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Benoît XVI et le préservatif

Aujourd'hui, on "célèbre" la journée mondiale de la lutte contre le sida, occasion pour les médias de ressasser le mantra du préservatif-arme-absolue. Moment pour moi de rappeler les propos courageux et prophétiques de Benoît XVI, dans l'avion vers le Cameroun, le 17 mars 2009, à l'origine du déchaînement d'une terrifiante campagne de haine orchestrée (1/12/2013)

Source: En voyage avec le Pape.

Lire aussi:
¤ Le Pape et le préservatif, 17/3/20119
¤ Tirs de barrage contre le pape.

Je reproduis in extenso l'article que j'avais publié à l'époque, quasiment en temps réel, alors que partout se répandaient les mensonges, les raccourcis...
Même l'envoyée spéciale de La Croix, pourtant à bord de l'avion avec le Pape, avait cru devoir se joindre au concert (ou plutôt au lynchage), voire l'anticiper, écrivant dès le 17:

Dans l’avion, devant les journalistes, Benoît XVI n’a pas esquivé les problèmes mais, contrairement à Jean-Paul II, il a abordé de front la question du préservatif, même si sa réponse décevra ceux qui espéraient une évolution de la doctrine de l’Eglise.
Non seulement le pape a expliqué que la distribution des préservatifs n’était pas une « solution » mais, au contraire, a-t-il ajouté, « cela ne fait qu’augmenter le problème ».
Une petite phrase qui attristera sans doute les catholiques sur le terrain qui cherchent à lutter contre le fléau en tenant compte de la réalité des mentalités et des comportements.

     

Polémique, et retour sur la "communication"
(Benoit-et-moi, 18 mars 2013)
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La presse française s'étrangle de rage en relatant (de façon tronquée) les propos du Pape sur le préservatif. Dans leurs commentaires, le ridicule (la correspondante d'Europe1 - a t-elle suivi le Pape? - a interviewé un producteur de sit'com' camerounais qui a rugi son indignation, un peu comme si on allait interroger sur ce sujet un réalisateur de "Plus belle la vie") le dispute à l'odieux: on a de nouveau droit au qualificatif de criminel contre l'humanité accolé au nom du pape, et des calomnies sur les moeurs dissolues du clergé local ont été plus qu'insinuées.

Tout cela est navrant. Serait-ce la proximité du Sidaction qui provoque ce nouveau déferlement de haine?
Plantu annonçait ce matin sur une radio le thème de son prochain dessin, dans l'édition du Monde d'aujourd'hui. Je vous résume à peu près. Le dessin s'inspirerait de la multiplication de pains; Jésus dans une barque distribue plein de préservatifs à de petits africains qui s'accrochent à la barque. On est donc en plein blasphème. Le dessin montre aussi le Pape, acompagné de Williamson, qui veulent empêcher la distribution des préservatifs, et l'un des deux (?) dit "Le Sida, en Afrique, ça existe?".
Le tout raconté sous les gloussements pâmés de l'animateur.
Négationnisme, capotes. Quel rapport?
Après cela, qu'on ne revienne pas me parler de la "communication" du Vatican. Il faut être naïf ou aveugle pour ne pas voir cette évidence, que l'hostilité n'a aucun rapport avec une quelconque défaillance de communication. Car il n'y a évidemment pas trente six façons de dire la vérité!!

Je dis que les propos du pape ont été tronqués, car on entend uniquement "il a déclaré que le préservatif aggravait le problème". Or, ce que pense le Saint-Père, qui, lui, se projette dans l'avenir, se situe évidemment au niveau de la morale, c'est-à-dire éduquer à la maîtrise de soi et au respect de l'autre. Ce qu'il expliquait déjà très clairement en septembre 2006.
Et évidemment, les medias se sont bien gardés de rapporter qu'en Afrique, l'Eglise est le principal acteur de la lutte contre la malidie, et de l'assistance aux malades, sur le terrain.
Ni que, dans son discours à l'arrivée à Yaoundé, le Pape a réclamé la gratuité des traitements pour les victimes du Sida.

Il Corriere della Sera, qui, contrairement aux journaux français, ne prend pas ses lecteurs pour des abrutis à qui il importe de prémâcher l'information à des fins de propagande, a retranscrit l'intégralité des échanges dans l'avion (cf. En voyage avec le Pape). On verra que le saint-Père a parlé de bien autre chose, notamment de la crise économique, et de la prochaine encyclique. Et que, de toutes façons, ce qu'il dit est assez éloigné des gros titres manipulateurs.

Le paragraphe incriminé

Question (de l'envoyé spécial de France 2): Parmi beaucoup de maux qui tourmentent l'Afrique, il y en en particulier celui de la diffusion du Sida. La position de l'Église catholique sur la manière de lutter contre lui, est souvent considérée pas réaliste et pas efficace. Affronterez-vous ce thème pendant le voyage ?

« Je dirais le contraire. Je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente et la plus forte dans la bataille contre le Sida est vraiment l'Église catholique avec ses structures, ses mouvements et communautés. Je pense à Sant'Egidio qui fait tant dans la lutte contre le Sida, aux 'camilliani', aux soeurs qui se consacrent aux malades. On ne peut pas surmonter le problème du Sida seulement avec l'argent, qui aussi est nécessaire, s'il n'y a pas une âme qui sait appliquer une aide. Et on ne peut pas surmonter ce drame avec la distribution de préservatifs, qui au contraire augmentent le problème. La solution peut être double, une humanisation de la sexualité et une vraie amitié envers les personnes souffrantes, la disponibilité, même avec des sacrifices personnels, à être avec les souffrants. Ceci est notre double force : rénover l'homme intérieurement, lui donner la force spirituelle et humaine pour avoir un comportement juste et en même temps la capacité de souffrir avec les souffrants dans les situations d'épreuve. Cela me semble la juste réponse que l'Église donne, une contribution importante ».

Et dans "Voici quel est notre Dieu" en 2000...

La misère [en Afrique] n'est pas produite par ceux qui éduquent les hommes à la fidélité et à l'amour, au respect de la vie et au renoncement, mais par ceux qui nous détournent de la morale et qui ont une conception purement mécanique de l'homme : le préservatif leur semble plus efficace que la morale, mais si l'on croit qu'on peut remplacer la dignité morale de l'homme par les préservatifs, en vue de rendre la liberté de l'homme non dangereuse, alors on a déjà fondamentalement déshonoré l'homme et on produit exactement ce qu'on dit vouloir éviter : une société égoïste où chacun veut vivre sa vie sans assumer aucune responsabilité. La misère a son origine dans la démoralisation de la société, et non dans sa moralisation : et la propagande du préservatif est un élément essentiel de cette démoralisation, expression d'une orientation vers le mépris de l'homme, qui n'augure rien de bon.

(page 300-3001)