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Une tribune de Carlota

Elle réagit à l'interviewe-fleuve de François dans la revue des Jésuites italiens: Le pape génial communicant et les "petits soldats" loyaux (21/9/2013).

J'ajoute un petit commentaire, qui me semble aller dans le même sens que les interrogations de Carlota:
Le Pape a pour tâche principale de "confirmer ses frères dans la foi".
Là, le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est raté, au moins pour une frange de catholiques!
Plusieurs lecteurs me signalent que, selon La Croix, "Mme Pedotti se sent en phase avec le pape François" ( cf. Proliturgia, actualités du 21/9).
Quand on connaît les idées de la co-fondatrice de la Conférence des Baptisés de France, sa jubilation n'est pas forcément un bon signe.

Ne serait-il pas temps que François envoie un message AUSSI à ces "petits soldats loyaux" dont parle Carlota?

Le pape génial communicant et les " petits soldats " loyaux.

Que notre Saint Père François soit un génial communicant, manipulant les médias, comme le dit Michael Hesemann (François est un génie de la "communication") ou qu’il soit manipulé par eux, je reste persuadée que l’on ne communique pas sur la Vérité, on la proclame et même jusqu’à la Croix comme l’a fait notre Seigneur.

Je ne dis pas que c’est facile, je ne dis pas que je suis capable de le faire, mais certains l’ont fait et le font encore aujourd’hui.

Qu’il y ait eu ou qu’il y ait encore des religieux qui se font complices du pouvoir et des élites corrompues (comme on le voit dans le texte de Michael Hesemann et notamment sa présentation rapide de l’histoire de l’Amérique catholique qui peut bien sûr être nuancée), c’est un fait. Hier, admettons, en bénissant ces pharisiens aux chapelets dans la main et aux processions et dont les offrandes ont permis à l’Église de faire édifier de merveilles d’architectures ; ou aujourd’hui en se « prostituant » de différentes façons auprès des élites qui tiennent les médias, tous les médias (car derrière le mot il y a des hommes de pouvoirs qui font tenir le micro ou la plume à d’autres).

En tout cas, étant sans doute anti-conformiste mais pas franchement progressiste, j’avoue avoir toujours le plus grand mal à comprendre les « conversations » du Pape François et ce n’est pas une question de barrière de la langue, mais au minimum de style (il a avoué d’ailleurs lui-même manquer de méthodes). Alors si le Saint Esprit a inspiré un tout petit peu les cardinaux dans cette élection, à côté de bien d’autres considérations, ce que je ne discute pas , est-ce qu’Il pourrait tirer un petit peu aussi le Pape François par la manche et lui souffler à l’oreille, qu’il n’y a pas qu’au pays « du Discours de la Méthode » et dans la langue de Molière qu’il est bon de se rappeler (en pensant à certains des fidèles catholiques et peut-être d’autres non croyants):

« Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont d'un nuage épais toujours embarrassées ;
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Surtout qu'en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
En vain, vous me frappez d'un son mélodieux,
Si le terme est impropre ou le tour vicieux :
Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme,
Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme.
Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin
Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain.

Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,
Et ne vous piquez point d'une folle vitesse :
Un style si rapide, et qui court en rimant,
Marque moins trop d'esprit que peu de jugement.
J'aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène,
Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,
Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux,
Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.
Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. [...] »
Nicolas Boileau (1636-1711)

J’ajouterai encore que j’aime bien ce qu’a rappelé Matthieu en évoquant notre Seigneur
Matthieu 5 -37 : « Que votre parole soit oui, oui, non, non; ce qu'on y ajoute vient du malin » - ou, dans la Vulgate (clémentine):
Sit autem sermo vester: "Est, est", "Non, non"; quod autem his abundantius est, a Malo est.
Parce que les « petits soldats » du Christ, ceux qui seraient de cette partie conservatrice des fidèles de l’Église, ceux qui ne diraient rien pas loyalisme, pour continuer à avancer, ils ont besoin, même s’ils sont libres et plein de Foi, d’ordres clairs, c’est leur faiblesse. Cette faiblesse là n’a-t-elle pas le droit aussi d’être prises en compte ?

Je cite encore Matthieu 5-8 à 13 et m’arrête plus particulièrement encore au 5-9 :

« Et comme il (Jésus) entrait dans Capharnaüm, un centurion vint à lui, le suppliant, et disant, Seigneur, mon esclave est couché à la maison, atteint de paralysie, horriblement tourmenté. Et Jésus lui dit, J’irai, moi, et je le guérirai. Et le centurion répondit et dit, Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit; mais dis seulement une parole, et mon esclave sera guéri; car moi aussi, je suis un homme placé sous l’autorité d’autrui, ayant sous moi des soldats; et je dis à l’un, Va, et il va; et à un autre, Viens, et il vient; et à mon esclave, Fais cela, et il le fait.
Et Jésus, l’ayant entendu, s’en étonna, et dit à ceux qui le suivaient, En vérité, je vous dis, je n’ai pas trouvé, même en Israël, une si grande foi ».

Trop de communication peut tuer la communication, elle peut saturer les ondes et les « petits soldats » déjà bien déprimés dans un combat qui dure et qui dure encore et où les victoires sont si rares, auront tendance à ne plus écouter le ronron des mots qui ne veut rien dire pour eux.
Les « petits soldats » risquent de s’asseoir et d’attendre sans joie les ordres qui ne semblent ne plus jamais devoir venir.
Ils s’assiéront découragés parce qu’ils croient encore qu’une armée en marche et disciplinée vaut mieux que quelques francs tireurs se battant encore de ci-delà avec des objectifs apparemment différents voire antagonistes.

Mais peut-être que le combat de la chrétienté contre le Malin en est déjà arrivé à ce stade là.
Les « petits soldats » par la grâce de Dieu, se lèveront sans doute encore, mais la Foi est une petite flamme si fragile, si fragile. Elle a besoin de mains fortes et fermes pour la protéger, pas du vent de la communication qui semble souffler dans tous les sens ranimant des flammes peut-être mais provoquant aussi des incendies dévastateurs qu’aiment tant le malin (« …ce qu'on y ajoute provient du Malin»).
Les « petits soldats » sont ainsi faits et il leur est parfois difficile face au Successeur de Pierre d’avoir la conviction de leur « supérieur » le centurion, leur modèle à chaque eucharistie : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ».
La condition de « petit soldat » est peut-être aussi une « petite croix ».