Accueil

Déclarations mesquines

L'ingratitude d'un haut prélat, qui doit ses titres à Benoît XVI, mais qui salue avec François "un pontificat de discontinuité". Article sur le site "acción liturgica", traduit par Carlota (13/1/2014)

(Il n'est malheureusement pas le seul: voir par exemple Vincenzo Paglia, Piero Marini, Gianfranco Ravasi, Bruno Forte, et tant d'autres, tous courtisans, tous amnésiques)

Cet article est paru sur le site espagnol « acción liturgica » (http://accionliturgica.blogspot.com.es/2014/01/declaraciones-mezquinas.htm) - un site dans l’esprit de "Paix Liturgique" en France. Il rend un bel hommage à Benoît XVI en constatant une fois de plus l’ingratitude des hommes.
(Carlota)

     

Des déclarations mesquines

Le catalogue des déclarations misérables se voit « enrichi » de celles-là:

« Je pense que le Pape François est une figure de discontinuité avec le pontificat antérieur, mais une très très bonne discontinuité car il est en train de pousser l’Église, il est en train d’exorciser l’Église de tous les peurs qu’elle avait dans le passé ».

Celui qui déclare cela n’est certes pas un chrétien menacé de mort au Moyen Orient, ce n’est pas un missionnaire en Afrique, ce n’est pas une petite sœur des Pauvres ou une missionnaire de la Charité qui exercent leur charisme réconfortant auprès des faibles. C’est un évêque de l’Église catholique, Mgr Enrico dal Covolo, salésien, Recteur Magnifique (ndt titre officiel) de l’Université Pontificale du Latran. C'est-à-dire un clerc, qui appartient à l’élite de la hiérarchie ecclésiastique, une personne qui a accumulé des nominations, des distinctions et des honneurs de « cette Église » dont il prétend maintenant exorciser le passé ; quelqu’un qui doit ces nominations aux Papes Jean-Paul II et Benoît XVI. Concrètement, la dignité épiscopale et la nomination à la tête de l’Université du Latran lui furent octroyées par le Pape Ratzinger.

Pour qu’il y ait une véritable discontinuité positive, une grande partie de cette hiérarchie carriériste, ingrate et peu charitable, devrait être relevé de ses charges et il faudrait les faire recommencer à zéro, à la tête d’une humble paroisse. Et que tous ces honneurs et distinctions ecclésiales soient retenus pour de bons chrétiens, de bons prêtres ; tellement difficiles à trouver dans certains milieux ecclésiastiques.

Le grand problème de Benoît XVI a été son niveau tellement haut. Une hauteur intellectuelle et morale qui s’est avérée difficile à comprendre par une société banale et plus avide des titres des journaux que d’un magistère révélateur ; tellement difficile à comprendre par tant de clercs avides d’intrigues et de ragots.
Benoît XVI a été une grande occasion perdue pour l’Église, un cadeau de Dieu dont nous n’avons pas su profiter. Quelle froideur, quel manque d’adhésion et d’affection chez tant d’évêques et de prêtres. Quel besoin dans le fond, de ne pas profiter de la sagesse du Pape Ratzinger et de l’occasion de dépasser définitivement cette fracture entre deux églises s'affrontant à l’intérieur de l’Église. Récupérer la tradition et la renouveler, respecter tous les charismes, mettre sur la table ce qu’il y a de bons chez les conservateurs et chez les modernes, influencer mutuellement les deux missels pour régénérer la liturgie et lui rendre son véritable sens transcendant et sacré.

Vos déclarations, Monseigneur Dal Covolo, sont misérables. En premier lieu parce que des visions simplistes de ce type sont indignes votre niveau académique. En second lieu, il semble peu ecclésial et dommageable d’utiliser le mot « discontinuité », alors que le Pape Benoît XVI a tant de fois fait référence à la continuité dans l’Église. Quel acte gratuit que de mettre en opposition deux pontificats. Et quel mensonge. Je ne crois pas que des déclarations de ce type plaisent d’une quelconque façon au Pape François.

Moi, au contraire, je ne veux pas ressembler à l’ingrat Enrico dal Covolo. J’attends du Pape François une continuité par rapport à Benoît XVI. Une continuité avec son savoir, avec son magistère, avec sa prudence, avec son tact, avec son respect par rapport à toutes les sensibilités. Avec son souci de mettre le Christ au centre de la Liturgie et de la vie de l’Église. Avec sa préoccupation pour l’écologie (ndt: entendre la vraie écologie qui protège les petits d’hommes d’abord, le reste en découlant). Avec son désir de transparence. Avec son humilité à reconnaître ses erreurs. Avec sa manière rigoureuse et digne d’avoir souffert et fait front face aux plus indignes péchés dans l’Église, comme l’abus de mineurs. Avec ses rendez-vous avec des auteurs non croyants et même marxistes dans ces encycliques et ses exhortations, mais en incluant toujours en priorité l’Amour de Dieu. Avec sa façon de promouvoir le dialogue avec d’autres religions (ndt: comprendre des personnes d’autres religions), sans mélanges ni syncrétismes. Pour nous avoir rappelé que la beauté est un attribut de Dieu. Avec sa façon digne et sereine d’être successeur de Pierre.

* * *

Note de traduction
-----
Le rédacteur de l’article de « Acción liturgica » est parti d’un entretien de Mgr E Dal Covolo (*) signalé par le site Rorate Caeli, un article en anglais qui de terminait par les mots français : « ah, l’ingratitude !). L’on y voit quelques minutes d’un reportage de la télévision PNC – Pacific News Center). En effet le prélat s’est exprimé alors qu’il se trouvait dans l’île de Guam du 21 au 29 décembre 2013.
Ce n’est pas bien de la part de Dal Covolo d’aller dire cela et en plus en plein Pacifique, dans une île catholique depuis des siècles et qui a conservé sa religion contre vents et marés.

(*) Ndlr:
Je lis dans sa biographie wikipedia (en italien) que ce salésien italien né en 1950 avait même eu l'honneur de prêcher les exercices spirituels devant Benoît XVI durant la retraite spirituelle de Carême du 21 au 27 février 2010.
Le 30 juin de la même année, Benoît XVI le nommait recteur de l' Université pontificale du Latran, et le 15 Septembre l'élèvait à la dignité épiscopale.
Le 18 Septembre 2012, il était nommé Père synodal de la XIII Assemblée Générale Ordinaire du Synode des évêques.

Cela me rappelle le testament de Louis XVI:

je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’étaient attachées qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l’ingratitude, mais je leur pardonne (...)
(..) d’un côté s
i j’étais seulement touché de l’ingratitude et de la déloyauté des gens à qui je n’avais jamais témoigné que des bontés, à eux à leurs parents ou amis, de l’autre j’ai eu de la consolation à voir l’attachement et l’intérêt gratuit que beaucoup de personnes m’ont montrés...

L'éternel humain, en somme.