C'est quoi l'Eglise de base? (I)

Carlota a traduit deux articles réjouissants d’un curé-blogueur madrilène, à propos du questionnaire préparatoire au Synode (19/2/2014)

Ce curé madrilène, le P. Jorge González Guadalix a déjà été croisé à plusieurs reprises (ici).
Pour rendre les choses plus claires au lecteur français, son blog est hébergé par le portail plutôt "traditionnel" Infocatolicà. Et il est question du site Religion Digital (RD) dirigé par le "catholique adulte" également croisé dans ces pages José Manuel Vidal

« Notre » curé blogueur madrilène, don Jorge Jorge González Guadalix, à sa manière toujours aussi directe et avec son parler de tous les jours, revient sur le sondage dans les diocèses en vue du Synode de la Famille (original ici) , et sur l’expression « l’église de base ».
Je ne sais ce qu’il en est de ce sondage, car bien que m’acquittant comme de très nombreux catholiques du denier du culte depuis toujours même si c’est sans doute trop modestement, je n’ai pas été sondée. J’y pense, car je viens de recevoir mon attestation annuelle de don. Cela ne doit donc pas être lié ! Mais je crois aussi que c’est une nouvelle belle occasion pour les ennemis de l’Église, de l’intérieur et de l’extérieur, de se servir de ce prétexte de consultation pour poursuivre leur œuvre…
(Carlota)

Une fois encore avec le « si l’église de base dit »
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Rien n'est plus trompeur que de présenter la dissidence pure et dure à l’égard de la doctrine de l’Église sous le manteau de la mansuétude, de l’humilité, de la bonhomie, du désir d’authenticité et du retour au plus pur esprit de l’Évangile, dans le sillage de Vatican II, dans la confiance que « le printemps rit de nouveau, et qu'on l'attend de par le ciel, sur la terre et la mer ». Je n’ai pas besoin du « Debout, frères, nous vaincrons. Le jour commence à se lever dans l’Église », mais je le laisse comme suggestion, si quelqu'un veut s’en servir (1)

Une fois de plus, voilà le conte de l’église de base qui dit, qui pense, qui prophétise.
En la matière, RD (2) est une source inépuisable. Il y a quelques jours il nous raconte que « l’Église de base se rebelle contre la politique de hiérarchie en matière de famille et de morale sexuelle (3).
D’abord, dans ces choses, il faut essayer de comprendre ce que c’est que cette église de base parce que la chose a son côté divertissant (4)
Eh bien donc, ce que R.D. entend par « église de base », ce sont ses lecteurs, et les fidèles d’une chose qui s’appelle « Església Plural », tellement monolithique dans sa pensée qu’elle doit se dénommer « plurielle » pour dérouter. Plurielle, en réalité, c’est la paroisse de Rafaela (5) où il y a de la place pour tout le monde.

Donc ce que nous avons pu voir dans cet article de R.D. c’est que ses lecteurs marchent majoritairement aux antipodes de la doctrine et de la morale de l’Église. Ce que nous avons pu vérifier c’est que les fruits de « Església Plural » sont exactement les mêmes : dissidence, confrontation, et avant tout jeter par terre le sixième commandement (« Tu ne commettras pas l’adultère »). Et ils ont la vérité parce qu' ils sont l’église de base, celle qui est avec le peuple, celle qui est proche des pauvres, celle de l’humilité, de la simple et franciscaine église.

Et nous qui ne pensons pas eux?
Eh bien évidemment, nous sommes des antiévangéliques, accrochés au pouvoir, immobilistes, rétrogrades, hommes des cavernes, néocon[servateur] et infocatholiques (ndr en référence au portail espagnol catholique Infocatolicà qui héberge d’ailleurs le blog de JGG).

Allez, leur opinion m’indiffère.

Rafaela (5) est une pure de la base et ce qu’elle dit c’est que la doctrine n’est pas mauvaise, ce qui se passe c’est que la doctrine ne nous plaît pas parce qu’elle nous pèse, et qu'il faut moins de protestations et plus de confessions.
Antón et Pilar, mariés depuis cinq ans, deux enfants, n’ont pas de problème.
Carmen, d’un âge plus qu’avancé, ne se sent pas non plus dissidente.
Pas plus que les missionnaires de la charité demandant à Dieu la force de vivre leurs missions.
Dans la paroisse, ce que je vis, ce dont je parle avec les gens, c’est qu’il y a des situations qui nous font mal, qu’il y a beaucoup de choses difficiles à comprendre, mais qu’elles ne se résoudront pas avec un référendum sur l’actuelle validité du « tu ne commettras pas d’adultère ».

Mais ce qui est sûr c’est que nous sommes l’église d’en-haut. Parce qu’une paroisse où le Saint Sacrement est adoré de manière permanente, où l’on se confesse et où sont célébrés les sacrements selon ce que commande l’Église, et qui en plus a comme curé un blogueur d’Infocatólica, doit nécessairement être d’en-haut, de très haut, et la vérité est à la base, et en option, pour les pauvres, bien qu’ils aient déjà ce qu'il faut avec la « Cáritas ».

Bon, arrêtons d’encourager toutes les dissidences en nous mettant sous le bouclier protecteur du « ils sont l’église de base », et comme telle une église prophétique, biblique, évangélique, apocalyptique, messianique, à prendre en modèle et fondamentalement esthétique.
Rafaela (5) nous le dit : « mais en rien catholique et complètement bête ».
Vous savez bien comme est cette femme.

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Notes de traduction
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(1) Le P. Jorge González Guadalix utilise en espagnol des mots à consonance très « Jésus Super Che », évidemment ce n’est pas un hasard !

(2) R.D. pour Religión Digital, le site de José Manuel Vidal dont nous avons déjà pu « apprécier» les écrits.

(3) Article du 16 février de Religión Digital (ici) où il déclare que les catholiques sondés ont des réclamations par rapport à tout type d’union (ndt pour les personnes de mêmes sexe surtout), au rôle de la femme et au célibat optionnel (ndt pour les prêtres évidemment). Il dit que le questionnaire envoyé en octobre [2012] aux diocèses du monde entier pour obtenir une véritable photographie de l’Église confirme le schisme qui se vit en Espagne entre les catholiques de base et la doctrine officielle en matière de famille et de morale sexuelle. Il parle de presque 6000 réponses recueillies dans les paroisses, communautés, chrétiens particuliers et théologiens et remises au Vatican sans filtres ou tripatouillages par « Església Plural en Catalunya ». Chez nous nous avons par exemple «la Conférence des baptisés».

(4) allusion à un autre article du P. J.G.G, traduction à suivre

(5) Rafaela est un personnage récurrent des articles du P. J. G.G. un peu la Madame Michu, version paroissienne espagnole. Active dans la paroisse, elle n’hésite pas à dire ce qu’elle pense à son curé mais si elle n’est pas une grande théologienne, elle a aussi beaucoup de bon sens et est emprunte de cette sagesse populaire tellement indispensable.