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Les doutes de Michael Novak

Après l'interviewe du Pape à Civiltà Cattolica, c'est au tour du théologien américain "catholique conservateur" de les confier à La Stampa: «Il ne se rend pas compte des dégats qu'il fait» (22/9/2013)

>>> Cf.
Les doutes de Massimo Introvigne

Je partage le sentiment de mon amie Rafaella (fuori-dal-coro-osannante), en introduction de l'article, parce que je pense qu'elle (comme moi!) a mené de toutes ses forces la lutte qu'elle décrit, et que les propos lénifiants des ouvriers de la 25e heure commencent à être pénibles:

Oui! Il y a des catholiques qui durant ces années ont investi une bonne partie de leur temps, de leur énergie, de leur enthousiasme, pour combattre les accusations qui arrivaient des "pouvoirs forts" (poteri forti) qui contrôlent la politique, l'économie, etc.
Aujourd'hui, le mot "blessure" me paraît résumer parfaitement l'état d'esprit de beaucoup.


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Michael Novak est un théologien américain "catholique conservateur", je laisse mes lecteurs faire leurs propres recherches pour le situer (voir ici pour ce site).

Texte en italien: http://www.finesettimana.org

     

«Il ne se rend pas compte des dégats qu'il fait»
Une interviewe de Michael Novak, dans la Stampa
Paolo Mastrolilli
21 septembre
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«Un ami m'a demandé si le pape se rend compte des dégâts qu'il fait, avec ces commentaires improvisés. Certes, utiliser le mot "obsession" (1) envers ceux qui oeuvrent depuis toujours pour la défense de la vie est quelque chose qui blesse».

Depuis plus de vingt ans que nous le connaissons, ce n'était jamais arrivé d'entendre des propos aussi dubitatifs envers le pape, de la part de Michael Novak, peut-être le plus connu des philosophes américains catholiques, très lié à JP II et à Benoît XVI.

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- Que pensez-vous de l'interviewe accordée par François à "Civiltà Cattolica"?
«J'ai vu deux types de réaction: celle de l'ami, que je vous ai décrite; et celle de George Weigel, selon qui nous devons nous habituer (ndt: on n'a pas le choix!!) aux comportements d'un pontife évangélique, qui ne s'adresse pas à nous en tant qu'universitaire, mais comme prédicateur (la différence entre Weigel et l'ami, c'est que l'ami est... anonyme: c'est plus facile). Weigel a raison, toutefois, utiliser des mots comme "obsession" b lesse des fidèles qui ont risqué jusqu'à leur vie pour la protéger».

- François veut-il changer la doctrine, ou le ton de l'Eglise?
«Le ton. Mais l'éffet risque quand même d'être dommageable».

- Pourquoi?
«Il met beaucoup de chrétiens sur la défensive, juste au moment où ils sont attaqués. En même temps, il encourage les critiques contre l'Eglise de la part de ses adversaires déclarés, qui n'attendaient rien d'autre».

- A quoi faites-vous allusion?
«Ses propos exposent à l'instrumentalisation de la part de ceux qui veulent frapper l'Eglise. Il suffit de voir comment le NYT les a utilisées».

- Y a-t-il le risque qu'une partie des catholiques américains quitte l'Eglise?
«Je ne pense pas. Peut-être les plus fragiles extrêmistes (?) mais ce sera un phénomène très limité. Mais la gauche se sentira encouragée à pousser pour des modifications de la doctrine».

- N'y a t-il pas aussi la possibilité inverse, qu'un Pape «évangélique» rapproche les fidèles?
«Le Christ a apporté aussi des éléments de contradiction, peut-être ne peut-on pas les éviter. C'est peut-être un bien que ce pape, ramenat le pape aux racines de sa mission, nous pousse à réfléchir»

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(1) Selon la version sur ce site , le pape aurait dit:

Les enseignements, tant dogmatiques que moraux, ne sont pas tous équivalents. Une pastorale missionnaire n’est pas obsédée par la transmission désarticulée d’une multitude de doctrines à imposer avec insistance.