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Cristeros: sortie en France aujourd'hui

Reprise: Carlota était il me semble était la première à en parler en France, elle avait vu le film en avant-première aux JMJ de Madrid, en août 2011 (14/5/2014)

>>> L'affiche espagnole du film, et son titre "Cristiadia"

>>> Cf. Cristeros

Je reprends ici le texte de Carlota, publié le 23 août 2011, et l'interviewe du réalisateur, traduite également par Carlota:

Carlota:

À l’occasion des JMJ, un festival cinématographique a été organisé durant l’après-midi et la soirée du 17 août 2011, dans 5 cinémas et 16 salles du centre de Madrid (Rues Fuencarral et Luchana). Les séances étaient gratuites pour les pèlerins et un euro symbolique était demandé aux autres spectateurs. Le programme était très varié et comprenait également des rencontres avec des hommes et des femmes qui en relation avec les films projetés, souhaitaient témoigner de leur engagement, ou de leur conversion comme Karyme Lozano, ex-actrice mexicaine de telenovela (et souvent aux rôles bien « sexy »).

Parmi les films présentés il y avait bien sûr « There be dragons » de Rolland Joffé, mais aussi « Katyn », et le dernier Narnia. L’on pouvait aussi découvrir « Le jardinier de Dieu », une production anglo-italo-autrichienne réalisée par Liana Marabini avec Christophe Lambert dans le rôle de Johann Gregor Mendel (1822 - 1884), ce bon moine du monastère de Brno (en Moravie – aujourd’hui république tchèque) dont nous avons tous entendu parlé, même très brièvement à l’école, avec ses affaires de petits pois ! (voir la bande annonce ici). Le programme était donc particulièrement séduisant.

Pour ma part et parce que il fallait bien faire un choix, je me suis très tôt installée devant le cinéma « Proyecciones » pour pouvoir assister à la présentation mondiale du film « Cristiada ». La salle de projection était archi pleine, surtout de spectateurs hispanophones dont beaucoup de Mexicains. J’ai appris par la suite que se trouvait aussi présent l’archevêque de Grenade, Monseigneur Javier Martínez. Avant que ne commence la conférence, de jeunes JMJistes mexicaines, très recueillies, ont déposé sur la table des conférenciers une petit cadre de la Vierge de Guadalupe et un drapeau mexicain avec sa silhouette.

Et pour cause, « Cristiada » raconte l’épopée tragique de fervents catholiques mexicains, qui se désigneront sous le nom de « Cristeros » en proclamant leur foi sous la bannière du Christ Roi, après s’être vus forcés de s’opposer par les armes à la politique férocement anticléricale du gouvernement de leur pays dans les années 1926-29.

Les faits très peu connus par les non hispaniques sont terribles. D’ailleurs au Mexique aussi, le silence était de rigueur alors que le parti au pouvoir au moment des faits allait gouverner sans interruption le pays pendant les 70 années suivantes Des pays démocratiques de l’époque dont le très, trop, proche voisin, les Etats-Unis, les réactions ont été plus modérées voire hostiles pour ceux qui réclamaient seulement la liberté religieuse…

Bien sûr le sujet ne peut résonner que doublement et douloureusement dans nos cœurs de Français, nous qui savons d’où viennent ces idéologies prônant la persécution religieuse et plus particulièrement contre les catholiques, nous qui avons, aussi, bien tardivement redécouvert les épouvantables méthodes employées par les Bleus, lors des guerres de Vendée, à l’époque de la glorieuse Révolution Française. La lutte féroce contre les catholiques reprendra de plus belle à partir de 1931 en Espagne. Et là encore la désinformation a fait rage. Mais rien n’intimide Rome qui continue encore aujourd’hui à béatifier et canoniser des martyrs morts par haine de la foi, dans la France de la fin du XVIIIème, le Mexique des années 20 et l’Espagne des années 30.

Mais revenons à « Cristiada » (2011).
Le film a été tourné dans la province de Durango au Mexique par le Nord-américain Dean Wright, dont c’est la première réalisation, mais à qui l’on doit notamment les effets spéciaux de « Narnia ». Le scénario est de Michael James Love, un autre Nord-américain mais qui a passé son enfance à Mexico. Il a fait un peu tous les métiers techniques au cinéma. Dans la distribution l’on retrouve notamment le jeune Oscar Isaac (qui était Oreste dans le funeste « Agora » !), Andy Garcia, Eva Longoria, Peter O'Toole.

L’on pourrait alors se dire que ce film va encore être un produit hollywoodien, sinon aseptisé tout au moins très politiquement correct.
Pas forcément à 100% et tout au moins il a le mérite d’être un film à grand spectacle sur un sujet trop longtemps sciemment occulté. En tout cas c’est ce qui en ressort de la présentation même si bien sûr les intervenants ont bien précisé que c’est un film qui est à voir comme tel. La présentation des invités a été faite par Juan Orellana Gutiérrez de Terán, critique de cinéma et directeur très actif du Département de Cinéma de la Conférence Épiscopale d’Espagne (et son portail cinématographique Pantalla 90). Le producteur Pablo José Barroso, est mexicain. Il a déclaré qu’il n’était pas au départ producteur mais que porté par sa foi catholique, il a voulu des films qui témoignaient. On lui doit déjà « Guadalupe » (2006) dont Zenit en espagnol avait fait l’éloge. Le producteur a expliqué que « le film raconte une histoire en faveur de la liberté qui est pour les catholiques mais qui doit être partout ». « Nous avons voulu faire un film avec des valeurs » [...], il faut que le film serve pour que les Mexicains (ndt et les autres !) connaissent leur histoire à travers l’influence du bienheureux José Sánchez del Río (*)

Sont ensuite intervenus :
- Karyme Lozano qui joue la mère de José Sánchez del Río. Elle a évoqué son retour à la foi catholique après la mort de son père survenu il y a un peu plus de deux ans (plus tard dans l’après midi elle était conviée à une réunion débat avec des jeunes). Très gentiment elle s’est conviée avant la conférence à une séance de photo improvisée avec de jeunes JMJistes.
- Le jeune acteur Mauricio Kuri qui joue le futur bienheureux, qui a su rester modeste malgré les applaudissements et les cris de ces jeunes admiratrices !

Nous avons ensuite pu voir la bande annonce du film et trois séquences supplémentaires inédites. Juan Orellana avait au préalable demandé que les spectateurs ne filment pas avec leurs téléphones portables car il était indispensable que le film trouve des distributeurs en Europe et que cela pouvait nuire à sa distribution.

En conclusion, un avis personnel :
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Bien sûr la réalité de la lutte des Cristeros est bien plus horrible et cruelle encore que ce qui est montré dans le film. L’attitude ambiguë des Etats-Unis qui n’en avait évidemment rien à faire de ces catholiques révoltés, est minimisée. Le film même si c’est une production indépendante doit conquérir le marché nord-américain ! Mais les acteurs sont formidables. Bien sûr Karyme et Mauricio déjà évoqués, mais aussi Eduardo Verástegui (l’acteur mexicain militant pro-vie très connu en Espagne) qui joue Anacleto González Flores (1888-1927, laïc, dirigeant moral des Cristeros, lui aussi béatifié en 2005). Je citerai aussi Oscar Isaac qui est bien plus séduisant que le vrai Victoriano Ramírez dit « Le quatorze », un chef cristero qu’il interprète, mais qu’importe. Andy Garcia est extraordinaire dans son rôle d’Enrique Gorostieta Velarde, le général en chef des Cristeros, un officier en retraite qui au départ n’était pas Cristero mais qui se décide devant l’injustice de la situation s’engage à son tour et prend la tête de la « Cristiada » et qui s’était opposé aux troupes nord-américaines lorsqu’elles avaient débarquées en 1914 à Véra Cruz. Les paysages sont grandioses, les images flamboyantes, la musique percutante, les scènes tragiques, poignantes, terriblement belles. Bref un film, certes grand public, vraiment à la hauteur de l’épopée glorieuse des Cristeros.

Un rêve : que Pablo José Barroso ou un producteur de sa trempe fasse un aussi beau film sur notre « Cristiada » à nous.

(*) José Sánchez del Río (28 mars 1913 – 10 février 1928). Jeune mexicain qui n’avait pas encore 15 ans quand il a été tué. Il a été déclaré martyr et a été béatifié par Benoît XVI le 20 novembre 2005.

     

L'interviewe du réalisateur

¡VIVA EL CRISTO REY! ¡VIVA!
La résistance catholique épique des Mexicains sous un laïcisme cruel arrive dans les cinémas espagnols.

Article de Pablo J. Ginés
Religión en Libertad/ReL

Enfin arrive, ce vendredi 5 avril 2013, dans les cinémas en Espagne le film « Cristiada » qui va sortir avec le même titre qu’aux Etats-Unis « For Greater Glory » et avec un doublage en espagnol péninsulaire (1)

Il s’agit d’un drame épique, plein de trahison, de batailles, de romantisme et d’héroïsme, et avec un sincère respect de la religiosité des catholiques mexicainx qui ont souffert de la cruelle persécution laïque du régime de Plutarco Elías Calles (2), spécialement de 1926 à 1929.

Un réalisateur ami de la foi et de l’épique
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Le réalisateur, Dean Wright, a une sensibilité pour deux choses: la foi et l’épique. Il a été responsable des effets spéciaux de « Chroniques de Narnia » et « Le Seigneur des Anneaux » et il est convaincu que « Cristiada/ /For Greater Glory » reprend cette épique.

Je suis un « gringo » (3) presbytérien. Mon père est un pasteur presbytérien, et je raconte une histoire de martyrs catholique », expliquait-il lors de l’entretien avec ReL.
« Ce sont des Mexicains qui m’ont expliqué cette histoire et qui m’ont dit qu’elle méritait d’être racontée. Et j’ai vu que c’était évident. La majorité des Mexicains ne sait rien de cette époque, de ce qui s’est passé. Cela ne s’enseigne pas dans les écoles (4). La résistance de ces personnes face à l’oppression m’a parue héroïque, elle m’a ému et je me suis connecté à l’histoire », ajoute Wright.

« Les protestations au début étaient pacifiques »
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Le cinéaste a une idée très claire de l’ordre dans lequel se sont déroulées les choses dans les années 20 au Mexique.
« Le Gouvernement faisait quelque chose de beaucoup plus grave que de simplement restreindre le culte catholique, ils ont confisqué les propriétés de l’Église et expulsé les clercs étrangers et ils interdisaient presque toutes les messes (ndt: des pratiques de routine malheureusement pour nos aïeuls en France du XVIIIème et du XXème siècle!). Pour les Mexicains la foi était une forme de vie, la paroisse était le centre de la vie de chaque village et étaient abondants les gens qui se confessaient fréquemment ou communiaient chaque jour ».
« Les protestations au début furent pacifiques. Ils ont essayé différentes choses : la désobéissance civile, les boycotts des produits du gouvernement fédéral (ndt le nom officiel du Mexique est en fait Etats-Unis Mexicains avec différents états et une capitale fédérale)…Et la réaction des fédéraux (ndr comprendre l’état fédéral à Mexico) a été d’envoyer des soldats à Guadalupe. Les troupes ont tué cent personnes lors d’une messe car elle était illégale. À partir de là, il était difficile de contenir la violence. Le film ne dit pas que la violence est le chemin. Les personnages dans le film, comme dans la vraie vie, doutent que ce qu’ils font est quelque chose de correct ».

Des paysans mal armés qui gagnaient la guerre
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« L’étonnant c’est que le général des Cristeros, Gorostieta (5), gagnait la guerre contre les troupes fédérales », signale le réalisateur. Et c’était quelque chose de réellement remarquable : il n’a jamais eu plus de 20 000 hommes, souvent que la moitié. L’armement était vétuste, c’était des volontaires sans formation militaire, des paysans…et ils étaient en train de gagner une guerre contre une armée régulière.

« Les ambassadeurs étrangers (5) mus par des raisons économiques ont fait pression sur le Gouvernement et celui-ci a fait machine arrière et retiré la plus grande partie des mesures anti-religieuses. La paix est survenue quand le Gouvernement a cédé. Les cristeros n’ont pas participé aux négociations : beaucoup rentrèrent chez eux, d’autres furent persécutés ou chassés. Mais sans leur action militaire, aurait-on obtenu cette liberté ? Je pense que non », considère le réalisateur.

La guerre est toujours tragédie et douleur
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Bien que Wright aime l’épique et les batailles au cinéma, il ne se considère pas comme belliciste. « Dans Cristiada nous ne montrons pas que les batailles, mais aussi ses conséquences, la souffrance et la tragédie qu’amène la guerre. C’était des frères tuant des frères, comme dans la Guerre Civile américaine (ndt comprendre ce que nous appelons la Guerre de Sécession) ou l’espagnole. Comme cinéaste je ne peux par prêcher et dire : Cela ne devait pas arriver. Je me contente de raconter ce qui est arrivé mais, oui, cela a été terrible et je le montre ainsi ».

Une image d’un grand symbolisme, la scène des cristeros pendus par les fédéraux aux poteaux télégraphiques. Elle se basait sur une vraie photographie à Jalisco.
« C’est une image culte de cette guerre. Cela s’est passé ainsi. De fait, le film a beaucoup de scènes historiques et symboliques à la fois. Non seulement je me suis documenté mais j’ai visité les lieux des faits, j’ai parlé avec les familles et descendants des protagonistes, du général Gorostieta, des autres martyrs… (ndt cf ceux béatifiés par Benoit XVI notamment)

Les enfants guérilleros
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Wright signale en outre que « les [soldats] fédéraux attaquaient des familles entières, entraient dans les maisons et tiraient sur le père et les enfants et violaient les femmes. Beaucoup d’enfants, souvent orphelins, fuyaient dans le désert, dans la montagne, ou essayaient d’arriver aux Etats-Unis. D’autres s’incorporaient aux cristeros. C’était une autre époque, les gens devaient mûrs jeunes. Mais dans le film un personnage dit à son fils clairement : « Ne vas pas à la guerre ». Est-ce licite de prendre les armes si on t’a interdit la liberté et ta religion ? Jusqu’où supporter sans se soulever ? Ce soulèvement en armes a été finalement ce qui a causé l’obligation pour le Gouvernement de pactiser. Sans cela, je crois qu’il n’y aurait pas eu d’accord. Le thème fondamental, à mon avis, c’est la liberté : de religion, de commerce, de famille… » (ndt: un ordre étonnant mais sans doute très révélateur d’un Nord-Américain ! C’est aussi un entretien informel…).

C’est vrai, Wright admet dans l’entretien avec ReL que le film ne traite pas du thème de la franc-maçonnerie. « Je sais que l’on a dit que le président fédéral, Plutarco Elías Calles, était maçon. Mais dans un film il n’y a pas beaucoup de temps, il faut choisir les thèmes et nous nous centrons sur d’autres affaires » explique-t-il (ndr Pas convaincant du tout! Une seconde d’image suffit pour suggérer !).

Artistes internationaux et bons financements
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Le drame épique est joué par Andy García et Eva Longoria et distribué en Espagne par Word Line Cinema. Au générique il y a aussi le légendaire Peter O’Toole, Rubén Blades, Santiago Cabrera, Catalina Sandino Moreno, Eduardo Verástegui et Karime Lozano.
Cristiada («For Greater Glory») a été tourné avec quelques 12 millions de dollars, et est devenu le film le plus cher parmi ceux tournés au Mexique, et il a été distribué dans 757 salles aux Etats-Unis : cette fin de semaine il a attiré plus de spectateurs que « Les jeux de la faim » qui était montré dans 1100 cinémas (ndt distribué je crois en France en 2012 sous le titre original « Hunger Games » et dans 700 salles). Lors de sa sortie aux EU il a compté sur le soutien enthousiaste de l’archevêque de Los Angeles, José Gómez, d’origine mexicaine (ndt: né mexicain même et il a aussi été formé en Espagne), et de la presse catholique du pays, même si la presse généraliste nord-américaine a eu tendance à occulter le film, qui arrivait en pleine offensive de l’administration Obama contre la liberté religieuse des organismes avec des principes qui leur font refuser le remboursement de la contraception ou des avortements à leurs employés (ndt problèmes du financement de certaines prestations contraires à la doctrine de l’Église par des entreprises catholiques. En France, à part quelques mutuelles, la question n’est même pas été posée!)

Le laïcisme mexicain, précurseur du chinois (ndt étonnant raccourci historique! Mais peut-être aussi prudente politico-correcte…C’est moins risquer de tirer sur les Chinois !).
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Il n’est pas élégant pour les laïcistes du XXIème de rappeler l’escalade laïciste de Plutarco Elías Calles, qui en 1926 établit des règlements spécifiques anti-catholiques, comme obliger les ministres du culte à se marier et interdire l’existence des communautés religieuses.

À Chihuahua (ndt état et capitale) on a prétendu forcer l’Église catholique à œuvrer avec un nombre minimum de prêtres en paroisse. À Tamaulipas (ndt état et capitale) on a interdit aux prêtres étrangers d’officier. En 1925 l’État laïciste a promu une « Église Catholique Nationale Mexicaine », contrôlée et docile, séparée de Rome (comme par la suite fera la Chine et encore aujourd’hui).

Les catholiques ont réuni deux millions de signatures pour réformer la Constitution (ndt en 1925, le Mexique comptait environ 15 millions d’habitants y compris les enfants non majeurs, aujourd’hui 110 millions. À comparer aux 700 000 signatures adressées récemment au CESE pour son éventuelle consultation sur le « mariage » homosexualiste)…et comme cela se passe habituellement les signatures importent en rien au régime laïciste.

Les catholiques ont alors suscité un boycott par ne pas payer d’impôts, minimiser la consommation de produits commercialisés par le gouvernement, ne pas acheter de billets de la Loterie Nationale, ni utiliser de voitures pour ne pas acheter d’essences (ndt le pays produit du pétrole, et sans parler sans doute des diverses taxes liées au commerce en général). C’était un coût dur à l’économie du pays.

La lutte armée
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En janvier 1927 sont apparues les premières guérillas des paysans armées, aux cris de Vive le Christ Roi et Vive Notre Dame de Guadalupe. C’est ainsi que sont nés les Cristeros.

Les soulèvements ont commencé à Jalisco, Zacatecas, Guanajuato et Michoacán, puis se rallia presque toute la totalité du centre du pays. Les calculs les plus optimistes considèrent jusqu’en 1927 les forces cristeras tournaient aux alentours de 12 000 effectifs et deux ans plus tard, elles avaient atteint les 20 000 hommes bien que les évêques se montraient hostiles à la lutte armée. Les cristeros, c’était une armée non régulière, qui ne payait pas ses troupes, n’avait pas de mécanismes professionnelles d’approvisionnement, de recrutement, d’entretien, d’attention à ses blessés ni de soins aux siens. Ils n’étaient pas recrutés par « levées » en masse et de force : ils étaient tous volontaires. Et ils n’avaient pas accès aux armes des Etats-Unis (Ndt pensons à certains conflits actuels…).
La question d’un Cubain
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Lors de la présentation du film au Mexique, le protagoniste, Andy García, d’origine cubaine a posé le thème central du film : « Un gouvernement peut-il ordonné à un peuple qu’il agisse contre sa foi ? ». « Personne ne veut une guerre, mais quand l’on enlève à quelqu’un le droit à sa liberté de base, notamment à des gens qui ont une foi profonde, il en résulte qu’il y a des gens qui sont disposés à mourir pour cette liberté, a souligné l’artiste dans une conférence de presse. Résidant aux Etats-Unis depuis son enfance, García se définit comme « un produit d’une situation politique » qui lui a volé son pays et l’a conduit à l’exil ; un pays, Cuba, auquel il pense à chaque instant.

L’histoire du film a été conque par le scénariste Michael Love, qui a raconté à Efe (ndt agence de presse internationale d’origine espagnole) que pour l’écrire il avait beaucoup étudié, il a lu quelques 20 ouvrages, de même que des journaux de l’époque en anglais et en en espagnol et avait eu des entretiens avec des gens qui avaient vécu à cette époque.

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Notes de traduction et remarques complémentaires

(1) « For Greater Glory » a aussi pour la version nord-américaine le sous titre « The True Story of Cristiada » (la vraie histoire de la cristiada). Le dvd que je possède est en vo avec la possibilité de visionner le film avec le doublage en espagnol du Mexique (Même le Cubain de Miami, Andy Garcia a l’accent mexicain !). Le doublage est excellent (sauf peut-être Peter O’Toole !).
Par ailleurs le choix pour la sortie espagnole du titre anglo-américain m’interpelle. Au pays de Cervantès, le terme « Cristiada » serait-il incompréhensible mais pas celui de « For Greater Glory » ? Les distributeurs en Espagne ont-ils voulu donner un caractère plus neutre, plus anodin au film qui ne peut évidemment évoquer en Espagne, que d’autres terribles souvenirs, quelques toutes petites années après la folle politique de Plutarco Calles? L’on pouvait évidement aussi traduire de l’anglais au castillan – en espagnol péninsulaire, le « For Greater Glory »! Ce titre anglo-américain était-il le passage obligé sous les fourches caudines du politiquement correct, sinon pas d’argent, pas de distribution, y compris aux EU. Ce « pour une plus grande gloire », aurait effectivement tout aussi bien pu correspondre au titre d’un film mettant en scène un joueur de base-ball !

(2) Les prénoms du président de la République Mexicaine de cette époque sont déjà tout un programme. Prénoms que certains Mexicains portaient encore assez couramment avant que la mode des prénoms des feuilletons nord-américains gagne aussi les foyers du sud du Río Bravo…

(3) Empathie du réalisateur pour la cause !? Il emploie un terme plutôt péjoratif qui signifiait d’abord dans l’Espagne d’autrefois celui dont on ne comprend pas le langage puis plus tard quand l’Amérique hispanique s’est trouvée confronté aux Anglo-américains celui qui parle l’anglais (qui a aussi accessoirement la peau et les cheveux clairs)! C’est comme si en Espagne, un Français utilisait un certain mot déjà bien péjoratif aux temps de l’occupation napoléonienne pour se présenter à ces interlocuteurs autochtones !

(4) La propagande officielle anti-cristeros est à comparer avec celle de la France (République d’hier et d’aujourd’hui) par rapport aux « brigands » de la Révolution Française. Mais lorsque l’on discute avec certains Mexicains, on a néanmoins des conversations qui donnent des éléments vécus (c’est la génération de nos grands-parents ou arrière-grands parents) et certaines villes sont encore citées avec admiration : « Ah, vous allez dans telle ville très catholique ».

Au niveau de la filmographie je me souviens d’une production mexicaine en noir et blanc de 1946, « Sucedió en Jalisco » (C’est arrivé à Jalisco – sous-titre Les Cristeros), avec les grandes vedettes de l’époque comme Luis Aguilar, Carlos López Moctezuma et Sara García. Ce film m’avait donné l’impression quand je l’ai découvert il y a déjà pas mal d’années via une rediffusion télé, de montrer plus ou moins subtilement des faits anecdotiques d’une histoire anecdotique (qui empêchaient totalement de comprendre les causes et l’ampleur des guerres cristeras notamment dans l’état de Jalisco où est mort le général Gorostieta, mais qui étaient encore sans doute dans les mémoires de tous, 15 ans après les événements). On y voyait des paysans catholiques plutôt arriérés et dominés par des propriétaires terriens autoritaires, des paysans qui suivaient des processions plus par traditions d’un autre âge et superstition, des voleurs de grands chemins qui utilisaient la cause cristera, etc. Et quand le héros qui était un homme modéré et ouvert au progrès suivait la cause cristera c’était plus par obligations liées à son milieu que pour ses convictions. Les persécutions étatiques, les profanations officielles d’église, etc. n’étaient pas véritablement évoquées dans leur réalité.

(5) Enrique Nicolás José Gorostieta Velarde né à Monterrey, Nouveau Léon en 1890 (évidement son nom nous montre son ascendance basque). Petit-fils de colonel, il avait aussi suivi une formation d’officier et avait participé en 1914 à la défense de Vera Cruz contre l’attaque des Etats-Unis. Particulièrement brillant il quittera l’armée, même pas trentenaire, mais déjà général de Brigade. Il sera tué à Atotonilco el Alto (province de Jalisco) le 2 juin 1929. Son corps sera exhibé à la population par les soldats fédéraux qui lui crieront « voyez comme votre chef a été sauvé par le Christ Roi que vous avez tant imploré ». Marié en 1922, Gorostieta ne verra qu’en photo sa dernière fille, née alors qu’il était en opérations cristeras.

(6) Les ambassadeurs : Il serait intéressant de savoir de quels pays et dans quelles conditions, la diplomatie a fait pression sur le président Calles. En France à l’époque c’est Gaston Doumergue qui est à l’Élysée, un pur produit de la IIIème République. Avocat élevé dans le culte républicain, issue de la petite bourgeoisie protestante et viticole du Gard, appartenant au grand parti de gauche de l’époque, le parti Radical. Il a notamment eu, à l’époque des premières offensives laïcistes de Calles, comme président du conseil (aujourd’hui l’on dirait premier ministre) Édouard Herriot (du Cartel des gauches) connu pour sa « ferveur » laïque.

(7) La Distribution du film « Cristiada», notamment:
Andy García (Général Gorostieta); Eva Longoria (son épouse); Mauricio Kuri (le jeune José, le personnage qu’il incarne sera béatifié), Rubén Blades (excellent en Président Plutarco Elías Calles), Santiago Cabrera (Le père Véga, celui que l’on voit sur l’illustration de l’article. Il sera présenté par les partisans de Calles et leurs descendants idéologiques comme un homme violent, sanguinaire et coureur, à la vocation forcée, qui célébrait les sacrements les bottes au pied, les pistolets sur l’autel. Il est aussi accusé d’avoir fait brûler sciemment des gens dans un train qui avait été pillé par ses hommes, pour récupérer un chargement d’or – L’on voit la scène dans le film. La réalité est évidemment bien plus nuancée. Il est une autre figure marquante du film et peut-être avec une certaine nuance de politiquement correct : l’acteur choisi est évidemment très séduisant et montre bien le caractère très « explosif » du plus célèbre des curés cristeros. Toujours dans le film à un moment donné le général Gorostieta, cristero agnostique, lui fait la leçon pour qu’il se recentre aussi sur ses devoirs sacerdotaux,- messes, à côté de ses activités de chef de guerre, - excellent chef de guerre d’ailleurs); Peter O'Toole (Père Christopher, un vieux prêtre irlandais ? quasiment depuis toujours au Mexique et qui refuse de quitter le pays bien qu’étranger. À l’époque l’on était très regardant à l’obtention des naturalisations ! Il sera tué devant son église et sous les yeux du petit José caché dans le clocher).

Le Père José Reyes Vega (interprété par l’acteur chilien Santiago Cabrera). Il a notamment, comme général cristero, gagné la Bataille de Tepatitlán (17 mars 1929) durant laquelle il mourut.