Accueil

La révolution homosexualiste

Reprise d'un texte de l'historien brésilien catholique Plinio Corrêa de Oliveira, d'une actualité plus brûlante que jamais (7/1/2014)

Dans son blog Rossaporpora, le journaliste Giuseppe Rusconi écrivait hier, sous le titre "François, les homosexuels et les médias" :

Le 3 Janvier, «La Civiltà cattolica» a publié un compte-rendu du long entretien que le pape François avait eu avec 120 supérieurs généraux des instituts religieux, le 29 Novembre au Vatican. L'intérêt des médias a été suscité principalement par un passage dans lequel le pape rappelle le malaise d'une enfant pour le comportement de la «petite amie» de sa mère («Je me souviens du cas d'une petite fille triste qui avait confessé à son institutrice : "la petite amie de ma mère ne m'aime pas»). Mais les journaux titrent sur «l'ouverture aux couples homosexuels».

L'article, comme de nombreux blogs l'ont fait, résume les propos de François et les commentaires de la presse italienne, en se plaignant que celle-ci tente une fois de plus d'instrumentaliser le pape (d'autant plus que l'enjeu politique actuel est de taille chez nos voisins transalpins, comme l'expliquait John Allen ici: François au défi de la politique italienne), et déforme ses propos pour qu'ils collent avec son propre agenda - que l'on commence à bien connaître.

Le plus intéressant est la conclusion. Il s'agit de l'Italie, mais cela peut évidemment être transposé tel quel à notre pauvre pays:

Il est évident que, comme spectateur, auditeur ou le lecteur, le pauvre citoyen italien est maintenant constamment bombardé de messages chers au lobby bien connu: beaucoup, en plus, en restent aux titres trompeurs, beaucoup d'autres ont tendance se résigner. Et les catholiques qui au contraire veulent témoigner publiquement les valeurs de la doctrine sociale de l'Eglise se retrouvent (au moins en apparence) de plus en plus marginalisés (sans encouragement, voire rabroués d'en haut). Courant le risque - et c'est quelque chose qui fait frémir - d'être stigmatisés comme des ennemis du pape et de l'Eglise par le lobby bien connu et ses partisans volontaires ou involontaires (y compris pas mal d'opportunistes, catholiques de la «société liquide»). Ainsi va le monde.

* * *

Cela m'a remis en mémoire un texte datant du milieu des années 1980, du professeur Plinio Corrêa de Oliveira, et que j'ai traduit il y a juste un an, alors que commençait en France à l'Assemblée Nationale le prétendu débat sur le "mariage pour tous".
Je le trouvais à l'époque prophétique. Le Pape était encore Benoît XVI, et bien entendu, l'idée de sa renonciation, toute proche, n'effleurait personne.
Que devons-nous en penser aujourd'hui?

     

La révolution homosexualiste

Plinio Corrêa de Oliveira
Lettre d'information de l'Association Tradition Famille Propriété - Janvier 2013-1
--------------

Si le mouvement révolutionnaire en faveur de l'homosexualité arrive à compter un nombre d'adhérents tel qu'il aura un poids réel sur l'opinion publique; et surtout, lorsque croîtra au-delà d'une certaine mesure la masse de ceux qui, tout en ne prenant pas parti pour les homosexuels, ne s'indigneront toutefois pas de la complicité avec l'homosexualité, et, à cause de préjugés libéraux, ne voudront pas qu'elle soit réprimée, les promoteurs de la révolution homosexualiste pourront faire le Pape échec et mat, en déclarant:

«Le bloc formé par les homosexuels et les tolérants est devenue une force énorme. Vous, Très Saint Père, auriez le courage de condamner l'homosexualité, tout en sachant que ce bloc pourrait ne pas vous suivre, puis se détacher de l'Église? Combien resterait-il de fidèles dans cette éventualité? Et puis, Saint-Père, vous savez qu'il y a maintenant des mouvements homosexualistes organisés partout dans le monde et que le nombre des tolérants augmente partout. Quel serait l'impact de ce schisme sur les catholiques d'autres pays?»

Mais cela soulève une autre question: parmi ceux qui sont contre l'homosexualité et contre la tolérance, c'est à dire parmi ceux qui ont une mentalité juste sur ce point, combien auront le courage d'affronter l'assaut organisé contre l'Église? Résisteront-ils? Ou bien conseilleront-ils le silence et la «prudence» en attendant des jours meilleurs pour adopter une approche plus énergique?

Selon moi, ceux qui choisiront la seconde voie favoriseront de fait l'homosexualité parce que, paralysant pour un temps indéfini la réaction contre elle, ils ouviront les portes de l'Eglise à la propagation continue d'une mentalité permissive et tolérante. Sinon une tolérance doctrinale, au moins une tolérance effective. Un beau jour, nous découvrirons que l'homosexualité a acquis droit de cité dans la Saint Église catholique apostolique Romaine.

Voilà la stratégie qu'a l'intention de suivre la révolution homosexualiste.

Evidemment, ceci vise à habituer l'Eglise à garder un silence presque complet sur des questions aussi cruciales, au point que l'on pourrait presque dire qu'elle n'existe plus. L'Eglise ne va pas disparaître, à cause de la promesse divine, mais ce sera comme si s'était évaporée du paysage moderne.

Mais il y a un autre aspect, terrible: l'introduction du libre examen dans l'Église. Il est clair que le Vicaire du Christ, le Pape, a une certaine position et qu'un nombre incalculable de catholiques a une position opposée. Autrement dit, nient l'autorité du Pape. Comment sommes-nous arrivés à cette situation?
Il y a eu une préparation grasuelle, intelligente, pour habituer un nombre croissant de catholiques à considérer la question de l'homosexualité comme discutable: «Le Pape pense comme cela, bien sûr. Mais l'archevêque, l'évêque ou la conférence des évêques pensent différemment». Les catholiques voient que beaucoup de prélats, de prêtres et de théologiens sont ouvertement en désaccord avec le Saint-Siège, mais ne sont pas punis. Ils voient que l'Église ne punit pas ceux qui se rebellent contre elle. Au contraire, elle permet à ces personnes, qui, par leur attitude rebelle, se sont en fait exclues de l'Église, et sont donc en état de péché mortel, continuent de célébrer la Messe, de distribuer les sacrements et et d'accomplir leur magistère.

Si la situation continue à se développer dans cette direction, nous aurons une Eglise réduite au silence. Un silence dû en partie à la faiblesse, en partie à la panique face à un adversaire fort et rusé. Mais par-dessus tout, un silence dû à l'absence d'une sainte colère contre le péché, de cette sainte indignation par laquelle un Pape affronte tout et tous, affirmant: le Magistère de l'Eglise est encore debout malgré tout! Veritas Domini manet in aeternum! Le monde tourne comme il veut, le roc de Pierre demeure inébranlable!
Malheureusement, nous devons enregistrer le fait que, dans de nombreux milieux catholiques, il existe non pas tant une connivence doctrinale avec l'homosexualité, mais plutôt une absence d'indignation contre le péché. Une absence fruit d'un certain sentimentalisme pacifique qui, face au danger, loin de démontrer de l'héroïsme, se laisse enliser par la faiblesse, la connivence, l'espoir (par ailleurs totalement infondée) que le mal se corrigera tout seul.

Et ainsi, l'offensive homosexualiste progresse audacieusement parce qu'elle sait qu'il ne lui arrivera rien. Les promoteurs de cette révolution savent qu'ils peuvent compter sur le climat d'impunité, fille de la peur et de la faiblesse, qui domine désormais dans de trop nombreux milieux catholiques. Je ne dis pas que ces milieux catholiques sont directement impliqués dans la promotion de l'homosexualité. Je dis quelque chose d'autre. Connaissant bien cette mentalité sentimentale et fragile, les leaders de la conjuration homosexualiste élaborent leurs plans, en tenant compte du fait que, de ce côté, ils n'auront rien à craindre.

Nous avons donc, d'une part, le péché contre nature qui se répand. Et d'autre part le péché, à mon avis plus grave, de nombreux catholiques qui, soit parce qu'ils sont d'accord avec l'homosexualité, soit parce qu'ils ont peur de l'affronter, veulent forcer le Saint-Siège à garder le silence sur ce point, c'est-à-dire à reculer devant le péché, abandonnant sa mission.

Selon moi, ce second péché participe du sacrilège, c'est une connivence avec le désir de détruire l'Eglise. Et ceci est beaucoup plus grave. Si cette situation se prolonge, et même s'accentue, il convient de se demander si nous ne sommes pas arrivés à la fin d'un processus révolutionnaire. .. Alors, nous ne pouvons plus avoir de doutes: c'est aussi l'heure de l'intervention de la Providence, c'est l'heure de l'intervention de Marie.