Accueil

Communiquer contre gouverner

En ce moment où le monde entier est suspendu à la décision d'une intervention en Syrie à la traîne des américains, il est beaucoup question de "communication". Cette série de formules-choc issues du livre déjà cité de Jean-Yves Le Gallou "la tyrannie médiatique" est une bonne base de réflexion.(10/9/2013)

>>> Cf. Les loups contre Benoît XVI

On ne cesse ces jours-ci de nous expliquer - en toute impudeur - que nos "gouvernants" sont confrontés à une difficile tâche de "communication": convaincre une opinion publique réticente (euphémisme! les gens n'en veulent à aucun prix, pas par idéologie, mais par simple bon sens, et ils ne voulaient pas davantage du "mariage gay", lui aussi imposé à coup de "communication") de la nécessité des frappes.
La communication (clairement, dans ce cas, les bobards) commence du reste immédiatement, lesdites frappes étant qualifiées de "chirurgicales" (on va sans doute déposer les bombes à la petite cuillère) et le coupable des massacres, Bachar Al-Assad étant d'emblée désigné, sans qu'une preuve formelle en ait été apportée - mais évidemment, la "communication" implique que sa cible, i.e. la mythique "opinion" n'en sache rien...

Gouverner/Communiquer

  • Communiquer, c'est plaire, gouverner c'est contraindre.
  • Communiquer, c'est parler, gouverner, c'est agir.
  • Communiquer, c'est être dans l'instant, gouverner, c'est prévoir.
  • Communiquer, c'est paraître, gouverner, c'est donner du sens.
  • Communiquer, c'est mettre en scène l'accessoire, gouverner, c'est aller à l'essentiel.
  • Communiquer, c'est scénariser le réel, gouverner, c'est l'appréhender dans sa globalité.
  • Communiquer, c'est se soumettre à la soft idéologie, gouverner c'est affronter les défis du réel.
  • Communiquer, c'est annoncer, gouverner, c'est mettre en oeuvre.

Certes, énoncé ainsi, cela peut paraître artificiel, mais chaque item donne lieu à un développement dans le livre. Un livre dont on peut regretter qu'il aura, par la force des choses, une diffusion "de niche", c'est-à-dire, en gros, limitée à un lectorat déjà convaincu.

* * *

Note:
Dans l'article d'Antonio Mastino que j'ai traduit ce matin (Après le jeûne), lui aussi parle de la "communication" de François (étant entendu que Benoît XVI n'avait pas de "communication" au sens actuel du terme), qu'il juge cette fois à son bon fruit, la journée de jeûne et de prière du 7 septembre.
Il se peut qu'il ait raison sur ce point. Mais c'est peut-être justement parce qu'il n'y avait cette fois aucun artifice de communication. Le Pape a fait le Pape, simplement. Et si Benoît XVI avait été à la place de François, cela aurait été exactement la même chose.