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La messe traditionnelle est-elle une mode ?

Autour des remous provoqués par des propos récents du Pape François, les réflexions d'une blogueuse costaricienne, publiées sur le portail infocatolicà. Traduction de Carlota (23/2/2014)

     

La tradi_catho-blogophère a été récemment agitée par une interrogation que s’est faite tout haut le Pape en recevant les évêques tchèques en visite ad limina le 14 février: la messe traditionnelle ne serait-elle pas une mode chez les plus jeunes ? (cf. yvesdaoudal.hautetfort.com) [*]
Il ne faut pas oublier que la « nouvelle messe » en l’espace de quelques années a été imposée d’une façon particulièrement brutale après Vatican II, et semble-t-il, par des clercs de haut niveau qui avaient outrepassé les termes du Concile, puisqu’ils étaient arrivés, à partir d’une possibilité de dire la messe dans la langue du pays, à l’interdiction en tout lieu de la messe en latin (Se rapporter sur ce sujet à notamment les ouvrages de Jean Madiran sur la « Messe Interdite »). Une messe moderne qui, elle, a été aussi une mode imposée !
Cette « modernisation de la liturgie » s’est aussi faite très rapidement dans les pays de grande catholicité de l’Hispanité que cela soit dans l’Espagne de l’époque encore de Franco ou dans les pays d’Amérique latine particulièrement malmenés par les guérillas marxistes, en passant pas les courageuses Philippines, bastion avancé de Rome, en terres d’Asie.
La demande de retour à la liturgie de toujours semble depuis quelque temps un phénomène planétaire. C’est en tout cas un fait, qui est peut-être marginal, mais bien réel et pas que chez les seuls descendants d’Européens catholiques (j’ai parlé aussi avec des jeunes chrétiens d’Orient rattachés à Rome, qui voulaient que les prêtres restent dans la tradition, même s’ils vivaient désormais dans l’exil et dans les pays occidentaux. Et ne parlons pas non plus du renouveau de la foi en Russie, sous une forme elle aussi bien peu moderne).
Plus qu’une mode, le vetus ordo ne serait-il pas tout simplement et aussi l’affirmation de ce que la lex orandi reste toujours une passerelle à ne pas négliger pour aller vers la lex credendi. Exprimé différemment et d’une façon abrupte: « Dis-moi comment tu pries, je te dirai ce que tu crois », même si bien sûr il ne faut pas généraliser.
Ce qui semble certain c’est que le Moto Propio Summorum Pontificum de Benoît XVI, d’il y aura bientôt 7 ans, n’a pas été appliqué comme il aurait pu l’être, en France comme ailleurs, même si notre pays finalement ne s’en est pas trop mal tiré si je compare à ce que la blogueuse Maricruz Tasies, une Costaricaine dont le blog est hébergé sur infocatolica raconte de la situation de son pays par rapport à cette attente des jeunes.
Elle pense que les risques de ne pas prendre en considération ce que demandent ces jeunes même si c’est une « mode », sont bien pires que ceux de répondre à « cette mode ». Les mots qu’elle emploie sont forts (peut-être trop pour amener une réaction des autorités) mais elle a le mérite d’évoquer des choses courageusement. Son pays, sans parler de la situation économique, est aussi soumis aux pressions des « évangélisations » néo-protestantes et tout ce qui s’y rattache, sans parler d’un danger qu’elle évoque précisément au niveau catholique.

Carlota.

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[*] Je ne parle malheureusement pas le tchèque, mais ces propos du Pape ne sont pas des "on-dit". Ils figurent en toutes lettres dans la section de Radio Vatican en langue tchèque (http://www.radiovaticana.cz/clanek.php4?id=19593 ), puis ont été traduits en anglais sur un site tradi, où Yves daoudal les a trouvés.

     

La messe traditionnelle est-elle une mode ?

http://infocatolica.com
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Que l’évêque tchèque Jan Graubner, titulaire du diocèse d’Olomuc, lors d’un entretien avec Radio Vatican rapporte que le Pape François a dit que « la messe traditionnelle est une mode » ne me scandalise pas puisque c’est le pain quotidien pour nous qui essayons de parler avec des autorités sur le sujet.

Il existe une forte conviction, en grande partie du clergé qui la transmet aux laïcs, que la messe traditionnelle est une mode, mais l’est-elle ? De par mon expérience très proche des jeunes costaricains, je peux dire que oui, sans doute, c’est une mode.
Comment en est-ce arrivée là ? C’est arrivé essentiellement par l’accès qu’ils ont à internet (ndt : à travers des personnes qui étaient déjà dans le « milieu de la messe traditionnelle », je ne suis pas sûre qu’en France, sans internet et certains sites comme « Paix liturgique », malgré le motu propio Summorum Pontificum de 2007, les fidèles souhaitant retrouver ou trouver le vetus ordo grâce à sa « libération » par Benoît XVI auraient pu aller dans les églises et vers les prêtres qui pratiquaient et pratiquent la forme dite extraordinaire)..
Cependant, il y a une question que peu de personnes se posent: Que réclament, avec tant de véhémence, l’esprit et l’intelligence de ces jeunes pour adhérer à la « mode de la messe traditionnelle »? Ils réclament à la base l’essence de la forme extraordinaire : son orthodoxie et, à travers, ce que leurs cœurs désirent du Mystère.
Mais ne le trouveraient-ils pas dans le novus ordo ? Eh bien il semble que non. Ce qui ne devrait pas nous scandaliser puisque leur sensibilité devrait être accueillie comme l’ont été tant d’autres dans notre Église bien aimée.
Donc, il faut se demander pourquoi la forme extraordinaire n’enflamme pas la totalité des jeunes? Eh bien, principalement parce qu’elle leur est inconnue, et aussi parce qu’il existe énormément de préjugés envers elle mais également parce que tous les jeunes n’ont pas la même sensibilité.
La réalité c’est celle-là : la majorité des jeunes ne connaissent pas la messe traditionnelle et quand ils la connaissent, qu’ils ont découvert qu’ils avaient ou non des affinités avec elle, ils ont peur de se manifester.
Ceux qui surmontent leurs peurs finissent pas être cruellement rejetés dans leurs paroisses, ce qui provoque qu’ils s’unissent par les réseaux sociaux à d’autres jeunes rejetés comme eux de même qu’à des adultes fanatisés qui les corrompent.
C’est de cette façon que va croissante autour du monde cette horde de jeunes traditionnalistes dont beaucoup se sont laissés porter jusqu’aux extrêmes du sédévacantisme (ndt ce beaucoup est à prendre avec circonspections, parce qu’au vu du sondage en vue du synode sur la famille, bien plus encore de catholiques, ou qui se disent encore catholiques, ne contestent pas ouvertement la légitimité du Pape qui occupe le siège de Pierre et donc ne le considèrent pas comme vacants, mais sont très éloignés du magistère, le pape n’étant plus pour eux qu’un espèce de Roi d’un régime parlementaire, c'est-à-dire pour le décor).
C’est justement parce que j’ai entendu à de multiples occasions que la messe traditionnelle était une mode, que j’ai décidé, il y a plus de six ans, de soutenir les jeunes ; mais j’ai échoué complètement puisque les refus successifs qu’ils reçoivent les ont fait dériver, comme c’était à attendre, vers des fondamentalismes en rien maniables.
Pour terminer, je vais mettre de la gravité à l’affaire puisque jusque-là je n’ai fait référence qu’à l’attention que méritent des jeunes d’une certaine sensibilité, qui n’ont pas été corrompus théologiquement ni doctrinalement.
Par attention pour eux, ce que je voudrais demander expressément aux curés des paroisses et aux évêques, c’est que s’ils ne leur ouvrent pas le plus rapidement possible un espace, ils risquent de continuer à les voir se perdre en allant vers des groupes avec de clairs comportements sectaires.
Je ne suis qu’une blogueuse qui vit dans l’un des pays les plus petits du monde et de ce fait, probablement, ce que je dis, au sujet de la mode que serait devenue la forme extraordinaire, ne sera pas connu plus loin que les limites de cette page internet (eh non !!); il m’importe peu que le vent emporte mes paroles, mais pas que se perde la vraie expérience des évêques et des prêtres qui autour du monde se sont opposés à la majorité, en soutenant ces jeunes avec de magnifiques résultats (ndt Maricruz Tasies pense peut-être notamment, mais il n’est pas le seul, à Mgr Schneider, d’ascendance germanique, né au Kazakhstan, à l’époque du plus pur communisme athée et matérialiste et qui sait combien le renouveau de la foi, peut aussi passer par la liturgie traditionnelle, quelle soit latine ou byzantine !).
Plus d’un de mes chers lecteurs pourrait apporter ici même des preuves de magnifiques expériences. N’ayez pas de réserve, partagez-les car j’espère qu’elles serviront pour convaincre les sceptiques qu’il convient de prêter plus d’attention au profond désir de vérité, de bonté et de beauté des jeunes, un désir, en cette occasion, que l’on nous présente sous la forme d’un attachement à une mode.

NOTA: Je ne permettrai pas une seule parole contre le Pape, les Évêques, les prêtres ou le Magistère. J’avertis que je fermerai immédiatement la possibilité de commentaires si je suis reçois des commentaires de ce type.

Maricruz Tasies-Riba