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François ira en Terre Sainte en 2014

La visite a été confirmée par des sources israéliennes, et une interviewe de son ami le rabbin Skorka à la revue "Pagine Ebraiche" est reproduite in extenso dans l'OR. Sandro Magister soulève une question... (30/11/2013)

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A propos du livre co-écrit par le cardinal Bergoglio (traduit en français sous le titre "Sur la terre comme au ciel") voir: benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/le-card-bergoglio-et-le-mariage-gay

Le voyage en Terre sainte était aussi un des voeux les plus chers de Benoît XVI au début de son pontificat - il n'y a donc pas lieu de s'étonner.
En août 2006, à la veille de son voyage en Bavière, il avait accordé une interviewe à la télévision bavaroise.
Il avait répondu, entre autre, à une question (insistant assez "lourdement" sur son âge...) sur les voyages qu'il envisageait:

Je dois dire que je ne me sens pas assez fort pour programmer de nombreux grands voyages, mais je voudrais aller là où je pourrai apporter un message ou – pour ainsi dire – répondre à un vrai désir ; je voudrais y aller, en « dosant » ce que je peux faire. ... je voudrais aller en Terre Sainte, et j’espère pouvoir la visiter en temps de paix, et pour le reste nous verrons ce que la Providence me réserve (beatriceweb.eu/Blog06/downloads/interviewtvd.pdf )

     

Le rabbin qui ira avec le Pape en Israël

magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2013/11/28/il-rabbino-che-andra-col-papa-in-israele/
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Selon des sources israéliennes rapportées par CNN, le pape François ira en Terre Sainte les 25 et 26 mai prochains.
La visite papale avait été récemment confirmée pour 2014 - mais sans date précise - par le patriarche latin de Jérusalem, Fouad Twal.
Quoi qu'il en soit, le fait que Jorge Mario Bergoglio y pensait depuis longtemps, et même en termes concrets, a été certifié récemment par Abraham Skorka, le rabbin argentin dont la forte amitié avec l'archevêque de Buenos Aires a produit un livre de dialogue entre les deux, traduit en plusieurs langues: «Sur la terre comme au ciel».

Dans une interview au magazine mensuel des Juifs italiens “Pagine Ebraiche” reproduite en intégralité sur L'Osservatore Romano des 25-26 Novembre (texte partiel ici), Skorka a raconté qu'entre fin septembre et début octobre, alors qu'il était à Rome à l'occasion d'un meeting pour la paix organisé par la Communauté de Sant'Egidio, il avait été l'«invité personnel de Bergoglio à Sainte Marthe», et donc:
«Nous avons été proches pendant plusieurs jours, partageant les trois repas quotidiens et d'autres moments, à la fois publics et privés. Nous avons parlé de tout: du dialogue, mais aussi du voyage que nous allons faire ensemble en Israël. [...] Nous avons célébré ensemble le début du sabbat, il était à mes côtés quand j'ai récité le Kaddish et rompu la challah (ndt: pain traditionnel juif) qui nous avait été fournie par l'ambassadeur d'Israël auprès du Saint-Siège, Zion Evrony. Ce furent des jours inoubliables et je pense qu'ils ont une valeur qui va au-delà de l'affection et de la confiance que nous ont toujours liés».

L'interviewe est également intéressante en raison des critiques sévères que Skorka avance sur «le rabbinat mondial dans toutes ses composantes», qui, à son avis «traverse une période de crise profonde et déchirante», à la fois «en Israël et dans toutes les communautés de la diaspora».
«L'Eglise est en crise, nous sommes en crise», poursuit Skorka, indiquant son «modèle idéal du judaïsme» dans «celui préconisé par le rabbin Abraham Joshua Heschel» (1).

Mais pour établir un parallèle entre ses propositions de réforme du judaïsme et ceux souhaités pour l'Eglise catholique par le pape François, Skorka répond ainsi à la question de ce qui est «le plus important parmi les nombreux signaux» reçues à ce jour par le pape actuel:

«Je reconnais une grande valeur aux interventions de Bergoglio contre le prosélytisme. C'est un point sur lequel il insiste fortement et avec un accent très spécial et cela est encore plus important si l'on considère le cadre d'évangélisation dans lequel ces interventions sont prononcées. Bergoglio m'a dit que le concept avait déjà été exprimé par son prédécesseur. Toutefois, la netteté du pape actuel sur le sujet est plus grande. Nous devons en effet nous rappeler que l'évangélisation, jusqu'à récemment, était inévitablement associé au prosélytisme. Aujourd'hui, au contraire, le pape parle de ramener à la foi les seuls catholiques».

En fait, Benoît XVI s'était exprimé sur la question dans un passage de son livre-entretien "Lumière du monde", sur l'amendement introduit par lui dans la prière pour les juifs du Vendredi Saint dans le rite romain:

«Je l'ai modifiée de telle manière qu'y soit contenue notre foi, que le Christ est le salut pour tous, qu'il n'y a pas deux voies de salut, et que, par conséquent, le Christ est le sauveur des Juifs, et pas seulement des païens. Je voulais aussi éviter que l'on prie directement pour la conversion des juifs au sens missionnaire, mais pour que le Seigneur hâte l'heure historique où nous serons tous unis».

Maintenant, le rabbin Skorka nous informe que le pape Bergoglio est «plus incisif» que son prédécesseur pour rejeter le «prosélytisme». Mais il y a quelque chose qui ne va pas, quand il conclut que «Aujourd'hui, au contraire, le pape parle de ramener à la foi les seuls catholiques».

Les seuls catholiques? «L'Osservatore Romano» l'a imprimé sans sourciller.
Mais quand le pape François a-t-il formulé une telle absurdité?
(ndt: peutêtre en privé... donc invérifiable!)

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Note

(1) Je me réfère à la notice Wikipedia en français:

Abraham Joshua Heschel est un rabbin Massorti (*), né en 1907 à Varsovie, et décédé à New York en 1972.
L'un de ses domaines d'étude était la façon appropriée pour les Juifs de vivre en accord avec leur foi sans se couper de la modernité.
Sa compréhension des enseignements prophétiques en ont fait un activiste social militant en faveur des droits civiques pour les populations afro-américaines, aux côtés de Martin Luther King, et contre la guerre du Viêt Nam.
De nos jours, plusieurs de ses élèves mais surtout sa philosophie ont une forte influence sur la pensée du judaïsme Massorti dans le monde.

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(*) Le judaïsme Massorti (appelé Conservative Judaism aux États-unis et au Canada) est un courant du judaïsme contemporain, qui n'est en réalité pas "conservateur" au sens où nous l'entendons. Voir à ce sujet ce qu'écrivait Massimo Introvigne en avril dernier sur La Bussola:

Le rabbin appartient au judaïsme «conservateur», un groupe qui - nonobstant son nom - est beaucoup plus libéral que le judaïsme orthodoxe, au point qu'en Israël - où il constitue une minorité infime, à la différence de ce qui se passe aux Etats-Unis et en Argentine - on discute depuis des années pour savoir s'il faut le reconnaître comme «vraiment» juif.

Ce courant revendique une Halakha (ensemble des prescriptions qui constituent la "loi juive") évolutive et adaptée aux contraintes de la vie moderne tout en conservant un cadre traditionnel notamment dans les domaines du culte.