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Les vrais marginalisés

Des "barboni" à Sainte Marthe

Interrogations sur le nouveau cours de la papauté, précédées d'un avertissement... à lire avec attention (20/12/2013)

Avertissement

Si vous pensez, en catholique sincère et légitimement obéissant que "le Pape, c'est le Pape" et qu'à ce titre, on ne peut pas le critiquer, surtout, ne lisez pas ce qui suit. Je ne voudrais surtout pas vous blesser.
Au cas où, il vous suffit de taper le mot "François" dans le moteur de recherche pour trouver l'antidote, et voir les sites les plus improbables voler au secours du même François.

Très sincèrement, j'ai hésité avant de traduire - et publier - cet article d'un site italien clairement de sensibilité traditionaliste, ouvert depuis l'élection au Siège de Pierre du cardinal Bergoglio (qu'il ne portait d'emblée pas dans son coeur, ce qu'on peut voir comme un mauvais point) et rarement mis à jour. Je ne sais pas qui en sont les auteurs, et après tout, c'est sans importance - car nous ne savons pas davantage quels intérêts se cachent derrière les titres de la grande presse, qui ont pourtant pignon sur rue et monoplisent les revues de presse. Ce qui importe, c'est qu'ils posent des questions que beaucoup de gens n'osent même pas formuler.
Il peut y avoir ici de l'exagération - notamment dans la description des "nouveaux" pauvres; une surinterprétation des gestes du Pape, voire de l'irrespect (ce que je réprouve); mais aucune critique qui ne soit étayée par des faits vérifiables , à l'opposé de ce qui se passait avec Benoît XVI, où tout était inventé.
Il se peut aussi que l'auteur se trompe dans ses conclusions, je ne l'exclus évidemment pas non plus pour moi-même. L'avenir le dira peut-être.
Mais l'accumulation convergente de faits, dont les plus récents ont été évoqués ici ce matin (cf. Quand l'Eglise se "démondanise"... et Un courtisan ) ne justifie-t-elle pas les doutes et la perplexité, même exprimés avec une certaine rudesse?

     

Les vrais marginalisés

(opportuneimportune.blogspot.it)

Jusqu'à il y a peu, si une station de radio parlait du Pape, elle le faisait en termes sinon ouvertement critiques, au moins irrespectueux.
Mais c'était l'époque de Benoît XVI, quand l'Eglise catholique était désignée comme la sentine des vices les plus honteux: c'était le temps des scandales de pédophilie et de l'IOR, du camauro du Pape et de ses tristement célèbres chaussures rouges. Il n'y avait pas une feuille progressiste qui ne se joignît à la lapidation par voie de presse contre le Vicaire du Christ, trouvant des alliés efficaces chez les prélats qui par serment auraient dû être tenus à défendre le pape usque ad effusionem sanguinis.
Il semble que des décennies se soient écoulées depuis ces jours funestes; aujourd'hui, comme par enchantement se répandent éloges et louanges à ce François qui se veut obstinément évêque de Rome, ce François qui monte dans l'avion en portant avec lui sa saccoche et qui porte des chaussures de curé de campagne, qui vous accueille avec un 'bonsoir' et célèbre la messe sur un débris transformé en autel à Lampedusa, invoquant l'accueil aux foules de mahométans désespérés qui cherchent dans une Italie sans identité et sans foi le bien-être nié là où règne le Croissant, en attendant de submerger numériquement les peuples mous et d'y instaurer la loi islamique.

Voici donc la figure de la papauté éclipsée par le protagonisme de Bergoglio, qui est exalté par des armées de gazetiers en extase; voici que des représentants enthousiastes du laïcisme le plus anti-catholique et anticlérical s'abîment en appréciations flatteuses sur "l'humilité" du pape François, sur le fait qu'il soit abordable, ou, pire, "l'un de nous", sur les baisers aux enfants et aux malheureux, sur son choix de vivre dans un modeste appartement à Santa Marta, plutôt que dans le faste du Palais apostolique.
Il est bien connu que tous les papes du passé, et plus que tout autre le très détesté Benoît XVI, étaient au contraire des monstres de vanité, qui détestaient tout geste d'affection envers les enfants et les moins fortunés; des Pontifes habitués au luxe des Pharaons, couverts d'or et de pierres précieuses frauduleusement acquis grâce aux offrandes extorquées aux pauvres, à l'exonération de l'ICI (taxe foncière) ou aux magouilles de la banque du Vatican. La "légende noire", qui était d'autant plus suivie que la crédibilité des mensonges qu'elle propageait était mince, s'est mystérieusement arrêtée, désarmée, devant l'exemple lumineux des vertus de ce brave homme en habit blanc...

Les "piae aures" (pieuses oreilles) de certains délicats ecclésiastique et de pas mal de laïcs se scandaliseront de nos jugements: ce sont les mêmes qui - comme par hasard - sous le pontificat précédent, ne lésinaient pas les critiques mesquines à Benoît XVI, dont ils n'ont apprécié sans réserve que le geste extrême d'abdication, après des années de persécution systématique des médias, et pas seulement. La protestation d'obéissance à Son successeur fait contraste avec la rébellion ouverte au prédécesseur; la déférence servile à la star Bergoglio est une face de la médaille, sur l'autre face il y a le "Non serviam" contre l'Eglise, le pape Benoît XVI et Son enseignement.

La presse a donné une large couverture, hier, à la célébration anormale de l'auguste Anniversaire de Sa Sainteté; lequel, suivant le scénario prévu par son rôle de protagoniste, n'a rien trouvé mieux que d'inviter à dîner quelques clochards, en se gardant bien de garder la chose confidentielle.
Il y a dans tout cela un aspect qui selon nous ne doit pas être sous-estimé: la volonté de traduire médiatiquement chaque geste bergoglien par une "icône", une image symbolique qui résume l'idée de la papauté que l'on veut transmettre. Et si, précedemment, l'icône de Benoît XVI était présentée comme discordante, un couac par rapport à la mentalité du siècle - posture hiératique, parements, hautes mitres - voici maintenant l'icône de François parfaitement en phase avec le credo jacobin.

Des mauvaises langues du Vatican, non sans une bonne dose d'humour typiquement romain, ont glosé sur l'évènement, se demandant si les hôtes étaient de Très Eminents cardinaux de l'aile progressiste, dont les vêtements et les manières ne semblent pas très éloignés de ceux des sans-papiers et des clochards. D'autres, non moins sarcastiques, ont cité le "similis cum similibus", comme si Bergoglio cherchait des partenaires pour ses représentations.

Mais à notre avis, ce geste théâtral - vraiment celui d'un acteur accompli - est allé bien au-delà des limites concédées même à ceux qui montent avec désinvolture sur les planches.

Nous aimerions savoir sur la base de quels critères ont été choisis ces pauvres, et à quel titre ils ont été préférés à d'autres, qui sont aussi parmi les déshérités: l'ex-chef d'entreprise obligé de manger à la soupe populaire, après avoir dû arrêter son activité à cause de l'excès d'impôts, ou de dettes non honorées par l'administration publique; le directeur d'agence licencié à cinquante ans par sa multinationale, dont la banque a saisi les biens, le laissant sur le trottoir avec sa famille; la retraitée âgée qui pour aider ses enfants au chômage n'a pas de quoi vivre et doit fouiller les poubelles du marché local pour rassembler de quoi dîner; le mari abandonné par sa femme et ses enfants, qui pour payer la pension alimentaire n'a même plus de quoi louer un appartement minuscule dans une banlieue, et doit dormir à l'aéroport, avec toutes ses affaires dans un caddie. Ceux-là et beaucoup d'autres cas de réelle pauvreté et de marginalisation, sont évidemment peu voyants et conduisent à des réflexions dangereuses sur l'establishment: ils ne s'habillent pas en haillons, ils ne sentent pas mauvais, mais ils essaient de sortir en public avec un minimum de dignité, ils font semblant d'attendre un train pour dormir dans la salle d'attente de la gare, ils prennent un café au bar pour pouvoir se raser dans les toilettes; ils passent inaperçus, ils ne font pas l'information, ils n'attirent pas la sympathie de tous parce qu'ils vivent leur tragédie avec dignité. Cependant, ils n'en sont pas moins vrais et réels, et peut-être beaucoup plus que ceux qui affichent une pauvreté parfois cherchée et voulue.

Et encore: à la table de l'Évêque de Rome, si l'on voulait vraiment inviter un vrai déshérité, de ceux qui sont méprisés par tout le monde et dont les gens bien se tiennent à l'écart, on aurait pu inviter des prêtres traditionalistes , marginalisés par leurs propres confrères, calomniés par leur évêque, ostracisés par la Hiérarchie. Peut-être des prêtres de la Fraternité Saint-Pie X, qui vivent sans prébende et grâce à la charité de quelques fidèles, ou même quelque frère de l'Immaculée, ceux que la délation et les mensonges ont réduits au silence imposé par l'Autorité, par contre si compréhensive envers les religieux, prélats et cardinaux ouvertement hérétiques et rebelles. On aurait pu inviter le professeur de religion auquel la Curie a enlevé sa chaire parce qu'il n'est pas moderniste, ou la famille nombreuse à laquelle ni l'Etat ni la paroisse n'apporte une aide, pris comme ils sont pour aider les Tsiganes et les immigrants musulmans. Et pourtant, ce sont eux les nouveaux Samaritains, dont se tiennent éloignés ceux qui se considèrent comme purs et observants de la loi, que ce soit la loi mosaïque ou celle conciliaire. Ce sont eux, les nouveaux publicains, aujourd'hui comme au temps de Notre Seigneur, ceux que le Verbe incarné a voulu fréquenter, visitant leurs maisons, pour leur montrer combien il avait en horreur l'hypocrisie des pharisiens alors, et celle moderniste maintenant.

Mauvais coup, Sainteté: Vous humiliez et ridiculisez la très haute dignité du Pontife et imposez une parodie d'humilité conçue autour d'une table, à votre usage, qui loin d'être vertueuse, apparaît spécieuse et motivée par un personnalisme qui conduit inévitablement à l'orgueil. En invitant ces clochards, vous vous placez au-dessus d'eux, parce que vous ne les considèrez pas comme vos égaux, et vous faites en sorte que la nouvelle soit répandue dans les journaux pour en tirer un avantage personnel: exactement comme ceux qui, pour faire preuve de tolérance, ne cessent de parler des Noirs, combien ils sont "comme nous", combien il est injuste de les discriminer. Quiconque fait sienne ces croyances, par ailleurs profondément catholiques et n'appartenant ni aux hérétiques, ni aux laïcs, n'a pas besoin d'en faire étalage, encore moins de les diffuser par fax aux rédactions. Qui se exaltat humiliabitur (Lc. XVIII:14)

Et puis, qui, aujourd'hui, oserait se déclarer opposé à un acte aussi spectaculaire? Vous auriez pu inviter à votre table des mères célibataires, ou des transsexuels, ou des enfants de lesbiennes conçus dans des éprouvettes, tant que vous y étiez: vous auriez eu droit aux appaudissements garantis de la Repubblica et de Scalfari. La provocation d'inviter des pauvres aurait eu une justification, il y a deux siècles, lorsque des milliers d'ordres religieux, aux ordres du pape, prenaient soin des derniers pour les sortir de la pauvreté, matérielle et spirituelle.. Alors, la mentalité bourgeoise et libérale aurait peut-être saisi l'exhortation du Pape, mais aujourd'hui, elle est désaccordée, superflu, un artefact. Surtout si elle est mise sur la place.

Aujourd'hui, la vraie provocation chrétienne devrait être de donner de la dignité - disons même en les invitant à manger - à ceux que la société marginalisent et ghettoïsent sur la base de préjugés et de mécanismes de pouvoir, en vertu de la Vulgate progressiste ou conciliaire. Mais Vous, malheureusement, vous n'avez pas l'intention de leur montrer de la charité, confirmant ce que, depuis ce triste Bonsoir, nous n'avons pas pu ne pas remarquer.