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Le questionnaire de François et la contraception

C'est encore un sujet brûlant au programme du Synode de 2014, et il a été moins médiatisé que d'autres. Monique a relu "Huamae Vitae". Selon elle, la marge de manoeuvre des Pères synodaux est très mince (12/11/2013, mise à jour le 13)

>>> En attendant le Synode

     

Monique T., 12 novembre 2013
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Si on se fie au questionnaire, le Synode envisage d'aborder la question de la contraception. Je souhaite beaucoup de courage aux participants!
J'ai relu l'encyclique de Paul VI Humanae Vitae pour voir si on pourrait, sans l'abroger (ce qui me paraît impossible), éventuellement lui ajouter un addenda disant que l'Eglise continue à encourager fortement les couples à user des méthodes naturelles de régulation des naissances mais qu'elle accepte d'avaliser certaines méthodes actuelles (ou à découvrir dans l'avenir , grâce à la recherche médicale) de contraception artificielle sous les conditions suivantes:

1. que la méthode présentée comme contraceptive ne soit pas en réalité abortive ou crypto-abortive [1].
2. que ces méthodes soient utilisées exclusivement dans le cadre du mariage et non pour favoriser le vagabondage sexuel des adolescents et des adultes, le concubinage "sans risque" ou l'adultère, comme le craignait Paul VI (n° 17 de l'encyclique).
3. que le couple s'engage à renoncer à l'avortement en cas d'échec de la contraception.
4. que la méthode ne soit nocive ni pour la santé de la femme ni pour l'environnement.

Chacun peut voir que le nombre de méthodes (d'ailleurs peu fiables) correspondant aux critères 1 et 4 est minime. Et la pilule ne réussit pas l'examen. Par ailleurs, les méthodes naturelles, qui présentent d'indéniables avantages et que l'on pourrait considérer comme idéales, ne sont pas utilisables par toutes les femmes en raison de leur physiologie propre et elles sont assez aléatoires (quoi qu'en disent les hommes d' Eglise... qui ne les ont jamais expérimentées eux-mêmes! [2]). On connaît aussi le désintérêt des médecins pour ces méthodes (qui les font sourire) et le manque criant de formateurs.

Je reviens à la lecture de l'encyclique.
Telle qu'elle est libellée (voir le n°16) [3], elle ne me semble même pas permettre (ne serait-ce que par un addenda) une ouverture aux rares moyens artificiels correspondant aux critères énoncés.
La situation semble bloquée.
Mais Paul VI n'ayant pas engagé son infaillibilité dans ce texte, le Pape François ne pourrait-il pas faire réécrire quelques très courts passages (qui ne me semblent pas absolument convaincants - selon mes maigres lumières - et que les théologiens moralistes pourraient au moins examiner), afin que l'addenda n'entre pas en contradiction avec le corps du document?
Les pères du synode auront bien besoin des conseils des experts médicaux , de l'Académie Pontificale pour la Vie qui connaît très bien ces questions et des théologiens moralistes.

Sachant ce que l'on sait aujourd'hui sur la pilule (et qu'on ignorait complètement en 1968, dans l'euphorie de la "révolution" sexuelle), on ne peut plus blâmer Paul VI d'avoir pris une décision qui, prétend-on, a fait partir tant de femmes de l'Eglise et a provoqué un "schisme silencieux". En fait, il me semble qu'il est encore plus impensable que l'Eglise "autorise" la pilule en 2013 qu'en 1968!
Alors même que des millions de catholiques de progrès attendent cette "avancée" du Pape François!

On voit que la marge de manoeuvre des pères synodaux (et des jeunes femmes catholiques fidèles au Magistère!) est fort étroite en la matière. Si à la suite du synode, le Pape n'a pas d'autre alternative que la réaffirmation (SANS RIEN DE PLUS) de l'encyclique de 1968 (dont les jeunes ignorent jusqu'à l'existence, étant donné que leurs formateurs ne leur en parlent jamais!) nous risquons d'assister à une crise, à un mouvement de rébellion dans l' Eglise, attisé par les féministes catholiques, qui écrivent beaucoup de livres, parlent beaucoup dans les médias, et qui ne ménageront même pas le Saint-Père!

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Notes

[1] On peut consulter cet article sur le site de la Fondation du Professeur Lejeune: "Contraception et avortement: une même logique" (www.genethique.org)

[2] Consulter l'article "Indice de Pearl:la fiabilité de la contraception"

[3] Humanae Vitae, §16.
A cet enseignement de l'Eglise sur la morale conjugale, on objecte aujourd'hui, comme Nous l'observions plus haut, que c'est la prérogative de l'intelligence humaine de maîtriser les énergies offertes par la nature irrationnelle et de les orienter vers un but conforme au bien de l'homme. Or, certains se demandent: dans le cas présent, n'est-il pas raisonnable, en bien des circonstances, de recourir au contrôle artificiel des naissances, si on obtient par là l'harmonie et la tranquillité du foyer et de meilleures conditions pour l'éducation des enfants déjà nés ?

A cette question, il faut répondre avec clarté l'Eglise est la première à louer et à recommander l'intervention de l'intelligence dans une œuvre qui associe de si près la créature raisonnable à son Créateur, mais elle affirme que cela doit se faire dans le respect de l'ordre établi par Dieu.

Si donc il existe, pour espacer les naissances, de sérieux motifs dus, soit aux conditions physiques ou psychologiques des conjoints, soit à des circonstances extérieures, l'Eglise enseigne qu'il est alors permis de tenir compte des rythmes naturels, inhérents aux fonctions de la génération, pour user du mariage dans les seules périodes infécondes et régler ainsi la natalité sans porter atteinte aux principes moraux que Nous venons de rappeler.

L'Eglise est conséquente avec elle-même quand elle estime licite le recours aux périodes infécondes, alors qu'elle condamne comme toujours illicite l'usage des moyens directement contraires à la fécondation, même inspiré par des raisons qui peuvent paraître honnêtes et sérieuses. En réalité, il existe entre les deux cas une différence essentielle: dans le premier cas, les conjoints usent légitimement d'une disposition naturelle; dans l'autre cas, ils empêchent le déroulement des processus naturels. Il est vrai que, dans l'un et l'autre cas, les conjoints s'accordent dans la volonté positive d'éviter l'enfant pour des raisons plausibles, en cherchant à avoir l'assurance qu'il ne viendra pas; mais il est vrai aussi que dans le premier cas seulement ils savent renoncer à l'usage du mariage dans les périodes fécondes quand, pour de justes motifs, la procréation n'est pas désirable, et en user dans les périodes agénésiques, comme manifestation d'affection et sauvegarde de mutuelle fidélité. Ce faisant, ils donnent la preuve d'un amour vraiment et intégralement honnête.