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Benoît XVI et Mozart (2)

Le 8 septembre 2010, l'Orchestre de Padoue et de la Vénétie exécutait en son honneur, à Castelgandolfo, la Messe de Requiem en ré mineur de Mozart. Reprise (18/10/2013)

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Benoît XVI et Mozart

Le 8 septembre 2010, Benoît XVI assistait dans la cour du Palais apostolique de Castel Gandolfo à un concert en son honneur offert par l'Académie Pontificale des Sciences.
Au programme, la Messe de Requiem en ré mineur K 626 de Wolfgang Amadeus Mozart, exécutée par l'Orchestre de Padoue et de la Vénétie, dirigé par le Maestro Claudio Desderi.
A l'issue de la représentation, le Saint-Père nous régalait de son commentaire:

Ma traduction d'alors:

     

Nous savons que le jeune Mozart , dans ses voyages en Italie avec son père , séjourna dans plusieurs régions , y compris le Piémont et la Vénétie , mais nous savons surtout qu'il mit à profit la florissante activité de la musique italienne , caractérisée par des compositeurs tels que Hasse , Sammartini, le Père Martini, Piccini , Jommelli , Paisiello , Cimarosa, pour en citer quelques-uns .

Permettez-moi toutefois de dire une fois de plus qu'il y a une affection particulière qui me lie , je pourrais dire depuis toujours , à ce musicien suprême. Chaque fois que j'entends sa musique je ne peux m'empêcher de retourner avec la mémoire, comme jeune garçon, dans mon église, là où , es jours de fête , résonnait une de ses messes: dans mon coeur je percevais qu'un rayon de la beauté du ciel m'avait atteint , et ce sentiment, je le ressens à chaque fois, aujourd'hui encore, en écoutant cette grande méditation , dramatique et sereine, sur la mort.

Dans Mozart, chaque chose est en parfaite harmonie , chaque note, chaque phrase musicale est ainsi, et ne pourrait donc pas être autrement; même les contraires sont réconciliés, et la mozart’sche Heiterkeit, la "sérénité de Mozart" enveloppe tout , à chaque instant. C'est là un don de la grâce de Dieu , mais c'est aussi le fruit de la foi vivante de Mozart , qui - en particulier dans sa musique sacrée - parvient à faire transparaître la réponse lumineuse de l'amour divin qui donne l'espérance , même lorsque la vie humaine est lacérée par la souffrance et par la mort.

Dans la dernière lettre écrite à son père mourant , datée du 4 avril 1787, il écrit, parlant de l'ultime étape de la vie terrestre ...: "depuis qelques années, je suis entré dans une telle familiarité avec cette amie sincère et très chère de l'homme, [la mort] , que son image non seulement n'a pour moi plus rien plus terrifiant, mais m'apparaît même très apaisante et consolante ! Et je remercie mon Dieu de m'avoir donné la chance d'avoir la possibilité de reconnaître en elle la clé de notre bonheur. Je ne vais jamais au lit sans penser que demain, je serai peut-être parti . Pourtant, aucun de ceux qui me connaissent ne pourront dire qu'en société , je suis triste ou de mauvaise humeur. Et de cette chance, tous les jours je remercie mon Créateur, et je la souhaite de tout mon cœur à chacun de mes semblables.

C'est un écrit qui manifeste une foi simple et profonde , qui émerge aussi dans la grande prière du Requiem , et nous conduit , dans le même temps , à aimer intensément les vicissitudes de la vie terrestre comme un don de Dieu, et à nous élever au-dessus d'elle , en regardant sereinement la mort comme "clé" pour franchir la porte vers la félicité éternelle.

Le Requiem de Mozart est une haute expression de la foi, qui connaît bien la tragédie de l'existence humaine et qui ne tait pas ses aspects dramatiques , et qui est pour cela une expression de foi spécifiquement chrétienne, consciente que toute la vie humaine est illuminée par l'amour de Dieu.