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La lutte de Benoît XVI contre la pédophilie

Des chiffres diffusés par AP, démentis puis validés par le Père Lombardi, prouvent l'engagement sans faille de Benoît XVI. Articles de John Allen et Marco Tosatti (19/1/2014)

La guerre n'est pas finie

Nouvelle d'hier: entre 2011 et 2012, quelque 400 prêtres accusés d'abus sexuels ont quitté le ministère.
Information médiatisée (une nouvelle preuve des turpitudes du clergé) mais pas trop (on peut y voir la main de Benoît XVI, et son courage héroïque dans la lutte contre le fléau des prêtres pédophiles).

Je renvoie mes lecteurs au site de mon amie Raffaella (voir par exemple ici) qui s'est investie depuis le début avec passion dans la défense de Benoît XVI, et qui a collecté au jour le jour sur le thème de la lutte contre la pédophilie, une masse incroyable de données.
Il arrive que les "grands" médias fassent du bon travail, y compris à leur insu, comme ici.
Mais ce sont les "petits" qui ont constamment défendu Benoît XVI, en croisant les informations à la source, ne laissant aucune place au doute. Sauf qu'ils ont été, par la force des choses, peu relayés.

Les blogs "indépendants" (parmi lesquels je me compte) auront fait un grand progrès lorsqu'ils cesseront de se référer aux Point, L'Express, le Monde, La Repubblica, et pire encore, confondant leurs infos et la vérité révélée, alors qu'elles n'en sont que l'interprétation orientée.

Enfin, honneur à Marco Tosatti, qui reste l'un des rares vaticanistes qui n'a pas perdu la tête (ou fait semblant de la perdre!) et surtout pas fait une croix sur Benoît XVI, le 13 mars 2013.

     

Marco Tosatti

Le temps est galant homme
http://www.lastampa.it
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Le temps est parfois galant homme (1), et les chiffres aussi.
Ainsi, Benoît XVI, le pape faible, accusé dans le passé par les médias de ne pas avoir fait assez, voire même d'avoir aidé à couvrir les abus sexuels de prêtres a, grâce aux règles introduites par lui-même, et une politique de rigueur voulue auparavant avec Jean-Paul II (en tant que préfet de la CDF) et ensuite en tant que pape, expulsé des rangs de la prêtrise près de 400 prêtres en deux ans. 384, pour être exact, bien que ce chiffre se réfère à des cas qui se sont développés et sont arrivés à leur terme «judiciaire» dans un laps de temps plus long.

Les médias, en particulier anglo-saxons, rapportent ces chiffres; et ils parlent normalement de «children», d'enfants.
Mais à ce stade, pour situer le terrible problème des abus sur mineurs dans l'Église, une précision supplémentaire est peut-être nécessaire.
Davide Cito, professeur à l'Université Pontificale de la Sainte Croix, nous y aide. S'exprimant devant des formateurs religieux, le révérend professeur Cito a parlé de 400 plaintes par an, parvenues à Rome. Il a précisé: «L'Eglise intègre dans son système juridique le concept de harcèlement sexuel qui apparaît dans le système civil. Ce que l'Église a de plus sévère que le système de la justice civile est l'âge de la victime. Dans le systèmes de justice civil, en-dessous de 14 ans il y a intervention d'office. Au dessus de 14 ans, dépôt de plainte. Dans l'Eglise, tous les moins de 18 ans sont traités de la même manière.
Alors que dans le cas du droit civil, la majorité des victimes a moins de 10 ans, dans l'Eglise, sur 400 cas, environ 90% sont du même sexe que l'agresseur sexuel, contrairement au "civil", où c'est au maximum dans 30% des cas (ndt: autrement dit, ce sont plus souvent des fillettes abusées par des hommes, la situation inverse étant forcément rare!!). Dans l'Église l'âge est beaucoup plus élevé, entre 15 et 17 ans. Pour l'Etat, en dessous de 12 ans. Ce n'est plus la pédophilie, au sens technique, mais c'est un abus de mineurs».

Les données laissent à penser qu'il y a un problème avec les prêtres ayant des tendances homosexuelles, qu'ils ne parviennent pas à contrôler avec les jeunes hommes adolescents. Et c'est ce qui explique peut-être, pourquoi dans le passé l'Eglise (encore ce Ratzinger...) avait placé des filtres à l'entrée des séminaires pour les personnes ayant des tendances homosexuelles. Ce qui avait provoqué des protestations de discrimination de la part du Lobby LGBT.

Une autre petite remarque: ce coup de balai a été rendu possible par le fait que le Saint-Siège, à la fin des années 90, avait pris en charge tous les procès dans ce domaine. Aussi parce que les instances locales s'étaient souvent révélées incapables de gérer le problème. Mais cette Curie tellement vitupérée, comme une douane, a servi à quelque chose ....

* * *

(1) Expression qui m'a souvent laissée perplexe. Ici, il me semble que Tosatti l'emploie dans le sens correct, qui est "le temps finit malgré tout par rendre justice"...

     

John Allen

Avec un peu de mauvaise foi, comme toujours, John Allen déplore les effets provoqués par le système dont il vit.
Retenons quand même:
Quand l'histoire des efforts de Benoît XVI pour résoudre la crise des abus sera écrite, nous aurons donc un nouveau chapitre à ajouter...

Anatomie d'un démenti "now-you-see-it, now-you-don’t" (il y était, il n'y est plus)
http://ncronline.org/
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Il y a un nouveau gagnant au concours du plus rapide démenti d'une nouvelle par le Vatican, avec le retrait quasi instantané le 17 janvier d'une déclaration contestant un article de l'Associated Press selon lequel près de 400 prêtres ont été défroqués en 2011/2012 dans les cas d'abus sexuel.
Le démenti a été émis par le jésuite Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, à 21h31 heure de Rome la nuit dernière et rétracté à 22h32, ce qui signifie qu'il a survécu à peine une heure.
Après coup, le fait semble une illustration classique des périls de l'information instantanée d'aujourd'hui.
L'Associated Press a écrit l'article le 17 janvier, en se basant sur les données préparées la veille pour la délégation du Vatican à une session du Comité des Nations Unies sur les droits de l'enfant à Genève, consacré à explorer le dossier de l'église sur les abus sexuels des enfants.
Cette délégation était composée de Mgr Silvano Tomasi, italien, le représentant du Vatican à l'ONU à Genève, et de l'évêque auxiliaire Charles Scicluna de Malte, ex procureur du Vatican dans les affaires d'abus sexuels. Parmi d'autres matériaux, ils avaient un document avec des nombres de cas de violence signalés à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi au cours des dernières années, qu'apparemment l'AP s'était procurée.
Ces données montraient qu'en 2011, il y avait eu 125 affaires dans lesquels la "laïcisation", autrement dit la suppression de l'état clérical, avait été imposée comme peine, et 135 affaires dans lesquelles des dérogations avaient été accordées, autrement dit une sortie volontaire de la prêtrise. En 2012, les chiffres étaient de 57 laïcisations" et 67 dérogations.
En additionnant tout cela, cela fait 384 prêtres qui volontairement ou démis, ont quitté le sacerdoce durant ces deux années pour des raisons liées à des accusations d'abus sexuels, que le compte-rendu de l'AP par John Heilprin et Nicole Winfield arrondit à "près de 400."

Quand la nouvelle a éclaté, d'autres journalistes (moi y compris) ont commencé à appeler Lombardi et Scicluna pour leur demander un commentaire. La première réaction de Lombardi a été de vérifier les chiffres dans les "Actes du Saint-Siège" pour 2012, c'est-à-dire le recueil officiel des données et des rapports concernant les divers ministères du Vatican.
Ce que Lombardi a trouvé, c'est que le bureau disciplinaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi avait ouvert 612 nouveaux cas contre des prêtres en 2012, dont 418 concernaient l'abus de mineurs. Comme le nombre était proche de celui de l'AP, Lombardi a tout naturellement supposé que les journalistes avaient confondu l'ouverture d'un cas et la défroquation, et émis son démenti.
Il faut dire qu'il a été soumis à la pression pour répondre aux agences de presse du monde entier, et d'une certaine façon, il est frappant de constater qu'il était encore au travail et prenait des appels tard dans la nuit de vendredi.
En attendant, moi et d'autres journalistes avons également joint Scicluna, qui a d'abord pensé que l'article de l'AP reflètait probablement la même confusion. Mais une fois les chiffres vérifiés, il s'est rendu compte que l'information était correcte, et il nous l'a dit.
J'ai eu à peine le temps de poster un bref article en notant la confirmation de Scicluna lorsqu'un e-mail de Lombardi est venu annuler le démenti initial.

Autrefois, tout cela se serait passé à l'abri des regards indiscrets, parce que Lombardi et Scicluna auraient eu le temps de comparer leurs notes, de vérifier les données de Genève, peut-être même d'appeler l'un des journalistes d'AP pour savoir sur quoi leur information était été fondée, avant de faire des déclarations.
Mais dans un environnement médiatique entraîné par les messages instantanés de blog, et les tweets, la confusion s'est déroulée sous les yeux du public, provoquant quelque brûlures d'estomac aux personnes directement concernées - et, probablement, un certain degré d'amusement pour les autres.
Dans un monde idéal, l'AP aurait pu appeler Lombardi avant de publier son article et lui aurait donné une chance de réagir, bien que ce soit toujours une proposition risquée pour les journalistes qui détiennent une bonne histoire et ne veulent pas nécessairement donner aux concurrents une chance de les battre sur le fil pour la réaction.

Trois éléments à retenir sur cet épisode.

>> Tout d'abord, l'AP a vu juste, et finalement, cela a été reconnu officiellement. On pourrait ergoter pour savoir si un démission volontaire de l'état clérical est vraiment l'équivalent d'une "défroquation", mais de toute façon les chiffres sont corrects.
>> Deuxièmement, il n'y a pas un grand complot derrière le démenti "now-you-see-it, now-you-don’t" de Lombardi. C'était tout simplement dû à la pression du temps et à la coïncidence que les chiffres de l'AP et ceux des «Actes du Saint-Siège» étaient assez proches pour suggérer un amalgame entre les deux.
>> Troisièmement, le mini-drame impliquant le démenti ne doit pas occulter l'essentiel, à savoir qu'un grand nombre de prêtres ont été démis pour des raisons liées aux abus pendant les dernières années de pontificat de Benoît.

Quand l'histoire des efforts de Benoît XVI pour résoudre la crise des abus sera écrite, nous aurons donc un nouveau chapitre à ajouter grâce à l'Associated Press.