Accueil

La lettre de Jeannine du 15 septembre (I)

Première partie: six mois de François (16/9/2013)

J'ai fractionné cette très longue lettre, émaillée d'anecdotes et de réflexions personnelles, pour en rendre la lecture encore plus "palpitante".
La seconde partie est à suivre: "Six mois de silence de Benoît"

     

Chère Béatrice,

Le site du Vatican évalue les six premiers mois de pontificat de François : rien d'extraordinaire, l'éternel point d'interrogation pour ce que réservent les prochains mois avec beaucoup de discrétion dans les affirmations du Père Lombardi, la présence de deux papes au Vatican et des mots très simples mais sincères, pour moi, pour parler de cette situation particulière qui paraît bien fonctionner et être appréciée. J'ai failli oublier le changement de Secrétaire d'Etat, affaire à suivre.

Le pape François continue son chemin comme il l'entend, fidèle à ce qu'il est même si cela me déroute parfois mais ce n'est pas grave. Les médias ont retrouvé leur excellente habitude d'interpréter les paroles prononcées dans le sens qui les intéresse, de tirer des plans sur la comète : fera-t-il ou ne fera-t-il pas telle ou telle chose? Les lignes se remplissent et on saupoudre de paroles banales les lecteurs avides de ce genre de commentaires ou suppositions gratuites.

Concernant les six mois du présent pontificat et le choix de Mgr Parolin pour être le premier ministre du pape, j'ai trouvé dans un journal reçu par hasard un article avec quelques mots qui m'ont fait rire. Je ne sais s'ils sont vrais mais un brin de dérision ne fait pas de mal par les temps qui courent: au lendemain de l'élection, pour avoir vu le cardinal Vingt-Trois, venant prendre son petit déjeuner à Sainte-Marthe, être invité par le pape à s'asseoir près de lui pour ce même repas, le bruit avait couru au Vatican que François avait choisi son prochain secrétaire d'Etat. En fait, et plus banalement, il avait ainsi comblé un vide car personne n'osait prendre place à ses côtés. Pas d'illumination subite ni d'intervention de l'Esprit-Saint pour une décision aussi importante, non, un simple geste de convivialité. J'ajoute, à titre personnel, que le cardinal Vingt-Trois me paraît manquer totalement de l'onctuosité, des qualités de souplesse qui doivent être indispensables pour évoluer dans ce milieu très particulier. Son style n'est pas ampoulé, son vocabulaire très carré, très direct, son ton incisif en font un excellent gestionnaire mais il n’a pas été formé à la diplomatie pour faire partie du sérail; il y avait d'autres profils mieux adaptés. Pour moi une idée saugrenue mais je ne fais pas partie des journalistes qui campaient pour recueillir la moindre rumeur, même la plus dénuée de fondement, afin de meubler le temps et de pouvoir la transmettre à la vitesse de l'éclair à leurs patrons respectifs

Revoilà le célibat des prêtres sur la sellette. En mai 1986 je suis "descendue" assister au baptême du fils de mon filleul, un magnifique bébé de six mois. L'église, petite mais très travaillée comme on en trouve sur le Chemin de Saint-Jacques possédait un charme certain dans ce coin d'Auvergne. La messe m'a paru relativement brève, surtout avec un baptême, et c'est à la sortie qu'une habitante dudit petit pays m'a éclairée : le curé était pressé de partir car dans une bourgade voisine c'était le jour de la fête votive et il allait y retrouver " sa femme et sa fille". Apparemment l'affaire était connue de tous et je me suis bien gardée de manifester une quelconque surprise, j'étais l'étrangère à l'accent parisien.

Je pense aux possibles modifications de la règle du célibat des prêtres qui met les médias en effervescence et leur donne du grain à moudre. Jean-Marie Guénois palabre beaucoup sur les éventuelles possibilités. Il est certain que c'est en ce moment le sujet tendance et c'est logique. Après les changements extérieurs destinés à faire connaître l'Eglise sous un autre jour en lui adjoignant des qualités très soulignées : la tendresse, la proximité, la convivialité, et l'été studieux de François sans résultats sensationnels, la frange progressiste commence peut-être à trouver qu'elle reste sur sa faim en ce qui concerne les réformes urgentes pour la survie de l'Eglise.

D'autres sujets non traités devraient apparaître pour satisfaire une certaine fraction de l'électorat, cela fait tout à fait milieu politique bien éloigné pour moi du milieu religieux mais je suis loin de tout cela.

Mgr Parolin ne s'avance pas trop, d'autant qu'il ressort des avis divers émis sur François que c'est lui qui décidera en cela comme pour d'autres choses. Toutes les commissions qu'il crée ont été définies dès le début comme consultatives, rien de plus. Il n'a pas l'intention de se laisser ligoter par des collaborateurs qui risqueraient de prendre la grosse tête en raison de leurs contacts plus ou moins rapprochés avec le pape. Si c'est le cas, il a raison, si je me trompe je devrai constater que le pontificat a beaucoup modifié le caractère du cardinal Bergoglio (selon ses proches) et je reconnaîtrai que mon appréciation était erronée mais sans aucune déception.
La collégialité a du bon mais il faut savoir lui imposer des limites, opinion toute personnelle évidemment. A la fin de l'article cité plus haut, le journaliste précise que « toutes les décisions relatives à la gestion financière de la Cité du Vatican ont été ainsi actées en dehors des bureaux romains qui furent prévenus de la création de commissions, chargées d'optimiser la gestion et l'administration de la curie, quasiment en même temps que les journalistes du monde entier! » : qu’ajouter! Les médias et l'Eglise se sont jetés sur ce sujet comme sur une nouveauté. Etant donné que le pape a bien retenu tous les désirs, les récriminations, ardemment espérés, presque imposés lors des congrégations générales pour être le pape qu'ils allaient élire, l'avenir nous montrera comment il va y parvenir. Cette pression très forte et librement exprimée pour une Eglise nouvelle, très progressiste, m'aurait donné l'impression d'être bâillonné et presque téléguidé vers un but fixé sans mon consentement, impossible pour moi.

Les paroles de François demandant d'ouvrir tous les couvents inoccupés m'ont fait revenir plusieurs mois en arrière et en France lorsque Cécile Duflot avait décidé de réquisitionner, si l'appel au civisme ne suffisait pas, les églises, les chapelles, les presbytères, les salles paroissiales, etc..., pour résoudre le problème des logements sociaux insuffisants (la faute à qui?) et pour abriter les déshérités pendant l'hiver. Très belle envolée lyrique mais qui est venue se heurter à des complications bien réelles pour récupérer ces lieux et surtout pour les aménager car on ne loge par les défavorisés comme on recueille un chat ou un chien : des croquettes, un peu de lait, de l'eau, une vieille couverture, des vieux lainages en attendant mieux, des caresses et le tour est joué. L'appel du pape a été entendu et la France religieuse précise que la notion de charité et d'accueil est déjà pratiquée dans notre pays. Nous sommes loin de Rome mais nous avons aussi des idées.

* * *

Partant de cette évaluation de la personne du pape et de ses actes j'ai envie de faire moi aussi une rétrospective des six mois de silence de Benoît XVI. On pourra m'objecter que son absence est toute relative puisqu'il a osé se montrer ( Tornielli) à l'extérieur du Monastère. La lumière pendant ce temps m'a été apportée par ses apparitions et tous les renseignements (écrits et photos) trouvés dans votre site.

A suivre...