Accueil

Amateurisme

La conversation du pape avec Scalfari a été supprimée du site du Vatican. Les questions de Riccardo Cascioli, le directeur de la Bussola (16/11/2013)

On a tellement daubé sur ce piètre communiquant de Benoît XVI, pour l'opposer à son génial successeur (la comparaison n'est pas de moi, je n'en aurais jamais eu l'idée!) que l'on se doute bien que derrière cette insistance se cache un parti pris très suspect. Pourtant, il semble bien que sous François, la "communication" (au moins telle que l'imaginent les ennemis de l'Eglise) reste tout aussi calamiteuse qu'avant. A l'époque, on disait "qui dira non à Benoît?". Et aujourd'hui?

Sur la "Bussola", Riccardo Cascioli essaie de comprendre qui, et pourquoi on a supprimé du site du Vatican la fameuse conversation entre Scalfari et François. Ce qu'il dit est juste, bien sûr, mais je regrette (et je trouve assez inélégant) qu'il se serve de Benoît XVI pour dédouaner son successeur, comparant des choses sans rapport l'une avec l'autre. Les principales (prétendues) erreurs de "communication" de Benoît, ce furent - a-t-on décidé - Ratisbonne et les propos sur le préservatif. Elles n'ont certes pas plu à certains - plutôt à l'extérieur de l'Eglise - mais ne remettaient absolument pas en cause le Magistère, et ne pouvaient en aucun cas induire les catholiques dans la confusion - à la différence des propos de François sur la conscience (sans parler de son désormais fameux "qui suis-je pour juger?").

Soyons clairs: QUEL QUE SOIT SON CONTENU, la conversation entre le Pape, successeur de Pierre, et Eugenio Scalfari, le fondateur d'un journal qui, en plus d'être un journal "mondain" (selon l'expression chère à François) est, pour reprendre les termes utilisés sur le site dont Riccardo Cascioli est directeur, la "maison-mère" des ennemis de l'Eglise, N'AURAIT JAMAIS DÛ ÊTRE PUBLIÉE SUR LE SITE DU VATICAN!!!

     

«Supprimée» la conversation avec Scalfari. Qu'est-ce que cela signifie?
Riccardo Cascioli
16/11/2013
http://www.lanuovabq.it/it
-----

Depuis hier, le texte de l'entretien entre le pape François et le fondateur du quotidien La Repubblica Eugenio Scalfari, n'apparaît plus sur le site Internet du Saint-Siège <www.vatican.va>.
Comme on s'en souvient, le Pape avait reçu Scalfari au Vatican après la publication sur la Repubblica de la lettre que le pape François lui avait envoyée en réponse à deux articles du même Scalfari. Le journaliste avait alors également publié le contenu de la conversation du Vatican, qui a été retirée hier du site du Saint-Siège. Pour expliquer la décision, le porte-parole du Vatican le père Federico Lombardi, a déclaré que «le texte est fiable dans son sens général, mais pas dans les formulations isolées entre guillemets, n'ayant pas été révisé mot à mot» (ndt: la faute à qui? et pourquoi?).
En substance, a dit le père Lombardi, «en l'ôtant, on a fait une mise au point sur la nature de ce texte. Il y avait une ambiguïté et un débat sur sa valeur».
Quant à l'auteur de la décision - conclut-il - «il n'est pas nécessaire de penser à des interventions à un niveau particulièrement important, cela a pu être décidé à n'importe quel niveau de la Secrétairerie d'Etat, responsable du site du Vatican».

En fait, dès les premiers jours, le Père Lombardi avait précisé que le texte n'avait pas été révisé par le Pape et de toutes façons, on avait attribué à François des expressions sur l'authenticité desquelles les vaticanistes les mieux préparés avaient émis des doutes. Manifestemnt erroné - niée par les cardinaux témoins - le détail sur la prière du pape avant d'accepter l'élection [1].

A présent, on peut parier que la décision de rendre cet article non disponible sur le site du Vatican va raviver les polémiques à la fois sur le contenu de l'article - les affirmations attribuées au pape - et sur l'opportunité de certains choix pastoraux. Du reste, que certaines affirmations énoncées dans l'article aient semé la confusion chez de nombreux fidèles est indéniable, et le même Père Lombardi - bien qu'avec un langage très diplomatique - a dû l'admettre hier. Il faudrait plutôt se demander pourquoi on a attendu aussi longtemps pour faire «une mise au point sur la nature de ce texte»: si on y avait pourvu immédiatement beaucoup de malentendus sur la pensée et les intentions du Pape auraient pu être évités.

Comme nous Mgr Antonio Livi l'avait immédiatement clarifié dans nos colonnes, ces textes journalistiques ne sont pas le Magistère, et si on veut leur donner une valeur, ces déclarations doivent être interprétées à la lumière du Magistère. Cela vaut non seulement pour l'article en question, mais aussi pour la première lettre envoyée à Scalfari, pour la conférence de presse sur l'avion et pour l'interview accordée à la Civiltà Cattolica. Cela s'applique également à la lettre écrite par le pape Benoît XVI au mathématicien émérite Pierre Odifreddi et toujours publiée sur la Reppublica (ndt: attention!!! Sous prétexte de venir au secours de François, ne mélangeons pas tout!! Par son contenu, la lettre de Benoît XVI n'avait rien à voir avec les propos "miséricordieux" de François, elle recadrait sévèrement un amateur qui se permettait, sans munitions, de "dégoiser" sur l'Eglise, Jésus, la foi. Sans compter que Benoît XVI n'est plus Pape. Et quand il l'était, il avait pris bien soin de distinger ce qui était magistère de ce qui ne l'était pas, comme en témoigne la préface de "Jésus de Nazareth")

(...)

Une dernière remarque: la décision prise hier et les mots du Père Lombardi confirme ce que nous disons depuis un certain temps, à savoir la nécessité pour le Vatican d'aborder le problème de la communication, parce que, comme nous l'avons vu souvent avec le pape François - mais cela est arrivé plusieurs parfois avec Benoît XVI (même remarque!) - on court le risque que, dans les médias, passe un message différent, sinon opposé aux intentions du Pape, avec des effets évidemment délétères pour la mission de l'Église.
Quiconque a à coeur la mission de l'Église et la proclamation de la vérité ne peut se permettre de publier sur le site du Vatican pendant des mois un texte qui est source d' «équivoques».

* * *

Note

(1) Voici le récit de Radio Vatican en français:

Revenant sur le conclave qui l’a élu, François confie « qu’avant d’accepter, il demanda de pouvoir se retirer quelques instants dans la pièce à côté de celle de la loggia sur la place Saint-Pierre ». « Une grande angoisse m’avait envahi. J’ai fermé les yeux et tout un tas de pensées m’ont traversé, même l’idée de refuser d’accepter cette charge. Mais c’est alors qu’une grande lumière m’a envahi. Cela dura un instant mais me sembla très long. Puis elle s’est dissipée et je me suis dirigé vers la salle où m’attendaient les cardinaux et la table où se trouvait l’acte d’acceptation. Je l’ai signé, le camerlingue l’a contresigné, et puis il a y eu l’'Habemus papam' sur le balcon ».

* * *

Sur son blog, John Allen citait le cardinal Dolan qui contestait formellement cette version:

Cardinal Timothy Dolan of New York, who was among the cardinals who elected Francis, today confirmed one such error – a point of fact, as it happens, with important implications for understanding the immediate reaction of Pope Francis to his election.
Dolan told NCR that in contrast to the scene described by Scalfari, there was no moment when Cardinal Jorge Mario Bergoglio of Argentina left the Sistine Chapel after his election but before accepting the papacy.
Instead, Dolan said, Francis accepted immediately and then left the Sistine Chapel,
as is customary, to vest in the "room of tears" before returning to greet the cardinals.
He never left the Sistine Chapel before accepting,” Dolan said. “All that came later.”