Pronto? Sono Papa Francesco
En téléphonant chaque jour personnellement à des correspondants sélectionnés - pas au hasard - dans l'abondant courrier qu'il reçoit quotidiennement, le Pape prend des risques (7/9/2013)
>>> Voir aussi sur ce sujet:
¤ benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/le-telephone-du-pape-francois
¤ benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/vous-mappelez-maitre-et-seigneur
Il y a évidemment le risque du canular. Comme cela s'est peut-être passé hier, avec un jeune toulousain "catholique" et homosexuel qui s'est confié à La dépêche du Midi (www.ladepeche.fr):
«Je suis catholique pratiquant, et homosexuel. En juillet dernier, je traversais une période de doute. Depuis mon enfance, je subis des brimades, des insultes, à l’école, dans la rue. Ce Pape me semblait différent, plus proche des gens (ndlr: que qui?). Alors j’ai pris une feuille de papier, et j’ai écrit une trentaine de lignes, où je lui confiais mes doutes. Je lui ai laissé mes coordonnées postales et téléphoniques, et j’ai envoyé le tout à l’adresse officielle du Vatican».... Il m’a dit : "Ton homosexualité, ce n’est pas grave. Il faut rester courageux, il faut continuer à croire, à prier, et rester bon".».
Le jeune en question donne des détails censés authentifier son récit - y compris le n° d'où on l'avait appelé, resté affiché sur son portable, et qui serait celui du standard téléphonique du Vatican! Mais certains de ces détails suscitent des doutes, et laissent penser à un canular.
L'information a été immédiatement démentie par le Père Lombardi.
Jean Marie Guénois, sur le Figaro (www.lefigaro.fr) conclut son article par ces mots... étonnants:
De plus, à Rome, un proche du Pape assure: «François n'aurait eu aucune raison à démentir une telle conversation. Bien au contraire.»
En somme, un vrai-faux canular (impensable sous Benoît XVI!), qui a tous les airs de la vérité; et qui n'aurait de toutes façons pas pu se produire si: 1. Le Pape ne donnait pas des coups de téléphone tous azimuts; 2. Dans l'avion de retour du Brésil, il n'avait pas tenu des propos ambigus, à la limite de la démagogie sur les "gays".
Bien entendu, les propos prêtés au Pape contribueront à alimenter sa popularité dans la légende qui se construit autour de lui. Comme toujours dans ces histoires, les démentis sont moins lus que la nouvelle initiale, et puisqu'ils croisent - comme par hasard - l'agenda du "monde", ils ont été immédiatement amplement repris par les "grands" médias, réputés "sérieux", comme l'Express. Mais pour les catholiques, ils risquent d'ajouter la confusion au doute.
* * *
Un autre exemple de coup de téléphone papal est donné aujourd'hui dans La Stampa par Giacomo Galeazzi (vaticaninsider.lastampa.it), sans doute soucieux de faire diversion après ce "dérapage".
Il s'agit d'une vendeuse romaine de 35 ans, qui, enceinte, a été abandonnée par son compagnon (dont elle a découvert depuis qu'il était déjà marié avec un enfant), celui-ci lui ayant même suggérer d'avorter.
Elle a pourtant choisi de poursuivre sa grossesse, grâce à l'aide de sa famille.
Elle s'est décidée à écrire au Pape, lui disant qu'elle voulait faire baptiser son enfant, mais qu'elle avait peur que cela ne soit pas possible, car elle était fille-mère, et déjà divorcée. Il l'a encouragée, et lui a dit que si elle ne trouvait personne pour baptiser l'enfant (!!) il le ferait lui-même. On peut aussi espérer que comme Jésus à la femme adultère, il lui a dit avant de raccrocher "Va, et ne pèche plus".
Là encore, on retrouve un écho de propos prêtés au Pape qui, lorsqu'il était archevêque de Buenos Aires, s'était élevé contre les prêtres qui refusaient aux filles-mères le baptême de leur enfant.
J'avoue que j'apprécie modérément ces prédications en acte - de "belles" histoires bien larmoyantes qui pourraient faire un épisode de "Plus belle la vie", des destins "périphériques" entre Cosette et le Petit Chose .
Et surtout, ce n'est pas sans risque, comme on le voit avec l'appel (inventé?) reçu par le jeune toulousain gay.
Le faux appel téléphonique est un grand classique des humoristes sans talent, et plus d'une célébrité (en particulier de la politique) s'est laissé piéger, avec des dommages variables pour son "image". Là, on peut penser à la fausse lettre. Un jour prochain (si ce n'est déjà fait), un petit malin écrira une lettre-bidon avec tous les ingrédients pour recevoir en retour un coup de téléphone papal (on commence à avoir une petite idée) et obtiendra de François une réponse qui mettra VRAIMENT l'Eglise dans l'embarras.
