur, démissionnaire et de moins en moins caché... (!!!)

     

Giacomo Galeazzi

Les "réapparitions" de Ratzinger, le Pape qui avait choisi de se retirer.
La Stampa
2 septembre

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Une réapparition qui surprend.
Descendu du Siège de Pierre, la vie de Ratzinger devait être entièrement dédiée à la disparition du monde et à la prière.
Et au contraire, après l'encyclique à quatre mains avec son successeur, et la consécration "en tandem" du Vatican à Saint Michel, Joseph Ratzinger fait à nouveau entendre sa voix. Celui qui, dans le monde et dans l'histoire, se trouve aux premières places "doit savoir qu'il est en danger", et "une place qui peut sembler très bonne peut se révéler très néfaste". Au contraire, on se retrouve sur le juste chemin en devenant des personnes qui "descendent" afin de "servir" et d'apporter la gratuité de Dieu.
L'homélie prononcée hier matin par Benoît XVI lors de la messe célébrée au Vatican pour ses ex-élèves réunis pour le traditionnel séminaire du Schulerkreis a évoqué indirectement des thèmes liés à sa renonciation historique au pontificat.
Le Pontife émérite s'est arrêté sur la considération que chacun dans sa vie veut trouver sa juste place, s'interrogeant donc sur ce qu'est la juste place, à parir de l'Evangile dominical, dans lequel Jésus invite à prendre la dernière place.
Des questions qui, à la lumière de la démission du Pape, prennent un relief spécial.
"Dans l'opinion publique catholique, il y a eu une disparition très rapide de la figure de Ratzinger, totalement recouverte par celle de son successeur - commente le sociologue Luca Diotallevi - D'autant plus que le caractère réservé et austère (???) du Pontife émérite fait à coup sûr penser que la publication de son homélie a été faite avec l'accord de François".
En somme, aucun scandale (ndt: qui aurait eu l'idée de voir un scandale?), au contraire. "Cet évènement nous aide à comprendre un des principaux enseignements du Concile Vatican II, celui selon lequel l'Eglise vit non pas d'instants et de personnalités individuelles, mais d'une tradition qui se renouvelle", affirme Diotallevi.
Ratzinger est apparu en bonne santé, et d'excellente humeur.
"Il est très content de ce que François fait pour l'Eglise", dit-on à la Curie.
(...)

(L'article se poursuit avec les citations de l'homélie déjà publiées
ici)

     

Heureusement, Magister...

Dans son blog personnel Settimo Cielo, Sandro Magister évoque sobrement l'homélie de Benoît XVI, dont il cite les extraits publiés par Radio Vatican que j'ai traduits hier.
Le premier message est dans ce titre, sans ambiguïté:
Éclairs de génie. Une homélie "extra" de Joseph Ratzinger
(jeu de mots: en italien 'extra' signifie à la fois ... extra, et "supplémentaire")

Le professeur Joseph Ratzinger a renoncé, cette année, à participer au séminaire d'été annuel de ses anciens étudiants en théologie, qui s'est tenu à Castel Gandolfo sur le thème «La question de Dieu dans le contexte de sécularisation» à la lumière de la production philosophique et théologique de Rémi Brague.

Mais le 1er Septembre, il a célébré avec eux la messe dans la chapelle du Gouvernorat, non loin du monastère dans lequel il réside, sur la colline du Vatican.

C'était le XXIIe dimanche du temps ordinaire, année C, où, dans l'Evangile de Luc (14, 1.7-14) Jésus dit: «Va te mettre à la dernière place ... Car quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé» et «Quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles, et tu seras heureux, parce qu'ils ne peuvent pas rembourser».

L'autre "message" de Sandro Magister, c'est (il me semble...) dans l'illustration qu'il a choisie: une mosaïque de Ravenne, représentant Apollinaire de Ravenne, saint et martyr du IIe siècle, sous les traits du "Bon Pasteur"

     

(*) Vatican(opinio)niste est en quelque sorte une "marque déposée" de Francesco Colafemmina, le rédacteur du site ami Fides et Forma (Cf. Vatican(opinion)isme sous le Pape François)