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Le Pape François mal compris, ou surinterprété

... qui admet qu'il se trompe. Une communication problématique. A propos de deux récentes déclarations (7/4/2014, mise à jour ultérieure)

     

Le Pape François est souvent mal compris, et sans doute sur-interprété par les médias, qui veulent se servir de lui. Est-ce voulu de sa part?
Parmi les derniers exemples:

>> Dans sa prédication - assez mystérieuse par certains côtés, il s'en prend une fois de plus aux pharisiens, à ceux qui se sont appropriée la religion et qui répandent des calomnies, aux prophètes persécutés- à Sainte Marthe du 4 avril (en italien ici) , le pape parlait «d'un penseur persécuté dans l'Eglise, pas si loin de nous, dont les livres ont été mis à l'index, et qui est maintenant bienheureux».
Intriguée, j'ai fait une petite recherche, et il m'a semblé reconnaître dans ce penseur persécuté (??) par la hiérarchie (dont François est aujourd'hui le sommet!) Antonio Rosmini (1797-1855), un prêtre et théologien considéré à son époque comme libéral: c'est en fait Benoît XVI qui l'a "réhabilité", reconnaissant l'héroïcité de ses vertus en 2006, avant qu'il ne soit béatifié en 2007 (lire à ce sujet le billet de l'époque de Sandro Magister).
Mais lu tel quel, et sans plus de précision, on pouvait penser à quelque Hans Küng, ou quelque théologien de la libération honteusement condamné par le Saint-Office réactionnaire... dirigé par Jospeh Ratzinger!

     

Non aux Croisades

Capture d'écran Goggle

     

>>> Un autre exemple: Le Pape s'est récemment entretenu avec des jeunes belges (belgicatho.hautetfort.com) (*).
L'entretien a eu lieu le 31 mars, et a été publié sur l'OR le 4 avril.
La presse italienne titre avec grande emphase «Les croisades nous ont fait du mal» (**).
Il semblerait que le pape ait seulement dit: «Si tu portes ta foi comme un étendard, comme aux croisades, et que tu fais du prosélytisme, ça ne va pas».
Autrement dit, c'est une façon de parler (le Pape n'a pas dit explicitement que les croisades ont fait du mal). Certes imprudente de la part d'un Pape, et qui peut choquer les catholiques, à qui on demande en somme de se faire discrets, et surtout, de ne pas chercher à convertir (à vrai dire, il n'y a guère besoin de les en convaincre!).

Par ailleurs, le Pape aurait dit que le «triomphalisme est un péché».
De quel triomphalisme parle-t-il ? Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne saute pas aux yeux, et surtout, qu'il n'a aucun lieu d'être. Dans de nombreux pays, les chrétiens sont persécutés, et quand ils ne le sont pas, comme en Occident, ils sont marginalisés, tournés en dérision, et le clergé (ou ce qu'il en reste) fait profil bas.

Bref, tout cela pose les limites d'une communication papale informelle, en langage familier, très imprécis, à laquelle on peut faire dire tout et n'importe quoi (le Pape lui-même avoue: « Oui, je suis heureux malgré les problèmes, oui, j’ai peur, mais de moi-même, oui je me suis trompé, et je me trompe encore ! »)

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(*) Transcription en italien ici: www.vatican.va
(**) Lire à ce sujet: benoit-et-moi.fr/2012(III)/articles/quatre-mythes-sur-les-croisades.php