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La révolution de François a aboli le péché (2)

Retour sur la bombe de Scalfari (30/12/2013)

>>> La révolution de François a aboli le péché

Le nouveau théologien de la maison Pontificale

Monique

Monique m'apporte quelques éléments de réponse à l'histrion-provocateur Scalfari avec des éléments théologiques:
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Le texte de Scalfari est un condensé des contresens pouvant résulter d'une certaine interprétation des propos du Pape.

En opposant le Dieu de l'Ancien Testament et le Dieu du Nouveau Testament, Scalfari rejoint, sans le savoir, une hérésie antique: le Marcionisme.
Sa connaissance du judaïsme et du christianisme laisse à désirer; ce qu'on ne saurait lui reprocher puisqu'il est athée. Malheureusement le pape François ne lui a pas éclairci les idées (malgré leur long entretien en tête-à-tête). Il faudrait une intervention urgente de Benoît XVI!
Il croit que François a inventé les concepts de liberté et de miséricorde et que, depuis Constantin, aucun Pape n'a véritablement enseigné l'Evangile!!
Il croit que le Pape a effacé le concept de péché: c'est donc que François a manqué de clarté - en dépit de ses allusions répétées au Diable! (*).
Scalfari aurait besoin de lire l'encyclique de Jean-Paul II, VERITATIS SPLENDOR.
Il croit que "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" est une nouveauté absolue du Nouveau Testament alors que la phrase apparaît pour la première fois dans le Lévitique (19,18).
En somme, François serait selon lui en train de fonder une nouvelle religion susceptible d'enthousiasmer l'homme du XXIème siècle!

Tout ceci serait risible si tous ces malentendus n'avaient rien à voir avec la communication du Pape.

(*) La Repubblica est censé s'adresser à un public relativement cultivé (ou qui se croit tel: bobos, gauche caviar) mais certes totalement inculte en matière de foi. Il est donc facile de lui faire avaler n'importe quoi.
De toute façon, ce qui compte ici, c'est la caisse de résonnance planétaire que constitue ce journal.

Quand Scalfari prétend que le Pape a aboli le péché, si l'on se donne la peine de lire l'article en entier, en particulier le paragraphe cité plus bas, il zappe évidemment les allusions génériques répétées au Diable, faites par François au cours des messes matinales en petit comité, qui contrecarrent son plan, et il s'appuie en fait sur la référence constante à la miséricorde, résumée dans le fameux slogan "Qui suis-je pour juger?".

De miséricorde à tolérance, il n'y a qu'un pas, et dans l'imaginaire populaire, c'est la même chose. Ce n'est pas un hasard si dans le sondage publié hier dans le Parisien (Tout va très bien (II)), 79% des personnes interrogées trouvent le Pape "tolérant". Tolérant envers le péché? Dans l'article qui accompagne le résultat du sondage, Odon Vallet précise d'ailleurs: "Il a cassé l'image d'une Eglise au discours moralisateur".

Le grand public, auquel ces propos s'adressent, ne s'embarrassent pas de subtilités théologiques. Pour lui, dénoncer le péché, c'est faire un discours moralisateur (la transgression de la "morale", c'est-à-dire les "valeurs morales" honnies par la Repubblica et ses clones, est identifiée au péché) . Etre miséricordieux, (= tolérant), c'est supprimer le péché, puisque qu'on supprime son effet négatif, le châtiment.

On pourra toujours dire avec raison que ce raisonnement est spécieux, et que la lecture de Scalfari est totalement erronée, mais si le pape n'avait pas prononcé ces mots dans l'avion, et surtout commis plus tard l'imprudence de se confier à Scalfari (dans une interviewe qui a fait la Une de l'OR), le malentendu n'aurait pas été possible.
Il est vrai que tout cela lui a valu le titre d'homme de l'année de différents journaux.

On attend maintenant que le pape, ou l'un de ses brillants conseillers en "communication" répare les dégâts. Pour le moment, ce sont les pieux journalistes habituels qui s'en chargent.

Scalfari

François abolit le péché en se servant de deux instruments: en identifiant le Dieu chrétien révélée par le Christ avec l'amour, la miséricorde et le pardon. Et ensuite en attribuant à la personne humaine une pleine liberté de conscience.
L'homme est libre, et il a été créé tel, dit François.
Quelle est l'implication de cette affirmation?
Si l'homme n'était pas libre, il serait seulement un esclave de Dieu et le choix du Bien serait automatique pour tous les fidèles. Seuls les non-croyants seraient libres et leur choix du Bien serait un immense mérite.
Mais François ne dit pas cela. Pour lui, l'homme est libre, son âme est libre, même si elle contient une touche de grâce accordée par le Seigneur à toutes les âmes. Ce fragment de grâce est une vocation au Bien, mais pas une obligation. L'âme peut aussi l'ignorer, la répudier, la piétiner et choisir le Mal; mais là interviennent la miséricorde et le pardon qui sont une constante éternelle, selon la prédication évangélique telle que le pape l'interprète. A condition que, fût-ce dans le moment qui précède la mort, cette âme accepter la miséricorde. Mais si elle ne l'accepte pas? Si elle a choisi le mal et ne révoque pas ce choix, elle n'aura pas la miséricorde, et alors, qu'adviendra-t-il d'elle?

Pour révolutionnaire qu'il soit, un pape catholique (sic!) ne peut pas aller au-delà. Il peut abolir l'enfer, mais il ne l'a pas encore fait, même si l'existence théologique de l'Enfer est discutée depuis des siècles. Il peut déléguer au Purgatoire une fonction "post-mortem" de repentir, mais on entrerait alors dans le jugement sur le degré de culpabilité, et c'est aussi un sujet discuté depuis longtemps.