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Noëls de Benoît XVI

C'est le moment de l'année propice pour re(re)-publier quelques articles de circonstance, qui auront probablement échappé à beaucoup de mes lecteurs, et qui sont éparpillés à différents endroits de mon site (22/12/2013)

Il nous reste à imaginer à quoi ressemblera son Noël de cette année....

Souvenirs bavarois
Tittmoning et Aschau

Le 24 décembre 2007, après l'audience générale, le Saint-Père recevait une délégation d'habitants de Tittmoning - le gros village bavarois, sur la frontière autrichienne, où le petit Joseph Ratzinger vécut avec sa famille de 1929 à 1932 - venu lui remettre la distinction de citoyen d'honneur

Il a parlé de son enfance, de Noël au jardin d'enfants, du père Noël (Nikolaus, en allemand) et des 'Krampus', personnages mythiques et menaçants qui parcourent les contes pour enfants en Bavière.
Un plongeon dans le passé, teinté aussi d'une pointe de nostalgie. Aux "concitoyens" de Tittmoning, où la famille Ratzinger vécut de 1929 à 1932, Benoît XVI s'est adressé en ces termes: "Malheureusement, pour autant qu'on puisse humainement le prévoir, je ne retournerai plus ici, je ne pourrai plus me promener dans les rues de mon enfance et de ma jeunesse, mais il me reste les promenades dans ma mémoire, qui sont devenues encore plus présentes parce que maintenant, je suis vraiment un des vôtres, Tittmoning m'appartient, et je suis un habitant de Tittmoning".
Papa Ratzinger s'est ensuite laissé aller à des souvenirs sur le jardin d'enfants, où, "à l'approche de Noël, nous répétions les chants. A un certain moment arrivait Nikolaus, le 'père Noël' des pays nordiques. Il venait revêtu de brocard d'or, et à cause de cela, il était clair pour moi que tous les autres Nikolaus étaient faux, mais que lui était l'unique vrai".

Puis Benoît XVI a rappelé la tradition des 'Krampus', horribles personnages de légende, qui, accompagnés de grincements et de sons de clochettes allaient de maison en maison à la recherche de cadeaux en échange de promesses pour la prochaine année. "Deux soeurs maintenaient les portes fermées de façon à ce que les Krampus qui s'agitaient dehors ne puissent pas entrer. Quand on se mettait à énumérer toutes les vilaines choses que nous avions faites, les portent ne tenaient presque plus". Selon lui, "c'était pour nous le meilleur encouragement pour ne rien faire qui puisse, l'année suivante, empêcher les soeurs de maintenir les portes fermées".

* * *

En 2006, Benoît XVI avait été fait citoyen d'honneur d'Aschau, et à la délégation venue lui rendre visite à cette occasion, il avait confié:

"Je pense à Noël dans une pièce avec une baie vitrée, où l'arbre de Noël était dressé, et alors on allait à l'église sous la neige. Alors que toutes les lumières de l'église brillaient et que l'assemblée chantait "Douce nuit", "nous avons su que le Seigneur était vraiment né et qui il était bien vivant" .

Noëls passés et présents
Souvenirs de Georg Ratzinger

Article dans le "Passauer Neue Presse", le 24/12/2005

Quand le Pape Benoît était encore Joseph Ratzinger, il rendait visite à la famille Richardi à Pentling, chaque année à Noël. Il était en particulier fasciné, selon le couple, par la crèche. Il en connaissait chaque figurine, et il adorait la contempler avec les enfants de la famille - d'abord, les enfants Richardi, puis leurs deux filles, et plus tard les petits-enfants.
Tandis que son frère Georg jouait au piano des chants de Noël, le Cardinal aimait à se rappeler les Noëls de son enfance -la famille réunie pour chanter après la distribution des cadeaux, la Messe de Minuit à Traunstein, et la petite crèche de la famille, décorée avec de la mousse et des cailloux de la forêt voisine.
Dans l'après-midi de la veille de Noël, les garçons Ratzinger s'occupaient de la crèche, tandis que Maria, l'aînée (née en 1921) aidait leur mère, comme le faisaient aussi les deux petits garçons.
"C'était une crèche très simple", dit Monseigneur Georg Ratzinger, l'ancien maître de choeur de Ratisbonne. "Aucun de nous n'était artiste en la matière, mais elle nous apportait une grande joie. "

A Tittmoning, où la famille vécut de 1929 à 1932, ils trouvèrent une grande quantité de matériel pour préparer leur crèche, qui leur servit ensuite pendant des années.
C'était de la pierre volcanique légère et poreuse, avec laquelle ils purent fabriquer les plus beaux des paysages de collines. Ils n'ont trouvé nulle part ailleurs rien de semblable. "Ainsi, nous avons emmené ces pierres à Aschau, puis à Traunstein", dit Georg. "Mon frère en a même emmené à Rome".
Il est très probable que le Pape faisait allusion à sa propre expérience de la construction de la crèche quand, lors de la fête de l'Immaculée Conception, il invita les italiens à faire leur crèche après le 8 décembre. Le Pape dit alors que c'était un moyen simple mais efficace de transmettre la doctrine catholique aux enfants. Il insista aussi pour que les jours précédant Noël soient marqués par "le recueillement intérieur, la simplicité, et la joie ", plutôt que par un gaspillage commercial.
Cette "simplicité et joie intérieure", selon Monseigneur Ratzinger, étaient la marque des Noëls de leur enfance. Ils étaient aussi marqués par l'impatience des enfants de voir arriver l'Enfant Jésus.
"C'est pour cela que la remise des cadeaux intervenait chez nous beaucoup plus tôt que dans les autres familles", se souvient-il.
Peu après le thé de l'après-midi, à 4h, la famille récitait le rosaire "agenouillée, avec les coudes appuyés sur une chaise". Une cloche sonnait alors, qui signalait aux enfants qu'il était temps d'aller dans la salle de séjour, où il y avait un sapin sur la table, avec des bougies en cire allumées "qui donnaient à la pièce une atmosphère mystique".
"Le sapin était décoré avec des boules en verre, des cheveux d'ange et des guirlandes en papier d'aluminium, des coeurs et des comètes que ma mère avait découpés dans des feuilles de métal."
En 1936, Georg qui était alors au lycée, composa un petit chant de Noël que les trois enfants jouèrent pour leurs parents. -"ma soeur à l'harmonium, mon frère au piano, et moi au violon. Ma mère fut émue aux larmes, et même notre père, qui était plus réservé, fut impressionné."
Après la lecture des prières de Noël, la famille chantaient des chants, -"Stille Nacht,"“O du froehliche,” “Ihr Kinderlein kommet” - , puis on distribuait les cadeaux. "En général, des vêtements, des choses dont on avait besoin. "
Quand il eut 11 ans, Georg reçut un recueil de musique sacrée. "Mon frère fut plus heureux de ce présent que de ses propres cadeaux, car il n'y avait dedans pas un seul mot d'allemand - tout était en latin. Cela plongeait mon frère dans le ravissement..."
Leurs parents savaient qu'ils rendraient Joseph heureux en lui offrant des peluches. Georg se souvient d'un chien, un chat et un canard.
Joseph n'avait pas encore 2 ans quand intervint l'épisode suivant. Georg se souvient:
"Nous étions encore à Marktl, et le magasin de l'autre côté de la rue avait décoré sa vitrine pour Noël. Il y avait un petit ours en peluche que mon frère aimait beaucoup, et nous étions toujours derrière la fenêtre à le regarder. Quand l'ours en peluche disparut 2 jours avant Noël, mon frère pleura beaucoup. Mais, la veille de Noël, quand nous échangeâmes nos cadeaux, l'ours était assis dans la salle de séjour, et tout alla de nouveau bien."

Noël avec le pape
... gibier rôti et petits gâteaux, Benoît le fête à la mode bavaroise.

21 décembre 2006
Mittelbayerische Zeitung
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A peu près à onze heures de voiture du Vatican se trouve le hameau de Huffschlag, aux confins de Traunstein. Le petit Joseph Ratzinger y vécut dans une ferme dans les années 30. Désormais, il a 79 ans, et se nomme Benoît XVI.

Et quand il fête Noël avec ses proches collaborateurs, l'ambiance est aussi recueillie, et aussi "bavaroise" que lors des Noël qu'enfant, il passait avec sa famille.. A cette différence qu'il doit aussi célébrer la messe pour des millions de personnes.

Mais pour le Noël intime de Benoït XVI au Vatican, tout est déjà prêt. Le banquier de Munich Thaddeus Kuehnel y a pourvu, comme il l'a fait vingt-cinq années durant pour son ami le Cardinal Ratzinger.
Pendant 25 ans, il a ponctuellement livré à Rome, pour chaque Noël, ce qui peut faire la joie d'un bavarois en ces périodes de festivités: des saucisses, des couronnes d'Avent, du jambon, des petits gâteaux et de la bière.
Grâce à la dernière traversée par Kuehnel du col de Brenner (Brenner Pass, qui relie le Tyrol Autrichien à l'Italie), la chambre du Pape, dans les appartements pontificaux ressemble à celle de n'importe quel allemand.
Il y a deux arbres de Noël, dans son salon privé. Jusqu'à il y a quelques jours, ils poussaient dans la forêt bavaroise, dans la propriété d'une famille de Waldingen. Kuehnel a choisi trois arbres, les a coupés puis attachés solidement sur le toit de sa voiture. Ils ne devaient pas en être détachés avant d'arriver dans la cour du Palais apostolique.

De ce moment, les arbres ont été confiés à Carmela, Emanuela, Loredana et Christina, les quatre "laïques consacrées" qui tiennent la maison du Pape. Elles ont non seulement décoré les sapins, mais aussi préparé le repas de Noël, un cerf tué au début de la semaine par un chasseur de Souabe, Gisbert Setter.
Kuehnel a aussi porté au Pape un assortiment de petits gâteaux confectionnés par des religieuses cloîtrées de Bavière - kipferl à la vanille, gâteaux au citron, pâtisseries fourrées de confiture, et le traditionnel stollen.
"Le Saint-Père a une faiblesse pour les sucreries" dit Soeur Irma.

L'ami du Pape
Thaddäus Joseph Kühnel...

Suddeutsche Zeitung
23/12/2006
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C'est presque comme si elle venait d'un autre univers, cette Mercedes noire, avec les arbres de Noël sur la galerie de son toit, tandis qu'elle se fraie un chemin dans le traffic de l'après-midi romain. Celui qui la conduit n'est autre que le propre Père Noël du pape.
Il guide la limousine prudemment à travers les colonnades du Bernin, en direction de la grille de fer de l'entrée. Le garde suisse salue, et la mystérieuse voiture pénètre dans le Vatican, vers la cour de Damas (i.e. la cour intérieure qui donne accès au Palais Apostolique).
Le secrétaire particulier du Pape, Georg Gänswein, l'attend pour le saluer. Tandis que le crépuscule tombe sur le Vatican, les deux hommes descendent de la galerie, sur le toit de la voiture, trois sapins bleus des forêts de Bavière, et les emmènent vers l'ascenseur privé qui conduit aux appartements du Pape.
Ils ont aussi emporté toutes les merveilles et friandises bavaroises destinées au pape, le Stollen, les cakes aux fruits, toutes sortes de petits gâteaux de Noël, et même des bougies de cire aromatisées.

Ce soir, Thaddäus Joseph Kühnel, le Père Noël du Pape, est assis à côté de lui sur un canapé, dans son salon. Ils peuvent enfin bavarder à loisir, et tranquillement, "de Dieu et du monde", comme dit Kuehnel, et aussi du temps où Joseph Ratzinger était cardinal et pouvait se promener, et fréquenter les restaurants du voisinage.
"Ce temps est révolu", nous dit Kühnel un peu plus tard, devant un verre de vin rouge de Montalcino, dans un bar près de la Place Saint-Pierre. "Le Pape est à présent prisonnier au Vatican".
Cependant, il nous dit que Benoît était très heureux. "Nous avons ri ensemble, à propos de plusieurs choses". Il donne comme exemple l'amusement du pape à la nouvelle que le Vatican avait l'intention de monter une équipe de football professionelle. Un "poisson de Noël"!
"Bien sûr, c'est quelque chose de s'asseoir à côté du pape sur un canapé", dit Kühnel. "Mais je n'étais pas du tout impressionné".
L'homme en costume trois-pièces compte de manière évidente parmi les plus proches amis du pape.
Kühnel, directeur de la banque privée munichoise Hauck & Aufhaüser, rencontra pour la première fois Joseph Ratzinger à l'occasion d'une retraite au monastère de Bad Adelholzen, en 1979. Lorsque, quatre ans plus tard, le cardinal quitta sa bavière pour rejoindre son poste à la Curie à Rome, Kühnel lui fit cette promesse: "je vous apporterai des choses de Bavière à Rome".
Il tint parole. 25 ans durant, il fit le chemin entre l'Isar et le Tibre pour apporter à son ami ce que la saison commandait - agneaux de Pâques, couronnes d'Avent, arbres de Noël. Kühnel lui a même apporté du jus de fruit d'Adelholzen, et de la bière d'Andechser.
"Mais j'ai cessé d'apporter des choses trop lourdes pour moi", di-il (il a 61 ans). Cette fois-ci, il a ramené un mouton sculpté venant du marché de Noël d'Altötting. "Le Saint-Père a déballé immédiatement le cadeau. Il peut être tellement heureux avec de si petites choses".
Un pape qui déballe avec enthousiasme ses cadeaux de Noël - cela semble une nouvelle image tendre de Joseph Ratzinger. Qu'est-il arrivé au sévère cardinal? La fonction a-t'elle à ce point changé l'homme? (ndt: à ce point, Teresa, qui a traduit le texte d'allemend en anglais, s'insurge contre ce lieu-commun).
Tout en sirotant son vin, Kühnel dit "Je ne crois pas! Je l'ai toujours connu comme un homme simple, plein de bonté. Même ceux qui le critiquent s'en aperçoivent", ajoutet'il avec une pointe d'amertume.
Il dit qu'on s'était moqué de lui, à cause de son amitié avec Ratzinger. "Pourquoi es-tu copain avec lui", lui demandait-on? Il n'y prêtait pas attention.
A présent, il se souvient d'une vieille religieuse qui lui avait dit: "Soyez loyal, avec le Cardinal. Il deviendra quelqu'un d'encore plus grand".
Maintenant que son ami est pape, Kühnel a du mal à échapper à tous ses "nouveaux amis". De toute l'Allemagne, des gens, mis au courant de ses voyages à Rome, lui envoient des dizaines de paquets destinés au Pape, qui arrivent à sa banque, à Munich.
"Pour Sa Sainteté le Pape Benoît, aux bons soins de M. Kühnel", telle est l'inscription, provenant de parfaits étrangers. Mais le messager de Munich choisit de n'emporter que les cadeaux des gens qui avaient considéré Ratzinger comme un ami du temps où il était cardinal. Après tout, il n'est pas un service de distribution du courrier, juste le "Père Noël" du Pape.

La crèche du Pape
racontée par Angela Ambrogetti

www.ilportonedibronzo.it
23/12/2011
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Il y a au moins deux crèches dans la maison du Pape. Celle qui est préparée chaque année par Floreria (ndt: il semble qu'il s'agisse d'un fleuriste) qui sert de décor au couloir de l'appartement privé et celle qui orne la salle à manger. C'est la vieille crèche de la maison Ratzinger que les frères Joseph et George construisaient avec l'aide de leur maman depuis les années 30.

Autour de cette crèche, encore aujourd'hui, le Noël du Pape est célébré, comme dans chaque famille. Après la messe et la bénédiction Urbi et Orbi, il y a le repas de fête avec des spécialités italiennes et bavaroises et quelque gateau offert par la Garde suisse - le Pape apprécie les gâteaux.... Ce sont les quatre Memores qui s'occupent de la maison du Pape qui le préparent. Avec elles, les deux secrétaires, Don Giorgio et le maltais Don Alfred, et quelques invités. Le frère du pape Georg, accompagné de la fidèle sœur Christine, arrive habituellement à Rome après Noël et reste au Vatican jusqu'au jour de son anniversaire le 15 Janvier.
Après le repas, on bavarde et on écoute de la musique, on se souvient. Noël pour le Pape, c'est surtout méditer devant la crèche. Comme celle de l'Association des Saints Pierre et Paul, où il se rend en privé depuis qu'il est cardinal, ou celle installée par les "Sediari" (ndt: les fonctionnaires dont la charge consistait à porter la Sedia Gestatoria, et peut-être au ourd'hui à pousser la fameuse "padana" mobile!) dans la petite salle contigüe à la salle Clémentine.
Le 22 Décembre, le Pape, les cardinaux, les évêques et les laïcs de la Curie échangent les voeux de Noël. Une occasion pour le Pape de faire le point sur la situation de l'Eglise au cours de l'année qui se termine. Et dans le fond, il y a toujours une crèche napolitaine artistiques du XVIIIe siècle.