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Eucharistie et divorcés

Une lettre pastorale de l'évêque d'Avila, Mgr Jesús García Burillo, traduite par Carlota (23/5/2014)

Voici une lettre de l’évêque d’Avila, Monseigneur Jesús García Burillo, sur le sujet de l’eucharistie et des divorcés.
Au moins le fameux coup de téléphone du Pape au couple argentin (cf. Le Pape au bout du fil), aura permis à certains prélats qui sont dans les diocèses au contact du peuple de Dieu, de réaffirmer avec force mais toujours une grande charité (la vraie charité), l’extraordinaire et unique doctrine raisonnée et raisonnable, celle de l’Église, une doctrine qui ne s’arrête ni à l’émotionnel, ni aux modes du temps, mais voit toujours plus loin pour le salut des âmes (un salut toujours individuel) et le bien commun.
Loin, surtout, de cette pseudo-charité contemporaine (de cette empathie, mot à la mode, qui devient un refus de prendre position par rapport à des principes) qui, sous prétexte de faire croire qu’interdire est contre-productif, que le mal n’existe pas vraiment, que le bonheur sur terre est plus qu’une possibilité mais la finalité, oublie de rappeler ce qu’est la vraie charité qui est d’abord de dire la vérité et qu’elle existe.
(Carlota)

     

Eucharisitie et divorcés

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Tout divorce est toujours un drame humain. Quand on se marie à l’Église, on le fait avec comme objectif que la famille que l’on fonde perdure jusqu’à la mort.
Si cela ne se passe pas ainsi, l’âme reste blessée. La rupture d’un mariage cause de profondes souffrances à tous. L’Église en suivant l’exemple de son Seigneur, accueille, console et accompagne cette douleur. Il n’y a que le Seigneur, mort et Ressuscité, qui peut guérir notre cœur malade, octroyer un sens à nos échecs et nous montrer avec sa croix que, malgré notre douleur, il existe un amour sans limites, éternel.

Il y a beaucoup de personnes qui essaient de refaire leur vie avec un nouveau mariage. Elles cherchent une compagnie à côté de laquelle elles pourront retrouver la joie, elles prétendent à une seconde opportunité.
Quand cela arrive, si ce sont des chrétiens, ils se rappellent les paroles de Jésus : « Si l’un répudie sa femme et se marie avec une autre, il commet l’adultère contre la première. Et si elle répudie son mari et se marie avec un autre, elle commet l’adultère » (Marc 10, 11-12).

Un catholique divorcé que se remarie est infidèle à cette union qu’il a assumé devant Dieu une fois pour toutes. Sa nouvelle vie est moralement irrégulière. Son nouvel état contredit ce que le mariage signifie: l’Union entre le Christ et l’Église. Cette union s’actualise d’une façon éminente dans l’Eucharistie. C'est pourquoi les divorcés remariés ne peuvent pas communier.
Cela apparaît comme une nouvelle souffrance pour la personne touchée:les conséquences du péché qu’elle porte avec elle.

Que faire devant cette situation ? En de multiples occasions le magistère de l’Église a parlé, en affirmant toujours que ces personnes ne peuvent pas accéder au sacrement de la communion. Les Papes Saint Jean-Paul II et Benoît XVI, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le Conseil Pontifical pour les textes législatifs, le dernier Synode des évêques, l’ont fait.

Écoutons, comme exemple de toutes ces interventions, le Pape Benoît XVI dans l’Exhortation Sacramentum Caritatis (§ 29) :
« les divorcés remariés, malgré leur situation, continuent d'appartenir à l'Église, qui les suit avec une attention spéciale, désirant qu'ils développent, autant que possible, un style de vie chrétien, par la participation à la Messe, mais sans recevoir la Communion, par l'écoute de la Parole de Dieu, par l'adoration eucharistique et la prière, par la participation à la vie de la communauté, par le dialogue confiant avec un prêtre ou un guide spirituel, par le dévouement à la charité vécue et les œuvres de pénitence, par l'engagement dans l'éducation de leurs enfants » (1).

Et lors d’un dialogue à l’occasion de la Rencontre Mondiale des Familles, à Milan (2), il ajoutait :
« Cela me semble une grande tâche d’une paroisse, d’une communauté catholique, de faire vraiment ce qui est possible pour qu’ils [les divorcés remariés] sentent qu’ils sont aimés, acceptés, qu’ils ne sont pas "dehors" bien qu’ils ne puissent pas recevoir l’absolution et l’Eucharistie : Ils doivent voir qu’ils vivent ainsi pleinement dans l’Église…Même sans la réception "corporelle" du sacrement, nous pouvons être vraiment unis au Christ en son Corps ».

C’est la doctrine de l’Évangile que l’Église expose d’une manière réitérée, avec humilité et fidélité au Seigneur, et qui n’a changé d’aucune façon avec le magistère du Pape François. Il est bon que nous l’ayons présente pour éviter certaines confusions ou certains malentendus qui sont diffusés sans beaucoup de rigueur à travers les médias.

Comme je l’ai déjà dit, l’Église ressent la douleur de ces personnes et les accompagne avec son affection et sa prière. Toute souffrance peut être offerte au Christ comme une participation à son sacrifice rédempteur et, de cette façon se transformer en chemin de salut. Cette vérité de la foi peut s’appliquer aux souffrances physiques, comme celles qui nous arrivent du fait de la maladie ; comme les souffrances humaines comme celles que cause le divorce, et aussi les souffrances spirituelles, comme celles qui viennent du fait de ne pouvoir recevoir le Seigneur sous la forme du sacrement. Il est important que nous les catholiques nous sachions exposer ce mystère aux hommes et aux femmes de notre temps, et il est plus important encore que nous montrions aux jeunes qu’il existe un amour sans limites et qu’il est possible de se donner entièrement pour toute une vie. La famille est belle parce qu’elle est fondée sur l’amour de Dieu, de celui auquel nous pouvons tous participer. Pour se marier il n’est pas seulement nécessaire que les fiancées consacrent du temps à se connaître, il est indispensable aussi qu’ils s’embarquent dans une aventure spirituelle qui suppose de découvrir, accueillir et réaliser dans la vie propre cet amour divin qui est patient, ne tient pas des comptes du mal, pardonne n’importe quelle offense et supporte tout sans perdre jamais la joie de l’espérance [(cf 1 Cor 13-4-7)] (3).

Avec mon affection et ma bénédiction à tous, en particulier, pour ceux qui se trouvent dans cette situation.

+ Jesús García Burillo, Évêque d’Avila (Espagne).

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Notes de traduction

(1) Exhortation Sacramentum Caritatis , §29 «Eucharistie et indissolubilité du mariage». à lire en entier ici.

Extraits : Il est cependant nécessaire d'éviter de comprendre la préoccupation pastorale comme si elle était en opposition avec le droit. On doit plutôt partir du présupposé que le point fondamental de rencontre entre le droit et la pastorale est l'amour de la vérité : cette dernière en effet n'est jamais abstraite, mais « elle s'intègre dans l'itinéraire humain et chrétien de tout fidèle »
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(2) http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2012/june/documents/hf_ben-xvi_spe_20120602_festa-testimonianze_fr.html
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(3) 1 Corinthiens 13, 4 à 7 (www.aelf.org/bible-liturgie/1Co)

04 L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ;
05 il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ;
06 il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ;
07 il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout.