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Le latin et le bon sens, tout simplement

Une Église du XXIème siècle qui vivrait avec son temps utiliserait le latin ! Une réflexion d'un blogueur espagnol traduite par Carlota. Un fragment de Léon Bloy. Et un rappel de ce que disait le cardinal Ratzinger en 2000 (8/12/2013)

Avant tout, et comme c'est le sujet de ce site, je veux rappeler l'attachement de Benoît XVI pour le latin, un attachement auquel ce site a consacré plusieurs articles, jusqu'au 10 novembre 2012, quand, par le motu Proprio Latina Lingua, il instituait la Pontificia Academia Latinatis.

¤ benoit-et-moi.fr/2013-II/benoit/latin
¤ benoit-et-moi.fr/2012(III)...quand-benoit-xvi-promeut-le-latin
¤ benoit-et-moi.fr/2012(III)...un-motu-proprio-pour-promouvoir-le-latin
¤ benoit-et-moi.fr/2013-II/benoit/benoit-xvi-et-le-latin

Comme le rappelait le premier article de cette liste, en 2000, dans le livre d'entretiens avec Peter Seewald traduit en français sous le titre "Voici quel est notre Dieu", voici ce que disait le cardinal Ratzinger:

D'une manière générale il n'est plus possible de célébrer la messe en latin, et sans doute n'est-ce pas souhaitable. Il est évident que la liturgie de la Parole au moins doit se faire dans les langues vernaculaires. Je suis toutefois d'avis qu'une nouvelle ouverture au latin devrait intervenir.
Célébrer la messe en latin apparaît actuellement presque comme un péché. On exclut par là du même coup des possibilités de communication qui sont si nécessaires dans des régions plurilingues. Ainsi le curé de la cathédrale d'Avignon me racontait qu'un dimanche se sont présentés pour assister à la messe trois groupes linguistiques différents. Il leur a proposé de prier ensemble le canon de la messe en latin et ainsi tous pourraient célébrer ensemble. Les trois groupes ont refusé : il fallait pour chaque groupe un élément particulier. Pensons aussi aux lieux touristiques : ce serait certainement une belle chose de se reconnaître mutuellement dans ce qu'on a en commun. Il faudrait garder présentes à l'esprit de telles éventualités. Lorsque, lors des grandes liturgies romaines, plus personne ne sait chanter le Kyrie ou le Sanctus, que plus personne ne sait ce que signifie « Gloria », il s'agit alors d'un déficit culturel et d'une perte de points communs.
Voilà pourquoi, à mon avis, la liturgie de la Parole devrait se faire dans tous les cas en langue vernaculaire, mais il faudrait qu'il subsiste un fond commun en latin, qui nous relie tous.

     

(Carlota, 7/12/2013)
Les quelques réflexions qui suivent, sur le latin et peut-être aussi sur l’école, trouvent un écho dans l’actualité avec le classement Pisa [1].
À l’appui : un journaliste espagnol contemporain et un auteur français plus ancien mais toujours d’actualité.

D’abord Luis Luis Fernando Pérez Bustamante, directeur du portail internet espagnol infoCatólica, qui pose une importante question : Pourquoi un certain paragraphe de la constitution Sacrosanctum Concilium du Concile Vatican II n’est pas appliqué ?
Original: infocatolica.com/

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1.- Pourquoi n’applique-t-on pas un paragraphe du Sancrosanctum Concilium ?
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Aujourd’hui, il y a cinquante ans que la constitution Sacrosanctum Concilium de Vatican II sur la liturgie a été promulguée. Voilà un point qui n’a pas été appliqué ni même d’une manière accidentelle. Il se trouve dans le second paragraphe :

§ 54. Latin et langue du pays à la messe
«On pourra donner la place qui convient à la langue du pays dans les messes célébrées avec le concours du peuple, surtout pour les lectures et la « prière commune », et, selon les conditions locales, aussi dans les parties qui reviennent au peuple, conformément à l’article 36 de la présente Constitution.
On veillera cependant à ce que les fidèles puissent dire ou chanter ensemble, en langue latine, aussi les parties de l’ordinaire de la messe qui leur reviennent.
Mais si quelque part un emploi plus large de la langue du pays dans la messe semble opportun, on observera ce qui est prescrit à l’article 40 de la présente Constitution ».
Quand on apprend une prière en latin, il est évident qu’on en apprend aussi sa traduction. C'est-à-dire, si une personne de parler castillan apprend une prière en latin, il est évident qu’il apprend aussi sa traduction. C'est-à-dire que si une personne de parler castillan récite le Notre Père en latin, cela va avec le savoir de la signification de chaque mot. Et cela l’aiderait si ce fidèle s’en allait dans un autre pays où il y a une autre langue, il pourrait prier ainsi une partie de la Messe dans la même langue que le reste des fidèles.
Par exemple si je m’en vais en Allemagne, quand ils récitent le Notre Père, je ne peux pas le suivre car ils le récitent en allemand. S’ils le récitent en latin, oui. Et cela vaut aussi pour le Credo, le Gloria, le Kyrie ou l’Agnus Dei.
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2.- Une Église du XXIème siècle qui vivrait avec son temps utiliserait le latin !

L’Église doit vivre avec son temps…
Les protestants de l’époque de la Réforme se moquaient des catholiques qui soi-disant récitaient bêtement leurs prières sans savoir ce qu’ils disaient. Ceux qui ont voulu révolutionner la liturgie, malgré les textes officiels de Vatican II, n’étaient-ils pas sur cette vision erronée du fidèle catholique, une vision erronée et transmise depuis quatre siècles ! De tous temps les prêtres ont enseigné le catéchisme dans la langue de leurs catéchisés, se conservant la langue liturgique pour la sacralité de la Sainte Messe, ainsi missionnaires espagnols de la Nouvelle Espagne ont été les premiers à rédiger une grammaire quetchua et dans la Bretagne la plus bretonnante, jusqu’au milieu du XXème siècle (avant Vatican II donc) le recteur apprenait encore le catéchisme en breton aux enfants.
En voulant continuer avec cette désinformation historique, les modernistes conciliaires ou pseudo-conciliaires ne se sont-ils encore plus mis en décalage avec la réalité de notre temps et plus encore avec le XXIème siècle débutant?
En effet le Nouvel Ordre Mondial impose l’émigration forcée à de plus en plus de jeunes et de moins jeunes. C’est d’autant plus vrai pour l’Allemagne (soit disant état modèle) qui, faute d’avoir encouragé la naissance de petits Allemands, fait venir des bras étrangers (mais aussi des cerveaux notamment d’Espagne) pour faire tourner ses usines, s’occuper de ses personnage âgées, etc., et c’est la plus haute autorité de l’État, Mme Merkel elle-même, qui fait cet appel.
Si la langue latine de la liturgie catholique de rite latin était de nouveau largement utilisée, cela permettrait à ces « nouveaux damnés de la terre » condamnés à errer d’emplois en emplois, de pays en pays, de retrouver ne serait-ce qu’une heure par semaine, au sein des édifices-églises, leur Mère l’Église qui parlerait la même langue partout.
La même remarque peut se faire pour les catholiques philippins et du Proche Orient qui travaillent à Chypre voire dans les pays du Golfe arabique où la Messe est autorisée.
Il serait en effet terrible d’avoir à imaginer que la nouvelle langue universelle de l’Église catholique de rite latin, à plus ou moins court terme, devienne, pour répondre à ce village global imposé par la force du marché et celui le dieu Mammon, la langue de l’« Empire auto-proclamé du Bien », c’est à dire l’anglais parce que depuis presque un demi-millénaire chez certains chrétiens d’Occident et un demi-siècle chez quelques catholiques agissants qui se sont crus à la mode, le latin est combattu pour de mauvaises raisons, alors qu’il faudrait au contraire comprendre sa valeur éternelle par son intemporalité et son universalité (sans parler de sa rigueur et de l’importance d’avoir à la base un texte unique, y compris pour les nouveaux documents de référence de Rome, à partir duquel sont faites les traductions dans les langues de la terre entière).
La modernité de l’Église du XXIème passe aussi par le latin, ou bien Rome aura perdu tragiquement l’occasion d’une ré-Évangélisation de qualité et de promotion des fidèles en les tirant vers le haut alors que, en Occident, l’enseignement idéologique a montré toute sa nuisance.

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Mais je laisse la parole à Léon Bloy, le fameux polémiste.

Voilà ce qu’il disait il y a un peu plus de cent ans d’une manière « prophétique ».
À sa façon: il avait déjà tout compris. Cela reste d’une incroyable actualité et pourtant Vatican II (ou tout au moins ceux qui l’ont appliqué selon leurs souhaits et non pas forcément selon l’esprit et même la lettre) semblait encore loin ou tout au moins sa date, quant au classement Pisa, il n’avait pas encore frappé (À noter que l’Espagne et son enseignement souffrent des mêmes maux et d’une même mauvaise place par rapport à Pisa que la France, et évidemment pour les mêmes causes…).

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« Exégèse des lieux communs »

Léon Bloy - chapitre LIII
Le latin est une langue morte
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Pourquoi ne l’enterre-t-on pas ?
Vous verrez qu’elle finira par sentir mauvais et que ce sera un danger public.
Le Pape s’obstinant à n’employer que le latin pour parler à toute la terre, alors qu’il a l’espéranto à portée de la main (ndt aujourd’hui l’on dirait l’anglais), ne nous offre-t-il pas, du haut de sa Chaire, la plus complète évidence de ce danger redoutable et ne devrait-il pas faire subir une quarantaine très rigoureuse à tous les actes pontificaux, en les assainissant avec beaucoup d’attention avant que d’en permettre l’entrée, surtout en France où la contagion paraît le plus à craindre ?
L’aveuglement est si étrange dans ce malheureux pays qu’on ne prend aucune précaution au point qu’on y trouve des individus persuadés que Tacite et Juvénal peuvent être lus par des hommes qui ne sont pas au cimetière ou que la Vulgate (ndt donc la Bible écrite en latin par les plus hautes sommités et lettrés de la fin de l’Empire Romain) a le pouvoir de vivifier les intelligences.
Heureusement la République vient de changer de chemise, une fois de plus, et paraît avoir enfin compris que le moyen le plus sûr d’en finir avec le latin, c’est d’étrangler la langue française. Nos universitaires y travaillent. Quand personne en France ne parlera plus le français, on ne saura plus même ce que signifie le nom de nation latine. On sucera la vie aux généreuses mamelles de l’Angleterre, de l’Allemagne, ou peut-être de la Bulgarie. Mais j’affirme qu’on pourra compter alors sur le prodige d’une langue universelle plus vivante que toutes les langues parlées aujourd’hui dans le monde, et ce sera la langue de Cambronne !

     

Note sur le classement Pisa

PISA: Programme for International Student Assessment
Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur le classement, établi par une instance mondialiste basée à Paris, l'OECD (Organisation for Economic Co-operation and development, en français OCDE, voir la notice wikipedia: curieusement, très rares ont été ceux qui se sont interrogés sur l'origine du classement) , et la situation, désastreuse pour nous, qu'il décrit (qui ne peut pas être une surprise), très loin de ce que nous moulinent les médias.
Nos gouvernants, aveuglés par leurs œillères idéologiques, ont bien l’intention de l’exploiter pour rendre encore pire une situation déjà calamiteuse, après quarante ans d’errements pédagogiques et, pourquoi ne pas le dire, d’immigration massive (faisant des classes, dans certains "quartiers" pudiquement qualifiés de "modestes", de véritables tours de babel linguistiques), confondant plus ou moins sciemment les causes et les effets; et pour donner, au nom de la lutte contre un prétendu élitisme, un coup fatal aux deux bâtiments encore debout dans une construction en ruines qui menace de s’écrouler, les classes préparatoires et le concours de l’agrégation (sur ce point, on peut dire que le classement tombe à pic!).
Et le pire dans tout cela, c'est l'attitude des médias, qui relaient avec jubilation l'abaissement de cette France qu'ils détestent, proposant des pseudo-remèdes encore plus catastrophiques que les maux dont ils sont les premiers à encourager les causes.

Bon courage aux générations futures!
La socialie et ses satellites s'occupent de vous!!!
(Béatrice)

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