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Le mariage est un sacrement

Débat sur les divorcés "remariés": Ce texte de Rino Cammilleri, qui rappelle à nouveau le caractère sacramentel indissoluble du mariage, réduit à néant les arguments du théologien progressiste Andrea Grillo, qui plaide, lui, pour la reconnaissance de "la mort du lien" (23/5/2014)

>>> Cf.
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Indissoluble?
¤ Divorcés remariés: de quoi est-il question?

     

LE MARIAGE NE S'"ANNULE" PAS. IL EST, OU N'EST PAS
Rino Camilleri
22/05/2014
http://www.lanuovabq.it/it/articoli-il-matrimonio-non-si-annulla-ce-o-non-ce-9270.htm
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[Rino Cammilleri confie qu'il est resté perplexe à la lecture de la conclusion d'un article d'un certain Marcello Veneziano, paru sur Il Giornale à l'occasion du quarantième anniversaire de la loi autorisant le divorce en Italie: «Je considère comme sage, humain, et réaliste que l'Eglise accepte les divorcés. Condamner le divorce est une chose, damner les divorcés en est une autre»]

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On a ici affaire au malentendu habituel: le «divorce» n'existe pas, c'est un lemme juridique, ce qui existe, ce sont les divorcés, des personnes réelles. Et ceux-ci, l'Église ne les a jamais rejetés. L'Eglise - ou mieux: la doctrine catholique - ne s'intéresse pas au mariage-contrat, une institution publique qui se rapporte à l'état. Qui, à mon avis, et compte tenu de la mauvaise tournure que prennent les choses, ferait désormais peut-être bien de le déclasser, laissant les fonctionnaires municipaux tranquilles: que celui qui veut s'accoupler avec qui bon lui semble le fasse sans recourir aux institutions, mais à des notaires tout ce qu'il y a de privé.
Non, l'Eglise s'occupe uniquement du mariage-sacrement. Celui-ci, dit le Catéchisme (1), a seulement deux ministres: les époux; le prêtre sert uniquement à ajouter la communion (qui est un autre sacrement). Maintenant, un sacrement (et les sacrements sont sept) est ou n'est pas. Par exemple, le baptême. Si vous avez été baptisé, vous ne pouvez pas revenir en arrière: vous êtes chrétien. Vous pouvez même cesser de vous comporter comme tel , et même, comme certains fanatiques, demander à être effacé des registres paroissiaux («débaptisé», une fixation d'athées militants). Mais vous restez baptisé. Pour toujours. Sur le plan terrestre, n'ayant pas une marque de feu imprimée sur le visage, cela n'a aucune conséquence. Cela en a au plan surnaturel, mais si vous ne croyez pas, la chose est pour vous totalement sans importance: dans l'au-delà, s'il existe (et il existe), on verra les cartes.

C'est la même chose pour le mariage-sacrement: soit il est, soit il n'est pas. S'il est, il reste pour toujours. La même chose s'applique aux soi-disant prêtres défroqués: ils sont réduits à l'état laïc, dans le sens où ils ne font plus les prêtres (ndt: ils n'exercent plus le ministère), mais prêtres, ils le restent pour l'éternité.
Le sacrement du mariage, l'un des sept, est le seul à faire problème, car il ne concerne pas une seule mais deux personnes. C'est pour cela que le consensus est important. Pour qu'il y ait sacrement, nous devons dire «oui» à beaucoup de choses: la personne choisie, l'indissolubilité, l'éducation chrétienne d'un nombre potentiellement non précisé d'enfants, la fidélité jusqu'à l'héroïsme. Bien sûr, l'homme moderne, victime de la civilisation de fatuité, donne le plus souvent son consentement avant tout à la robe blanche, à la fête avec la famille, aux photos, au gâteau, mais pas au reste. Par conséquent, il est de plus en plus probable qu'il n'y ait pas sacrement, par défaut de consensus. L'Église, en fait, avec la Sacra Rota (qui n'est pas un tribunal, et est ainsi appelé parce que sur le Siège romain, il y a un bas-relief en forme de roue) examine s'il y avait consentement (pleinement conscient), et donc s'il y a sacrement. Si ce n'est pas le cas, elle affirme simplement que le mariage est nul. Nul, pas «dissous» ou, comme disent les journalistes, «annulé». Mais dans le cas contraire, elle doit ouvrir les bras. S'il n'y a pas sacrement, et que quelqu'un, de ce fait, veut faire un nouvel essai avec un autre partenaire, la Rote le soumet à un examen strict, afin de s'assurer que cette fois, il sait vraiment ce qu'il fait. Justement parce qu'un sacrement est éternel.

Maintenant, tout cela n'a rien à voir avec la question des divorcés remariés. La question est autre. La doctrine chrétienne interdit la fornication. Y compris à ceux qui ne sont pas mariés. Par conséquent, elle ne peut pas donner la communion (autre sacrement) à ceux qui vivent dans un état de péché mortel [voir Catéchisme (1)]. C'est tout.
Qu'un cardinal allemand soulève le ca,s et que ses doutes théologiques trouvent un ample espace dans les médias n'a aucune importance.
Mais l'Église ne peut pas donner la communion à des concubins, un point c'est tout. La communion est donnée à ceux qui se sortent d'une situation de «péché» et promettent sincèrement de ne plus y retourner. Les rechutes sont admises, mais pas la chronicité structurelle.
Si l'Église changeait ce point, elle admettrait que la doctrine du Christ n'existe pas, mais que c'est elle qui l'a inventée et, par conséquent, qu'elle peut en faire ce quelle veut. C'est vrai, il est difficile, de plus en plus plus difficile, de vivre en chrétiens catholiques. Mais ce n'est pas obligatoire, ce ne l'a jamais été.
Que dirait-on de quelqu'un qui, après s'être inscrit à un club de bridge, prétendrait à des règles différentes parce qu'il les trouve trop dures? Inscris-toi au club de scopone (scopa: jeu de cartes populaure en Italie), et tout le monde sera content.

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(1) http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P4U.HTM