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Dommages collatéraux

"Qui suis-je, pour juger, etc..?": la fameuse phrase du Pape François et la légalisation du mariage gay en Illinois. Article sur Corrispondenza Romana (9/11/2013)

Interrogé récemment sur Vatican Insider, à propos d'une conférence sur la beauté de la famille naturelle, qui devait se tenir dans une école catholique de Turin et qui a été annulée à la suite d'accusation d'homophobie, Vittorio Messori a dit: «Je suis un admirateur de Papa Bergoglio" (préambule indispensable pour être crédible) ... avant d'ajouter: «la phrase 'qui suis-je moi pour juger un gay?' a échappé au Pape. Bergoglio ne connaît pas la malice et la tendance à simplifier des media. Lui, comme pontife, doit juger à la lumière du catéchisme et de la tradition».

C'était peut-être en effet une phrase de trop - sans doute pas dans les intentions du Pape, mais dans l'exploitation qui en a été faite (c'est aussi ce qui pourrait se passer avec le Synode sur la famille)

En voici une nouvelle preuve, illustrée par un article publié hier sur Corrispondenza Romana.

     

Le Pape François et la légalisation du mariage gay

www.corrispondenzaromana.it/papa-francesco-e-la-legalizzazione-del-matrimonio-gay-in-illinois
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L'Illinois est le 15e état américain à légaliser le mariage entre personnes du même sexe.
Se poursuit ainsi à un rythme expéditif l'homosexualisation des Etats-Unis, soutenue et promue par le président Barack Obama, et avalisée, le 26 juin dernier, par la déclaration d'inconstitutionnalité du "Defense of Marriage Act" (DOMA) par la Cour Suprême américaine.
Avec 61 voix pour et 54 contre, la Chambre de l'Illinois a en effet approuvé la loi qui, après la signature escomptée du Gouverneur Pat Quinn, rendra possible, à partir du 1er juin 2014 le pseudo mariage homosexuel. Après le Maryland, le Maine, l'Etat de Washington, le Deleware, le Rhode Island et le Minnesota, c'est donc une nouvelle victoire pour les défenseurs des droits gays.
Comme le rapporte en outre la Stampa, en témoignage de cette galopante dérive homosexualiste à "rayures et étoiles", en juin, la Cour Suprême de Californie a levé le bannissement pour les mariages homosexuels, et la Cour Suprême du New Jersey s'apprête à faire de même. La semaine dernière, en outre, le Sénat fédéral a accompli un pas en avant d'ores et déjà considéré comme beaucoup comme historique: il a décidé que l'on votera sur l'Employment non Discrimination Act (ENDA), la loi qui interdit sur les lieux de travail "tout type de discrimination basée sur l'orientation sexuelle".

Le président Barack Obama, sorti désormais depuis longtemps totalement à découvert en matière de droits homosexuels, se réjouit, en déclarant que « notre chemin comme nation n'est pas complet tant que nos frères et sœurs gays ne sont pas traités comme les autres par la loi. Les gays et les lesbiennes d'Amérique doivent être traités de manière juste et équitable ». Obama a ajouté, enthousiaste, combien lui et sa femme Michelle sont « heureux pour tous les couples de l'Illinois qui voient reconnaître leur amour légal, comme l'est le nôtre, et pour leurs amis et leur famille, qui voulaient voir leurs proches traités justement et de manière équivalente devant la loi ».

Le « Chicago Tribune » met en lumière un aspect particulier de l'affaire, faisant noter comment en Illinois, les activistes gays ont trouvé un allié insolite dans le Pape, se réclamant de sa désormais célèbre sortie faite sur le vol de retour des JMJ de Rio de Janeiro, quand il a affirmé « si une personne est gay et cherche Dieu de bonne foi, qui suis-je moi pour la juger? ».
Selon le journal de Chicago, ces paroles ont conduit à un "examen de conscience" plusieurs parlementaires catholiques, parmi lesquels la démocrate Linda Chapa LaVia, et le président de la Chambre Michael Madigan. Ce dernier a souligné comment les commentaires du Pape sur l'homosexualité ont assuré entre 5 et 10 voix, décisifs pour le passage de la loi.
Comme le rapporte le site américain LifeNews.com qui commente cette nouvelle, Linda Chapa LaVia a justifié son vote en faveur du mariage homosexuel en affirmant que « comme catholique disciple de Jésus et du Pape, le Pape François (ndt: si je comprends bien, elle n'aurait pas pu dire la même chose de Benoît XVI!!!) il est clair pour moi que notre doctrine religieuse catholique a en son centre l'amour, la compassion et la justice pour toutes les personnes ». De son côté, Madigan, sans nommer directement le Pape, a fait malgré tout une claire référence à ses observations, en déclarant: « pour ceux à qui il arrive d'être gays et qui vivent leur relation de manière harmonieuse et productive, mais illégale, qui suis-je, moi, pour juger qu'ils devraient être dans l'illégalité? ».

De telles déclarations, d'un côté, témoignent de l'impact et des conséquences dommageables que peuvent avoir sur l'opinion publique certaines paroles instrumentalisées au bon vouloir de la presse; de l'autre, elles dénotent la superficialité de certains politiques soi-disant catholiques qui, à la recherche de consensus, tentent de concilier l'inconciliable: la doctrine catholique et l'homosexualisme.
La position traditionnelle de l'Eglise catholique en la matière a par ailleurs été rappelé par le cardinal de Chicago, le cardinal Francis George lequel, au lendemain de l'approbation, a pointé du doigt ce qu'il a qualifié de « loi exécrable » .
Le Pape François, pour sa part, dans sa première encyclique, Lumen Fidei, publié en Juillet, a réaffirmé de manière nette la doctrine de l'Eglise, qui définit le mariage comme l'union d'un homme et d'une femme (1). En 2009, comme archevêque de Buenos Aires, le futur pape avait également mis en garde contre le mariage homosexuel en le représentant comme « une machination du père du mensonge qui cherche à embrouiller et tromper les enfants de Dieu, (...) une prétention destructrice contre le plan de Dieu».

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(1) Lumen Fidei, §52.
Mais justement, l'encyclique Lumen Fidei est l'héritage (sinon l'oeuvre exclusive) de Benoît XVI.