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La valeur de la vie

En novembre 2012, Benoît XVI s'adressait aux participants à la session portugaise de la Cour des Gentils. Reprise (27/12/2013)

Benoît XVI adressait un message aux participants à la session portugaise de la Cour des Gentils (Atrium dos Gentios) qui se déroulait les 16 et 17 Novembre 2012 à Guimarães et à Braga, respectivement capitales européennes de la Culture et de la Jeunesse pour l'année 2012.
L'évènement, intitulé «O valor da vida» se proposait de réfléchir sur la vie dans ses révélations et ses mystères, et montrer comment les hommes sont en relation avec elle.

(Ma traduction d'alors, d'après la version en italien)

     

Chers amis,

Avec beaucoup de gratitude et d'affection, je salue tous les participants à la «Cour des Gentils» , inaugurée au Portugal les 16 et 17 Novembre 2012, qui rassemble des croyants et des non-croyants autour de l'aspiration commune à affirmer la valeur de la vie humaine sur la vague montante de la culture de mort.
En effet, la conscience du caractère sacré de la vie qui nous est confiée, non pas comme quelque chose à disposer librement, mais comme un don qui doit être fidèlement gardé, appartient au patrimoine moral de l'humanité. «Même au milieu des difficultés et des incertitudes, tout homme sincèrement ouvert à la vérité et à la bonté peut, à la lumière de la raison et non sans la secrète influence de la grâce, arriver à reconnaître dans la loi naturelle inscrite dans le cœur (cf. Rm 2, 14-15 ) la valeur sacrée de la vie humaine depuis son commencement jusqu'à sa fin » (Encyclique Evangelium vitae, n. 2). Nous ne sommes pas un produit aléatoire de l'évolution, mais chacun de nous est le fruit d'une pensée de Dieu, nous sommes aimés par Lui
Pourtant, si la raison peut saisir la valeur de la vie, pourquoi faire appel à Dieu?
Je réponds en citant une expérience humaine.

La mort d'un être aimé est, pour ceux qui l'aiment, l'événement le plus absurde que l'on puisse imaginer: il est inconditionnellement digne de vivre, il est bon et beau qu'il existe (l'être, le bon et le beau, comme le ferait observer un métaphysicien, sont transcendantalement équivalents). De même, la mort de cette personne apparaît, aux yeux de ceux qui ne l'aiment pas, comme un événement naturel, logique (pas absurde).
Qui a raison? Celui qui aime («la mort de cette personne est absurde») ou celui qui n'aime pas («la mort de cette personne est logique»)?
La première position n'est défendable que si chaque personne est aimée par un Puissance infinie; et c'est pourquoi il était nécessaire de faire appel à Dieu. De fait, celui qui aime ne veut pas que l'être cher meurt, et s'il le pouvait, il l'empêcherait à jamais.
S'il pouvait ... L'amour fini est impuissant, l'Amour Infini est tout-puissant.
Eh bien, telle est la certitude que l'Église proclame: «Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle» (Jn 3, 16). Oui! Dieu aime chaque personne qui est, pour cette raison, inconditionnellement digne de vivre. «Le sang de Christ, tandis qu'il révèle la grandeur de l'amour du Père, manifeste combien l'homme est précieux aux yeux de Dieu et combien inestimable est la valeurde sa vie.»" (Encyclique Evangelium vitae, n 25)

A l'époque moderne, cependant, l'homme a voulu se soustraire au regard Créateur et Rédempteur du Père (cf. Jn 4, 14), en se fondant sur lui-même et non sur la Puissance divine. Presque comme c'est le cas dans les bâtiments en béton armé sans fenêtres, où c'est l'homme qui pourvoit à l'aération et à la lumière; et aussi, même dans un tel monde, auto-construit, on puise aux «ressources» de Dieu, qui sont transformées en nos produits.
Que dire, alors?

Il est nécessaire de rouvrir les fenêtres, voir à nouveau l'immensité du monde, le ciel et la terre, et apprendre à utiliser tout cela de la juste façon. En fait, la valeur de la vie ne devient évidente que si Dieu existe. c'est pourquoi il serait beau que les non-croyants veuillent vivre «comme si Dieu existait». Même en n'ayant pas la force d'y croire, ils devraient vivre selon cette hypothèse; si non, le monde ne fonctionne pas. Il y a beaucoup de problèmes à résoudre, mais ils ne seront jamais tout à fait, si Dieu n'est pas placé au centre, si Dieu ne devient pas visible à nouveau dans le monde et déterminant dans notre vie. Celui qui s'ouvre à Dieu ne s'éloigne pas du monde et des hommes, mais il trouve des frères; en Dieu, nos murs de séparation tombent, nous sommes tous frères, nous faisons partie les uns des autres.

Mes amis, je voudrais conclure avec ces paroles du Concile Vatican II adressés aux hommes de pensée et de science: «Heureux ceux qui, possédant la vérité, continuent de la chercher pour la renouveler, pour l'approfondir, pour la donner aux autres» (Message du 8 Décembre, 1965). Là sont l'esprit et la raison d'être de la "Cour des Gentils".
A vous, impliqués de différentes façons dans cette importante initiative, je tiens à exprimer mon soutien et mon encouragement le plus sincère.
Que mon affection et ma bénédiction vous accompagnent aujourd'hui et à l'avenir.
Du Vatican, le 13 Novembre 2012

Benedictus PP. XVI