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Les chaussures rouges du pape (1)

Ou pourquoi François ne cédera pas aux prétentions des progressistes. Première partie de ma traduction d'un article d'un prêtre et théologien italien de tendance traditionaliste non lefebvriste, le Père Ariel S. Levi di Gualdo (22/6/2014)

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Photo ci-contre (et bio express): ctfidesquaerensintellectum.com/autori/ariel-s-levi-di-gualdo/

Viendra un moment où, "de l'antique garde-robe pontificale seront ressorties les chaussures rouges, et qu'elles seront utilisées pour ce qu'elles symbolisent vraiment: le martyre de Pierre qui les pieds en sang gravit la colline du Vatican pour y être crucifié".

     
Après le Synode, le Pape portera à nouveau des chaussures rouges

LA THÉOLOGIE DE L'ESPÉRANCE: UNE ANALYSE OPTIMISTE SUR LE COURS DE CERTAINS ÉVÉNEMENTS ET PAROLES DE CE PONTIFICAT (I)
Père Ariel S. Levi di Gualdo
www.riscossacristiana.it
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Nous parlons une langue qui se fonde sur le mystère du Christ Dieu incarné, mort et ressuscité, qui nous a donné l'Eucharistie et les sacrements de la grâce, qui nous a envoyé l'Esprit Saint, qui siège maintenant à la droite du Père, et qui sera de retour dans la gloire pour juger les vivants et les morts. Aujourd'hui, pourtant, ce langage ne semble plus compréhensible, parce que le monde parle des langages vides, fumeux, qui refusent l'idée même de christocentrisme cosmique au nom d'un homocentrisme terrestre sans mémoire historique, mais surtout sans Dieu. Donc, le problème n'est pas de savoir s'il y a lieu de nous revêtir "de nouveaux mots" construits sur la parole éternelle et immuable de Dieu, pour aller à la rencontre du monde et être enfin absorbés par une mondanité évanescente, mais plutôt si nous ne courons pas le risque de renoncer à notre langue qui a sa propre structure métaphysique profonde, pour aller à la rencontre du monde et plaire au monde, se trouver bien dans le monde et, enfin, être accueillis par le monde, oubliant l'avertissement: «Malheur à vous quand tous les hommes diront du bien de vous, car leurs pères ont fait la même chose avec les faux prophètes».

Répondant il y a quelque temps à l'intervieweur de la Civiltà Cattolica, le Saint-Père a dit : «Ceux qui aujourd'hui cherchent toujours des solutions disciplinaires, ceux qui ont une tendance exagéré à la "sécurité" doctrinale, qui tentent obstinément de récupérer le passé perdu, ceux-là ont une vision statique et involutive. Et de cette manière la foi devient une idéologie parmi d'autres».

Lisant cette phrase qui n'est pas un manifeste mais une synthèse de manifestes, je me suis rassuré ainsi: «ce sera une expression attribuée au Saint-Père par des gens qui - quand ça les arrange - essaient de vous faire dire ce qu'ils veulent entendre; mais si vous commencez à dire ce qu'ils ne veulent pas entendre, alors ils vous massacrent après avoir fait la terre brûlée derrière vous». Chose que j'exprimais à un vieux théologien qui me dit: «J'apprécie ton optimisme, car penser toujours du bien du Saint-Père, rechercher le bien en lui seul, toujours interpréter ses mots de façon positive, et imputer le blâme à d'autres s'il dit des choses qui pourraient se prêter à des interprétations ambiguës, te fait honneur en tant que prêtre et en tant que théologien, mais ... ».

Et laissant sa phrase en suspens, il changea de sujet.

Je restai avec ce «mais ...» suspendu entre ciel et terre, qui réclamait de ma part une réponse à trouver dans cette conscience subjective qui dans la dimension physique et métaphysique doit nécessairement se marier avec la conscience objective, avec la réalité des choses, dans le respect le plus profond au dépôt de la foi révélée dans le Verbe de Dieu fait homme.

Trouver une réponse, au moins partielle, c'est peut-être possible par l'examen de cette phrase rapportée par la source autorisée de la Civiltà Cattolica, et certainement pas par un site "catholique" de "ragots & scoop".

En ce qui concerne les solutions disciplinaires, il convient de rappeler qu'elles sont dictées par l'Évangile qui nous explique même comment et dans quelle mesure elles doivent être appliquées, faisant comprendre sans équivoque que la discipline, appliquée avec une charité virile, peut être l'acte le plus parfait de miséricorde [Matthieu 18: 15-17]. Une discipline que le Rédempteur lui-même appliqua sur la peau des marchands, le fouet à la main, alors qu'ils trafiquaient dans le Temple de Jérusalem [Mc 11, 15-19. Mt 21, 12-17. Lc 19, 45-48].

Au nom de la vraie charité, qui en tant que telle doit produire la justice dans la vérité - car c'est de là que procède la vraie miséricorde - s'il le faut l'Evangile élève des avertissements clairs impliquant l'application cohérente de sanctions sévères: «Celui qui scandaliserait un de ces petits qui croient, il vaut mieux pour lui qu'une meule de moulin soit pendue à son cou et qu'on le jetât dans la mer» [Mc 9, 42].

Prenant ensuite comme exemple le corps, sous-entendant clairement le Corps mystique de l'Eglise, dans les sections suivantes de l'Evangile de saint Marc, le Verbe de Dieu fait homme poursuit: «Si ton oeil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Il vaut mieux pour toi entrer dans le royaume de Dieu en n'ayant qu'un oeil, que d'avoir deux yeux et d'être jeté dans la géhenne» [Mc 9, 47].

En ce qui concerne les "sécurités" doctrinales exagérées, il convient de dire que le Verbe fait chair est clair et sans équivoque en se posant comme absolu et divin éternel: «Je suis le chemin, la vérité et la vie»; il ne se pose certes pas comme un tout relatif. Et sans crainte, il présente le christocentrisme cosmique, étant la récapitulation de toutes choses dans les cieux et sur la terre [Ep, 10]. Il précise également que «Nul ne vient au Père que par moi» [Jean 14:6], et que tout est mis sous son nom.

Le christocentrisme cosmique est donc un absolu qui ne devrait pas irriter certains théologiens "à la page" (en français dans le texte), comme l'explique la déclaration "Dominus Jesus", clarifiant l'évident et correct sens théologique d'absolu de la foi révélée.

Dans aucune ligne de l'Evangile, en revanche, nous ne trouvons écrit, par exemple, que "Christi Fideles" et païens adorent le même Dieu; ni que l'ancienne religion des Romains, qui s'empressaient de crucifier leurs ennemis, ou de les utiliser comme "chair à canon" dans les jeux de gladiateurs, malgré quelques apparences sanglantes étaient cependant aussi une religion d'amour avec laquelle dialoguer à tout prix.

Célébrant la fête de la Sainte Trinité, dimanche dernier, nous avons proclamé l'Evangile avec ces mots: «Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Celui qui croit en lui n'est point jugé; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu» [Jn 3, 16-18].

Face à la Parole de Dieu qui parle bien de miséricorde et de salut, mais en même temps du libre refus du salut par l'homme, annonçant que dans ce cas, sa condamnation est déjà prévue, comment vont se comporter certains prédicateurs de ce "miséricordisme" fumeux d'aujourd'hui, qui semble avoir supplanté le mystère de la justice divine sur laquelle repose le mystère de la miséricorde divine scellé sur les lignes de l'Evangile divin?

C'est ce qu'affirme le Seigneur à travers sa parole et c'est ce que nous sommes appelés à annoncer, mais si quelqu'un est plus miséricordieux et bon que la Parole même de Dieu fait homme, qu'il s'avance, parce que nous aspirons à le connaître, surtout pour déterminer s'il procède de la grâce de Dieu, ou bien de la ruse du Malin.

Quant à ceux qui sont aveuglés par une vision statique et involutive qui les amène à essayer obstinément de récupérer le passé perdu, je peux dire qu'aucun des laïcs catholiques, prêtres et théologiens que je fréquente, avec qui je vis en contact et qui sont naturellement préoccupés par la crise actuelle de l'Eglise, ne vit paralysé dans le "passé perdu" parce que nous sommes un peuple qui a commencé son chemin au Cénacle, dans la Pentecôte de l'Esprit Saint.

De ce concept de chemin, se référant à l'expérience de ses voyages apostoliques, le Vénérable Pape Paul VI a donné naissance à son encyclique "Populorum Progressio", précisant que non seulement l'Eglise n'a pas peur du progrès, mais qu'elle veut contribuer à le réaliser parmi les peuples du monde. Chose répétée différemment par le Saint Pape Jean-Paul II dans son encyclique "Fides et ratio" où il parle de la relation entre foi et raison, se référant à un autre grand document promulgué par le bienheureux pape Pie IX: la Constitution dogmatique Dei Filius du Concile Vatican I [Ch IV sur la foi et la raison].

Je répète donc qu'aucun des fidèles catholiques, des confrères prêtres ou théologiens que je connais, avec qui je suis en contact et qui sont de façon compréhensible préoccupés par la crise de l'Église d'aujourd'hui, n'est en rien paralysé dans le "passé perdu". Tout au plus, il est clair, et partagé par nous tous que celui qui ne connaît pas son passé est destiné à ne pas "bien vivre", mais surtout à ne pas vivre dans une vraie plénitude, parce que sans mémoire historique, on vit un présent altéré et déformé. Parce que, c'est vrai, dans les années soixante du vingtième siècle il y a eu un concile œcuménique, mais avant il y en avait eu vingt autres, sans lesquels on n'aurait jamais été en mesure de célébrer un Vatican II.

C'est pour cela que Saint Jean Paul II a ouvert son encyclique "Fides et Ratio" en rappelant «l'avertissement "Connais-toi toi-même" qui était gravé sur l'architrave du temple de Delphes, comme témoignage d'une vérité fondamentale devant être assumée comme règle minimale par chaque homme désireux de se distinguer, au milieu de toute la création, se définissant comme "homme" en tant que "connaisseur de lui-même"».

Et pour nous connaître nous-mêmes, il est essentiel de savoir d'où nous venons, qui nous sommes et vers quoi nous sommes projetés dans une perspective christologique eschatologique à travers une parole vivante et éternelle.

Ce qui au contraire effraie certains d'entre nous, laïcs catholiques, prêtres et théologiens, nullement obstinés à «récupérer le passé perdu» parce que souffrant d'une «vision statique et involutive», est tout autre chose: la peur que les accidents extérieurs qui contribuent à soutenir le mystère de l'Eglise et qui en tant que tels sont, et doivent être changeants, finissent au contraire par prendre le dessus et affecter la perception même de la substance éternelle et immuable de Dieu; une substance qui, étant cause d'elle-même est invariable. Ou pour le dire crûment: en cette saison du post-Concile qui, par un terrible "coup d'état" a dévoré le Concile Vatican II, les accidents des pires théologiens - Karl Rahner en tête - ont commencé non seulement à changer, mais pire: à éroder la substance, donnant vie à une substance altérée et déformée. Il y a maintenant quatre décennies, en effet, que dans les facultés de théologie sinistrées, on donne naissance et on élève comme des poulets en batterie des petits-enfants rahnériens alimentés par la théorie des "chrétiens anonymes"» qui rend vain, de manière toxique, le mystère du salut.

A suivre...