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Fronde "ancien régime" au Vatican

Les étonnants commérages du Cardinal Maradiaga (25/4/2014)

Le Pape François ne cesse de dénoncer les commérages, comme source de division dans l'Eglise.
Marco Tosatti en parlait déjà en septembre 2013: benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/les-commerages-une-langue-interdite-au-vatican
François l'a même fait de façon surprenante lors des voeux à la curie romaine le 21 décembre 2013:

Sainteté dans la Curie signifie aussi objection de conscience. Oui, objection de conscience aux bavardages ! Nous insistons beaucoup à juste titre sur la valeur de l’objection de conscience, mais peut-être devons-nous l’exercer aussi pour nous défendre d’une loi non écrite de notre environnement, qui est malheureusement celle des bavardages. Alors faisons tous objection de conscience ; mais attention je ne veux pas faire seulement un discours moral ! Parce que les bavardages abîment la qualité des personnes, abîment la qualité du travail et de l’environnement.

Il l'a fait encore le 23 janvier dernier à Sainte Marthe (fr.radiovaticana.va)

Il a évidemment raison (et sans doute aussi ses raisons).
Mais comment expliquer, alors, les propos du Cardinal Maradiaga, que certains présentent comme le "vice-pape", en tout cas un de ses conseillers écoutés, tels que les rapporte un journaliste "vaticaniste" fiable, Matteo Matzuzzi.
On a du mal à y percevoir la miséricorde d'un homme d'Eglise. Et de quoi s'agit-il, sinon de commérages?

L'alarme du vice-Pape sur la fronde Ancien Régime
http://www.ilfoglio.it/soloqui/22979
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Maradiaga parle de cardinaux qui se repentent et de médisances contre «le petit argentin»

Le Cardinal Oscar Rodríguez Maradiaga, grand conseiller du pape - dont il a aussi été un grand électeur - et coordinateur du conseil de huit cardinaux qui étudie la réforme de la gouvernance du Vatican est préoccupé.
Il voit d'étranges courants s'agiter dans les palais sacrés, très mal disposés envers le tournant imprimé cette dernière année par François.
S'exprimant devant des Frères Mineurs de Saint-Pétersbourg, en Floride, Maradiaga ne s'est pas caché derrière le rituel langage de la diplomatie: «Nous devons être prêts, car cette merveilleuse mais étrange popularité commence certes à se renforcer, mais en même temps réveille un opposition sourde, non seulement dans la vieille curie, mais aussi chez ceux qui ont perdu des privilèges de traitement et de confort».

A qui se réfère le cardinal du Honduras, on ne sait pas, mais il vient en priorité à l'esprit l'allusion aux prêtres «onctueux, somptueux, et présomptueux», que jeudi dernier - au cours de l'homélie de la messe chrismale à Saint-Pierre - le pape a opposés aux prêtres pauvres dédiés à la mission d'évangélisation:
«Si tu ne sors pas de toi-même, l’huile devient rance, et l’onction ne peut être féconde. Sortir de soi-même demande de se dépouiller de soi, comporte pauvreté» avait martelé François devant l'autel de la Confession (w2.vatican.va).

Au milieu des fresques des palais Renaissance, au-delà du Tibre, on entend de tout, a révélé l'archevêque de Tegucigalpa à ses interlocuteurs de la Conférence des ordres des Frères Mineurs de langue anglaise, et ce ne sont pas toujours des compliments adressés au Pape: «Mais que prétend-il, ce petit Argentin?», aurait laissé échapper quelque important monsignore habitué aux rythmes et aux privilèges anciens, selon Maradiaga.
Un cardinal, a ajouté le cardinal du Honduras, aurait (?) même dit qu'il avait «commis une erreur» en votantpour le Cardinal Jorge Mario Bergoglio dans la Chapelle Sixtine au dernier conclave.
Ce sont tous des éléments qui, mis bout à bout, révèlent l'existence d'une fronde interne qui résiste à la «nouvelle manière d'être Église» que François tente de construire», a expliqué le chef des huit conseillers qui se réuniront à nouveau à Rome du 28 au 30 Avril pour discuter de la réforme de la curie et de fusions probables entre les conseils pontificaux.
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On croit percevoir une exit strategy, par anticipation, au cas où François décevrait les espoirs placés en lui par l'aile progressiste après le prochain synode: c'est la faute aux consevateurs, agrippés à leurs privilèges d'un autre âge.