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Humanae Vitae, une prophétie scientifique

Un article publié en janvier 2009 par l'OR fait le point sur la nocivité de la pilule (26/5/2014)

     

Commentant le discours prononcé le 10 mai 2008 par Benoît XVI devant les participants à un congrès organisé pour marquer le 40e anniversaire d'Humanae Vitae [cf. Les quarante ans d'Humanae Vitae (2)], Monique observe:

Le 10 mai 2008, pour les 40 ans de l'encyclique HUMANAE VITAE, Benoît XVI prononce cette phrase un peu sibylline:
«Ce qui était vrai hier, reste également vrai aujourd'hui. La vérité exprimée dans Humanae vitae ne change pas; au contraire, précisément à la lumière des nouvelles découvertes scientifiques, son enseignement se fait plus actuel et incite à réfléchir sur la valeur intrinsèque qu'il possède».

Que sait-on aujourd'hui qu'on ne savait pas en 1968?
1. La pilule (et tous les autres procédés hormonaux) est potentiellement abortive. (1)
2. Toutes les générations de pilules sont nocives pour la santé des femmes, à des degrés divers. (2)
3. Elle contribue à la pollution de l'environnement.

Autrement dit, "à la lumière des nouvelles découvertes scientifiques" le synode n'a aucune chance d'avaliser l'acceptation d'une méthode artificielle de contraception que la majorité des catholiques considère comme une avancée incontournable.
Un conflit est prévisible entre le synode (puis le Pape??) et l'opinion publique catholique, qui a été bien peu éclairée sur ce sujet, depuis 40 ans, par les instances ecclésiales, hormis les Papes (dont le Magistère sur ce sujet a été systématiquement déformé).

* * *

(1) Exposé du directeur scientifique de L'Académie Pontificale pour la Vie, Monseigneur Jacques Suaudeau (www.dialoguedynamics.com)
(2) Avantages et inconvénients des 4 générations de pilules (sante.lefigaro.fr)

     

Faisant alors une recherche sur la nocivité de la pilule, j'ai retrouvé dans mes archives cet article publié en janvier 2009 sur l'OR, signé du président de la Fédération Internationale des Associations de Médecins Catholiques (FIAMC) Pedro José María Simón Castellví .
L'article avait bien sûr immédiatement provoqué l'ire des habituels "défenseurs de la contraception" (cf. www.lemonde.fr).

     

«Humanae vitae»
Une prophétie scientifique
Pedro José María Simón Castellví
(Ma traduction: benoit-et-moi.fr/2009-I)
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La Fédération que j'ai l'honneur de présider vient de publier un document officiel pour commémorer le quarantième anniversaire de la lettre encyclique Humanae Vitae du Pape Paul VI, de vénérée mémoire.
Il s'agit d'un texte très technique, long, de cent pages, avec trois cents citations bibliographiques, la plupart issues de revues médicales spécialisées. Le document a vu la lumière après beaucoup de mois de recherche et d'intense travail de recueil de données.
Il convient d'en rappeler le responsable, le médecin suisse Dr Rudolf Ehmann, qui a consacré à sa rédaction le nombre exact de mois d'une grossesse. Il n'avait jamais été fait quelque chose de comparable du point de vue médical, étant donnée la façon de travailler et d'écrire à laquelle nous sommes habitués, nous autres, médecins. En outre le texte original en allemand est beau et bien écrit.
Quelles sont ses clés de lecture ?
Dit-il quelque chose de nouveau à l'Église et à la société ?
On doit le considérer comme une autorité qualifiée en matière de contraception. Écrit avec tous les critères scientifiques, sans aucun complexe d'infériorité par rapport à n'importe quel débat d'obstétrique et de gynécologie, il arrive à deux conclusions qui ne devraient pas passer inaperçues ni dans l'Église ni en dehors d'elle.

En premier lieu, il montre irréfutablement que la pilule dénommée "anovulatoire", la plus utilisée dans le monde industrialisé, celle avec de basses doses d'hormones oestrogènes et progestatives, fonctionne dans beaucoup de cas avec un véritable effet anti-implantatoire, c'est-à-dire abortif, puisqu'il expulse un petit embryon humain. L'embryon, même dans ses premiers jours, est quelque chose de différent de l'ovule ou d'une cellule germinale féminine. L'embryon a une croissance continue, coordonnée, graduelle, d'une force telle que, s'il n'y a rien qui l'en empêche, il finit par sortir du ventre maternel en neuf mois, prêt à avaler des litres de lait.
Cet effet anti-implantatoire est admis par la littérature scientifique. On parle même sans pudeur de taux de perte embryonnaire. Curieusement cependant cette information n'arrive pas au grand public. Elle est connue des chercheurs et est présente dans les notices des produits pharmaceutiques destinés à éviter une grossesse.

Un autre aspect intéressant concerne les effets écologiques dévastants des tonnes d'hormones déversées annuellement dans l'environnement.
Nous avons suffisamment de données pour affirmer qu'une des raisons nullement négligeable de l'infertilité masculine en occident (avec toujours moins de spermatozoïdes chez l'homme) est la pollution ambiante provoquée par les produits de la "pilule». Nous sommes ici face à un clair effet anti-écologique qui exige des explications ultérieures de la part des fabricants. Tout le monde connaît les autres effets secondaires des combinaisons entre les oestrogènes et la progestérone. L'Agence Internationale de Recherche du Cancer (International Agency for Research on Cancer), qui a son siège à Lyon, une agence de l'Organisation mondiale de la santé (Oms), dans son communiqué de presse du 29 Juillet 2005, avait déjà constaté le caractère cancérigène des préparations orales combinées oestrogène-progestérone et il les avait classés dans le groupe un des agents cancérigènes…

La chose triste dans tout cela est que, s'agissant de réguler la fertilité, ce ne sont pas ces produits -là qui sont nécessaires. Les moyens naturels de régulation de la fertilité ("Nfp" ou Natural Family Planning) sont aussi efficaces et en outre ils respectent la nature de la personne.

En ce soixantième anniversaire de la Déclaration des Droits de l'Homme on peut dire que les moyens contraceptifs violent au moins cinq droits importants : le droit à la vie, le droit à la santé, le droit à l'éducation, le droit à l'information (leur diffusion se produit au détriment de l'information sur les moyens naturels) et le droit à l'égalité entre les sexes (le poids des contraceptifs retombe presque toujours sur la femme).
La FIAMC (fédération internationale des associations de médecins catholiques) s'est engagée avec la science et la vérité depuis ses origines. Pour cela nous étudions et mentionnons tant l'effet principal que ceux secondaires de ces médicaments. La clé de notre anthropologie ne consiste cependant pas seulement dans le fait que nous examinons les produits abortifs qui ont des effets secondaires consistants ou qui sont même inutiles. Nous allons bien au-delà. La sexualité est un don merveilleux de Dieu aux conjoints. Il les unit tellement que tout élément extérieur qui s'interpose entre eux est un tiers sans droits. Les conjoints s'offrent entièrement l'un à l'autre, y compris leur capacité générative. Si une nouvelle vie n'est pas possible pour de graves raisons, cela fait aussi partie de l'intimité conjugale d'utiliser les périodes infécondes de la femme pour avoir des rapports qui doivent être toujours satisfaisants pour tous les deux et les unir toujours plus.
À ceux qui voient certains documents de l'Église comme des condensés d'interdits, je conseillerais vivement de lire les codes civils, pénaux ou mercantiles des pays occidentaux. Là oui, il y a des défenses ! Je ne discute pas leur opportunité, mais je crois que ces mêmes codes se basent sur les prémisses fondamentales de la liberté personnelle et de commerce qui visent au bonheur des personnes et à l'efficacité des sociétés et qui, en définitive, justifient quelques interdits.

L'Église a en grande estime la sexualité et croit que, si on acquiert une formation et des habitudes correctes, la vie est plus facile et on juge positivement quelques limites qui existent effectivement.
Nous, médecins catholiques, sommes pleinement conscients de devoir investir beaucoup plus dans la maternité. Plus aussi en ressources humaines, dans l'éducation et en ressources financières. La doctrine d'Humanae Vitae est peu suivie, et entre autres raisons, parce qu'en son temps trop de médecins ne l'ont pas acceptée. La question opposée peut nous aider à voir combien Paul VI fut prophétique. S'il avait accepté la "pilule", aujourd'hui aurions-nous pu prescrire avec conscience quelques produits que savons être anti-implantatoires ?
Le prestige du médecin lui permet d'offrir aux conjoints, avec autorité, des alternatives à la contraception. Le rapport entre le médecin et le patient est si fort qu'il se rompt difficilement. À cette fin il est cependant nécessaire de former et d'informer plus et mieux les médecins sur la fertilité. Je crois que nous médecins catholiques continuerons à accomplir notre profession. Toutefois, vu la situation actuelle - avec des progrès très lents, beaucoup de réticences et des millions de personnes impliquées - j'ose demander respectueusement à l'Église de créer une commission spéciale pour l'Humanae vitae.

(©L'Osservatore Romano - 4 janvier 2009)