Dialogue interreligieux

Le Pape François a reçu une délégation de rabbins d'Argentine (20/1/2014)

>>> Sur ce sujet: benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/francois-ira-en-terre-sainte-en-2014.html
>>> Voir aussi: www.aleteia.org/fr/religion/article/rabbin-skorka-avec-le-pape-francois-meme-les-synagogues-se-remplissent

En plus de son blog en anglais www.mondayvatican.com, mis à jour, comme son nom l'indique, le lundi, où il étudie plus particulièrement le gouvernement de l'Eglise, et dont j'ai traduit plusieurs articles, Andrea Gagliarducci tient aussi une rubrique sur le site italien Korazym.org, qui apporte des éclairages souvent inédits et très intéressants.
Témoin cet article, où il est question de l'amitié entre le Pape et le Rabbin Skorka (rappelons qu'ils ont co-écrit un ouvrage traduit en Français sous le titre "Sur la terre comme au ciel", qui a pratiquement joué le rôle de première biographie du Pape).

Sous Benoît XVI aussi, le dialogue existait, mais force est de constater que le courant ne passait pas aussi bien (c'est un euphémisme)... et ce n'était pas du fait du Pape.
What's new?

La prochaine étape? Une théologie chrétienne sur le judaïsme et une théologie juive sur le christianisme
http://www.korazym.org
18 janvier 2014
Andrea Gagliarducci
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Il faut toujours une rencontre pour que naisse un dialogue.
Dans le cas du Rabbin Skorka, la rencontre fut celle avec Joseph Sievers, un prêtre amoureux du judaïsme au point d'en savoir encore plus que les rabbins eux-mêmes.
Skorka fut fasciné par la figure de ce prêtre, et commença donc à s'occuper avec plus de force du dialogue entre le christianisme et le judaïsme. C'est le terrain sur lequel a germé la graine de l'amitié entre le rabbin et l'archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio, qui est maintenant le Pape François. Et peut-être cette amitié conduira-t-elle à de nouveaux fruits dans le dialogue interreligieux. Peut-être cette «théologie chrétienne sur le judaïsme», que le pape aurait appelé de ses voeux avec le rabbin lors de leur dernière rencontre, et qu'espère le cardinal Koch.

Skorka s'est exprimé lors d'une conférence à l'Université Grégorienne le 16 Décembre, et il était assis à la même table que le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens. L'endroit ne pouvait pas être plus propice. C'est le jésuite Augustin Bea (1881-1968) qui donna une impulsion majeure à la rédaction de Nostra Aetate , la Déclaration sur les relations avec les autres religions, qui a ouvert une nouvelle ère de dialogue judéo-chrétien.

Buenos Aires est une ville du dialogue (cf. www.korazym.org/6694/papa-francesco-lamicizia-sia-alla-base-del-dialogo-tra-ebrei-e-cristiani). Ville multiculturelle et multi-religieuse, où il est normal pour un rabbin de prendre part aux fêtes chrétiennes et pour un prêtre de prendre part aux fêtes juives. Là vit la plus grande communauté juive en Amérique latine. C'est peut-être pour cette raison que le dialogue entre juifs et chrétiens a été développé en Argentine depuis avant le Concile Vatican II.

Skorka veut un dialogue qui va aux racines de la foi, fuyant les tentations de «prosélytisme», car c'est seulement ainsi qu'il sera possible «de nous connaître et de nous aimer». Connaissance, amour et théologie: tels sont les trois niveaux du dialogue interreligieux selon le rabbin. «Lors de notre dernière rencontre - révèle Skorka - le Pape François a dit que la prochaine étape est précisément celle théologique».

Et c'est le cardinal Koch qui parle d'une «théologie chrétienne sur le judaïsme et d'une théologie juive sur le christianisme», une étape nécessaire pour renforcer davantage le dialogue. Un dialogue fondé sur les communes racines abrahamiques des deux religions (Skórka rappelle que Jésus se faisait appeler Rabbi, maître en hébreu) et qui a gardé de nombreuses lignes de continuité.

Des lignes de continuité dont le Pape François est bien conscient. Ces derniers jours, le Pape a reçu une délégation de dirigeants juifs d'Argentine (ndt: je pense qu'il faut comprendre: de rabbins), lors d'une audience qui a duré au moins deux heures et inclus une brève rencontre informelle avec «snack» casher. Il s'est agi, selon les participants, d'«un dialogue franc, qui montre comment, à partir de la compréhension et du respect entre les confessions, on peut construire un monde meilleur».

Lors de la rencontre, il a aussi été question du prochain voyage en Terre Sainte du Pape François (24-26 mai). Skorka espère que le Pape portera un «message de paix», et avec le pape tous les rabbins ont reconnu «l'importance et la transcendance de ce lieu si tourmenté du monde, où l'on peut trouver les lieux saints des trois religions monothéistes les plus importantes de l'humanité», a expliqué le rabbin Schlosser.

Selon Radio Vatican d'aujourd'hui:
Le Pape François serait prêt à ouvrir les Archives du Saint-Siège, afin de faire toute la lumière sur le rôle de Pie XII et de l’Eglise durant l’Holocauste. C’est ce qu’a révélé le rabbin argentin Abraham Skorka, ami de longue date du Pape François, dans un entretien au Sunday Times.
« La question est très délicate, et nous devons continuer à l’analyser ». Le Souverain pontife voudrait donc ouvrir les Archives, avec pour objectif de lever le moindre doute sur Pie XII, avant de poursuivre le processus de canonisation d’un Pape, dont le rôle dans la Shoah reste, pour beaucoup, controversé.

Le Rabbin, qui annonçait déjà le prochain voyage en Terre-Sainte serait-il le nouveau porte-parole du Pape?