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La cohabitation pre-matrimoniale

... une épine de plus pour le synode sur la famille de 2014/2015. Une réflexion argumentée de Monique (10/3/2014)

Dans le cadre de son approche plus pastorale que doctrinale des maux de notre société, le pape François (cf. Le Pape François et les "fiancés" ) ne semble pas encore s'être exprimé sur le problème de la cohabitation, qui concernerait l'immense majorité des couples, qu'ils se marient ou pas ensuite! Le Synode sur la famille d'octobre prochain abordera certainement le thème.

Pour mémoire, voici quelques articles de ce site consacrés aux réflexions de Benoît XVI sur la question.

     
LA COHABITATION PRÉ-MATRIMONIALE
UNE ÉPINE DE PLUS POUR LE SYNODE SUR LA FAMILLE DE 2014/2015.

Monique T.
9 mars 2014
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Les fameux questionnaires ont confirmé ce dont tout le monde se doutait: plus de 95% des couples de jeunes catholiques ne se marient à l'Eglise (s'ils se marient!), qu'après plusieurs mois ou années de cohabitation, avec l'approbation de l'opinion catholique et de leurs proches, mais en contradiction avec l'enseignement du CEC qui dit, au § 2391:

« Plusieurs réclament aujourd'hui une sorte de "droit à l'essai", là où il existe une intention de se marier. [...] L'union charnelle n'est moralement légitime que lorsque s'est instaurée une communauté de vie définitive entre l'homme et la femme. L'amour humain ne tolère pas l'"essai". Il exige un don total et définitif des personnes entre elles».

Le CEC dit aussi au § 2390 une phrase tranchante de nature à susciter un certain rejet de la part de l'opinion majoritaire et quelque embarras pour le synode:

«L'acte sexuel doit prendre place exclusivement dans le mariage; en dehors de celui-ci, il constitue toujours un péché grave et exclut de la communion sacramentelle».

Comment le synode pourra-t-il aménager des dispositions "pastorales" à partir de pareilles bases... à moins de mettre le Catéchisme à l'index? On entrevoit déjà les conflits qui vont secouer le synode!

Benoît XVI s'est prononcé plusieurs fois avec courage sur la nocivité de la cohabitation, comme à Zagreb en 2011:

« Chères familles, soyez courageuses! Ne cédez pas à la mentalité sécularisée qui propose la cohabitation comme préparatoire ou même substitutive au mariage».

Je vais essayer d'aborder quelques points relatifs à la cohabitation pré-matrimoniale (avec une intention de se marier dans un certain délai, si l'expérience de la vie commune s'avère concluante) des jeunes baptisés, se considérant comme catholiques : le discernement, la liberté du consentement et le sens de la fête.

Le discernement.

Il tombe sous le sens que les fiancés doivent bien se connaître avant de prendre une décision qui, pour les catholiques, engage toute la vie. Pour savoir si on pourra former une communauté de vie, rien de tels que la PAROLE et le partage de certaines activités sociales, culturelles etc... «Quand on n'utilise pas encore tout le langage du corps, la parole peut en effet prendre sa place». (1)

Autrement dit, les relations sexuelles ne sont pas le meilleur moyen d'accéder à la connaissance de l'autre. La satisfaction sexuelle peut même masquer une certaine indigence des sentiments et des relations entre les "fiancés"... qui se marieront avec une "grenade" dans le dos qui explosera un jour. Un couple qui n'a pas entamé de relations sexuelles se rendra compte plus facilement de la pauvreté de la relation et rompra à temps. C'est pourquoi on peut dire que la cohabitation est la meilleure pourvoyeuse de divorces.

On a répété des années (et certains l'ont dit lors des questionnaires) que la cohabitation prévient les divorces.
C'est le contraire qui est vrai: maintenant que la cohabitation est généralisée, il n'y a jamais eu autant de divorces!

Voici ce que disait Benoît XVI à Ancône en 2011:
« Et ne croyez pas, selon une mentalité répandue, que la cohabitation est une garantie pour l'avenir. Brûler les étapes finit par "brûler" l'amour, qui au contraire a besoin de respecter les temps et la gradualité dans les expressions, il a besoin de faire de la place au Christ, qui est capable de rendre un amour humain fidèle, heureux et indissoluble».
Ce temps d'attente est nécessaire pour éprouver la qualité de l'amour.

Benoît XVI dit dans DEUS CARITAS EST:
« L'amour n'est pas seulement un sentiment. Les sentiments vont et viennent. Le sentiment peut être une merveilleuse étincelle initiale, mais il n'est pas la totalité de l'amour».
Beaucoup de mariages sont fondés uniquement sur des sentiments qui "vont et viennent" (d'où les infidélités et les ruptures) et non sur LA DECISION D'AIMER (agape).

Benoît XVI nous dit:
«L'Eglise ne dit pas "Es-tu amoureux?" mais "veux-tu?, Es-tu décidé?"»
Cette décision se prend lors des fiançailles quand on décide de se marier et non au cours d'une cohabitation molle où l'autre n'est toléré qu'à l'essai, à condition qu'il nous apporte plaisir et confort.

Benoît XVI disait encore à Milan en 2012:
«Ce sentiment de l'amour est beau, mais il doit être purifié, il doit prendre le chemin du discernement, c'est-à-dire que la raison et la volonté doivent aussi intervenir; raison, sentiment et volonté doivent s'unir».

La cohabitation n'est pas le cadre idéal du discernement.

La liberté

La liberté du consentement est une des conditions de validité du sacrement du mariage. Il y a des situations, qui sans aller jusqu'à compromettre la validité du sacrement, entament gravement la liberté de décision des "fiancés". La cohabitation en est une.

«Décider de ne pas avoir de relations sexuelles permet de rester plus libre vis-à-vis de celui ou de celle qu'on aime. La distance des corps laisse une plus grande place à la réflexion [...] En cas de doute ou de nouvelle rencontre, la rupture est toujours moins douloureuse» (1).
En effet, on n'est libre que si on a la possibilité de dire non jusqu'au dernier moment. Or les "cohabitants" sont emprisonnés dans un processus de non-décision: ils ne veulent ni rompre (la relation est à peu près satisfaisante) ni prendre, dans un bref délai, un engagement définitif (qui leur fait peur). On vit au jour le jour.

Voici ce que dit Mgr Perrier:
«Un des arguments contre la pratique actuelle de la cohabitation est qu'elle conditionne lourdement la liberté des fiancés».

Beaucoup d'éléments conditionnent la liberté des "cohabitants" pour ou contre le mariage: un attachement purement sensuel, des intérêts économiques communs, les habitudes quotidiennes, la peur de rompre (quand ce serait bien plus sage!), la hantise de se retrouver seul, le confort affectif, la peur de perdre des amis communs et de contrarier la famille... et surtout la présence d'enfants!
Aujourd'hui, il est courant que les mariés soient déjà parents d'un ou de plusieurs enfants.
Ces personnes n'ont-elles pas aliéné partiellement leur liberté de consentement, érodée par des années de cohabitation?. Si un jour elles estiment avoir été piégées, une crise risque d'éclater et d'évoluer vers le divorce.

Le mariage doit être une fête.

Surtout le jour des noces: souvenir inoubliable pour ceux qui commencent réellement leur vie commune ce jour-là.
L'homme a besoin de fêtes et les "cohabitants" se privent de certaines joies. La cohabitation enlève beaucoup de poésie et d'attrait au mariage (pour ceux qui finissent par se marier!). On s'est déjà noyé dans les préoccupations quotidiennes (budget, impôts, loyer, ménage etc...) au lieu de rêver un peu. Quand on se marie enfin, on n'a plus rien de nouveau à découvrir, parfois plus grand chose à se dire: Il n'y a ni aurore, ni fête propres à réconforter le couple aux jours de crise.

Benoît XVI avait dit à Ancône en 2011:
« L'apparente exaltation du corps, qui en réalité banalise la sexualité et tend à la faire vivre en dehors d'un contexte de communion de vie et d'amour, appartient elle aussi à une culture où manque le vin de la fête».

La cohabitation, c'est un banquet servi prématurément, et auquel il manque le" vin de la fête".

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Note:
(1) Simples questions sur la vie... (document de la Conférence des évêques de France).