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Entretien de Mgr Ganswein avec Angela Ambrogetti

L'interviewe date du 15 septembre lors de la prise de possession par le nouvel archevêque du siège épiscopal d'Urbisaglia (12/10/2013, re-mise à jour)

>>> Voir aussi:
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benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/serviteur-de-deux-papes (Paul Badde)
¤ benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/un-role-pour-benoit-xvi (Ambrogetti)
¤ http://benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/experience-mystique-mgr-gaenswein-dement

     

Bien entendu, je suis consciente que les propos du secrétaire de Benoît XVI contredisent en grande partie d'autres articles que j'ai publiés récemment.
Il peut difficilement s'exprimer autrement.
Par ailleurs, il dit qu'il passe des soirées à trier le courrier, et que Benoît XVI répond le plus souvent possible aux lettres personnelles.
Je vais donc à nouveau tenter ma chance: mais en réponse à la lettre que je lui avais adressée en avril dernier, j'ai reçu une réponse standard envoyée depuis la nonciature apostolique à Paris, en 4 lignes tapées sur l'ordinateur, émanant de la secrétairerie d'Etat m'assurant de son "religieux dévouement" et signées de Mgr Peter Wells, assesseur. Autrement dit, il m'étonnerait beaucoup que ma lettre soit parvenue à son destinataire. Et j'avoue que le "religieux dévouement" de la Secrétairerie me laisse plutôt de marbre. Après tout, on a le droit d'être "anticlérical", puisque l'exemple vient de haut...

Dernière remarque, dans l'article de l'hebdomadaire allemand Bunte auquel Angela Ambrogetti fait allusion, Georg Ganswein aurait tenu ces propos... surprenants, qui contredisent (eux aussi!) ce qu'il a souvent dit de Benoît XVI, notamment dans des préfaces d'ouvrages qui lui étaient consacrés:

La plus grande différence entre eux est leur façon d'aborder les gens. Le Pape François va droit vers les gens, et aime embrasser tout le monde, alors que le pape Benoît était plus réticent, il aimait la paix et la tranquillité et tendait à se retirer de la foule.

     

L'archevêque Gänswein: la diversité entre Benoît et François est une richesse pour l'Eglise
http://www.korazym.org/10294/larcivescovo-ganswein-la-diversita-benedetto-francesco-ricchezza-la-chiesa/
11 octobre 2013
Angela Ambrogetti
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Une vie au service de deux papes. Le rôle de Mgr Georg Gänswein est vraiment inhabituel dans l'histoire de la papauté. Préfet de la Maison Pontificale pour le Pape François et secrétaire du pape Benoît. En même temps. Un défi mais aussi un observatoire qui lui permet de nous aider à lire le passage et la coexistence entre deux papes.

Ces derniers mois, après un très discret silence, il a commencé à raconter un peu ce mois de février 2013, qui a marqué l'histoire et sa vie. A l'hebdomadaire allemand Bunte, il a voulu expliquer que la renonciation de Benoît n'a rien à voir avec Vatileaks: «J'ai essayé de lui faire changer d'avis, en vain. Il avait pris une décision» . Un moment difficile à vivre, ensuite, ce 28 Février «Je me sentais comme anesthésié», dit l'archevêque, qui en Septembre a également pris possession du siège d'Urbisaglia avec une célébration festive dans le village des Marches; il est prêt à expliquer un peu de la relation entre les deux papes.

«Mon rôle est celui de préfet de la Maison pontificale, mais, comme les choses se sont passées, la réalité est qu'il y a aujourd'hui deux papes, le pape régnant et le pape émérite. Je vis avec le pape émérite et je travaille avec le pape François, je suis presque tous les jours avec les deux, de fait, je suis un peu le pont. Ceci est normal. C'est quelque chose que je n'ai certainement pas cherché, on ne savait pas que cela pouvait exister, mais maintenant, c'est ainsi, et je le vois comme un engagement, un défi et aussi une grâce. Je vais essayer de bien faire les choses parce qu'il n'y a pas de précédent et je dois trouver la bonne façon, et c'est un grand défi».

Deux personnalités différentes, celles de Benoît et de François, mais, dit Gänswein «la diversité est également une richesse. Mais souvent, jusqu'à présent, la diversité entre les deux Pontifes a été utilisée pour créer une antithèse. Psychologiquement, peut-être que cela est une première approche, mais ça ne marche pas. Et personnellement, je pense que s'il n'y avait pas eu la renonciation du pape Benoît XVI, l'impact émotionnel du pape François n'aurait pas été possible de cette manière. Entre les deux, il y a une continuité non seulement théologique, mais aussi une entente humaine. On peut voir qu'ils vivent leur foi de manière authentique, mais avec des expressions différentes ».

- Il y a encore beaucoup d'affection autour de Benoît XVI?

« Oui, beaucoup. Cela se traduit également par les nombreuses lettres qui arrivent pour Benoît XVI, presque chaque soir, je reste tard pour trier et préparer le courrier. Il a un grand intérêt pour le courrier personnel, il le lit avec soin et répond souvent personnellement. Le courrier arrive de partout dans le monde. D'Allemagne, bien sûr, mais il y a aussi beaucoup d'italiens, beaucoup de langue française, espagnole, anglaise, qui écrivent à Benoît. Il y a beaucoup de lettres de remerciement, souvent accompagnées de photos, peintures et autres petits cadeaux. Dans les premiers temps, beaucoup écrivaient très traumatisés par la nouvelle de la renonciation. Aujourd'hui, il arrive beaucoup de remerciements, ou même de récits de la façon dont ils ont vécu ce «traumatisme» et comment ils l'ont surmonté et ils remercient le pape émérite, lui montrent leur affection. Avec beaucoup de sérénité, ils assurent de leurs prières pour les deux papes ».

- Nous nous habituerons à avoir plus papes au Vatican ensemble. Prévoyez-vous un nouvel exercice du ministère pétrinien?

« Entre le pape François et son prédécesseur, il y a une sympathie spontanée, partagée de manière visible à plusieurs reprises. Quand j'ai accueilli le pape François, au retour de son voyage au Brésil, il a dit: "J'ai parlé beaucoup avec des journalistes, également du pape Benoît, peut-être même un peu trop, j'ai parlé du grand-père sage que l'on a à la maison". La grand-mère du pape Bergoglio était une personne-clé dans sa vie, elle était comme une boussole, et pour lui, parler ainsi, c'est un grand signe de respect et d'affection. Je ne crois pas que l'exercice du ministère pétrinien a changé parce que le pape émérite vit au Vatican, mais il est évident que la démission de Benoît XVI a créé une "certaine" nouveauté du ministère pétrinien. S'il n'est plus possible pour un pape de poursuivre son service, sa mission, il y a la possibilité, qui du reste a toujours existé, de renoncer. C'est une nouvelle expérience pour tout le monde. C'est un défi à la fois spirituel, théologique et historique».

- Verrons-nous les deux Papes ensemble à la canonisation de Jean-Paul II?

« Je ne suis pas prophète. Je ne sais pas. Nous verrons bien. »

- Quelle était la relation entre Jean-Paul II et Joseph Ratzinger, son ami fidèle?

«Le pontificat de Jean-Paul a eu dans le Cardinal Ratzinger son pilier théologique. À propos des questions doctrinales, Jean-Paul II a fait entièrement confiance à Ratzinger. Il y a beaucoup d'exemples concrets. Ainsi, une confiance mutuelle s'est développée et une estime absolue du pape Benoît XVI persiste. Quand il parle de Jean-Paul II, il l'appelle simplement "le Pape". Il a eu un long règne, avec près de vingt ans en pleine force, puis une période de souffrance, presque aussi longue que la totalité du pontificat de Benoît XVI. Et Ratzinger ne voulait pas copier cela. Des personnalités différentes, mais avec une harmonie intérieure incroyable. Jean-Paul II est probablement la personne que le pape Benoît estime le plus au monde ».