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La conversion de Napoléon.

Un aspect inconnu de la personnalité de Napoléon qui nous vient paradoxalement d'Italie, à travers un recueil de conversations impromptues avec ses compagnons d'exil, alors qu'il était à Sainte-Hélène. Le livre est préfacé par le cardinal Biffi (28/11/2013, mise à jour le 29).

Présentation de l'éditeur

(Napoleone Bonaparte, conversazione sul cristianismo, www.edizionistudiodomenicano.it/)

Un document-source qui va révolutionner la façon dont nous regardons Napoléon: Il s'agit de la transcription de conversations impromptues de Napoléon, transcription fidèle effectuée par des généraux et des médecins, français et anglais, croyants et non-croyants, qui l'ont assisté au cours des six années d'exil.

«Il existe un Être infini, en comparaison de qui - général Bertrand - vous n'êtes qu'un atome, en comparaison de qui moi, Napoléon, je suis un vrai rien, un simple néant, vous comprenez? Je peux sentir ce Dieu .. Je le vois ... J'en ai besoin, je crois en lui.»

Le 15 Octobre 1815, Napoléon vaincu à Waterloo, débarque à Sainte-Hélène avec quelques officiers restés fidèles. A eux, il confie ses convictions les plus intimes sur la foi, qui seront ensuite transcrites fidèlement. De ces conversations émerge une image de Napoléon totalement différente de celle qui nous a été transmise par certains historiens. Non pas un homme matérialiste et anti-clérical, mais un catholique convaincu qui a mûri sa propre foi. Napoléon alabore une preuve effective de l'existence de Dieu, qui se base sur sa propre expérience de vie, il réfléchit avec une âme passionnée sur la personne et la vie de Jésus-Christ, sur la Croix, sur l'Eucharistie, sur la relation entre la foi chrétienne et la religion islamique, entre la foi catholique et le protestantisme.
Et il raconte enfin ses relations avec le pape Pie VII, pourquoi il le fit conduire en France, révèlant que «Quand le pape était en France, je lui assignai un magnifique palais à Fontainebleau, et 100 000 couronnes par mois; j'avais mis à sa disposition 15 voitures pour lui et pour les cardinaux, même s'il n'est jamais sorti. Le pape était épuisé par les calomnies qui prétendaient que je l'avais maltraités, calomnies qu'il démentit publiquement»

     

Recension de Rino Camilleri

La conversion de Napoléon Bonaparte
www.lanuovabq.it/
26/11/2013
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Les torts de Napoléon envers l'Eglise et la liberté des peuples sont connus des catholiques. Son épopée a dévasté l'Europe et causé des millions de morts pour rien. Il y a ceux qui l'admirent toujours et ceux qui le détestent pour ce qu'il a fait, dont nous subissons encore les fruits (centralisme d'État et bureaucratique, les codes civils «laïcs» déprédations). Mais on ne peut pas nier qu'il était un génie. Et pas seulement militaire et politique.

Une intelligence supérieure ne peut pas manquer d'être au moins piquée par la recherche de la Vérité. Et quand Napoléon à Sainte-Hélène a finalement pris le temps de réfléchir aux Grandes Questions, la Vérité, il l'a trouvée.
Certains seront donc supris de découvrir d'un Napoléon non seulement catholique, mais aussi apologiste, et des plus pointus. Ses Conversations sur le christianisme, tenues en exil avec le sceptique général Bertrand et fidèlement transcrites par Tischreden (les «discours à table» de mémoire luthérienne, mais aussi hitlérienne), montrent comment le Corse est mort dans la religion catholique, apostolique et romaine parfaitement conscient de son choix . En effet, il est mort avec les sacrements et dûment confessé. Ce qui impressionne, c'est la lucidité de son raisonnement, d'où émerge une connaissance insoupçonnées de toutes les autres religions, y compris antiques.

Ceux qui pensent à un Napoléon toujours plongé dans des stratégies, plans de bataille, manoeuvres politiques sur les scénarios nationaux et étrangers, seront surpris de trouver un homme très cultivé qui maîtrisait l'histoire, la philosophie et même la pensée de son temps. A un Bertrand qui est surpris de sa religiosité et qui, en bon positiviste, lui propose le refrain habituel du Christ comme «grand homme» à l'égal d'Alexandre le Grand, César, Mahomet, il répond: «Je connais les hommes et je vous dis que Jésus n'était pas un homme. Les esprits superficiels voient une ressemblance entre le Christ et les fondateurs d'empires, les conquérants et les dieux des autres religions. Cette similitude n'existe pas: entre le christianisme et les autres religions, il y la distance de l'infini».

Bertrand, respectueusement, se permet d'insister et Napoléon lui dit qu'il regrette presque de l'avoir fait général: «Vous, général Bertrand, parlez de Confucius, Zoroastre, Jupiter et Mahomet. Eh bien, la différence entre eux et Christ est que tout ce qui concerne le Christ dénonce la nature divine, tandis que tout ce qui touche aux autres dénonce leur nature terrestre».
Il poursuit: «le Christ a confié tout son message à sa propre mort, comment cela peut-il être l'invention d'un homme?». Mais Bertrand n'est toujours pas convaincu et continue de bégayer sur César et Alexandre. Et l'ex-empereur, impatienté: «Mais l'empire de César a duré pendant combien d'années? Combien de temps Alexandre a-t-il été porté par l'enthousiasme de ses soldats? (...) Les peuplent passent, les trônes s'écroulent, mais l'Église reste. Alors, quelle est la force qui maintient debout cette Église assaillie par l'océan furieux de la colère et du mépris du monde?». À cepoint, Napoléon continue tout seul comme un torrent en crue: «Il n'y a pas de juste milieu: ou le Christ est un imposteur ou il est Dieu (...). Il est vrai que Jésus offre à notre foi une série de mystères, dont le premier est la déclaration énigmatique suivante: 'Je suis Dieu', par laquelle il creuse un fossé infranchissable entre la sienne et toutes les autres religions».

Nous ne suivrons pas ici, cependant, toute la logique argumentative de fer de Bonaparte, il n'y a pas assez de place. Nous nous limiterons à souligner sa connaissance nullement superficielle du Coran: «Mohamet n'est crédible que quand il s'appuis sur la Bible et sur le sentiment inné de la foi en Dieu. Pour tout le reste, le Coran est un système audacieux de domination et de pénétration politique». Ou l'observation fine que «Jésus n'a jamais été l'objet de critiques». En effets, tous les hérétiques, de toutes les époques, y compris les «laïcs» des Lumières, s'en sont toujours pris au besoin l'Eglise, à leurs yeux coupable d'avoir trahi le «vrai» enseignement de Jésus. La figure de Jésus a même été accaparée par tous: Jésus premier maçon, premier révolutionnaire, premier socialiste ...

Un autre sujet d'émerveillement pour Napoléon : «Après Saint-Pierre, les trente-deux évêques de Rome qui lui ont succédé furent tous, sans exception, martyrisés. Donc, pendant au moins trois siècles, le Siège romain fut synonyme de mort certaine pour ceux qui y montaient (...). Dans cette guerre, tous les pouvoirs de la terre, se sont retrouvés coalisés contre qui? Des hommes et des femmes pauvres, misérables et sans défense».
Et pourtant, le christianisme a triomphé de Rome et du monde entier.
Jésus, juste un «grand homme»? Napoléon secoue la tête: «Mon armée m'a déjà oublié, alors que je suis encore en vie (...). Voilà ce qu'est notre pouvoir à nous, grands hommes! Une seule défaite nous désintègre et l'adversité emporte tous nos amis».
Au contraire, le Christ est toujours là, et après Lui, ses ennemis d'aujourd'hui ne peuvent toujours pas se dire chrétiens, parce que le relativisme actuel n'est qu'une hérésie chrétienne sécularisée.

     

La préface du cardinal Biffi

Napoléon vaincu aussi par Dieu,
par Giacomo Biffi
http://www.gliscritti.it/blog/entry/2225

Ce texte a été publié dans L'Avvenire du 29/10/2013
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Matérialiste et pilleur d'églises et de couvents, mécréant et infidèle, anticlérical et séquestreur du pape: c'est l'opinion que beaucoup ont de Napoléon Bonaparte, une opinion aussi répandue qu'aveuglément acceptée . Si nous allons aux sources, et en particulier à ces conversations, nous découvrons quelque chose d'étonnant. Napoléon s'écrie avec fierté: «Je suis catholique, et je crois ce que croit l'Eglise».
Pendant les années d'isolement à Sainte-Hélène, Napoléon s'entretenait souvent avec quelques généraux, ses compatriotes en exil, pour parler de la foi. Il s'agit de discours improvisés qui - comme l'a révélé un de ses généraux en qui il avait le plus de confiance, le comte de Montholon - ont été fidèlement transcrits et ensuite publiées par Antoine de Beauterne en 1840. De l'authenticité et de la fidélité de la transcription, on peut être certain, car, quand de Beauterne publie ces conversations pour la première fois, beaucoup des témoins et protagonistes de ces années d'exil sont encore en vie.
Napoléon admet avec une honnêteté candide que quand il était au trône, il avait eu trop de respect humain et une prudence excessive pour «crier sa foi». Mais il dit aussi que «si quelqu'un, alors, me l'avait demandé explicitement, j'aurais répondu: "oui, je suis chrétien". Et si j'avais dû témoigner ma foi au prix de ma vie, j'aurais trouvé le courage de le faire».

Surtout, à travers ces conversations, nous apprenons que pour Napoléon, la foi et la religion étaient l'adhésion convaicue, non pas à une théorie ou à une idéologie, mais à une personne vivante, Jésus-Christ, qui a confié l'efficacité éternelle de sa mission de salut à «un signe étrange» , sa mort sur la croix. Nous ne sommes donc pas surpris si Alessandro Manzoni dans son ode "Cinque Maggio" donne la preuve qu'il connaît sa physionomie spirituelle quand il écrit:

«Bella Immortal! Benefica
Fede ai trïonfi avvezza!
Scrivi ancor questo, allegrati;
che più superba altezza
al disonor del Golgota
giammai non si chinò» (1)

L'empereur s'arrête longuement avec le général Bertrand, ouvertement athée et hostile aux manifestations de la foi de son supérieur, qui nous donne une preuve inédite de l'existence de Dieu, fondée sur la notion de génie , une longue conversation sur la divinité de Jésus-Christ. Dignes de notre admiration sont également des considérations sur la dernière Cène de Jésus et des comparaisons entre la doctrine catholique et les doctrines protestantes.

Certaines déclarations Napoléon me trouvent singulièrement consonne. Par exemple, quand il dit: «Entre le christianisme et toute autre religion, il y la distance de l'infini», cueillant ainsi l'altérité substantielle entre l'événement chrétien et les doctrines religieuses. Ou bien la conviction que l'essence du christianisme est l'amour mystique que le Christ nous communique continuellement. «Le plus grand miracle du Christ a été de fonder le royaume de la charité: lui seul a été jusqu'à élever le cœur de l'homme à des hauteurs inimaginable, à l'annulation du temps; lui seul, créant cette immolation, a établi un lien entre le ciel et la terre. Tous ceux qui croient en lui, ressentent cet amour extraordinaire, supérieur, surnaturel; phénomène inexpliqué et impossible à la raison».

A la lumière de ces pages, on ne peut pas ne pas admettre que Napoléon n'est pas seulement un croyant, mais qu'il a médité le contenu de sa foi, mûrissant une profonde et sapientielle intelligence. Cela a donné lieu à son tour à des faits très concrets: il a demandé avec insistance au gouvernement anglais d'obtenir la célébration de la messe du dimanche à Sainte-Hélène;, il a exprimé sa gratitude à sa mère et à de Voisins, évêque de Nantes, parce qu'ils l'ont «aidé à atteindre une pleine adhésion au catholicisme», il a accordé son pardon à toutes les personnes qui l'ont trahi.
Enfin, les conversations réfèrent les croyances de Napoléon sur le sacrement de la confession, et sa relation avec le pape Pie VII, révélant que «quand le pape était en France (...) il était épuisé par les calomnies qui prétendaient que je j'avais maltraité, calomnies qu'il démentit publiquement».
Ces conversations ont non seulement une marque indélébile dans les mémoire des généraux compagnons d'exil, mais ont même contribué à leur conversion.

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(1) Je n'ose pas traduire.... Si un lecteur dispose d'une traductin en français, je suis preneur.

Mise à jour

(1)
Belle immortelle ! Bienfaisante
foi au triomphe accoutumée !
Ecris encor celui-ci, réjouis-toi ;
car jamais plus orgueilleuse hauteur
vers l'infamie du Golgotha
ne s'inclina.

Merci à MT