Accueil

Synode sur la famille, les saboteurs du sondage

C'est du moins ce que perçoit un blogueur italien, Giovanni Panettiere. le moins que l'on puisse dire, c'est que les évêques ne semblent pas emballés... (10/11/2013)

Il n'y a pas qu'en Italie. Pour le moment, je n'ai pas trouvé trace du "questionnaire" sur la page d'accueil du site de la CEF.
Si j'étais le webmaster, et que j'ai reçu l'ordre de lui donner du relief, j'aurais au contraire mis un grand bandeau...

Précision: c'est l'auteur de l'article qui parle de "sondage".

     

http://blog.quotidiano.net/panettiere
10 novembre 2013
Giovanni Panettiere
------

Ceux qui cherchent un sommeil paisible dans les oreillers de la continuité de l'Église assurent que rien n'a changé. Que c'est l'habituelle bulle sensationnaliste qui accompagne le pontificat de François. Qu'au fond, les documents préparatoires des autres synodes ont eux aussi été écrits avec l'intention de faire participer tout le peuple de Dieu. Certes, il serait mensonger de nier la sympathie des médias pour Bergoglio. Un crédit obtenu ces derniers mois grâce à un charisme et une spontanéité largement attendues depuis l'époque de Jean XXIII (ndt: et Jean Paul II ???). C'est vrai, parfois le verre d'eau de l'Argentin est devenu vin devant les caméras, c'est indéniable, mais le sondage parmi les catholiques proposé par le pape sur les défis de la famille a quelque chose d'unique. Inédit, comme la chaise papale laissée vide par Francesco lors d'un concert qu'il a déserté à la dernière minute pour se mettre à l'écoute des nonces apostoliques.

Trente-huit questions ouvertes pour sonder l'opinion des fidèles sur la loi naturelle comme fondement du mariage, sur la participation des divorcés remariés à la vie de l'Église, sur la diffusion u concubinage, sur la pastorale pour les homosexuels, et même sur les enfants des «familles arc-en-ciel». Thèmes de frontière, disait-on autrefois, à laisser à l'extérieur des sacristies. Et aujourd'hui Bergoglio les dédouane, ouvrant de fait un débat interne parmi les catholiques, dont va émerger le schéma des travaux du prochain synode, l'«Instrumentum laboris». Par rapport au passé, l'écart procédural mérite d'être examiné. Jusqu'à présent, le plan des assises résultait de documents préparatoires, les Lineamenta, examinés par une équipe restreinte et ensuite offerts à la lecture-réflexion des évêques, plus que des fidèles "tout court" (en français dans le texte) . Avec François, on tourne un page sur cet aspect. «Nous ne voulons pas que le Synode soit une rencontre de quatre évêques assis autour d'une table. Une invitation a été envoyée à chaque diocèse de diffuser largement le document dans les doyennés et les paroisses», a déclaré le nouveau secrétaire général du synode, Mgr Lorenzo Baldisseri lors de la conférence de presse consacrée à la session extraordinaire d'octobre prochain.

Le Pape cherche, et se met à l'écoute de l'opinion des fidèles de chaque diocèse, en Afrique comme en Europe. D'une seule manœuvre, Bergoglio témoigne la synodalité (le "marcher ensemble", pasteurs et laïcs) et renforce la collégialité épiscopale. L'exercice souverain du ministère pétrinien le serre (ndt : je comprends qu'il s'y trouve à l'étroit). Il demande et espère obtenir le consensus sur la voie de la salus animarum. L'entreprise du questionnaire est titanesque, le résultat n'est pas garanti. Les principales préoccupations portent sur le rôle des évêques. C'est à eux de présenter le document, de le diffuser à grande échelle et de déployer la synthèse des réponses en provenance des paroisses, puis de l'envoyer au Secrétariat général du Synode. À cet égard Baldisseri a dit que «les simples fidèles et les associations peuvent envoyer des réponses directement au Secrétariat». Les évêques feront-ils circuler le questionnaire? Feront-ils un résumé complet et précis des réponses? Ajusteront-ils certaines opinions discordantes par rapport à la doctrine pastorale et ecclésiale? Sur le premier point, l'Eglise catholique d'Angleterre a déjà créé un certain embarras au Vatican: non seulement elle a mis en ligne le sondage, mais elle a aussi donné la possibilité d'y répondre à n'importe quel internaute. Dans certains diocèses américains, le texte a été publié à l'extérieur des paroisses, et de France sont déjà arrivées des contributions comme la requête de s'attaquer même au drame de l'inceste, particulièrement répandue au-delà des Alpes (ndt: ah bon???).

Et en Italie? Pour l'instant, c'est un sentiment d'égarement qui prévaut. Le président de la CEI, Angelo Bagnasco, n'a publié aucune déclaration sur l'initiative. A cela s'ajoute le fait que la conférence des évêques a réagi avec un certain retard dans la distribution aux évêques du questionnaire, disponible depuis la fin d'Octobre. D'où, selon les initiés une intervention plutôt décidée de Mgr Baldisseri, pour mettre fin à l'impasse: «Mais pourquoi les questions aux évêques n'ont-elles pas encore été distribuées en Italie? Y a-t-il un embargo?». Le rappel a dû avoir un certain effet puisque ces derniers jours, le Document préparatoire du Synode est arrivé entre les mains des pasteurs qui auront à rédiger un résumé complet des réponses devant être envoyées avant le 7 Janvier à la Conférence des évêques italiens. Il appartiendra à cette dernière d'en tirer un texte unique qui prendra en compte le travail effectué dans les 226 diocèses d'Italie.

L'orientation du prochain synode sera pastorale. Le Cardinal Peter Erdö, rapporteur de l'Assemblée, considéré comme un conservateur sensible au thème des « couples de fait » et des divorcés remariés, a immédiatement prévenu: l'enseignement de l'Église sur la famille n'est pas mis en discussion, on donnera des réponses à des problèmes pastoraux.
Mais, dans la conférence de presse de présentation, Mgr Bruno Forte, secrétaire spécial du Synode 2014, lorsqu'on lui a demandé ce qui se passerait si de la base catholique émergeait le 'oui' aux contraceptifs et aux unions homosexuelles, a admis: «Le Synode ne décide pas à la majorité de l'opinion publique. Mais ce serait une erreur si on ne prêtait pas attention et si on ne priait pas pour les demandes des fidèles. C'est à nous de compter sur le discernement du successeur de Pierre». Comme pour dire que ce que ne peut pas le Synode, dont la nature reste consultative, le pape pourra toujours le faire.