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La prophétie de Paul VI à Fatima

Le 13 mai 1967, deux ans après la fin du Concile Vatican II, le Pape Paul VI faisait un voyage à Fatima, et y présentait l'exhortation Signum magnum. Le rappel d'un blogueur espagnol, traduit par Carlota (15/5/2014)

     

(Carlota, 15 mai 2014)
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La prochaine béatification de Paul VI, me permet de découvrir ce Pape et son œuvre peut-être finalement mal connus.
J’ai traduit ci-dessous un article dont l’auteur José Antonio Méndez (un laïc catholique espagnol qui travaille dans le monde de la communication et qui a aussi un blogue hébergé par religión en Libertad), reprend ce qu’il avait écrit en 2006 dans la revue de l’archidiocèse de Madrid, « Alfa y Omega » (original www.alfayomega.es/).
Il a réactualisé récemment le texte en précisant en en-tête : « le 13 mai 1967, deux ans après la fin du Concile Vatican II, le Pape Paul VI fit un voyage à Fatima. Ce fut l’un de ses 10 déplacements hors d’Italie, - le premier Pape qui le faisait, et en cela aussi Montini fut un précurseur de tout ce que nous vivons aujourd’hui, il en profita pour présenter son exhortation Signum magnum , sur la Vierge, en faisant allusion au grand signe céleste de l’Apocalypse.
À Fatima il prononça des paroles prophétiques d’avertissement et de dénonciation sur l’un des maux dont allait souffrir l’Église après le Concile Vatican II (et dont elle souffre encore) avec la substitution de la vraie foi, la vraie théologie et le vrai Magistère, par « des idéologies conçues pour en enlever de la foi tout ce que la pensée moderne ne comprend pas ou n’accepte pas »

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L’Exhortation Signum magnum ne figure pas en français sur le site du Vatican; mais à l’époque, la communication n’était pas ce qu’elle est devenue aujourd’hui, les services de traduction de la Curie certainement moins performants...ne disposant pas de la formidable "béquille" de l'outil informatique: à l'exception des encycliques, les textes papaux figuraient donc en italien, parfois traduits en espagnol ou portugais, rarement dans les autres langues.
On peut la trouver dans sa traduction française intégrale sur le site <Eucharistie Sacrement de la Miséricorde> ici: eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=1410063_signum_magnum.
Occasion de saluer le travail fabuleux que ce site, qui fut une référence et qui reste une mine irremplaçable de ressources, a accompli durant le Pontificat de Benoît XVI.

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Le titre Signum magnum (Signe grandiose) reprend comme d'habitude les premiers mots de l'Encyclique en latin:
Le signe grandiose que saint Jean vit dans le ciel: une femme enveloppée de soleil, la liturgie l'interprète, non sans fondement, comme se rapportant à la très sainte Vierge Marie, Mère de tous les hommes par la grâce du Christ rédempteur.

     

La prophétie de Paul VI à Fatima

En mai 1967, le Pape Paul VI voyageait à Fatima à l’occasion du 50ème anniversaire des apparitions et du 25ème de la Consécration du monde à l’Immaculée Cœur de la Vierge. Un voyage dont il profita pour présenter son Exhortation Apostolique Signum magnum, sur la nécessité de vénérer et imiter la bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église et exemple de toutes les vertus.

Bien que l’un des fruits non souhaités de Vatican II, comme l’a reconnu des années plus tard celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger, a été une certaine perte de la dévotion mariale dans l’Église, le Pape qui a conduit et conclu le Concile, Paul VI, a aussi été l’un des plus fermes défenseurs et promoteurs de la protection de la Vierge à l’Église du troisième millénaire. De fait, de par son désir spécifique le Concile s’est terminé le 8 décembre, Fête de l’Immaculée Conception, et il n’a pas cessé de recommander à Marie les fruits de ce grand évènement de l’Église.

Une de ces occasions a été celle dont il a été le protagoniste en mai 1967 durant son Voyage à Fatima (Portugal), à l’occasion du 50ème anniversaire des apparitions de la Vierge aux trois petits bergers de Cova de Iría et du 25ème de la consécration au monde du Coeur Immaculé de Marie, comme Elle l’avait demandé au Portugal.

Avertissement prophétique
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Maintenant que le Saint Siège a confirmé que le Pape Montini sera béatifié le 19 octobre prochain, on entend encore les mots avec lesquels, lors de son homélie de ce 13 mai (1967) dans le sanctuaire mariale de Fatima, Paul VI a rappelé l’incessante protection de la Vierge à l’Église.

En effet, Paul VI a demandé avant tout pour l’Église, avec un avertissement qui était prophétique face aux possibles dérives du Concile Vatican II : « Notre première intention est pour l’Église : l’Église une, sainte, catholique et apostolique (1). Nous voulons prier pour sa paix intérieure. Le Concile Œcuménique [qui s’était terminé seulement un an et demi auparavant] a réveillé une grande quantité d’énergie au sein de l’Église, il a ouvert des visions plus larges dans le domaine de sa doctrine, il a appelé tous ses enfants à avoir une connaissance plus claire, une collaboration plus intime et un apostolat plus énergique. Nous avons le souci de ce que tant de bénéfice et tant de rénovation se conservent et grandissent. Combien il serait préjudiciable si une interprétation arbitraire et non autorisée par le magistère de l’Église transformait cette renaissance spirituelle en une inquiétude qui dissolve sa structure traditionnelle et constitutionnelle, qui substitue la théologie des vrais et grands maîtres par des idéologies nouvelles et des interprétations arbitraires pour éliminer de la norme de la foi tout ce que la pensée moderne, souvent faute de lumière rationnelle, ne comprend ou n’accepte pas, et qui change l’aspiration apostolique de charité rédemptrice, en acquiescements face aux formes négatives de la mentalité profane et des habitudes du monde ! Combien de déception causerait notre effort de rapprochement universel, si nous n’offrions pas aux frères chrétiens, encore séparés de nous, et aux hommes qui ne possèdent pas notre foi le patrimoine de la vérité et de la charité dont l’Église est dépositaire et distributrice, dans sa sincère authenticité et sa beauté originelle ».

Pour une Église vivante, véritable, unie et sainte
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Face à ces surprises de l’infidélité à l’intérieur de l’Église de l’après-concile, le Saint Père a réclamé l’aide de la Vierge dans le même endroit où la Mère de Dieu était apparu aux hommes pour leur rappeler l’importance d’être fidèles au Christ : « Nous voulons demander à Marie, poursuivait Paul VI, une Église, vivante, vraie, unie et sainte. Nous voulons prier pour que les espoirs et les énergies, suscités par le Concile, puissent nous amener, dans une très large mesure, les fruits de l’Esprit Saint, que l’Église célèbre le jour de la Pentecôte et duquel provient la véritable vie chrétienne ; ces fruits énumérés par l’apôtre Paul : charité, joie, paix, patience, bénignité, mansuétude, tempérance (Galates 5-22). Nous voulons prier pour que le culte et l’adoration de Dieu, aujourd’hui et toujours, conservent sa priorité dans le monde, et pour que sa loi donne une forme consciente aux habitudes de l’homme moderne. La foi en Dieu et la lumière suprême de l’humanité; et cette lumière non seulement ne doit pas s’éteindre dans le cœur des hommes, mais au contraire, elle doit s’allumer de nouveau au milieu d’eux, pour la stimulation de sa science et de son progrès ».

Fatima, protectrice de l’Église
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Paul VI a profité du voyage à Fatima pour mettre l’Église sous la protection de Marie, et pour rappeler aux catholiques que la Vierge est « l’exemple de toutes les vertus », et à ceux qui en sont les fidèles qu’ils lui doivent un culte aimant et régulier. Il l’a fait à travers son Exhortation apostolique Signum magnum qu’il a présentée précisément ce 13 mai 1967. Dans le document, comme plus tard, on a pu le lire, Montini expliquait que « Marie est la Mère spirituelle parfaite de l’Église, non seulement par le mandat de Jésus sur la Croix, mais aussi c’est une « mère spirituelle par l’intermédiaire de son intercession face au Fils ». La Vierge est « l’éducatrice de l’Église, grâce au caractère fascinant de ses vertus », car « la sainteté de Marie est un exemple lumineux de la fidélité parfaite à la grâce ».

Pour réfuter la supposée mariolâtrie que des branches protestantes critiquaient dans l’Église, le Pape montrait comme l’exemple de Marie apparaît dans les pages de l’Ancien Testament, des Évangiles et de l’Histoire de l’Église, et comme elle est « l’esclave du Seigneur depuis l’annonciation jusqu’à sa glorieuse ascension », et quel est, par conséquent, le culte et la gratitude que l’Église doit à sa Mère.

En outre, et en profitant de la fête de Notre Dame de Fatima, Paul VI expliquait le message mariale « d’invitation à la prière, à la pénitence et à la crainte de Dieu » et invitait « à renouveler, personnellement, la consécration au Cœur Immaculé de Marie », car elle « nous conforte la certitude que l’illustre Reine du Ciel et notre très douce Mère, ne cessera pas d’assister tous et un chacun de ses fils, et ne retirera pas à l’ensemble de l'Église du Christ son parrainage céleste ».

José Antonio Méndez

     

Remarques complémentaires de traduction

Je ne rentre pas ici dans le très sensible sujet de « l’interdiction » par Paul VI de la messe en latin (pour faire court). Je sais que des très bons prêtres à la sensibilité traditionnelle ont particulièrement souffert des persécutions qui en ont découlé (sans parler de Mgr Lefebvre et du mouvement lefebvriste). Mais j’ai juste une réflexion : même si le commandement de l’Église est « monarchique », et admettons, pas selon le principe d’une monarchie parlementaire, le Pape n’est pas seul, il y a les évêques et les prêtres, sans parler évidemment des fidèles, tout au bas de la pyramide (cala vaut toujours aujourd'hui). Je me demande ce qu’il en est entre l’esprit et la lettre des « ordres » donnés par le Pape et de leurs exécutions en bout de chaîne sur le terrain (un terrain qui couvre la planète et touche un milliard voire plus d’individus).

J’étais trop jeune dans les années 70 pour comprendre ce qui se passait dans l’Église, mais ce courant de changements avec « table rase » du passé (le patrimoine) était partout : dans le cinéma (La nouvelle vague qui a balayé pourtant d’excellents metteurs en scène), la chanson (comparons le répertoire et les talents de cette époque avec le gavage actuel des radios du système), l’école (méthode globale d’apprentissage de la lecture, maths modernes, étude de l’histoire non plus chronologie mais thématique), l’architecture, les arts etc. Tout était à la dé-construction avec l’abolition de l’avant. Les catholiques sont certes dans le monde mais pas de ce monde, mais ce sont néanmoins des hommes soumis aux mêmes tempêtes que les autres hommes… Sauf rares exceptions, prélats, clercs et fidèles ont conduit ou suivi moutonniers le mouvement de la subversion conjoncturelle et socialement institutionnelle, qui servaient déjà tant les grands empires terrestres idéologiques et financiers de l’époque.

Par ailleurs quand je vois comment, depuis 2007, tout a été fait (sauf quelques rares diocèses) pour mettre des bâtons dans les roues (ou tout au moins ne pas mettre beaucoup de zèle, et sûrement pas avec une authentique charité et bienveillance) pour que le motu proprio « summorum pontificum » de Benoît XVI (libération du rite traditionnel de la messe en latin de forme extraordinaire) ne soit pas appliqué ou avec une parcimonie telle que l’on pourrait presque parler de « sabotage » feutré de la part des autorités au niveau local (avec évidement toutes les bonnes explications du monde, pas de demandes des fidèles, pas de prêtres, il y a déjà une messe à tel endroit et à telle heure), je me demande si, en prenant une image maritime, à l’époque de Paul VI, le mauvais esprit » au sein de l’équipage était tout autant à déplorer, et ce, au détriment des passagers.

Quant au «patrimoine de la vérité et de la charité dont l’Église est dépositaire et distributrice, dans sa sincère authenticité et sa beauté originale » comme disait Paul VI, l’on peut constater qu’encore aujourd’hui ces mots sont utilisés selon des interprétations différentes à des fins partisanes y compris parfois par des prélats de haut niveau.
C’est la vie !

(Carlota)