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De Louis XVI à Benoît XVI

Une parenté qui n'est pas apparente que pour moi. Reprise (6/9/2013)

>>> Mon site sur Louis XVI: beatriceweb.eu/LEROI

J'hésitais sur la rubrique sous laquelle publier cet article: il n'est certes pas d'une actualité cruciale.
Tout au plus la récente naissance surmédiatisée du "Royal baby" a été l'ocassion pour les médias, en mal estival de sujets, de ressortir le serpent de mer du prétendu paradoxe des Français qui se passionnent pour la monarchie (de préférence quand elle fait les titres de "Point de vue" et de "Gala", sous la plume de Stéphane Bern, et que ses représentants se comportent comme Monsieur et Madame "tout le monde", désacralisant ce qui resterait de sacré dans leur fonction), alors qu'ils ont tué leur Roi. Avec en prime l'inévitable couplet freudien sur le "meurtre du père".
Passons sur l'insanité de la comparaison, les monarchies qui font la "Une" de la presse people ont peu à voir avec la noble figure du Roi Louis XVI, et les amateurs de potins royaux, si on les interrogeait, seraient sans doute bien en peine de situer, même chronologiquement, la mort du Roi de France. Au fait, déjà réduit à la portion congrue avant, a-t-il encore une place dans les programmes d'histoire concoctés sous l'inspiration du ministre Peillon?

Ceux qui me suivent savent peut-être qu'il y a une bonne quinzaine d'années, j'ai consacré mon premier site à Louis XVI. Un site très amateur, bien imparfait, mais témoin des premiers sites personnels sur Internet (certains diront: esthétique ringarde!!), oeuvre d'une non-historienne, mais passionnée. A l'époque, mon rêve aurait été d'avoir une centaine de visiteurs, mais sans relai, c'était difficile. Je me fais aujourd'hui une sorte d'auto-pub, sait-on jamais?

En octobre 2009, une lectrice, Marianne, m'avait envoyé la très belle homélie prononcée par le Père VIOT à l'occasion de la messe anniversaire de la mort du Roi, où il associait de façon inédite (mais pas pour moi) le Roi au Pape, et je l'avais reproduite assortie d'un commentaire de mon cru, ci-dessous.
Je suis heureuse de pouvoir rendre ainsi hommage à des (mes) maîtres, Paul et Pierrette Girault de Coursac.

Précision: je ne suis pas plus royaliste que je suis papolâtre. Ce sont les hommes qui m'intéressent.

J'aime beaucoup cette représentatation des adieux du Roi à sa famille, "croqués" par un commissaire de la Commune en fonction au Temple en janvier 1793 (JB Mailliard), et qui tranche tellement avec les larmoyants et peu crédibles portraits surgis à la Restauration. Le Roi avait 39 ans.

     

16/10/2009
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Je dois beaucoup (et pas seulement sur Louis XVI) aux travaux extraordinaires de M. et Mme Girault de Coursac (notice wikipedia hélas "orientée"), les historiens exclusifs du Règne, forcément écartés par l'historiographie officielle, puisqu'ils disent la vérité, et que cette vérité-là dérange.
Si quelqu'un m'a permis de comprendre l'enclanchement du mécanisme de désinformation que nous connaissons aujourd'hui, mais que la Révolution avait déjà amené à un haut degré de perfectionnement, c'est bien eux! Ils m'ont aussi aidé à comprendre la méthode de travail de nombreux historiens, qui, au mépris de toute rigueur scientifique cherchent leurs sources non pas dans les archives, qu'ils ignorent, mais dans le travail d'autres, qu'ils pillent, se recopiant ainsi mutuellement, et propageant indéfiniment les contre-vérités. Les journalistes, aujourd'hui, n'agissent pas autrement, on vient encore d'en avoir un exemple avec une prétendue biographie de Benoît XVI....

(...)
Il est sans doute très difficile de comparer les personnalités de Louis XVI et de Benoît XVI, ce serait déjà un anachronisme, puisque chacun est forcément un peu le produit de son époque, et les milieux d'origine sont trop différents. Je ne m'y risquerai donc pas, me contentant de remarquer que si en pleine époque de la surinformation et de l'image instantanément disponible, on peut malgré tout donner du Saint-Père un portrait complètement opposé à la réalité, on avait fait exactement pareil avec le Roi, mais là, c'était très difficile de rectifier, et les calomnies l'ont quand même conduit à l'échafaud.
La simple coïncidence de leur numéro de règne me paraît pourtant un signe, au delà du fait que tous deux ont défendu ou défendent la foi catholique de toutes leurs forces - et Louis XVI a été jusqu'au martyre, ce que je ne peux évidemment pas imaginer pour le Saint-Père...

L'article complet ici: benoit-et-moi.fr/2009
Mon site sur Louis XVI: beatriceweb.eu/LEROI
Et l'homélie du Père Viot ici: benoit-et-moi.fr/2009

     

Extrait de l'homélie

La mort du Roi LOUIS XVI sur l'échafaud n'est pas seulement la mort d'un homme condamné d'une manière inique. Ce n'est pas non plus seulement la mort d'un martyr pour la foi catholique et je reviendrai sur cette question. Et c'est encore moins le dérapage d'un mouvement qui se serait voulu réformateur à son départ et qui aurait ensuite mal tourné. Non, il s'agit, comme l'un des historiens de cette période l'a brillamment écrit de la fin d'un monde [ndr: allusion à la plus belle biographie de Louis XVI, celle de Bernard Faye, qui s'intitule justement "Louis XVI ou la fin d'un monde"], d'un monde qui certes n'était pas parfait mais dans lequel Dieu avait toute sa place. Et cette fin n'a pas commencé à cette date sinistre, son mécanisme était déjà enclenché pour ce qui concerne l'aspect politique dès 1789 et pour le spirituel depuis plus d'un siècle.

Mieux que beaucoup d'historiens spécialistes du 18éme siècle, notre Saint Père le Pape BENOIT XVI a compris cela et le montre très clairement dans sa dernière Encyclique SPE SALVI, « Sauvés dans l'Espérance» .
Certes il ne dit pas un mot de LOUIS XVI et n'évoque la Révolution Française qu'en quelques lignes (ndt: n°19). En revanche, il détaille avec précision la doctrine du philosophe anglais Francis BACON (n° 16-25) dont l'influence a commencé à s'exercer au début du 17ème siècle. Son rationalisme, son messianisme scientifique devant conduire à une Société d'autant plus parfaite qui niait le péché originel, sa réduction du christianisme a une sagesse humaine préparèrent à la philosophie française des Lumières cause de la Révolution dont le but principal était la destruction du christianisme, condition essentielle pour provoquer d'autres destructions.
...
Le sang d’un martyr peut certes édifier les consciences et affermir l’Eglise, mais encore faut-il qu’il soit reconnu comme tel !
(...)
Puisse un jour la France, quel que soit son régime politique, et j’insiste sur ce point, se réveiller de son sommeil de mort et par la grâce de son baptême voir la tâche de sang effacée. Ce sera le signe qu’elle entend de nouveau la voix du Fils de Dieu. Alors elle pourra revivre comme fille aînée de l’Eglise et, en rétablissant l’unité de ses enfants, parler légitimement de sa vocation particulière en ce monde.

     

Spe Salvi

16. Comment l'idée que le message de Jésus est strictement individualiste et qu'il s'adresse seulement à l'individu a-t-elle pu se développer? Comment est-on arrivé à interpréter le « salut de l'âme » comme une fuite devant la responsabilité pour l'ensemble et à considérer par conséquent que le programme du christianisme est la recherche égoïste du salut qui se refuse au service des autres? Pour trouver une réponse à ces interrogations, nous devons jeter un regard sur les composantes fondamentales des temps modernes. Elles apparaissent avec une clarté particulière chez Francis Bacon. Qu'une nouvelle époque soit née – grâce à la découverte de l'Amérique et aux nouvelles conquêtes techniques qui ont marqué ce développement –, c'est indiscutable. Cependant, sur quoi s'enracine ce tournant d'une époque? C'est la nouvelle corrélation entre expérience et méthode qui met l'homme en mesure de parvenir à une interprétation de la nature conforme à ses lois et d'arriver ainsi, en définitive, à « la victoire de l'art sur la nature » (victoria cursus artis super naturam). La nouveauté – selon la vision de Bacon – se trouve dans une nouvelle corrélation entre science et pratique. Cela est ensuite appliqué aussi à la théologie: cette nouvelle corrélation entre science et pratique signifierait que la domination sur la création, donnée à l'homme par Dieu et perdue par le péché originel, serait rétablie.

19. Il y a avant tout la Révolution française comme tentative d'instaurer la domination de la raison et de la liberté, maintenant aussi de manière politiquement réelle. L'Europe de l'Illuminisme, dans un premier temps, s'est tournée avec fascination vers ces événements, mais face à leurs développements, elle a dû ensuite réfléchir de manière renouvelée sur la raison et la liberté.

(SPE SALVI)