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Le rabbin qui accompagnera le Pape...

... dans son voyage en Terre Sainte. Le rabbin Skorka a accordé une interviewe à la Civiltà Cattolica (16/5/2014)

Le Père Lombardi présentait hier le voyage du Pape en Terre Sainte du 24 au 26 mai comme bref, mais intense.
Nous apprenions que «le Pape se déplacera en jeep découverte et non en voiture blindée, un choix assumé par le Saint-Père, tout comme cela avait été le cas au Brésil lors des JMJ de Rio. Le Souverain pontife a également tenu à souligner l'aspect interreligieux de ce voyage jusque dans sa délégation. A ses côtés se trouveront un rabbin et un responsable musulman. Ce sont deux Argentins, des proches du pape : le rabbin Skorka et Omar Ahmed Abud, le secrétaire général de l’institut du dialogue interreligieux, en Argentine».
Je plains les agents de sécurité, quand on se rappelle à quel point le voyage de Benoît XVI en 2009, présenté comme "à haut risque" avait été blindé (cf. Souvenir: Benoît XVI en Terre Sainte ). Les choses auraient-elles changé à ce point?

Le rabbin, co-auteur d'un des premiers livres sur François (avant le raz-de-marée de ce printemps) a accordé une interviewe au Père Spadaro, le désormais bien connu directeur de la revue jésuite la Civiltà Cattolica.
On en trouve un résumé sur Vatican Insider, signé "la rédaction"... et surprise, c'est pratiquement mot pour mot celui de Radio Vatican.
N'est-ce pas curieux que la radio du Pape travaille en binôme avec un quotidien aussi éminemment laïc que La Stampa?

>> L'article sur Radio Vatican: fr.radiovaticana.va/news/2014/05/16/ensemble_au_mur_occidental_pour_un_signe_fort/fr1-799833
>> L'article sur Vatican Insider en italien: vaticaninsider.lastampa.it/nel-mondo/dettaglio-articolo/articolo/francesco-terra-santa-34123/

     

Skorka: «Moi et le pape avons rêvé de nous embrasser au Mur des lamentations»
Le rabbin argentin nous parle du voyage au cours duquel il accompagnera le Pape en Terre Sainte
Rédaction de Vatican Insider
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«Après l'élection de François, nous nous sommes rencontrés trois fois à Rome», et dans l'une de ces rencontres, dit le rabbin Abraham Skorka, «nous avons commencé à rêver de nous trouver ensemble devant le Mur, de nous embrasser afin de donner un signe à deux mille ans de désaccords entre les juifs et les chrétiens, et que je l'accompagne à Bethléem pour être avec lui dans un moment tellement important pour son esprit, comme un geste d'amitié et de respect; de laisser un message indélébile de paix à tous les peuples et les nations de cette région» (ndt: mais l'amitié entre un Pape et un rabbin n'est pas spécialement un symbole de paix au Proche-Orient, les catholiques et les juifs n'y sont pas en guerre, que je sache).

A quelques jours du voyage du Pape en Terre Sainte, dans une longue interview au directeur Antonio Spadaro publiée sur la Civiltà Cattolica, le rabbin argentin ami de Jorge Mario Bergoglio depuis l'époque où il était archevêque de Buenos Aires, parle du voyage au cours duquel il accompagner le Pape et de la façon dont Bergoglio regarde le judaïsme.

Le rabbin racconte: «A l'occasion de la première rencontre, désignant lui-même et moi de la main, il a dit: "Notre amitié et notre dialogue sont un signe que l'on peut", et j'ai continué: "on peut créer le chemin qui mène à la paix et qui sache rapprocher davantage Rome et Jérusalem"».

Dans la conversation avec le père Spadaro, sont également cités les noms de plusieurs témoins du dialogue judéo-chrétien, comme le cardinal Lustiger, et émergent ce que le Pape considère comme des lectures importantes pour établir un bon dialogue judéo-chrétien. Skorka, en particulier, explique que selon lui, il y a chez François «l'attente de l'Eglise d'une réponse juive à Nostra Aetate, un manifeste accepté par la majorité du peuple juif, qui réponde à la question: qu'est-ce que cela signifie un chrétien, pour un Juif? ».

Mais Bergoglio - demande le Père Spadaro - comment voit-il la religion juive?
«Les nombreuses choses que j'ai vues et vécues aux côtés de Bergoglio m'amènent à dire qu'il voit et ressent le judaïsme comme la mère de sa foi. Ce n'est pas une simple perception intellectuelle, mais un sentiment qui est une composante importante de sa foi personnelle».
Skorka note également combien certaines positions et déclarations de Bergoglio trouvent des corrélations évidentes avec la littérature rabbinique.

Skorka a poursuivi: «Je ne m'attends pas à ce que le Pape François résolve tous les problèmes entre les Palestiniens et les Israéliens, ni tous les conflits du Moyen-Orient et du monde. Le vrai pouvoir du pape réside dans la crédibilité qu'il est capable de susciter chez les siens et chez les autres»
«Dans le monde d'aujourd'hui en manque de valeurs, où tout est mesuré et analysé dans l'optique du pouvoir géopolitique et du profit matériel, François change ce paradigme existentiel en introduisant une dimension spirituelle. Pour forger une paix véritable, il est nécessaire d'obtenir un changement d'attitude de la part de ceux qui sont en conflit, et le pape Francis peut concentrer ses efforts sur cet objectif»

Le message du voyage, selon Skorka, est beaucoup plus large que l'événement lui-même: «Pour diverses raisons, le conflit israélo-palestinien est l'objet d'une attention particulière et fait partie de ceux qui éveillent les passions les plus vives dans de nombreuses régions du monde. Sa résolution digne et juste serait un paradigme pour d'autres conflits qui affligent l'humanité».