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Scalfari le destinataire de la lettre du Pape

La Repubblica

Ma lettre à ceux qui ne croient pas

Scalfari, c’est le fondateur et ex-directeur du journal La Repubblica, que l’on ne présente plus. Tout au long du Pontificat, il a attaqué, insulté, et lourdement manqué de respect à Benoît XVI (12/9/2013, mise à jour ultérieure)

La lettre fait la une du journal (qui trouve là un excellent moyen de gonfler ses ventes: espérons qu'ils auront la délicatesse de verser leur obole à "La Charité du Pape") sous le titre accrocheur "Ma lettre à ceux qui ne croient pas".

On peut se demander si une telle lettre était bien opportune, d’autant plus que c’est faire une insulte aux non-croyants que d’imaginer qu’ils peuvent être représentés par un tel personnage… et qu’ils s’informent sur son journal.
Il a été question de lui à différents endroits de ce site, et avant de lire l’article de Francesco Colafemmina qui le démasque, et que je viens de traduire, il peut être intructif (et même amusant) de relire ce qu’écrivait à son sujet en octobre 2009 Antonio Socci, en réponse à ses dernières insultes à Benoît XVI. Sauf que Socci se trompait lorsqu'il disait que Scalfari aiamit les papes morts, et détestait les vivants: Scalfari aime François - auquel il fait aujourd'hui une réponse énamourée dans son journal, voir ici - qui est vivant. Scalfari, tout simplement, haïssait Benoît XVI. Ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose en soi. [1]

     

Scalfari, c'est bien lui qui...?

Francesco Colafemmina
fidesetforma.blogspot.fr
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SCALFARI? MAIS QUI? CELUI QUI...

... écrivait, oui, justement lui, Eugenio Scalfari,

>>> Le 2 décembre 2007, sur la Repubblica
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"Benoît XVI n'aime pas le relativisme, et c'est compréhensible chez quelqu'un qui administre la vérité absolue (la sienne). Il n'y a rien à dire sur ce point. Certes, l'Eglise change souvent d'avis sur les faits péchés et pécheurs. C'est humain. A relire son histoire, on s'aperçoit qu'elle aussi est immergée dans le relativisme. Cela aussi est humain".
"Au delà de l'évidente inconsistance politique et culturelle du pape Ratzinger, qui depuis Ratisbonne se comporte comme un élève de tel ou tel dignitaire de sa cour, déplaçant la barre du timon au gré des suggestions de son conseiller du jour il existe plus que jamais un malaise profond dans l'Eglise et dans le laïcat catholique. L'Eglise de JP II, mais aussi celle de Benoît XVI, ne parvient pas à rentrer en syntonie avec la culture moderne et avec la société moderne. C'est le vrai thème que devraient se poser tous ceux qui s'occupent des rapports entre la société ecclésiale et la société civile au début du XXIe siècle".

"Les Papes représentent un phénomène en soi. Il y en a eu de très grands, des médiocres, des vicieux, des exemplaires. Celui actuel [Benoît XVI] est un modeste théologien qui fait regretter ses prédécesseurs".


>>> Il réfléchissait ensuite le 22 avril sur l'Espresso
:

"Vatcan II a reprsenté l'extrême tentative de considérer le message chrétien comme un levain à insérer dans la culture moderne, dans une conception pluraliste de la société qui préserve la dignité de la personne indépendamment de sa foi religieuse. Les droits et les devoirs de la personne, sa liberté, sa responsabilité, la racine morale et l'amour du prochain, contre l'égoïsme et la volonté de pouvoir.Cette vision mettait en question la hiérachie et la primauté de l'institution. C'est pourquoi Vatican II fut d'abord freiné, puis réinterprété: les épiscopats reconduits sous la direction de la hiérarchie, les équilibres rétablis à l'enseigne de la continuité. Le quinquennat de Benoît XVI a eu jusqu'à présent cette signification. Le scandale des prêtres pédophiles a été affronté par le Pape avec une sévérité appréciable, encore que tardive; mais il n'a pas approfondi le thème de fond, et il n'a pas proposé la question décisive: l'Eglise est-elle le lieu où se réalise le message du Christ, ou bien où l'on administre en son nom le pouvoir de la hiérarchie? "


>>> Après une année méditée de pause, il lançait ses dernière attaques le 27 mai 2012 sur la Repubblica:
:

Benoît XVI n'est pas un grand Pape, même si le talent et la doctrine ne lui manquent pas . Ce n'est pas un acteur, c'est même son contraire. Wojtyla avait une garde-robe grandiose parce que tout étéit grandiose chez lui. La garde-robe de Ratzinger est au contraire maniérée, parce que c'est le Pape lui-même qui est maniéré, comment il s'habille, comment il parle, comment il marche. Il écrit bien, cela oui, ses livres sur le Christ se laissent lire, ses encycliques ne sont pas dénuées d'ouverture, et même certains de ses discours. Sa réévaluation de Luther a suscité de la surprise, et quelque espérance de progrès vers la modernité, contredite cependant par ses choix opérationnels, de la confirmation de Sodano à la Secraiterie d'Etat, puis à la nomination de Bertone: du médiocre au pire. Bertone: un Ruini sans l'intelligence et l'habileté de l'ex-vicaire et ex-président de la CEI. La hiérarchie est redevenue toute-puissante, mais brisée en morceau.
L'oecuménisme est désormais une fleur flétrie avant l'âge. (...)
Augustin semblait un des inspirateurs de Ratzinger, mais quel Augustin? Le manichéen, le coadjuteur d'Ambroise, ou l'auteur des Confessions. Augustin fut beaucoup à la fois, arrivant jusqu'à Calvin et à Pascal. S'il voulait dire quelque chose de vraiment actuel, Ratzinger devait donner le coup d'envoi à la béatification de Pascal, mais je me rends compte que dans le monde des Bertone, de la Curie Romaine et des actuelles Congrégations, cela, oui, serait un geste radical vers la modernité. Ils ne le feront jamais. Le pontificat maniéré continuera à avancer tant qu'il pourra, et puis il y aura non pas le déluge mais une pluie méphitique pleine de grenouilles, de mouches, et de canards sauvages. Pleine du pire pour tous".


>>> Enfin, le 17 février, après la démission, il exulte:
:

"Enfin le processus de sécularisation de tout l'Occident, et en particulier en Europe et en Amérique du Nord. Aucun de ces problèmes n'a été résolu par Benoît, et c'est cela la vraie raison qui l'a poussé à sa spectaculaire renonciation. Cette décision a rompu la sacralité, elle a mis à nu la nature "lobbistique" de la hiérarchie, elle a affaibli le rôle du Pape, augmentant celui de l'Eglise conciliaire. Le Concile sera désormais une instance suprême, le dialogue avec la modernité réveillera probablement une Eglise minoritaire et dépositaire d'une éthique moins "plâtrée" de dogmes

     

L'encyclique de Scalfari (octobre 2009)

(1) (benoit-et-moi.fr/2009)
Il aime les papes défunts
Quand l'arrogant Scalfari traite le Pape de «modeste»
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Eugenio Scalfari - à ce qu'il semble - aime les papes, mais seulement ceux qui sont morts et enterrés, et utilisables contre ceux qui vivent (qu'il déteste). Le Repubblica, qu'il a fondée et dirigée pendant des décennies a par exemple (on peut en founir de nombreuses preuves) "bombardé" le Pape Jean Paul II comme réactionnaire, intégriste, anti-communiste, rétrograde. En substance, le Pape Wojtyla était catholique: un péché impardonnable.

Continuuellement, il était opposé à ses prédécesseurs décédés, Jean XXIII et Paul VI, et accusé de nier et de trahir le Concile Vatican II (auquel il avait participé comme protagoniste). Mais maintenant que Jean-Paul II est mort, Scalfari se l'approprie pour tenter de disqualifier le pape vivant, entré dans sa ligne de mire.

Dans la rubrique scalfarienne de l'Espresso (dernier numéro) il écrit que - dans toute l'histoire - il y a eu de mauvais papes de genres différents, mais certains ont été "exemplaires" et - dit-il - "les derniers spécimens en ont été Jean XXIII, Paul VI, et le Pape Wojtyla. L'actuel est un théologien modeste qui fait regretter ses prédécesseurs. "

Vous avez bien lu: "théologien modeste". Il s'agit d'une nouvelle surprenante ayant échappé aux journaux. En fait, de cette phrase, il apparaît que l'actuel Souverain Pontife a été soumis à un examen approfondi en théologie et qu'il a été refusé, avec une critique cinglante ( "théologien modeste"), par Scalfari, qui implicitement se propose comme rien de moins qu'une lumière en théologie.

Journaliste habile, mais philosophe amateur
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Aujourd'hui, le fondateur de la Reppublica est certainement un journaliste habile et de grande expérience, mais à ma connaissance il n'a jamais été connu dans le monde pour sa culture encyclopédique, ni pour être un géant de la pensée philosophique (quand il s'est frotté à la méditation philosophique, il a suscité une certaine hilarité et les plus perfides ont défini comme "orecchiante" (ndt: se dit d'une personne superficielle, qui répète comme un perroquet) certains de ses raisonnements philosophiques considérés comme venant d'un amateur.

Qu'aujourd'hui, il soit devenu aussi un théologien d'exception capable de mettre en accusation un calibre de 90 de la théologie comme Joseph Ratzinger, personne ne pouvait l'imaginer ou le soupçonner. Comment, quand et où s'est produite la métamorphose?

Malheureusement, la compétence théologique de Scalfari aujourd'hui n'est que de l'auto-certification. Personne ne pouvait le savoir. En outre, il serait opportun que Scalfari justifie (du moins en quelques lignes) le rejet féroce du pape théologien. Il pourrait au moins nous faire savoir qu'il a lu un seul livre de Joseph Ratzinger et lequel (comme nous le savons, la bibliographie Ratzingerienne est immense, il y a des centaines de titres).

Mais peut-être, pour rendre son avis sans appel, n'a t'il même pas eu besoin de lire un seul livre de l"examiné". Peut-être Scalfari a t'il un charisme exceptionnel appelé «science infuse». Ou bien il aurait pu citer au moins une phrase de Ratzinger (une, pas plus), pour justifier son échec en théologie (mais il na l'a pas fait). Ainsi, les lecteurs de l'Espresso doivent prendre son opinion comme un dogme incontesté et incontestable, sans le présenter au libre examen comme le veut la mentalité laïque moderne.

Toutefois, Scalfari aurait au moins pu expliquer à ses lecteurs sur la base de quelle qualification et de quelle formation il s'est érigé en juge - dans le domaine de la théologie - d'un homme comme Ratzinger, dont le "modeste" programme donne: Professeur de théologie dans les grandes universités allemandes, déjà à un âge très précoce, théologien expert du cardinal Frings à Vatican II, auteur de centaines de livres et d'essais, évêque, cardinal, pendant vingt ans Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (donc, voulu par Jean-Paul II pendant vingt ans comme gardien de la bonne doctrine dans l'Église universelle), et enfin pape.

Bien sûr, contrairement à Scalfari, qui a une démarche hiératique et - disent ses amis - semble porter en procession sa précieuse nuque, comme s'il s'agissait d'un ostensoir, la caractéristique la plus frappante de Ratzinger est au contraire la simplicité, l'humilité et l'affabilité amicale. Il était déjà ainsi comme cardinal et je peux en témoigner personnellement. Sa douceur, m'a toujours donné l'impression de l'enfance évangélique et il est extrêmement rare de la trouver chez les grands intellectuels, comme il l'est réellement.

Aucune arrogance intellectuelle
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Dans sa conduite ou dans ses discours publics, dans ses années de formation universitaire, dans ses livres, ses conférences, il n'y a jamais la moindre trace d'arrogance intellectuelle (typique des milieux universitaires) ou de fierté et d'intolérance. Au contre, Joseph Ratzinger est un homme très accueillant, bon: il tend toujours la main la plus fraternelle et paternelle, même à ses détracteurs - comme certains intellectuels connus qui l'ont fortement attaqué (que Hans Küng ait été reçu en visite privée au début de de son pontificat reste dans les mémoires). La défense de la vérité à travers sa charité est sa marque (ce n'est pas un hasard si c'est lui qui a inspiré le discours par lequel le cardinal Frings, au Concile, délégitima les anciennes pratiques du Saint-Office).

En aucune circonstance, Ratzinger n'a exprimé des paroles dures envers les gens. Pourtant, il ne recule jamais - avec douceur - pour défendre la foi catholique, professer la vérité et en donner les raisons. Parce qu'il a toujours eu une foi inébranlable dans le «logos», la raison de tous les êtres humains, quelles que soient leurs convictions, donc, dans la possibilité de compréhension et de dialogue, lorsqu'elle n'est pas entravée par des préjugés ou l'idéologie.

C'est pourquoi il aime écouter et étudier les arguments des autres ou leurs objections, avec un profond respect et un grand amour pour la poursuite de la vérité. Franchement, c'est une rareté dans le paysage intellectuel. Peut-être parce qu'il est profondément chrétien et se sent solidaire avec tous les hommes, jamais - dans ses livres - il n'exprime de dédain envers quiconque. Encore moins porte-t'il des jugements tranchants, comment nous aimons à le faire dans les journaux, au kilo!.

Scalfari avec sa Repubblica semble être le roi et le temple de ce Jugement universel, qui est en fait un pré-jugement universel. Qui peut facilement se retourner contre son propre camp. Par exemple, dans l'article cité, Scalfari fait l'éloge du cardinal Martini, comme opposé à toute la hiérarchie de l'Eglise: "Il pense de façon radicalement différente de la hiérarchie".

Avec ces mots Scalfari fait involontairement à son ami prélat le pire des compliments; l'opposer à l'Église, en réalité, ne fait que confirmer la vieille rengaine des médias laïcs, qui ont choisi Martini comme "anti-pape". Le pire malheur qui puisse frapper un successeur des apôtres. En effet, Jésus promit à ses disciples que - s'ils étaient vraiment ses amis - ils seraient méprisés et persécutés pour lui à travers le monde. Tandis qu'il les met en garde contre le chant des sirènes et les applaudissements du monde, signe très inquiétant qu'on suit la mauvaise route.

Peut-être pourrait-il être utile au cardinal Martini de se souvenir de Don Lorenzo Milani. Lui, aussi, dans les années soixante, était opposé par l'Espresso à l'Église. Mais Don Milani répondit durement à cet hebdomadaire: « En quoi est-ce que je pense comme vous? Mais en quoi? ... cette église est celle qui possède les sacrements. L'absolution des péchés, ce n'est pas L'Espresso qui me la donne. Et la communion et de Messe, il me les donne? Ils devraient se rendre compte (ces journalistes) qu'ils ne sont pas en mesure de juger et de critiquer ces choses. Ils ne sont pas qualifiés pour des jugements durs (...), il m'a fallu 22 ans pour sortir de la classe qui écrit et lit l'Espresso et Le Monde. Ils doivent me snober, dire que je suis naïf et démagogue, ne pas m'honorer comme l'un d'entre eux. Parce que je ne suis pas des leurs... la seule chose qui compte, c'est Dieu, la seule tâche de l'homme est de se tenir à adorer Dieu, tout le reste est poussière. "

Ces choses, Don Milani, qui pourtant avait souffert d'une certaine injustice de la bureaucratie ecclésiastique, les a dites.
Il serait beau d'entendre ces paroles dans la bouche du Cardinal Martini qui pourtant faisait partie de la hiérarchie, dont il n'a reçu qu'honneur et puissance.
Que ce serait beau, s'il défendait le Pape contre l'attaque de Scalfari...