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Réflexions d'il y a 23 ans

Les troublantes prédictions de Malachie Martin (1), en 1990, présentées et traduites par Francesco Colafemmina, après l'interviewe du Pape à Civiltà Cattolica (23/9/2013).

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The Keys of This Blood (1990) a été traduit en polonais, espagnol et allemand (2).

Il y a deux articles.
Je suis réservée (ou perplexe) sur l’illustation du premier (fidesetforma.blogspot.fr/2013/09/riflessioni-di-23-anni-fa), et surtout le commentaire, que je ne comprends pas vraiment : une photo de Benoît XVI de dos devant ce qui semble être une porte fermée, avec ce commentaire. Le Pape Benoît XVI: parenthèse oblitérée de l'histoire de la papauté, ou instrument fonctionnel de la révolution en cours?
Il faut sans doute comprendre que ces textes ayant été écrits en 1990, l'auteur fait allusion au conclave qui allait élire le successeur de JP II. Ce conclave n'a pas vérifié les prédictions de Malachie Martin, d'où le mot de "parenthèse oblitérée". Serait-ce la démission de Benoît XVI qui a été "l'instrument fonctionnel"?.

Le second billet (fidesetforma.blogspot.fr/2013/09/il-meglio-deve-ancora-venire), intitulé « le meilleur est encore à venir, est illustré par le « tombinoscope » des cardinaux du « G8 » .

     

Réflexions d'il y a 23 ans

"D'une manière qui par certains aspects rappelle la faute commise par Judas, certains évêques et prélats, ainsi que leurs assistants, se sont élevés eux-mêmes comme "anti-Eglise" au sein de l'Eglise. Ils n'ont pas l'intention de s'en séparer. Il n'ont pas l'intention de secouer l'unité de l'Eglise. Ils n'ont pas l'intention d'oblitérer l'Eglise, mais de la changer selon leurs plans; et c'est aujourd'hui banal dans leurs têtes que leurs plans sont inconciliables avec le plan de Dieu révélé jusqu'à nos jours par le successeur de Pierre (JP II) et par son autorité magistérielle... Ils sont convaincus de pouvoir réconcilier cette Eglise et ses ennemis à travers un "compromis décent", d'être les seuls à comprendre ce qui se passe, et d'être les seuls à pouvoir assurer le succès de l'Eglise du Christ, la "compactant" avec celle des leaders mondiaux. Mais dans leur pieuse création de l'anti-Eglise dans l'Eglise - à partir du Vatican jusqu'au niveau de la vie paroissiale- ils ont finalement miné l'unité de l'Eglise (p. 662)

Une enquête sur les 50 dernières années de l'histoire catholique conduit à la conclusion que le plus grand méfait dans le milieu du haut et du bas clergé a été la tolérance et la propagation de la confusion sur les éléments-clés de la foi catholique parmi tous les catholiques; cette confusion tolérée a été le résultat direct de la dissidence tolérée de théologiens et d'évêques par rapport à ces élements-clés. Parce que tolérer la confusion signifie propager la confusion. Un devoir primordial et fondamental de chaque office catholique, et la responsabilité ecclésiale liée à chaque office dans l'Eglise, incluent la clarification, l'enseignement sans confusion, et l'application des règles de base et des croyances fondamentales que l'Eglise soutient et déclare être nécessaires au salut. Si les catholiques ont des droits dans l'Eglise, leur droit primordial et celui de recevoir cet enseignement sans équivoque, et d'être soumis à son application franche et sans hésitation.

Il est par ailleurs relativement facile d'identifier les quatre éléments-clés dans lesquels des ecclésiastiques et des membres de l'Eglise ont toléré et propagé la confusion néfaste qui touche les catholiques aujourd'hui.

Ces éléments sont: l'Eucharistie, l'unicité et la vérité de l'Eglise catholique romaine, l'Office Pétrinien de l'Evêque de Rome, et la moralité relative à l'activité reproductive humaine ... (p. 666-667)

"Incontrôlé et sans obstacle, le développement sera le suivant: avec la lente "levée" des évêques, partout, selon "l'esprit de Vatican II", sans aucune position de contraste de la part de la Rome papale, il est inévitable que ce que nous pouvons voir aujourd'hui chez un nombre restreint de cardinaux, en façonnera un nombre de plus en plus grand. Il y a vraiment peu de doutes dans l'esprit de chacun que des cardinaux comme Bernardin, de Chicago, Hume de Westminter, Danneels de Bruxelles , et Etchegaray, sont des partisans de '"l'esprit de Vatican II".

Il y a certainement des cardinaux vivants aujourd'hui, qui, en même temps que beaucoup d'autres qui seront créés, éliront le successeur de JP II. Tout sera mis en œuvre dans le prochain conclave par une structure ecclésiale dans laquelle ils ont travaillé pendant au moins 25 ans et n'ont rien faire pour plier, combattre, ou seulement corriger les aberrations de "l'esprit de Vatican II", mais l'ont fomenté passivement (en ne faisant rien) ou activement (parce qu'ils épousaient ce même "esprit du Concile"). Ces cardinaux viendront de diocèses dans lesquels la vaste majorité des évêques ne connaîtra, et ne voudra rien savoir de ce qui ne leur semble pas cohérent avec "l'esprit de Vatican II". Les paroisses et les diocèses derrière eux seront complètement fermentées par ce même esprit..." (p. 683)

"La réduction du Pape, dans son haut Office, sera le résultat que la conviction que l'Office pétrinien et papal originel, tel que pratiqué par les papes romains jusqu'au dernier tiers du XXe siècle, n'est rien d'autre que le résultat conditionné par le temps de modes culturelles qui se prolongent derrière nous depuis des siècles; et qu'il est désormais temps d'en dégrader l'importance pour pouvoir libérer "l'esprit de Vatican II", pour modeler l'Eglise dans une image qui soit adaptée à la conception progressiste d'une époque nouvelle et très différente de celle qui précède.

Les catholiques verront alors le spectacle d'un Pape validement élu qui séparera le corps entier de l'Eglise, détaché de sa traditionnelle unité apostolique orienté vers la papauté, que l'Eglise avait jusqu'alors cru d'institution divine.

Le frisson qui secouera le corps de l'Eglise Catholique en ces jours sera le frisson de son agonie. Parce que ses peines viendront de son intérieur, orchestrées par ses leaders et par ses membres. Aucun ennemi extérieur n'aura amené à cette situation. Beaucoup accepteront le nouveau régime. Beaucoup résisteront. Tous seront divisés. Personne ne pourra plus maintenir ensemble sur la terre les membres épars du corps visible de l'Eglise catholique comme si elle était une organisation vivante compacte (p. 684)

Malachi Martin, The Keys of This Blood, Simon and Schuster, 1990. 

     

Le meilleur reste à venir

"Il y a un développement ultérieur possible au sein du corps catholique romain qui, s'il est incontrôlé, peut secouer l'unité de sa structure.
En bref, ce serait l'élection au conclave d'un candidat papal dont la politique sera celle de dissoudre l'unité et de changer la structure de l'Eglise catholique romaine simplement à travers l'abandon du ministère pétrinien, le privilège sur lequel est construit l'unité structurelle de l'Eglise comme un corps visible, et dissociant les quelques 4000 évêques de l'Eglise de leur soumission collégiale à la papauté - principe sur lequel ils ont été jusqu'à présent structurés. Tout ceci signifiera une nouvelle fonction pour l'Evêque de Rome, et non plus celle traditionnelle: et cela impliquera un nouveau rapport de tous les évêques - y compris celui de Rome - entre eux. Si quelqu'un doute sérieusement qu'un tel évènement puisse se produire, laissez-moi lui rappeler que personne, dans les années 40-50 n'aurait sérieusement prévu qu'un Pape, dans les années 60 chercherait à modifier efficacement les éléments qui garantissaient le déroulement normal de la messe: nominalement, la ré-actualisation, ou la re-présentation du Sacrifice du Christ sur le calvaire. Et pourtant, c'est ce qui s'est passé.

Il y a ensuite une seconde raison pour laquelle personne ne devrait considérer comme passée une telle possibilité. Une considération sérieuse de la situation avec des yeux dépassionnés, révèle très rapidement la situation sinistre de la vie catholique aujourd'hui: au niveau universel des paroisses et des diocèses, et à celui, supérieur, de la papauté et du ministère papal, nous trouverons présents tous les dispositifs requis et suffisants pour porter à leur accomplissement les effrayants développements présagés. En réalité, nous trouverons que ces éléments sont déjà extensivement et intensément élaborés.

A niveau des paroisses et des diocèses, et de façon diffuse parmi les évêques, les prêtres, les sœurs et les laïcs, nous trouvons l'inamovible persuasion qu'avant Vatican II, il y avait une Eglise Romano-Catholique - l'Eglise "préconciliaire"; mais qu'après le Concile, l'Eglise préconciliaire a cessé d'exister, et sa place a été prise par "l'Eglise Conciliaire", animée par le seul "esprit de Vatican II", et qu"'elle ne s'appelle plus "Eglise Catholique Romaine", mais plutôt, soit en termes bibliques "peuple de Dieu", soit, vaguement "Eglise".

Nous trouverons que les deux "Eglises" sont radicalement différentes dans la tête des évêques, des prêtres, des soeurs et des laïcs. Les laïcs de l'"Eglise Concilaire" ne proclament plus la possession exclusive des moyens du salut. Les non-catholiques, comme les non-chrétiens, peuvent de manière équivalente proclamer avoir les moyens pour le salut au sein de leur religion - ou "façons de vivres" au cas où ils ne sont pas croyants. Parce que nous tous - catholiques, non catholiques, et non-chrétiens - nous sommes seulement des pèlerins, avec les mêmes objectifs, même si nous les approchons avec des moyens différents.

Secundo, dans l'Eglise conciliaire, la source de l'illumination religieuse, guide et autorité, est la "communauté de foi" locale. Le credo correct, et les pratiques morales correctes, ne viennent plus du corps hiérarchique des évêques soumis à l'autorité centrale d'un seul homme qui a l'autorité du magistère, l'Evêque de Rome.

Tertio, les groupes mondiaux de "communauté de foi" ont pour première fonction celle de coopérer avec "l'humanité" pour construire et assurer le succès de la paix dans le monde, et une réforme du monde dans l'usage des ressources de la terre pour éliminer l'oppression économique et l'impérialisme politique.

Enfin, les règles précédentes de comportement moral de l'Eglise catholique Romaine concernant les principes liés à la vie - conception, mariage, mort et sexualité - doivent être amenés à un alignement fraternel avec les perspectives, les désirs et les pratiques de l'ensemble du monde. Sinon, comment les membres de cette Eglise pourraient-ils proclamer être ouverts à leurs frères et sœurs? (p 680-681)

Malachi Martin, The Keys of This Blood, Simon and Schuster, 1990

     

Notes

(1) L'écrivain irlandais Malachi Martin (1921-1999), a une notice Wikipedia en français assez fournie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Malachi_Martin
Ordonné prêtre le 15 août 1954, il est prêtre jésuite à Rome de 1958 à 1964, et accomplit certaines missions délicates pour le cardinal Augustin Bea (lui-même jésuite, artisan de la déclaration Nostra Aetate), dont il était le secrétaire privé, et les papes Jean XXIII et Paul VI. Relevé en 1964 par Paul VI de ses vœux de pauvreté et d'obéissance à sa propre demande, il déménage à New-York et devient un auteur international
Classable parmi les traditionalistes, il était insatisfait du Concile Vatican II. Il parle de nombreuses fois de Monseigneur Lefebvre.

(2) Sous titre: JP II contre la Russie et l'Occident pour le contrôle du nouvel ordre mondial.