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La croix Kasper de Benoît XVI

Le cardinal allemand a accordé une interviewe à la presse italienne (11/3/2014)

Au-delà de la doctrine qui ne changera pas, je suis sûr que le Synode sur la Famille va renforcer le rôle de la conscience

Benoît XVI a porté la "Croix Küng". Celle-là commence aussi par la lettre K, elle vient aussi d'un ex-collègue, et elle est presque pire, car il s'agit d'un cardinal influent, faiseur de Pape, bien implanté dans l'appareil de l'Eglise.
Il accorde ici une interviewe à un journal italien.
Bien entendu, selon une technique bien rôdée, le titre accrocheur ne correspond absolument pas au contenu, mais c'est la technique des médias: demander le maximum pour obtenir un peu. Quitte à se plaindre après coup d'avoir été trompé.
Je préfère ne pas ajouter de commentaires, car je risquerais de manquer du respect dû à un successeur des apôtres. Chaque phrase est un hypocrite coup de poignard à Benoît XVI, avec qui un Kasper triomphant règle manifestement ses comptes. Jalousie, sans aucun doute.

Pour mémoire, lors de son premier angélus, le 17 mars 2013, Place Saint-Pierre, François a rendu hommage au cardinal Kasper comme théologien (tout le monde prétend qu'il voue un immense respect à son prédécesseur, mais je ne sache pas qu'il lui ait rendu aussi explicitement hommage. Un an après, on commence à comprendre un peu mieux la portée de cet hommage, qui n'était pas qu'un geste de courtoisie. (1)

     

Kasper révèle le tournant historique: le pape François portera François aux sommets de l'Eglise
Interviewe de Walter Kasper
“Qn” (il Resto del Carlino, la Nazione, il Giorno),
10 mars 2014
(Source, traduction benoit-et-moi)
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S'il y a un cardinal de la Curie romaine lié par un double fil au pape François, c'est Walter Kasper.
Grand Electeur de Bergoglio au conclave (!!!), le président émérite du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, 80 ans, partage avec le jésuite ce que Juan Carlos Scannone, père de la Théologie du peuple chère au pape, appelle « la révolution de la miséricorde ».
Ce n'est pas un hasard si , à l'occasion de son premier Angelus , Bergoglio a justement cité le livre de Kasper «Miséricorde» (1) et surtout il y a quelques semaines lui a confié le très délicat rapport introductif au consistoire extraordinaire sur la famille , où l'on a été témoin d'une confrontation plutôt âpre entre les cardinaux sur l'Eucharistie pour les divorcés remariés. Un défi dans lequel l'allemand s'est depuis longtemps rangé sur des positions progressistes .

- Eminence , comment voyez-vous l'Église un an après l'élection du pape François ?
« Nous avons retrouvé l'enthousiasme, l'élan et la sympathie. Non seulement parmi les chrétiens, mais aussi parmi les croyants des autres religions. Même les athées regardent avec plus d'intérêt vers le monde catholique».

- Le cône d'ombre de la dernière phase du pontificat de Benoît XVI et enfin derrière ?
« On peut dire que nous étions tombés dans la dépression à cause des scandales. Maintenant en seulement douze mois, le climat a changé».

- Tout cela grâce à Bergoglio?
« Le pape a un charisme extraordinaire, bien sûr, mais le Saint-Esprit y a mis du sien» (!!!).

- On a beaucoup écrit sur les gestes inédits de François, depuis le choix de vivre à Santa Marta jusqu'au lavement des pieds à deux jeunes filles: qu'est-ce qui vous a le plus frappé ?
« Certainement sa décision de ne pas résider dans l'appartement papal. C'est lui-même qui a confié à une fillette que "le motif est psychiatrique" (rires). Le pape veut rester avec les autres et cela, les gens l'apprécient beaucoup».

- Que dire de la chaise vide lors du concert à la fin de l' Année de la foi ?
« Il avait un rendez-vous beaucoup plus important, il devait écouter les nonces apostoliques venus à Rome pour le mettre au courant du statut des églises locales»

- Pas seulement ...
« Bergoglio a dit également dit qu'il ne veut pas être un pape de la Renaissance et qu'il n'apprécie pas les attitudes de cour».

- Saintes paroles ?
« Bien sûr, je n'ai jamais aimé certains comportements au sein de la Curie».

- L'Eglise à laquelle travaille le Saint-Père, «pauvre pour les pauvres» ,inclusive, hôpital de campagne après la bataille » se heurte à beaucoup de résistance dans les palais sacrés ?
« Nous ne devons pas exagérer, mais il y en a. Par ailleurs, les cardinaux et les monsignori ne sont pas des momies . Cela dit Franços a un bouclier incroyable qui le protège: l'amour des gens qui remplissent la place Saint-Pierre le dimanche».

- Cardinal , vous avez souvent parlé en faveur d'une présence féminine à la tête des dicastères de la Curie romaine. François partage-t-il votre position?
« Il est d'accord : l'autre moitié de l'Église ne peut plus être exclue».

- Du diaconat féminin que vous considèrez comme possible , même s'il n'est pas sous forme sacramentelle, avez-vous déjà parlé ensemble ?
« Pas encore, mais c'est une question plus délicate et pas central en ce moment».

- Peut-être une mise à jour de l'encyclique «Humanae Vitae» sur les contraceptifs est-elle plus urgente.
« Le pape n'aime pas la la casuistique, mais, au-delà de la doctrine qui ne changera pas, je suis sûr que le Synode sur la Famille va renforcer le rôle de la conscience».

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(1) Angélus du 17 mars 2013
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Ces derniers jours, j’ai pu lire le livre d’un cardinal — le Cardinal Kasper, un théologien de valeur, un bon théologien — sur la miséricorde. Et ce livre m’a fait beaucoup de bien, mais ne croyez pas que je fais de la publicité pour les livres de mes cardinaux ! Il n’en est pas ainsi ! Mais il m’a fait beaucoup de bien, beaucoup de bien... Le Cardinal Kasper disait que ressentir la miséricorde, ce mot change tout. C’est ce que nous pouvons ressentir de mieux : cela change le monde. Un peu de miséricorde rend le monde moins froid et plus juste